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Interview de John Lash par Tim Boucher

Août 2005

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Traduction par Dominique Guillet


Sur le site de Metahistory.org, tu es qualifié de “successeur authentique de Mircea Eliade”. Peux-tu évoquer ta connexion avec cet érudit des religions et nous présenter quelques éléments biographiques, en particulier en ce qui concerne ta pratique spirituelle?

C'est certainement un challenge de se montrer à la hauteur d'une telle réputation. Ce compliment fut fait il y a des années par Robert Sardello du Dallas Institute of Arts and Humanities. Eliade acheva une vue d'ensemble de la religion et de la mythologie de très grande envergure, et à mon avis, insurpassable. Peut-on aller plus loin? Je ne suis en aucun cas son égal sur le plan de l'érudition mais, dans mon travail et dans mes écrits, je défriche un chemin vers les sources expérientielles des phénomènes religieux et mystiquex, ce qui en constitue les éléments fondamentaux. C'est la meilleure direction à prendre après que la grande vision d'ensemble ait été élaborée. Je pense que c'est ce que Robert Sardello voulait dire en suggérant que je suis le successeur de Mircea Eliade.

Je n'ai aucune connexion personnelle avec Mircea Eliade. Quant à la pratique spirituelle, il réalisa un voyage en Inde et s'impliqua dans le yoga ainsi que je fis moi-même brièvement durant mon adolescence. Dans l'ensemble, néanmoins, je n'ai jamais suivi formellement aucune pratique spirituelle durant ma vie. Je ne pratique pas la méditation. Je n'ai pas fait partie de groupes spirituels ou occultes. Je n'ai jamais suivi un guru. Mon chemin a été un chemin personnel, idiosyncratique et impliquant un processus d'essais et d'erreurs, de questionnements et d'explorations. Le chemin des faux-pas. Depuis l'âge de quatre ans, j'ai été profondément remué par des expériences mystiques spontanées, des rêves lucides, des montées de kundalini, des rencontres avec des forces prédatrices obscures et des plongeons surprenants dans le Nahual et, dans ma vie adulte, j'ai été inspiré par des aventures sexuelles avec des femmes. Les Dakinis, qui boivent du sang dans des crânes, ont été mes instructrices. Des événements étranges et irrésistibles m'arrivèrent tout simplement et je dus les intégrer en découvrant de nombreux trésors au cours du processus. Je suppose que je suis tel un terton, un découvreur de trésors dans la tradition Dzogchen. Dans une large mesure, ma “pratique” a constitué de tout ce qui m'a permis de rester sain d'esprit. (Avec un tel curriculum, il se peut que vous vous demandiez ce que j'entends par être “sain d'esprit”).


L'objectif du projet Métahistorique semble être d'encourager les gens à examiner de façon critique leurs croyances et les histoires sur lesquelles elles sont fondées. Cependant, ton site internet semble être principalement consacré à une interprétation contemporaine du Gnosticisme. Qu'est ce qui t'a amené à étudier le Gnosticisme? Comment cet ancien “système-histoire” est-il corrélé aux finalités et aux techniques de la Métahistoire?

Metahistory.org est un site internet consacré à l'examen critique des croyances, ainsi que tu viens de l'évoquer. Mais il faut bien comprendre que le changement de croyances ne constitue ni une option ni un désir pour la plupart des gens. 99,9 % de la population ne tiendrait pas le choc. En mettant en place ce site, je me rendis compte progressivement que j'étais peut-être en train d'organiser une superbe fête à laquelle personne ne participerait. Cependant, je suis continuellement étonné des réactions positives et croissantes. Je perçois des éclairs individuels de dissidence mais, par contre, aucune reconnaissance officielle ou sociétale de la nécessité urgente de remettre en question les croyances et en particulier les croyances religieuses.

L'élément Gnostique est prééminent dans la Métahistoire pour deux raisons. Tout d'abord, parce que les Gnostiques s'opposaient à certaines croyances Judéo-Chrétiennes telles que la création par le dieu paternel et le pardon divin. Ils lancèrent une puissante critique de la théologie de la rédemption, le coeur de la religion Judéo-Chrétienne, au moment de son émergence. Leur protestation contre les aspects inhumains et déments de la foi rédemptionniste est en cohérence avec ce sur quoi se focalise la Métahistoire. Secondement, le message radical Gnostique possède une orientation Gaïenne. Dans l'histoire de création transmise par les Mystères, la Terre est une métamorphose d'une divinité cosmique ou déesse appelée Sophia, dont le nom signifie Sagesse. La planète sur laquelle nous demeurons est le corps transmué, ou métamorphosé, de cette déesse. Les initiés Gnostiques, qui dirigeaient les Ecoles des Mystères, possédaient une vision de la vie comparable à celle que nous voyons émerger de nos jours avec l'écologie profonde. Je l'appelle la Vision Sophianique. C'est, pour ainsi dire, la dimension visionnaire ou spirituelle de l'écologie profonde.

