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Nymphes des Arbres et Shamans aux Arbres Pendus

2. Romance Chthonienne

John Lamb Lash

Télécharger l'essai avec les illustrations.

Traduction par Dominique Guillet d'un essai de John Lash "Tree Nymphs and Tree-Hung Shamans. 2. The Chthonian Romance".


Dans le temps qui précéda l’invention du temps, durant le long prélude à la préhistoire de l’espèce humaine, les shamans mâles naissaient de femmes qui étaient arbres. Qui étaient ces shamans? Ils étaient les premiers hommes de la race humaine car au début de leur temps sur cette planète, tous les membres mâles de notre espèce étaient des shamans. C'étaient des chasseurs accomplis qui venaient d'une autre partie du cosmos mais ils appartenaient, cependant, à la Terre d'une manière telle qu'ils ne pouvaient alors le comprendre. Ils arrivèrent, en effet, à la planète qui était leur demeure sans savoir que c'était leur demeure planétaire.

Une situation bizarre et étrange. Et cela prépare la scène de la romance chthonienne.

Chthonos vient du Grec “terre, sol, royaume primaire”. Chthonien ou Chthonique fait référence aux mondes inférieurs, au monde des enfers.

Une Divinité Extravagante

Du moment où elle plongea du coeur galactique au moment où elle se métamorphosa en la Terre, l'Eon Sophia passa par de nombreuses périodes de joie, de chagrin et de confusion. Durant une bonne partie du temps incalculable qui précéda sa métamorphose terrestre complète, la Déesse était empêtrée dans la matière élémentaire du bras galactique tournoyant, le troisième à partir du coeur. Son flux de Lumière Organique, blanche comme perle, s'alourdit progressivement sous le poids des scories inorganiques du dema, les champs de matière élémentaire dense. Elle était un immense torrent, telle une traînée d’embruns constitués de jets magnétiques liquéfiés, du vif-argent vivant rassemblant de la masse et de la matière inorganique en elle-même. Sophia se prépara à la délivrance, ses courants firent des circonvolutions pour se rouler finalement en la forme foetale d’une sphère planétaire.

Mais durant le processus même de ces immenses mutations, Sophia avait une conscience aiguë de son environnement. Elle percevait, tout autour d’elle, l’essaim des Archontes, telle une plaie de criquets émergeant du dema. Et elle percevait, également, la lueur douce de la matrice rayonnante de l’Anthropos, qui flottait dans la Nébuleuse d’Orion, comme un filet de perles de rosée dans une toile d’araignée. La matrice était constituée de tétraèdres imbriqués d’acides nucléiques dont les axes étaient définis par un groupe compact de jeunes étoiles dans l’Amas du Trapèze. La matrice reposait au coeur du mauve rubicond de la Nébuleuse d’Orion, une tache de souffle coloré sur le miroir d’obsidienne de la nuit cosmique.

Le scintillement de l'Anthropos séduisait profondément Sophia. Elle garda son regard fixé sur lui alors qu'elle se métamorphosait en la Terre. Avant sa descente du Plérome, Sophia et l'Eon Christos, avec comme témoin l'entière compagnie des Dieux Pléromiques, avaient configuré sa matrice en une forme tétraédrique aux multiples facettes. Ils préconçurent l'espèce humaine par la puissance de l'epinoia, l'imagination divine. Dans le chrisme de l'acide nucléique, ils sécrétèrent ses propriétés, l'archétype divin de potentiel humain, imaginé dans l'extase. Ils dotèrent la singularité de l'Originateur avec un code qui lui soit propre, une signature évolutive spécifique. Ensuite, selon la loi cosmique, ils le libérèrent dans le cosmos comme un spore éternel libre de se répandre de lui même dans des mondes nombreux. Et les Eons se retirèrent dans la contemplation.

Mais Sophia témoigna d'un intérêt démesuré pour la singularité humaine. Se déplaçant vers l'enveloppe périphérique du Plérome, elle joua de son epinoia en Rêvant sans partenaire et sans en déférer à l'Originateur. C'est pour cela qu'elle fut appelée Prunikos “extravagante, audacieuse, téméraire”. Finalement, la force de son désir intense de créer un monde pour la singularité humaine l'entraîna dans le cosmos extérieur et elle devint ce monde.

