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Mesotes - Matrice des Animaux de Pouvoir

John Lash

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Traduction de Dominique Guillet.


Le Christos Gnostique et la connexion entre les espèces


“Les oiseaux des cieux, et les animaux qui sont dans la terre et au-dessus de la terre et les poissons dans la mer, ce sont eux qui vous conduisent vers le Divin” Papyrus d’Oxyrhynchus. Fragments Gnostiques en langue Grecque

Les écrits de metahistory.org, comme les visiteurs habituels le savent bien, mélangent la recherche historique et la mythologie avec, en plus, des éléments imaginés par l'auteur. J'extrapole, à partir de sujets vérifiables et validés, des propositions imaginaires qui ne peuvent être authentifiées qu'en les vivant, qu'en les testant pour voir comment elles fonctionnent. Ainsi, dans mon argumentation sur le mythe de Sophia, je cite les témoignages écrits relatifs à ce mythe - à savoir les sources Coptes et la littérature patristique - j'en présente les parallèles mythiques, littéraires, poétiques et symboliques, mais parfois aussi, j'extrapole à partir du mythe (aussi prudemment et sobrement que je le puisse). Ce faisant, je vais au-delà des témoignages écrits mais sans les contredire ou les invalider. Il est évident que cette démarche n'est pas aisée. Parfois, je m'en sors bien et parfois, non. Je m'enlise occasionnellement dans ce processus, comme une ballerine qui danserait avec des raquettes de neige dans une mare peu profonde de mélasse.

La finalité de mes extrapolations est d'élaborer un thème de sorte qu'il puisse dynamiser le potentiel humain, et qu'il puisse être vécu, dans le quotidien. Vous pouvez appeler ce processus, si vous le souhaitez, une mythologie dynamique.

En sus des extrapolations, je m'aventure également à établir des corrections dans la narration mythique ou dans la façon dont elle est interprétée. Cette démarche est essentielle parce que certains mythes ont été corrompus au fil du temps, et parce que les thèmes et emblèmes mythiques ont été intentionnellement détournés (cooptés pour parler poliment) pour servir à des fins contraires à leur signification authentique. Un exemple de détournement est l'identification du solstice d'hiver - une célébration traditionnelle associée à la naissance des dieux solaires Païens tel que Mithras - avec la naissance même de Jésus, le sauveur Chrétien. Un autre exemple, associé à

Noël, est celui du Père Noël, habillé de rouge et de blanc, qui descend dans les cheminées, comme tout un chacun le sait. Ces détails folkloriques sont partiellement corrompus et partiellement empruntés aux traditions shamaniques dans lesquelles le shaman qui consomme de l'amanite rouge et blanche (amanita muscaria) vole magiquement dans les cieux, grimpe par une échelle vers les étoiles, etc. Le traîneau du Père Noël est tiré par des rennes car ces animaux sont connus pour consommer les mêmes champignons psychotropes. Ces champignons rouges, ponctués de blanc, qui sont encore utilisés dans le décor de Noël partout dans le monde, sont, sans erreur possible, des replicas d'amanites.

Corriger la mythologie populaire de Noël, c'est en restaurer les valeurs originelles et c'est rétablir les références authentiques de ses images et de ses symboles. La correction et la restauration vont de pair. Dans le mythe Gnostique, la déesse Sophia plonge du Plérome (le centre cosmique) et se métamorphose en la Terre. Elle devient la planète même sur laquelle nous demeurons. Cet événement est clairement décrit dans les paraphrases du père de l'église Irénée mais il en est pour ainsi dire absent des écrits Coptes qui ont survécu. Il n'existe aucun récit originel qui ait été retrouvé de la métamorphose de Sophia en la Terre (epistrophe, en grec). De plus, ce qui est pire, l'interprétation admise du mythe Gnostique de la chute de la déesse, répétée et validée par la plupart des érudits, affirme de façon erronée que le Démiurge, ou maître des Archons, crée le monde matériel. Cette interprétation est à la source de la doctrine Manichéenne du rejet du monde, une version du concept de dualité à la double origine. Sur ce site et dans mes écrits publiés, et particulièrement dans mon ouvrage “Not in His Image”, je tente de corriger cette interprétation et de restaurer la structure authentique et cohérente du mythe de Sophia.