La Métahistoire peut se définir par ce à quoi elle s'oppose - à savoir, les croyances non examinées telles que la croyance en un dieu créateur mâle qui crée l'espèce humaine “à son image” - mais aussi par ce qu'elle propose. En sus de la critique des croyances, le site présente un futur mythe (ou un système-histoire comme tu l'as qualifié pertinemment) empreint de valeurs ignorées et méprisées par les religions conventionnelles qui impulsent les comportements de la majorité des êtres humains sur la planète. ces valeurs sont la parenté de toutes les espèces, la révérence pour la présence sacrée de la Terre, notre dépendance vis à vis de la nature pour nous enseigner comment vivre, la divinité de l'intelligence, le corps comme un instrument de l'illumination, la reconnaissance de la valeur intrinsèque de la vie non-humaine (un des principes de l'écologie profonde), l'apprentissage enthéogénique, l'accentuation sur la beauté et sur la guérison, l'extase, la co-évolution, le potentiel humain, la sobriété, la tendresse, le jeu et l'amour personnel comme une puissance religieuse en soi. Tels sont les éléments qui définissent le message positif et futuriste de la Métahistoire.

Je fus personnellement attiré vers le message Gnostique par une série d'indices que la vie m'offrit à partir de l'âge de seize ans. Mon engagement, vis à vis de ce message, s'est approfondi durant les années récentes lorsque je pris conscience de la démence terminale des systèmes de croyances humains. Comme j'en fait la remarque sur ce site, il reste à savoir ce qui est le plus périlleux: de remettre en question ces systèmes de croyances ou de ne pas les remettre en questions.


Une des choses que j'ai découvertes dans mon étude du Gnosticisme, c'est qu'il existe de nombreux désaccords quant à l'essence du Gnosticisme historiquement parlant. Quelle est ta position au coeur de ce débat? Le Gnosticisme est-il Chrétien, pré-Chrétien, Païen, Hébreu, Zoroastrien, etc? Quelle proportion de ce que l'on appelle le Gnosticisme procède des pratiques ésotériques et Hermétiques Occidentales? Je pense que je t'ai entendu y faire référence également comme d'une tradition shamanique. Pourquoi existe-t-il autant de confusion eu égard à sa définition?

Tu remarqueras que sur mon site, j'évite le terme “Gnosticisme”. Cet “isme” est une construction des érudits et, qui plus est, une construction peu fiable. J'ai recours à d'autres expressions - enseignements Gnostiques, matière Gnostique, message Gnostique ou vision Sophianique - mais je ne suis cependant pas satisfait de la manière dont le sujet est abordé. Comme je l'explique dans Aborder le Gnosticisme par la vision du coeur, l'essai d'introduction le plus bref et le plus explicite sur ce site, il n'existe pas de consensus parmi les érudits sur ce que la Gnose signifie. Je me démarque des érudits en ce que ma finalité n'est pas d'analyser les textes Gnostiques afin de gagner une meilleure compréhension des origines du Christianisme. Je cherche plutôt à recouvrer la connaissance originelle des initiés Gnostiques et de mettre en exergue la méthode de la Gnose en tant que chemin de connaissance supérieure aligné avec l'intelligence de la Terre vivante. Je propose, pour cette approche, le terme “écognostique”. Arne Naess, le fondateur de l'écologie profonde, utilise les termes “écosophie” et “écosophique”, et ils sont également applicables.

J'ai un problème avec le terme Gnostique tout comme les Gnostiques en avaient un. En fait, les enseignants dans les Mystères ne s'appelaient pas eux-même gnostokoi. Ce terme signifie “je sais tout, âne savant” et il était utilisé pour les insulter. Ils se nommaient eux-mêmes les telestai, “ceux qui ont un but, une finalité”. Leur objectif était d'éduquer et de guider l'humanité selon son potentiel inné authentique. Leur manière de guider consistait à enseigner l'auto-direction et de promouvoir le génie inné en chaque individu. Aucun érudit ne serait d'accord, bien sûr, avec ce que je suis en train de dire.