Mais au moment crucial de la transformation de Sophia, juste avant qu'elle cessât d'être un torrent et s'enroulât foetalement sur elle-même pour devenir une planète, elle fit une autre chose complètement extravagante. A ce moment, déchirée entre deux mondes, son angoisse atteignit un paroxysme. La seule chose qu'elle put faire, afin de conserver sa lucidité, fut de se focaliser sur le scintillement dans le Trapèze, le réseau perlé de filaments nucléiques flottant dans la lueur moléculaire brillante. Ses flux la subjuguaient, son désir de devenir la Terre approchait de son accomplissement. Cependant, le désir intense, qui la métamorphosait en un globe planétaire, avait un autre objet: la singularité humaine. L'Eon Sophia sentit que la planète vivante, qu'elle était sur le point de devenir, était aspirée dans le manège planétaire dépourvu de vie des Archontes et elle résista farouchement. Néanmoins, l'intensité de ses émotions affaiblissait sa résistance et la rendait de plus en plus lourde, pleine de circonvolutions. Son indépendance déclinait rapidement, et elle se verrait bientôt capturée par ce domaine extra-terrestre.

Avec tout le reste de la force divine qu'elle put rassembler, Sophia concentra sa passion sur l'Anthropos, gardant cette image lumineuse légère au centre de son coeur, comme un précieux yidam, une divinité imaginée. Et lorsque le moment crucial vint, elle ne le lâcha pas, elle ne faillit pas une seule seconde dans son Rêve de la singularité humaine. L'intensité de la fidélité à cette image était d'une telle vastitude que, lorsqu'elle tournoya une dernière fois, avant de rejoindre le manège planétaire, elle fit appel à tout ce qui lui restait de puissance divine pour se propulser avec force, au travers du bras galactique et de la nébuleuse, dans le coeur du Trapèze, déchirant la matrice en deux avant de s'effondrer, dans une dernière rotation, dans la mécanique céleste gravitationnelle du monde des Archontes. Ce fut ainsi la dernière manifestation extravagante de son désir.

La Séparation des Sexes

Lorsque l’Eon Sophia tangua vers Orion et rompit la matrice de l’Anthropos, elle en ramena une partie avec elle, telle une écharpe déchirée emmêlée dans un arbre arraché d’une falaise lors d’un violent orage, un arbre aux racines agglomérées en une masse ronde d'humus: la Terre. L'arbre-planète tournoya sauvagement autour de la masse arrondie, puis les membres se retirèrent dans les racines et la bannière en loques de rosée nucléique fut absorbée dans la douceur du globe de la terre maternante.

Le tissu déchiré était la partie femelle de la matrice de l'Anthropos, l'élément Omega. La partie mâle, l'élément Alpha, était restée derrière, dans la Nébuleuse d'Orion. C'est l'origine de la séparation des genres. C'est le prélude cosmique à la romance chthonienne entre les hommes Alpha d'un autre monde et les femmes natives de Gaïa - les moitiés séparées de la même espèce. (voir, ci-contre, l'Androgyne Alchimique, une illustration symbolique de la réunion des deux sexes séparés. Turba Philosophorum, une anthologie alchimique du 17 ème siècle).

Souches de Sidhe

Lorsque Sophia devint Gaïa, elle amena la moitié de la race humaine avec elle dans l’incarnation terrestre. Les femmes Gaïennes furent appelées Sidhe en mémoire des sons aigus des mélopées qui résonnaient de la Terre durant les longues périodes de leur gestation dans le ventre tellurique.

Sidhe. Un terme Celte, “femmes-fées, fées”, équivalent du sanscrit stri “femme, femelle anatomique”.