L’Esprit de la Nature Sauvage

Pour qui concerne la correction des mythes, aucun sujet ne présente plus de difficultés que celui du Mesotes, cette entité mystérieuse qui est mentionnée plusieurs fois dans les manuscrits Gnostiques qui ont survécu. Le mot Grec “mesotes”, également épelé “mijotes”, est un néologisme que l’on retrouve dans l’Apocryphe de Jean et dans certains écrits qui ne sont pas originaires de Nag Hammadi, tel que la Pistis Sophia. Mesotes signifie “médiation, intermédiaire”. La construction du mot suggère “à moitié joint” ou “à moitié réuni”. Mais quels sont les éléments joints?

Selon le “Second Traité du Grand Seth” (NHC VII, 2, 66.3-8) “nous atteignons à la complétude de notre être ineffable par un code vivant en réalisant l’union parfaite au travers du Mesotes, par l’intermédiaire de Jésus”. Le Copte “MESOTES NTE IS” est généralement traduit par “l’intermédiaire de Jésus”. Les lettres Coptes “IS”, écrites avec une ligne au-dessus sont un code avec une signification précise. Selon l’orthodoxie, IS est rendu comme I(eseu)S, la façon Grecque d’épeler le mot Hébraïque Yeshua. C’est une manière de décoder IS, mais ce n’est pas la seule... MESOTES apparaît également sans le NTE IS, “de Jésus”.

Deux questions se posent immédiatement: Que représente le Mesotes et quelle est sa relation avec le Jésus historique?

En ce qui concerne la première question, nous avons une réponse courte et une réponse longue. La réponse courte est la suivante: le Mesotes est le Manitou des traditions shamaniques Amérindiennes. C’est une entité surnaturelle puissante qui apparaît traditionnellement aux indigènes qui font l’expérience d’une quête visionnaire dans la nature sauvage. En fait, la quête de vision n’est pas complète, et couronnée de succès, à moins que l’aspirant ne fasse la rencontre du Manitou ou d’un animal de pouvoir envoyé par le Manitou. Dans un certain sens, le Manitou assume lui-même les traits d’un animal particulier. Le Manitou est l’esprit de la nature sauvage et la matrice des animaux de pouvoir.

Le mot Manitou prend son origine dans le langage des Algonquins, natifs du Manitoba dans le Canada. En fait, l’état du Manitoba est nommé d’après cette entité. C’est le pays du Manitou. Gitche Manitou signifie “Grand Esprit” en Algonquin mais “Grande Connexion” serait plus proche du sens originel de ce terme. Il est à noter que “connexion” résonne avec la notion de Mesotes en tant qu’intermédiaire, à savoir une entité qui connecte. Le concept d’un esprit sauvage, majestueux et source de connexion n’est pas spécifique aux nations Algonquines. C’est un concept universel dans toutes les traditions tribales des Amériques telles que celles des “Anishinaabe”, un nom que s’est donné une vaste population de tribus indigènes d’antan, comprenant les Odawa, les Ojibwe et les Algonquins de l’Amérique du nord. ( Les Ashaninka du Brésil ont un nom qui ressemble à celui des Anishinaabe. Ce nom signifie simplement “le peuple premier ou originel”.

Chez les Peuples Iroquois, le Manitou était une divinité suprême associée aux pouvoirs de guérison de l’eau. Selon les Iroquois, les herbes médicinales croissent là où Manitou les a plantées. Chez les Sioux Lakota, la Femme Bison Blanc semble être un avatar féminin du Manitou. Dans d’autres groupes linguistiques, l’Esprit de la Nature Sauvage est plus communément appelé Wakan, Wakanda, Wakan Tanka, termes qui signifient “esprit divin, esprit puissant ou esprit médecine”. Les Iroquois dénomment cette entité Orenda.