Il existe des raisons plus profondes pour lesquelles les Telestai, les initiés des Ecoles des Mystères, n'aimaient pas qu'on les appelle gnostokoi mais cela prendrait trop de temps pour l'expliciter. Dans mon ouvrage “Pas en Son Image”, j'explique que les Gnostiques du monde Helléniste classique descendaient des adeptes du shamanisme de l'Ordre des Mages, dont l'origine remonte à la Perse vers 6000 avant EC. La Gnose est un chemin shamanique de perception accrue. (Curieusement, elle possède de nombreux points en commun avec la “nouvelle sorcellerie” de Castaneda et ces parallèles peuvent être vérifiés dans les textes. En tant que telle, la Gnose est antérieure à la tradition Hermétique Occidentale. Il prévaut en ce moment une légère tendance à percevoir dans la Gnose une forme pérenne d'un shamanisme sophistiqué ou accompli. A partir de “techniques archaïques d'extase” (l'expression célèbre de Mircea Eliade), les initiés Mages développèrent des techniques avancées d'extase et les transmirent dans les Ecoles des Mystères.
La définition la meilleure, et la plus concise, de la Gnose est la suivante: la méthode d'extase cognitive. Le sujet est embourbé dans une désinformation, qui procède des attaques des Pères de l'Eglise, et il embrouillé, de façon irrémédiable, par les érudits qui n'ont aucune expérience mystique directe (ou qui n'en témoigneraient pas s'ils en avaient). Aucun érudit ne dirait ce que je dis au sujet de la Gnose et des Mystères et, de toutes façons, aucun érudit ne peut dire ce que je dis parce que ce corps conventionnel ne bénéficie pas des aspects concrets de l'expérience directe du coeur du sujet. Mon but, cependant, n'est pas d'être accepté dans leur bac à sable mais de recevoir des signaux clairs de la part de quelques âmes courageuses acceptant la remise en question.


En ces jours, le Gnosticisme semble gagner en popularité, grâce, dans une grande mesure, à des références émanant de la pop-culture. A quoi attribuerais-tu cette soudaine résurgence? Que peut offrir le Gnosticisme aux êtres humains d'aujourd'hui? Si nous voulons analyser la pop-culture au travers d'une vision Gnostique, quels critères utiliserais-tu pour discerner si une histoire moderne est, ou n'est pas, véritablement Gnostique?

C'est une bonne question. La fixation de la pop-culture sur le Gnosticisme nécessite d'être précisément analysée, je pense. Par exemple, l'ouvrage d'Erik Davis, TechGnosis, est brillant, une oeuvre de génie; cependant, Davis ressasse inconsciemment la désinformation habituelle concernant les Gnostiques: ils affirmèrent que le monde matériel a été créé par une démiurge maléfique, ils haïssaient la matière, ils rejetaient l'incarnation physique, et ainsi de suite. J'ai le sentiment que les notions Gnostiques vont être rapidement intégrées et intégralement perverties par la pop-culture.

Franchement, je ne pense pas que la Gnose en tant que chemin spirituel puisse attirer de nombreuses personnes de nos jours, principalement en raison de la stupidité ambiante, actuellement à des niveaux records, et toujours en croissance. Cela demande une intelligence exceptionnelle, une sorte d'intelligence profonde, intuitive et poétique, pour saisir le message Gnostique. La dégénérescence de l'intelligence humaine n'est pas un fait de la nature mais le résultat d'un conditionnement à long terme par la religion et la culture, incluant la culture scientifique. L'abrutissement, la paupérisation intellectuelle, à large échelle, est un phénomène dirigé et planifié. Toute implication sérieuse dans la Gnose requiert un amour profond de l'apprentissage, un désir passionné d'apprendre. La capacité d'apprendre avec passion et de porter l'apprentissage à un niveau de génie, a été gravement endommagée chez l'espèce humaine - mais les Gnostiques nous informèrent de cela il y a déjà 2000 ans. Ils enseignèrent que le noos, la dose précieuse d'intelligence dont est dotée l'humanité peut être minée par des forces qui nous aliènent de notre potentiel authentique. Ces forces, appelées Archontes ou “Autorités”, dans les écrits Gnostiques, sont de nature étrangère, extraterrestre, mais elles dépendent énormément de complices humains.

