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Le Fruit Défendu

John Lash

Traduction de Dominique Guillet.

Alors que j’explorais le Psautier de Paris Eadwine et que je préparais des articles subséquents (un, en particulier, comparant l’imagerie du psautier avec les peintures sous ayahuasca du shaman Péruvien Pablo Amaringo) je reçus de Dominique Guillet un message accompagné de cette image provenant d’un autre manuscrit illuminé de la même époque, le Psautier de Saint Louis

Jusqu’alors, je n’avais pas rencontré une quelconque référence à ce psautier. Tout comme le Psautier de Paris Eadwine, c’est un trésor conservé à la Bibliothèque Nationale de Paris. Tout ce que j’ai pu trouver se résume à une brève description de catalogue:

Ce manuscrit date d’une période se situant entre 1253 et 1270 et il fut élaboré à l’apogée de l’illumination gothique en France. Le Psautier fut commissionné par Saint Louis IX, le Pieux, un homme aussi célèbre pour son sens de justice que pour ses qualités d’homme d’état. Le Psautier possède 260 pages avec 78 illuminations en pleine page. Le Psautier de St Louis est l’un des trésors de la Bibliothèque Nationale de Paris puisqu’il était la possession personnelle de ce saint roi.

Et bien, il est possible que Louis IX ait été un saint homme (quelle que soit la signification d’un tel qualificatif de nos jours ou à cette époque) mais je me demande s’il comprenait l’état naturel de sainteté symbolisé par le Jardin de l’Eden. Quel rôle joua-t-il, si tant est qu’il en jouât, dans la conception et la réalisation du psautier? Il est vrai qu’il le commissionna, mais le supervisa-t-il? Fut-il, de quelque façon, complice dans l’imagerie mythologique du psautier, si proche sous certains aspects de celui de Paris Eadwine?

Pour le peu que je connaisse de sa vie, il semble improbable que le Roi Louis IX eût éprouvé quelque sympathie pour un culte enthéogénique de champignons survivant des Mystères. En 1229, il conclut un pacte avec Raymond VII de Toulouse pour terminer la croisade contre les Albigeois - les Albigeois peuvent être considérés comme des hérétiques avec quelques conceptions Gnostiques, d’où une sorte de diaspora des Mystères... Mais Louis était un jeune homme de quinze ans à l’époque, le traité de paix était une formalité et la finalité de cet arrangement était de redorer l'image du trône de France après sa perpétuation de décennies de génocide brutal, d'extorsion des richesses des nobles et de vol ignominieux de terres dans le Languedoc.

Louis était un patron réputé des arts et de l’architecture mais également un Catholique zélé qui prenait très au sérieux son rôle de “lieutenant de Dieu sur Terre”. Il fit passer des lois très dures à l’encontre des Juifs et étendit l’influence de l’Inquisition en France, particulièrement dans le Languedoc où l’hérésie Cathare avait prospéré. Il était clairement un homme de peu de tolérance pour tout écart vis à vis, ou de toute opposition à l’encontre, de la Foi Unique Authentique. Il commissionna sans doute un très grand nombre d’oeuvres d’art. Et peut-être que le contenu de ce psautier échappa à son attention.

Je n’ai pas examiné tout le psautier et je devrais attendre ma prochaine visite à Paris pour ce faire. Mais l’image que Dominique m’a fournie parle d’elle-même. En contraste avec le psautier d’Eadwine, l’illustration pourrait être interprétée comme condamnatoire: l’ange bannit Adam et Eve de l’Eden parce qu’ils ont consommé du Fruit Défendu, les champignons cyanescents. Je ne trouve rien dans le psautier d’Eadwine qui suggère le recours à l’imagerie mycologique pour condamner la religion mycologique.

La scène inférieure montre les Premiers Parents pratiquant l’agriculture - et nous réalisons de nos jours que ce ne fut pas en fait une si bonne idée. Néanmoins, le travail du sol est en phase avec le programme apologétique du Judéo-christianisme qui fait de l’espèce humaine les “gardiens” de la création du Seigneur. Le travail pénible de la terre faisait partie de la malédiction de Yahvé à l’encontre d’Adam et d’Eve en raison de leur désobéissance: la consommation du fruit défendu. Pour gagner son pain à la sueur de son front, il est nécessaire de faire croître le grain, de le moudre et de le cuire. L’agriculture est un labeur accablant. Le psautier de Saint Louis, sans doute, illustre et approuve la malédiction qui accompagna l’exil de l’Eden.
En tout cas, les champignons n’ont pas besoin d’être cultivés comme des poireaux et des laitues. Ils peuvent croître sous supervision humaine, pour ainsi dire, mais ils croissent avant tout spontanément dans la nature. Tout comme de nombres autres fruits, légumes et herbes qui poussent en abondance dans la nature, par eux-mêmes et sans que l’homme ne lève le petit doigt, les champignons sont un don de la Déesse. L’agriculture est une malédiction proférée par le dieu créateur et elle est utilisée de nos jours comme une arme contre l’humanité: il n’est que de considérer le contrôle de la chaîne alimentaire et l’empoisonnement systématique de la nature par Monsanto et autres multinationales.



Dans un détail amusant, un singe souriant observe Adam labourant le sol. C’est réellement un détail bizarre dans un manuscrit illuminé du 12 ème siècle. Cela semblerait suggérer un commentaire de quelque sorte. Satirique, peut-être?

J’étudierai de plus près le Psautier de Saint Louis lors de ma prochaine visite à Paris. Pour le moment, je vais en commenter brièvement la remarquable décoration géométrique. Ces deux scènes révèlent une géométrie interne directement issue du canon sacré des mesures. Le module, dont il est fait recours, notez-le bien, est 8 et non pas 12. Voici ce que j’ai écrit dans mon ouvrage Pas en Son Image concernant la rosette à huit pointes:

“La rosette était le symbole de l’organisation des cellules des Mystères constituées de seize adeptes, huit hommes et huit femmes tels qu’ils sont dépeints sur le bol Orphique du serpent ailé et sur le bol de Pietroasa, deux rares artéfacts qui sont des vestiges des rituels des Mystères. Sur le bol Orphique sculpté à partir d’albâtre, de couleur vert-blanc, seize initiés nus, en alternance d’hommes et de femmes, sont allongés sur le dos avec les pieds qui se touchent. Au centre du bol se trouve le serpent ailé de la Kundalini, la source occulte de la super-vitalité, de la régénération et des facultés paranormales.

Huit et le double de huit sont les signatures universelles des cellules de Mystères.”

Le Serpent Ailé de la Kundalini est également le serpent dans le Jardin. Les textes Gnostiques identifient Eve en personne avec le serpent, en faisant un jeu de mots en Araméen avec “instructeur”.



Epiphanius (376-403 EC) un chasseur d’hérétiques qui infiltra un cercle Gnostique “d’adorateurs du Serpent” reporta que les hérétiques, qui s’appelaient eux-mêmes les Ophites,

“vénèrent le Serpent parce que Dieu en a fait la source de la Gnose de l’humanité. Yaldabaoth [ le nom Gnostique pour Jéhovah, le feux dieu créateur] ne voulait pas que l’humanité conserve le souvenir des Générateurs (Eons), les Mères Cosmiques et les Pères Cosmiques de très haut. Ce fut le serpent qui, en les tentant, amena la Gnose à nos parents; qui enseigna aux premiers êtres de notre genre la connaissance intégrale des mystères de très haut” (cité par Jean Doresse dans Les Livres secrets de l’Egypte).

John Lash. 21 avril 2008. Andalousie.

Traduction de Dominique Guillet