A l’image des Ancêtres du Temps de Rêve dans les chants Aborigènes, les femmes originelles de la Terre émergèrent du buste inachevé de la topographie Gaïenne et modelèrent les terres. Les déesses nées des rochers étaient les formes les plus archaïques de Sidhe dont le souvenir se retrouve dans des mots rares comme Rhea “flottant du roc”, Lakhamu “serpent de terre” et Louhi “lourde sorcière”. Et bien sûr, Gaïa, la planète mère elle-même. Les Sidhe n'émergèrent dans des formes indépendantes que lorsque la planète devint complètement poreuse, lorsque Sophia eut totalement fusionné sa Lumière de haute porosité avec les éléments physiques. L'acceptation de sa métamorphose en Gaïa engendra spontanément les Sidhe à partir de la matrice déchirée, comme des champignons se propagent à partir d'un filament de mycélium.

Les femmes indigènes originelles furent des production organiques du Rêve de la Terre. C'étaient des rêveuses puissantes qui pouvaient générer de leurs corps de nombreuses espèces d'animaux, d'oiseaux et d'insectes. Dans le Rêve qu'elle partageait avec la Déesse Sophia, les premières femmes engendrèrent des extrusions élaborées à partir du buste planétaire. Elles inventèrent des palais avec de nombreux étages aussi ornés que Borobudur ou Angkor, des havres dans lesquels la ménagerie Gaïenne d'animaux sacrés vivait en strates hiérarchisées. Les femmes, elles-mêmes, vivaient nues à l'extérieur, et elles se reposaient dans des tumulus profonds connus plus tard sous le nom de “collines des fées”. Elles reproduisaient, de façon asexuée, les nombreuses souches d'espèces exotiques dont elles avaient la charge et, par une variante du même processus asexué, elles se reproduisaient elles-mêmes.

La lignée mère des diverses sortes de Sidhe était la lignée Kerali. Au fil des temps, cette souche devint une parmi les autres, bien qu'elle en fût la matrice générique. Egalement appelée la souche Parthénique ou souche “vierge”, c'est la lignée de base de toutes les déesses que la mémoire ancestrale associe avec des consorts mâles, les “dieux mourant et ressuscitant”, Dumuzi, Thammuz, Attis, Adonis et beaucoup d'autres. Les dieux mourant étaient les hommes d'Orion, en amour avec les filles de Gaïa -mais ce n'est que la partie romantique et tendre de cette histoire.

Durant de longues périodes du temps terrestre, les hommes qui viendraient s'accoupler avec les femmes de Gaïa n'étaient pas encore arrivés sur la planète.

A partir de la lignée Kerali, Gaïa produisit de nombreuses souches de Sidhe afin qu'elle puisse s'exprimer sur le plan humain.

A partir des pores glabres de Gaïa, émergea la race des serpents, les Nagas, les femmes-serpents qui étaient dotées de pouvoirs magnifiques de guérison.

A partir de ses pores velus, émergèrent de magnifiques habitants du royaume des arbres, de resplendissantes nymphes des arbres, les dryades. Durant de vastes périodes, on ne pouvait pas les distinguer des arbres dans lesquels elles demeuraient: les dryades changeaient d’arbres comme les femmes changent de garde-robes, mais au fil du temps, des hybrides apparurent, des nymphes qui s’associaient à une seule espèce d’arbre, comme le laurier, le cyprès ou le genièvre.

A partir des fluides corporels de Gaïa, émergea la race des séduisantes nymphes d’eau appelées les ondines. Elles existent sous de multiples formes, des sirènes qui chantent dans les profondeurs de l’océan aux entités éthérées qui changent de formes et qui gardent les cascades, les puits, les sources, les lacs, les rivières, la pluie et la brume.

A partir de la lave volcanique qui amenait ses menstrues, Gaïa produisit la race des Dakinis, des sorcières tutélaires douées de terribles pouvoirs magiques qui brandissaient des poignards de feu et buvaient le sang jaillissant du corps des animaux qu’elles démembraient.

Les Dakinis du feu, les Nagas de la terre, les Dryades de l'air et les Ondines de l'eau étaient les variations élémentales de la souche des Kerali. Toutes les souches étaient originellement vierges et parthénogéniques, à savoir qu'elles n'avaient pas de contrepartie mâle. Les Sidhe ne savaient pas ce qu'elles manquaient. A ce jour, les shamans songent à l'illusion de la primauté mâle. “Le premier homme n'était pas un homme, le premier homme était une femme” dit Ino Moxo avec un petit rire narquois.