Je suis extrêmement soucieux quant à la manière dont les concepts Gnostiques vont être adoptés par la pop-culture, et plus particulièrement dans ses aspects cybernétiques et cyberpunk. La Gnose est une connaissance extatique des fonctionnements de la vie dans le miracle symbiotique de l'intelligence Gaïenne mais comme le dit si bien Dale Pendell “les fleurs ne poussent pas dans l'espace cybernétique”. J'ai découvert des éléments Gnostiques remarquables dans la trilogie de Matrix. Ces films rappellent les enseignements Gnostiques selon lesquels le monde social perçu dans lequel nous demeurons - et non pas le monde naturel lui-même - est tel un système carcéral géré par des forces hostiles. Mais le message ultime de ces films est en relation avec la croyance. En fait, le troisième film se conclut par une approbation éclatante de la croyance. La croyance n'a que peu ou pas du tout à voir avec le fait de se débarrasser de la matrice de notre conditionnement humain mais elle a beaucoup à voir avec ce qui nous a propulsé dans la matrice. Les rebelles, dans le film, croyaient en Neo et leur soutien l'aidèrent à défier la Matrice, mais ce fut la connaissance qui les libérèrent tous. Ce que Neo savait à propos de lui-même, ses propres forces, et au sujet des simulations de la Matrice lui permirent de la vaincre. De croire en autrui est essentiel mais qu'existe-t-il en autrui qui vaille la peine qu'on y croie? La croyance ne crée rien mais elle agit comme un filtre sur tout ce que nous pouvons imaginer et créer. La connaissance est libératrice - c'est le coeur du message Gnostique.

Le Gnosticisme m'intéresse plus particulièrement en tant que méthodologie de recherche spirituelle plutôt que comme un système figé de croyance. Je pense que c'est Irénée qu'Elaine Pagels citait en disant que dans les anciens temps, aucun Gnostique n'était initié avant qu'il n'ait produit quelques “fictions énormes”. Cette inventivité créative/imaginative fait-elle également partie de ta pratique Gnostique?

Je pense que, vu ce que j'ai dit jusqu'à maintenant, nous sommes en accord sur ce point: la Gnose est une méthode de recherche spirituelle et non pas un système de croyances. Cependant, il existe un autre aspect du chemin Gnostique suggéré par ton allusion à Irénée: la dimension créative/imaginative de la conscience augmentée. Selon le mythe Gnostique de la déesse déchue, lorsque Sophia prit conscience que l'humanité devrait faire face à l'influence déviante Archontique, et la dominer, elle confia à sa fille Zoé (la force de vie divine) la mission d'imprégner l'humanité de la “lumineuse epinoia” à cet effet. C'est ce que nous appelons la faculté de l'imagination.

Certainement, cette disposition créative/imaginative fait partie intégrante de la pratique Gnostique, tu pourrais même dire qu'elle représente l'apogée de cette pratique; mais cela requiert une grande discipline de développer et d'exprimer l'imagination. Les initiés Gnostiques, dans les Mystères, avaient constamment accès à la source de l'inspiration divine et, par conséquent, ils élaboraient, en permanence, des expressions mythopoétiques de ce qu'ils voyaient, entendaient, ressentaient, et apprenaient en contemplation mystique et lors d'états paranormaux. La Gnose est une révélation ouverte et permanente de l'univers mystérieux dans lequel nous demeurons mais ce n'est pas un jeu de création d'un mythe de nouvel âge ou d'une foire de fantaisies cyberpunks de tout et de rien. Le jeu imaginatif - le facteur mystico-ludique, ainsi qu'il a été magnifiquement nommé - c'est comme de jouer en descendant une piste de ski. Seuls ceux qui savent skier peuvent jouer sans se blesser ou sans poser de risques à autrui. La question concernant le fonctionnement de l'imagination en tant qu'instrument visionnaire, et en tant qu'outil pour guider l'espèce humaine est un héritage des Romantiques, n'a pas été résolue à ce jour.


Une de tes idées, qui a fait beaucoup de bruit et qui t'a même conduit à l'émission Coast to Coast d'Art Bell, est cette connexion possible entre ce que les Gnostiques appelèrent les Archontes et ce que nous appelons aujourd'hui les aliens, les ET. Quelle est la nature de cette connexion et quelle preuve peux-tu présenter pour la valider? De plus, jusqu'à quel point crois-tu littéralement à cette connexion extraterrestre ou, en l'occurrence, à tout autre aspect de la cosmologie Gnostique?


