RechercAccueil - Contact
Chercher sur Liberterre
GaiaSophia Agriculture
Métahistoire Enthéogènes

Metahistoire

Psychonautiques

•> L'Aube de la Révolution Enthéogénique

•> La théorie enthéogénique de la religion

•> Trois Générations de Psychonautes: G1 de 1935 à 1965

•> Le plus vieux tabou

•> Le Fruit Défendu

•> Révélation Enthéogénique

•> Le Jésus Mystique: le Pendu et le Danseur

•> Une hérésie enluminée

•> La découverte d'une vie

•> Quelques Définitions

•> Le Psautier d'Eadwine

ActualiTerres ReporTerres
LiberTerres Gaïagnostic
LivreTerres Boutique


Wasson et Compagnie

La théorie enthéogénique de la religion

John Lash

Traduction de Dominique Guillet.

Gordon Wasson recevant des champignons sacrés Psylocibe des mains de la shamane Mazatèque Maria Sabina au Mexique.


Wasson et Compagnie est une section, dans la rubrique “Psychonautiques”, qui est consacrée à l’étude et à l’évaluation d’une problématique controversée concernant la théorie enthéogénique de la religion: à savoir, l’affirmation selon laquelle l’expérience religieuse de l’espèce humaine procède d’états altérés induits par l’ingestion de substances médicinales sacrées telles que l’Amanita muscaria ou d’autres champignons psychoactifs.

Bien qu’il en existe d’importants antécédents, on peut dire que la thèse de la base enthéogénique de la religion a été formellement proposée par Gordon Wasson dans son ouvrage “Soma: Divine Mushroom of Immortality”. En raison, partiellement, de l’influence de son épouse Russe, Valentina, Wasson postula tout d’abord l’existence d’un culte shamanique préhistorique de champignons dans les montagnes de l’Oural. Il cherchait à prouver que la substance sacramentale et psychoactive naturelle de ce culte était l’Amanite tue-mouche, l’Amanita muscaria, qu’il identifia avec la substance psychoactive Védique, le Soma. Des variantes de la thèse de Wasson, dont des extrapolations et dérivations très larges, ont été proposées par John Allegro, Terence McKenna, Ralph Metzner, James Arthur, Benny Shannon, Jim de Korne, et de nombreux autres. Et plus récemment par John Rush dans son ouvrage “Failed God: Fractured Myth in a Fragile World”.

Le paradoxe enthéogénique

Permettez-moi de préciser, de prime abord, que je diverge de la plupart de tous les promoteurs de cette théorie eu égard à deux aspects essentiels qui impliquent, tous deux, une sorte de paradoxe.

Première objection. Je trace une distinction cruciale entre l’expérience religieuse et la religion en tant que telle, c’est à dire sous ses formes de dogme, de hiérarchie, de rituel, d’institution et de déguisement. Je réfute la théorie (développée par Benny Shannon) stipulant que les dogmes religieux autoritaires, tels que les Dix Commandements, pourraient trouver leur origine dans des états visionnaires induits par des plantes sacrées. En cohérence avec cette réfutation, je rejette la notion selon laquelle des révélations visionnaires authentiques, conférées par des plantes instructrices, ont été corrompues ou cooptées par des systèmes dogmatiques et des croyances aveugles. J’insiste sur le fait que la corruption propre à la religion paternelle/autoritarienne existe depuis ses origines: c’est une stratégie délibérée et intentionnelle de contrôle comportemental.

J’affirme que les systèmes de croyances religieuses, et leurs règles afférentes, qui trouvent leurs origines et leur autorité dans une divinité paternelle extra-terrestre ne peuvent pas avoir émergé de transe visionnaire induite par des plantes sacrées, car de telles plantes sont des plantes instructrices données par la nature pour aider l’espèce humaine à maintenir sa relation de continuité avec la nature et, lorsque c’est nécessaire, à guérir sa rupture d’avec la nature due à la socialisation de l’espèce. La seconde partie de cette argumentation présente ma proposition - mon hypothèse privilégiée, si vous préférez - selon laquelle les plantes sacrées enseignent et inspirent notre connexion à la Terre: on ne peut donc point y faire référence comme étant la source de dogmes extra-terrestres ou de systèmes de croyances anti-naturels.

Le paradoxe: des substances psychoactives, élaborées et données par la nature pour connecter l’espèce humaine à cette nature ne peuvent pas induire des visions qui feraient se retourner l’humanité contre la nature au profit d’une divinité extra-terrestre; ce retournement est le propre de toutes les religions conventionnelles.