De nombreuses personnes , non-indigènes, considèrent “Black Elk Speaks” écrit par John G. Neihardt, comme l’ouvrage classique sur la quête de vision de l’Amérique Indienne. Dans ce livre, Black Elk (1863-1950), un homme médecine des Sioux Oglala, raconte l’expérience visionnaire puissante qu’il vécut à Harley Peak en 1931. Il voit de nombreux chevaux, dans une formation semblable à un mandala, qui se tiennent devant le concile des Six Grand-Pères, aperçoit un aigle tacheté et entend une voix puissante qui s’adresse à lui du centre du monde. La vision de Black Elk a été largement considérée comme le parangon d’une quête visionnaire indigène. Il ne décrit pas la rencontre avec une présence surnaturelle singulière et il n’attribue pas non plus de nom qui puisse correspondre au Manitou. La présence de cette entité semble se faire connaître dans la Voix qu’il entend. (Black Elk on Harley Peak, dans Black Elk Speaks).

On trouve dans l’ouvrage “Lame Deer - Seeker of Visions” rédigé par John Fire Lame Deer et Richard Erdoes, un autre récit de la quête visionnaire Amérindienne qui est moins connu mais plus précieux (à mon avis) et peut-être plus authentique. Dans le langage tribal de Lame Deer, Wakan Tanka est la force la plus sacrée à l’oeuvre dans la nature. “Les dieux sont des êtres séparés mais ils sont tous unis dans Wakan Tanka” (page 102). Il ne confère pas un nom particulier au Manitou mais il établit une curieuse corrélation: “Inyan Wasican Wakan - l’Homme Sacré à la Pierre Blanche - c’est celui que nous appelons Moïse”, dit-il. Cette étrange affirmation montre comment une élément Chrétien absorbé par des peuples indigènes peut être interprété en fonction de leur propre expérience spirituelle, sans perte de valeur pour eux, bien qu’une telle interprétation dissocie l’élément interprété de son contexte originel.

Pour que Lame Deer comprenne ce que Moïse aurait pu être, il doit imaginer le personnage biblique comme une entité surnaturelle qui lui est déjà familière. Dans ce processus, il fait complètement abstraction de la description Chrétienne de Moïse. En d’autres mots, Lame Deer corrige la mythologie rapportée selon les critères de son propre vécu traditionnel.

Les personnifications du Manitou sont trop nombreuses pour qu’on les décrive. Cependant, il est important de remarquer que les Algonquins associent l’Esprit de la Nature Sauvage avec un vaste entourage de manitos, ou esprits inférieurs, qui demeurent dans les minéraux, dans les plantes et dans les animaux du monde naturel. Chacun de ces esprits inférieurs est un organe ou un instrument du Manitou présent en tout. Les manitos communiquent principalement au travers des animaux et des plantes. (John Bierhorst, “The Mythology of North America”, page 220). Les “santos niños” de la shamane Mazatec Maria Sabina appartiennent à cette famille d'alliés spirituels. Plus spécifiquement, les “santos niños” sont les esprits des champignons sacrés du genre Psilocybe qui communiquent, guident et guérissent. Généralement parlant, ce sont toutes sortes d’intelligence surnaturelle, sous les traits d’une plante ou d’un animal, qui interagissent avec les êtres humains afin de faciliter la connexion entre l’humanité et le monde naturel. Les manitos sont des médiateurs.

Dans une tradition sacrée très éloignée des Amériques, le Manitou apparaît sous les traits de Manu, une sorte de guide surnaturel dans la mythologie Hindoue. L’enseignement théosophique, dérivé des traditions Brahmanes, identifie le Manu avec le Noé de la Bible et d’autres personnages mythiques associés à la mythologie du Déluge - peut-être en écho des traditions Iroquoises qui voient dans le Manitou celui qui contrôle “les eaux de guérison”. Bien que la corrélation Manu-Manitou soit valable en termes généraux de mythologie comparée, elle ne résiste pas à une analyse plus affinée. Le Manu est un personnage hiérarchique mâle dont la fonction est de guider l’espèce humaine au travers des transitions entre les Ages Zodiacaux ou Kalpas, les ères de temps cosmique. Une telle fonction ne semble pas impliquer beaucoup de liens avec la nature ou le monde naturel alors qu’il en est tout autrement pour le Manitou et ses diverses manifestations. Le Manu semble être un personnage Manitou qui a perdu sa valeur indigène en tant qu’Esprit de la Nature Sauvage et qui s’est transformé en un fondement et un archétype d’ordre patriarcal. Un emblème d’autorité théocratique, pour ainsi dire.

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