Je peux voir que la théorie Gnostique sur les ET a pas mal circulé sur l'Internet depuis cet interview en mars. C'est intéressant parce que cela apporte un élément entièrement nouveau dans le débat sur les ET/OVNIs. La matière Gnostique contient une description claire et cohérente de l'origine, de l'apparence, et des finalités d'êtres extraterrestres prédateurs appelés Archontes. Il existe d'amples preuves écrites dans les Codex de Nag Hammadi et ailleurs (par exemple, dans les polémiques écrites à l'encontre des Gnostiques) de l'existence d'ET comparables aux Gris et aux reptiliens des témoignages contemporains. Je crois que les Gnostiques obtinrent cette information au travers de l'expérience directe en état paranormal, en vision à distance, en projection astrale, et en rêve lucide. Les textes des Codex de Nag Hammadi décrivent des rencontres directes, face à face, avec les Archontes et, ce qui est plus signifiant, ils expliquent comment résister à l'intrusion extraterrestre - principalement au travers de l'usage de la kundalini, le pouvoir du serpent.

Maintenant, quant à la question: les Archontes existent-ils littéralement? Dans mon interprétation du mythe Gnostique de la déesse déchue, Sophia, j'assume que les événements décrits dans le mythe se produisirent réellement dans le cosmos et, à certains égards, qu'ils se produisent encore actuellement. C'est ainsi que je lis les mythes, comme des descriptions d'événements réels. J'appelle cela l'approche dynamique de la mythologie. Donc, je dirais, oui, les Archontes constituent réellement une espèce étrangère, une entité extraterrestre, un type de cyborg inorganique. Mais ils ne sont pas que cela. Ce sont aussi, simultanément, des programmes opérant dans la psyché humaine. Ils sont, à la fois, indépendants de nous et incrustés dans notre mental. Cela peut sembler étrange mais penses à une chanson pop ou à un jingle de publicité. Par exemple, “Yesterday” des Beatles. La chanson est indépendante de nous, cependant elle est incrustée dans notre mental et dans nos émotions.

Tout ce qui se produit dans notre mental n'en est pas originaire. Pour comprendre les Archontes, il faut plonger profondément dans la nature duelle de la réalité. Dans un sens littéral, les Archontes sont les habitants du système solaire à l'exclusion de la Terre, du Soleil et de la Lune. Ils vivent dans les mécanismes célestes du système solaire, sujets aux lois de la chimie inorganique. Mais dans le sens psychodynamique, ils demeurent également en notre mental. Le symptôme principal de l'intrusion Archontique est l'infection idéologique. Les Gnostiques enseignèrent que la religion rédemptionniste est un virus idéologique implanté dans le mental humain par les Archontes. Ils perçurent dans la religion Judéo-Chrétienne à la fois la preuve et l'instrument de l'intrusion extraterrestre. Et ils spécifièrent que les croyances religieuses, infiltrées en notre mental par les Archontes, n'opèrent pas pour notre bénéfice mais, au contraire, ces croyances oeuvrent à l'encontre de notre potentiel spirituel authentique et détruisent notre connexion à la Terre et aux autres espèces. C'est l'avertissement pour l'humanité qui est contenu dans la théorie ET/Archontes.

Quant à la preuve de l'existence physique des Archontes, cela ne manque pas, bien sûr. Il existe une multitude de témoignages de rencontres rapprochées, d'abductions, etc. Même si une partie de ces témoignages sont illusoires, ou élaborés sous hypnose, je crois que la plupart sont véridiques. Moi-même, j'ai maintes fois rencontré des entités du type “ombres boueuses” décrites par Castaneda. Les Gnostiques, cependant, enseignèrent que le danger auquel nous sommes confrontés avec les Archontes ne relève pas de l'assaut physique - les ET sont incapables d'entrer dans la biosphère, sauf pour de courtes incursions - mais il concerne la déviation mentale, la guerre en notre mental. La “technologie avancée” qu'ils possèdent est la simulation, HAL en Copte. Ils utilisent, par exemple, des techniques de réalité virtuelle pour simuler les abductions. Les textes Gnostiques insistent sur le fait que l'imitation et la simulation sont les expertises les plus développées des Archontes. Je crois que la simulation Archontique est en train de se déployer présentement par le biais des technologies de réalité virtuelle et le développement des jeux vidéo. Ceux qui produisent et promeuvent de telles technologies contribuent à l'aliénation de notre monde, de notre habitat naturel et à la perte de notre sens de l'humanité. Je dirais que les Archontes ont émigré dans l'espace cybernétique. Il n'est nul besoin de préciser que c'est le medium idéal au travers duquel ils peuvent pénétrer dans le mental humain. La menace centrale de tout le scénario ET/OVNI n'est pas l'invasion de la terre par des puissances extraterrestres mais l'auto-trahison de l'humanité.