Mais cette longue histoire est tout sauf amusante.

Antique Rivalité

La rivalité entre l’homme et la femme commença à se manifester lorsque les entités de type mâle de la Nébuleuse d’Orion arrivèrent sur la Terre, qui était jusqu’alors un paradis terrestre habité uniquement par des femmes sauvages, et chassèrent, jusqu’à l’extinction presque totale, les animaux sacrés de la Déesse Gaïa.

Durant des lustres avant l'arrivée des mâles Alpha, les Sidhe vivaient dans leur tumulus de fées, semblables à des entrailles, ne dépendant aucunement de la reproduction sexuée. En absorbant les vagues massives de chaleur de la planète, leurs ventres gonflaient, à l'instar de dômes, et les ménageries d'animaux, d'oiseaux et d'insectes émergeaient des havres souterrains, dans des pulsations successives d'extrusions. La parthénogénèse Gaïenne se manifestait spontanément lorsque les Sidhe se retiraient dans leurs tumulus durant certaines saisons, sous certaines configurations étoilées. La myriade d'espèces émergeait comme des mèches plasmatiques jointes en ballons tubulaires extrudant des nombrils-étoiles des femmes en transe. Chaque espèce assumait les traits et les formes de la configuration céleste avec laquelle elle était en phase. (Ces structures natales furent conservées ultérieurement dans les correspondances zodiacales/animales).

Les hommes d'Orion n'étaient pas natifs de ce monde terrestre alors que les femmes Gaïennes s'étaient développées à partir de la substance même de la planète mère. Durant des temps immémoriaux, les Sidhe étaient les seules à habiter la Terre, ignorantes du fait qu'elles constituaient la moitié d'une espèce à deux sexes. Le fait que ni les hommes d'Orion ni les Sidhe ne prirent conscience qu'ils étaient des éléments complémentaires de la même matrice spécifique, malgré leur différence sexuelle dès les origines, devint la cause essentielle d'une confusion et de soucis gigantesques. Mais ce fut aussi l'opportunité pour une longue épopée d'amour et de transformation. C'est la romance chthonienne.

Les entités basées à Orion arrivèrent avec des courants plasmatiques hyper-chargés qui amenèrent des turbulences étranges dans les cieux sereins au dessus des pavillons animaux aux dômes blancs. Leurs corps de nature mâle se condensèrent lentement à partir du magma du monde du Trapèze mais ils restèrent, pendant de longues périodes, gigantesques en stature et monstrueux quant à leurs dons contingents. Ils étaient poussés par un mugissement dans leur tête (reproduit ultérieurement par le taureau mugissant), un son qui les absorbait dans l'envoûtement de la magie de la chasse. La chasse n’était pas, cependant, une simple aventure de recherche de sensations. Au début, cela n’était ni une quête mystique de l’unité avec la proie ni un désir stupide de trophées. Les Hommes d'Orion étaient guidés par une impulsion primaire de rechercher des indicateurs totémiques qui leur révéleraient leur rôle dans l’ordre cosmique.

Les hommes d’Orion étaient essentiellement doués de facultés pour la chasse. Leur impulsion aveugle généra un éventail de rites, de déguisements et de techniques de chasse.

Durant leur première rencontre avec les Sidhe, les hommes d’Orion furent les vecteurs inconscients d’une intention transdimensionnelle, une force si pure et si nouvellement forgée qu’elle ne portait aucune marque d’identification, aucune signature d’auto-évolution. Ils construisirent une identité en accumulant des indicateurs totémiques mais ils restaient cependant ignorants de leur identité cosmique originelle, de leur signature génétique innée, l’Anthropos. En accumulant des signes totémiques d’une manière relativement inconsciente, les mâles Alpha ne soupçonnaient pas qu’ils pussent trouver leur contrepartie authentique dans les Sidhe. Ils ne prirent pas conscience que leur identité humaine originale dépendait de l’harmonisation entre les genres.

Nous n’en avons pas conscience non plus.