Seconde objection. Je réfute les associations communément acceptées entre les champignons psychoactifs et le Jésus historique, dont la plus célèbre est le fait de John Allegro dans son ouvrage “The Sacred Mushroom and the Cross”. Selon ma vision d’expert en mythologie comparée, une grande partie de la combinaison effectuée par Allegro entre champignon/pénis/sauveur est non-fondée pour ne pas dire carrément stupide. Son érudition est excellente à part lorsqu’il sombre dans des jeux de mots avec des termes issus de langages antiques. Parallèlement avec ma première objection, je rejette la notion selon laquelle des enseignements réels, purs ou authentiques de Jésus aient pu exister et émerger de transe visionnaire induite par des champignons sacrés avant d’être subséquemment réprimés, pervertis, cooptés ou corrompus par ceux-là même qui souhaitaient tirer profit de ces visions tout en les interdisant au reste du monde.

Paradoxe: Les enseignements originels supposés de Jésus, en tant que leader d’un culte Palestinien de champignons, ne peuvent pas avoir été corrompus en ce qui est présentement le message du Nouveau Testament parce qu’il est prouvé, par l’analyse historique et textuelle, que ce message n’est qu’une fabrication systématique qui ne requiert rien, pour ses fondements, d’occulte ou d’ésotérique. En bref, le Nouveau Testament n’est, en aucune façon, un shamanisme de champignon corrompu ou encodé.

Le lecteur pourra retrouver mes différents points de divergence, et les raisons qui les fondent, dans les autres essais de cette rubrique. Je refuse, fondamentalement, d’attribuer la religion paternelle dogmatique, tel que le Culte Mosaïque de Yahvé, à la transe visionnaire induite par des plantes psychoactives parce que cette conception prête une sorte de légitimité à des systèmes de croyances qui sont hostiles à la Déesse et à la Terre. J’insiste sur le fait que soutenir cette argumentation s’avère être un bon point pour la religion - elle s’en retrouve confortée parce que son fondement serait supposément une révélation visionnaire authentique - mais un très mauvais point pour la pratique visionnaire psychonautique. Je m’oppose à Shannon, et aux autres, principalement sur ce point: ils confèrent à la religion conventionnelle une origine spécieuse et une fausse légitimité.

Finalement, je souhaiterais mettre en valeur que, selon mon opinion, ce n’est pas une coïncidence que la thèse d’un “Moïse sous cannabis ou sous champignons” a été l’objet d’une couverture médiatique internationale au moment même où les Autorités gouvernementales, dans tout le monde, entamèrent une violente campagne de répression à l’encontre des plantes psychoactives, des remèdes homéopathiques et des remèdes naturels. Dites-moi, si vous le pouvez:

Pourquoi l’intérêt des medias, vis à vis de la thèse de Shannon, émergea-t-elle au moment même où la pratique du shamanisme psychoactif, sur toute la planète, était extrêmement menacée.

Le culte extra-terrestre de la Mer Morte

Dans mon ouvrage “Pas en Son Image”, j’ai démontré que les Zaddikim de la colonie de Qumran constituaient un culte d’OVNIs, et non pas un culte de champignons. Dans ce même ouvrage, j’ai montré que l’utilisation disciplinée de plantes psychoactives dans les Mystères était guidée par une histoire-maîtresse, le mythe de la déesse déchue, Sophia. Ce mythe inclue un épisode qui explique l’origine, la nature et les effets de l’intrusion extra-terrestre sur le mental humain - l’énigme des Archontes. Je soutiens que:

La suggestion Archontique, ou l’emprise subliminale de cette espèce identifiée d’entité psychique prédatrice, peut expliquer les systèmes de croyances rédemptionnistes et la religion paternelle/autoritarienne dans l’histoire humaine.

Les Gnostiques des Mystères Païens étaient des experts en clairvoyance, en clairaudience, en projection astrale et en rêve lucide. A l’image des nouveaux initiés de Carlos Castaneda, ils étaient capables d’explorer le Nagual, de naviguer dans les strates surnaturelles de l’univers et d’étudier d’autres dimensions et des entités étrangères, incluant des êtres inorganiques tels que les Archontes. En bref, ce furent des maîtres antiques en sciences noétiques et des experts en parapsychologie.

Les Gnostiques attribuèrent la religion Judéo-Chrétienne à des aberrations mentales résultant, en partie, de l’intrusion de prédateurs extra-terrestres, les Archontes. Leur caractérisation du modus operandi de ces entités s’accordent précisément avec le “programme de contrôle spirituel” attribué par Jacques Vallée aux Extra-Terrestres qu’il appelle les “messagers du mensonge”. Non pas les agents du mal, précisons-le bien. C’est exactement de cette manière que les Archontes sont décrits dans “l’Apocryphe de Jean” et dans d’autres textes Gnostiques.