Tu affirmes que le Jésus Christ auquel il est fait référence dans certains textes Gnostiques pourrait ne pas être la même entité dont il est question dans les sources canoniques du Nouveau Testament. Sur quoi fondes-tu cette affirmation? Les manuscrits Coptes ne firent-ils pas également usage de codes et de raccourcis pour faire référence à Jésus? Comment pouvons-nous êtres sûrs au sujet d'une telle problématique d'interprétation? Que perdons-nous et que gagnons-nous en supposant qu'il existe deux êtres différents? Crois-tu personnellement en la personne historique de Jésus?

Les noms Jésus et Christ n'apparaissent jamais dans les textes Gnostiques Coptes. Il existe des codes que les érudits appellent des nomina sacra: XRS, XS et IS, écrits en lettres Coptes avec une barre surlinéaire. Les érudits ne mentionnent jamais ces codes et remplissent, de façon routinière, les vides: XRS et XS deviennent Christ et IS devient Jésus. Mais il n'existe aucun fondement solide permettant de supposer que ces codes devraient être convertis de cette façon. J'affirme que les nomina sacra furent utilisées délibérément pour indiquer que Jésus et Christ, tels qu'ils sont appréhendés selon des termes conventionnels, n'étaient pas nommés. Les codes étaient destinées à nous éviter de faire des associations littérales. Les scribes qui traduisirent la matière Gnostique furent, je pense, instruits d'utiliser ces codes, probablement sans savoir pourquoi.

Peu de gens réalisent que jusqu'au 5 ème siècle, le nom “Chrestos” était largement utilisé, au lieu de “Christos”. Dans certains cas, les érudits des Codes de Nag Hammadi ne sont pas certains si XRS signifie Christos ou Chrestos mais le lecteur moyen n'est jamais informé de telles nuances. En tout cas, ces noms ne signifiaient pas pour les Gnostiques ce que nous entendons aujourd'hui par Christ. Chrestos, “le bon, le bienveillant” était le nom générique de l'avatar attendu durant l'âge des Poissons. Cette attente était partagée par de nombreuses personnes d'orientation non-Chrétienne. Christos dans les enseignements Gnostiques est un Eon, une divinité du Plérome qui ne s'incarne pas sous une forme humaine. Les Gnostiques refusaient la divinité de Jésus. Le Christos des Gnostiques n'est pas le Jésus Christ de la théologie de Paul et de Jean.

Quant au Jésus historique, on met les doigts dans un autre panier de crabes. L'affirmation que je fais est à double aspect. Tout d'abord, comme nous venons de le signaler, les Gnostiques comprenaient le Christos/Chrestos de toute autre manière que le Christ de la doctrine orthodoxe. Secondement, les allusions à Jésus dans les écrits Gnostiques ne peuvent pas être lues comme des références directes au personnage de Jésus dans le Nouveau Testament. Toute cette problématique constitue un immense fatras, bien sûr, et tu as raison de demander quel est le but de toute ces chicanes. Pour moi, l'élément important est que nous permettions que la matière Gnostique ne soit pas des flashes de la superproduction de Cecil DeMille appelée “Le Nouveau Testament”: ce sont des scènes d'un film totalement différent. Les Gnostiques refusaient que Jésus, ou quiconque, puisse être l'incarnation unique et exclusive du Divin. Si le Jésus historique exista réellement, il pourrait avoir été différents personnages: un rabbin rebelle avec un message de justice sociale, un maître Zen Juif, un militant Judéen pour la liberté, un faiseur de miracles Païen, un mystique Egyptien, un guru-guérisseur de type hippie, un maître des Ecoles de Mystères ou même une présence psychique mystérieuse (appelée le Mesotes dans les textes Gnostiques). Tous ces profils possèdent quelques fondements dans l'histoire mais le portrait du Nouveau Testament est un pastiche contradictoire et déroutant.