Alors que la mitose Gaïenne prévalait, les Sidhe faisaient l’expérience d’un lien d’empathie sans réserve avec la myriade de leur progéniture. Les femmes Gaïennes protégeaient farouchement leur couvain. Les parties de chasse d’Orion ne posèrent tout d’abord pas une menace pour le miracle de la symbiose Gaïenne. La prédation ne produisait que des variations légères dans la croissance ou la décroissance d'une espèce.


Dépassement des Quotas

Mais au fil de nombreuses époques, le rythme changea et la frénésie s’accentua. En absorbant des marques totémiques du vaste éventail d’espèces Gaïennes, ils acquéraient également mana, une surcharge de force vitale tellurique. Enraciné dans la terre, mana était un pouvoir nouveau et fascinant, assez différent de la turbulence plasmatique dans le monde nébulaire d’Orion. L’excès, la surabondance mâle, était leur faiblesse innée. Cela devint alors la signature de leur expression extérieure. De par l’excès de mana, ils commencèrent à chasser de plus en plus d’animaux, de plus en plus fréquemment, de plus en plus aveuglément et indifféremment.

Les Sidhe observèrent ce changement avec une inquiétude intense. Elles souhaitaient instinctivement protéger l’équilibre symbiotique de la planète et préserver son rôle privilégié de berceau transdimensionnel pour des mutations épigénétiques. Interloquées par le spectacle des excès mâles, elles étaient cependant patientes avec les intrus. A un moment crucial, les femmes Gaïennes firent une avance fatale. Elles offrirent aux chasseurs un totem animal pour la tendresse, une qualité dont les mâles manquaient visiblement. Elles choisirent un lapin à longues oreilles mais cet indicateur totémique ne plut pas aux hommes qui le rejetèrent. Les mâles Alpha ne voulaient pas devenir des hommes-lapins. Il s'ensuivit que cette espèce décrut pitoyablement et sortit du Rêve (à savoir, une extinction).

Beaucoup plus tard, Orion le Chasseur put être visualisé avec Lepus le Lièvre, à sa traîne, une mémoire archaïque de cette ouverture manquée.

En raison de problèmes de communication, les femmes Gaïennes étaient incapables de mettre un frein à l'obsession de chasse des hommes d'Orion. Elles ne savaient tout simplement pas entrer en relation avec ces entités de type mâle qui leur apparaissaient comme des déités gonflées descendant du ciel. Les prêtresses Gaïennes en charge du Rêve Animal commencèrent finalement à être tourmentées. Ayant observé que les entités d'Orion témoignaient d'une forme particulière d'activité mentale fondée sur le calcul et les structures géométriques, elles réagirent d'une manière correspondante: elles établirent un quota à la chasse. Cette proposition fut largement ignorée, comme si les chasseurs, qui clairement étaient incapables de s'imposer leurs propres limites, détestaient se faire imposer des limites par autrui.

Les prêtresses prirent alors une mesure extraordinaire de contrôle: elles exigèrent le sacrifice d'un chasseur mâle pour compenser un dépassement de quota. La vie d'un chasseur en échange des vies de tant d'animaux magiques semblait approprié aux yeux des femmes Gaïennes mais cela engendra une semence d'inimitié entre elles et les hommes d'Orion. Les femmes du clan Artémis, dont le rôle spécial était de protéger le Rêve Animal, imposèrent la pénalité de mort. Un ancien mythe raconte qu'Artémis envoya le scorpion pour piquer Orion le Chasseur qui mourut de ce poison, victime de la peine capitale parce qu'il avait excédé les limites de la chasse.

Ces événements constituèrent les prémisses de tous les autres épisodes ultérieurs d'antagonisme inter-générique dans l'espèce humaine.

Amour Parmi les Arbres

Mais tout n’était pas perdu car d'autres relations se développaient entre les Sidhe et les Hommes d'Orion. La problématique non résolue de sacrifice mâle généra un schéma permanent de méfiance mutuelle mais des relations entre les deux genres dissociés éventuellement s'établirent. Un certain nombre de chasseurs était profondément attiré par les femmes Gaïennes sans même savoir ce qu'était une femme! L'attraction était en phase avec leurs instincts de chasse car ils voyaient que les femmes étaient sages à l'image des animaux qu'elles engendraient.