En accord avec la vision Gnostique, j’attribue la religion Judéo-Chrétienne (les croyances Abrahamiques) à l’influence de ces “messagers du mensonge”, plutôt qu’à des visions et à des révélations inspirées par des plantes psychoactives ou à une corruption subséquente de telles visions et révélations. Tout au contraire, une telle expérience visionnaire, ou initiation par la transe, confère des intuitions de guérison et des instructions correctrices à l’encontre de la déviation Archontique. Telle est ma position sur la révélation enthéogénique en contraste avec les règles, les doctrines et les rituels religieux conventionnels.

Parade

Les sciences Noétiques dans les Mystères avaient recours à une parade pour se protéger du risque de se fourvoyer, de par l’ingéniosité du mental, dans des croyances illusoires. Afin de sécuriser leurs investigations, les Telestai (“ceux qui sont dirigés vers un but”, ainsi qu’ils se nommaient eux-mêmes) utilisaient des plantes sacrées instructrices qui leur permettaient d’apprendre directement de Gaïa et de corriger les erreurs dans leur vision mystique de la Terre et de l’humanité. Ils auraient affirmé que de telles plantes ne peuvent pas conférer à notre mental de quelconques dogmes, instructions ou croyances intrinsèquement anti-féminines, paternelles, autoritariennes et extra-terrestres. Les plantes sacrées sont les émissaires de la Terre vivante, l’Eon Sophia qui se métamorphosa en la planète. Lors de la transe shamanique induite par les plantes psychoactives, les Telestai détectaient ce qui nous détourne de notre connexion avec la nature. J’en conclus que:

Il est absurde de postuler que les plantes instructrices offertes par Gaïa, pour nous garder sains d’esprit et pour nous harmoniser avec ses desseins, pourraient avoir été la source d’une religion extra-terrestre qui nous aliène de notre communion extatique avec la Terre.

Et qui plus est. La célèbre narration, par Michael Harner, de son initiation shamanique avec l’ayahuasca, confère un autre éclairage à ce scénario. Harner perçut des entités dragonnesques dans de longs navires voguant dans le ciel. Dans son état altéré de conscience, il comprit que ces entités affirmaient qu’elles étaient les créateurs de l’humanité. Lorsqu’il rapporta cela au vieux shaman ayahuasquero qui l’avait accompagné dans sa session d’ayahuasca, ce dernier lui répondit en riant: “C’est toujours ce qu’ils disent, mais ce sont des menteurs”.

Il faut souligner que ce n’est pas l’entité végétale de l’ayahuasca qui parla à Harner en prétendant être le créateur extra-terrestre de la race humaine. Ce fut l’affirmation d’entités célestes qui apparurent dans la transe induite par l’ayahuasca. Cette distinction renforce ma conception selon laquelle les initiés antiques qui exploraient le cosmos, dans des états altérés de conscience induits par des plantes sacrées, étaient capables de détecter l’intrusion et la duperie extra-terrestres. Ils possédaient la faculté de discernement authentique tout comme le vieil ayahuasquero qui éclaira Michael Harner.

Un des propos essentiels des initiés Païens des Mystères était de savoir comment nous sommes déviés. Tout comme eux, j’ai rencontré des Archontes/ET dans des rêves lucides ou dans des états altérés de conscience, avec ou sans l’aide de plantes instructrices. Mais j’ai appris ce que l’on peut tirer de ces rencontres et comment distinguer les entités prédatrices de celles qui sont neutres ou bienveillantes au travers d’une longue pratique disciplinée avec les plantes sacrées, la médecine de la vision authentique.

L’anecdote vécue par Harner est extrêmement instructive. Elle met en exergue comment deux aspects de l’enseignement Gnostique s’entrelacent en une prise de conscience suprêmement importante:

L’extase cognitive induite par les plantes sacrées dévoile le facteur extra-terrestre dans notre mental, et dans tout le cosmos, pourvoyant ainsi un discernement crucial: les croyances anti-naturelles et anti-humaines attribuées à une divinité extra-terrestre procèdent de ce facteur extra-terrestre et non pas des plantes instructrices qui nous alertent à sa présence.



Les enseignements Gnostiques, dans cette veine, étaient extrêmement sophistiqués.

John Lash.

Traduction de Dominique Guillet