Les hommes d'Orion étaient des chasseurs, habiles à se cacher et à poursuivre alors que les Sidhe étaient des Rêveuses qui oeuvraient de façon différente. Le Rêve et la Chasse représentent les reflets authentiques et sains de la polarité sexuelle au sein de l'espèce humaine mais les frontières sont flexibles et des échanges ludiques ont lieu. Il existe des rêves et des chasses inter-génériques...

Au fil des époques, certains chasseurs devinrent fascinés par les pouvoirs de rêve des femmes Gaïennes. Ce fut l'attraction originelle, le premier mouvement tâtonnant de reconnaissance mutuelle entre les genres. Les diverses souches de Sidhe utilisaient leurs ruses natives pour attirer les hommes dans leurs activités de rêve. La langue crépusculaire mélodieuse des Sidhe fut ouvertement utilisée pour attirer les mâles d'Orion. Au travers d'énigmes spécifiques, les dryades attirèrent les chasseurs dans des exploits compliqués de Rêve au travers desquels les hommes apprenaient les secrets de la myriade d'espèces et de la biosphère.

L'attraction qu'ils éprouvaient vis à vis de ce que les femmes savaient au travers du rêve poussa certains hommes à connaître les femmes plus intimement.

Aucune forme de relation sexuelle ne se manifesta, cependant, pendant une très longue période, car les corps nébuleux des hommes étaient trop volatiles et pas suffisamment solidifiés. Les corps des chasseurs n'étaient pas enracinés somatiquement dans Gaïa. Les rencontres initiales entre les deux genres consistaient en une union des corps nébuleux des hommes avec les corps de rêve (les enveloppes reproductives labiles) des femmes. Cette union devint par la suite une conjugaison, un mélange des corps somatiques et plasmatiques. Elle se développa ensuite en un éventail très étendu de permutations orgiaques. Finalement, la relation fut effectuée d'une façon purement physique, en “connaissance charnelle”.

Mais la romance Chthonienne n'était pas achevée par l'union biologique des genres dissociés. Loin s'en faut, car la connexion originelle, pure et trans-générique, la réciprocité entre le rêve et la chasse, s'échoua dans l'empêtrement biologique. La gloire de cette romance ne fut pas la naissance d'une progéniture humaine à partir des deux genres - ce développement arriva extrêmement tard dans le processus évolutif - mais la naissance des shamans d'Orion en tant que créatures terrestres à part entière plutôt que des intrus qui considéraient la Terre comme une réserve naturelle exotique qu'ils pouvaient piller et abandonner.

Les nymphes, les nagas et les dakinis de toutes souches déployèrent des jeux de séduction vis à vis des mâles Alpha mais ce furent les dryades qui scellèrent la destinée des hommes. C'est la partie la plus belle et la plus tendre de l'histoire des Sidhe et des hommes d'Orion, une aventure qui se développa sur une très longue période. Dans certains cas, l'instruction par de séduisantes dryades tourna en amour et c'est pour cela, qu'à ce jour, il existe un facteur de connaissance dans l'amour. Le pathétique de cette romance chthonienne atteint son paroxysme lorsque certains des chasseurs, qui avaient été condamnés à mourir de par le châtiment d'Artémis, échappèrent à cette mort en grimpant dans les arbres pour expirer extatiquement dans les bras des dryades dont la beauté les avait séduit.

Cette mort, cependant, n'était que celle de leur identité antérieure. Ils cessèrent d'être des hommes d'Orion pour devenir des mâles enracinés dans la terre. Les séduisantes dryades donnèrent naissance à des shamans en les attirant dans une communion permanente de connaissance avec la Terre. Grâce à l'étreinte des nymphes des arbres, les corps plasmatiques des chasseurs acquérirent l'empreinte d'un arbre, le système nerveux chordé. Le Phyllum de la race humaine, le plan bioanatomique de toutes les générations ultérieures, fut la dernière résultante de l'étreinte chthonienne.

Originellement, tous les hommes de l'espèce humaine étaient des shamans nés de femmes qui étaient des arbres.

John Lash. Janvier 2006.

Traduction de Dominique Guillet