Je ne crois pas personnellement en l'existence historique du personnage divin dépeint dans le Nouveau Testament. A mon avis, le profil le plus probable historiquement, et le plus convainquant existentiellement, de Jésus - et ici, je me fonde sur l'oeuvre de Robert Eisenmann et d'Hugh Schonfield - est le Zélote, le leader de la guérilla Juive qui s'opposa à l'occupation Romaine de la Palestine. Le Jésus historique était très vraisemblablement un terroriste messianique, un Yasar Arafat du premier siècle.


Parfois, il semble que le Gnosticisme offre une cosmologie encore plus excentrique que celle des groupes Chrétiens les plus conservateurs. Elle a même été qualifiée de théologie de science-fiction. Comment situes-tu le Gnosticisme dans le paysage Chrétien contemporain des Catholiques, des Evangélistes, des Fondamentalistes, etc? Existe-t-il une place pour lui ou devrait-il tenter de se séparer du Christianisme? Il me semble que le mouvement de l'Eglise Emergente possède beaucoup de principes et d'approches qui pourraient être très compatibles avec la pensée Gnostique. As-tu consacré beaucoup de temps dans cette recherche ou dans l'interaction avec ces communautés? Es-tu intéressé par l'évangélisme Gnostique et si oui, quel en est le but ultime?

Je ne vois pas le message Gnostique s'intégrer dans ce paysage parce que quiconque appréhende le message radical de la Gnose ne va se mêler de trop près à cette foule. Tu me demandes si le Gnosticisme moderne devrait se séparer du Christianisme? Et bien, le Christianisme est ce qu'il est dans le monde d'aujourd'hui parce qu'il a détruit la sagesse Gnostique et anéanti les Mystères. Si la critique Gnostique des doctrines rédemptionnistes avait survécu et avait eu la chance de s'exprimer, le Christianisme tel que nous le connaissons n'aurait jamais existé. Donc, que va t-il se passer maintenant? On s'embrasse et on se rabiboche? Laisser les concepts Gnostiques être absorbés par la religion de la perpétration afin de produire une nouvelle marque améliorée de Christianisme? Pourquoi ceux qui possèdent des convictions Gnostiques devraient-ils se réconcilier avec les héritiers des perpétrateurs qui détruisirent leurs traditions sacrées?

Je ne connais pas du tout l'Eglise Emergente mais j'imagine difficilement comment un quelconque mouvement religieux populaire pourrait être compatible avec une expérience Gnostique authentique. La Gnose est anti-institutionnelle et anti-autoritaire. La Gnose, telle qu'elle a été pratiquée pendant des siècles dans les Mystères, non seulement n'était pas une religion mais c'était une anti-religion. La spiritualité Gnostique est élitiste de la même manière, disons, que le tennis pro est élitiste. Il n'est interdit à personne de jouer au tennis ou d'atteindre un statut professionnel mais, dans la réalité, très peu de gens possèdent la capacité et la détermination d'atteindre un tel niveau.

L'évangélisme est totalement étranger à la pratique Gnostique. La Gnose ne peut se développer que de personne à personne, au travers d'un partage intime des expériences essentielles, la mort de l'ego, l'extase, la connaissance silencieuse et la dévotion sacramentale à la Terre. La religion est un piège. La foi est un système de phantasmes. Je n'interagis pas avec les membres de communautés religieuses: cela leur épargne de la douleur et cela m'épargne des frustrations. Les personnes qui s'identifient à des croyances religieuses, y compris des croyances Nouvel Age, ont tendance à vivre des moments durs en ma compagnie. Je n'ai pas l'intention de convertir quiconque à des voies Gnostiques. Metahistory.org est un site d'enseignement. J'enseigne la vision Sophianique, je ne prêche pas la religion Gnostique.


Pourquoi le Gnosticisme fut-il considéré comme une telle menace pour l'Eglise Catholique des premiers jours? Le pape Benoît XVI est connu, au travers de ses écrits, pour être également un anti-Gnostique virulent. Penses-tu qu'il existe un danger inhérent à la philosophie Gnostique ou ne font-ils qu'agiter des épouvantails?

Je pense que la réponse à cette question est déjà relativement claire à partir de tout ce que je viens de dire. Il faut t'imaginer que la protestation Gnostique contre le Judéo-Christianisme doit avoir été réellement puissante et concentrée et doit avoir représenter une menace formidable - sinon, pourquoi y aurait-il eu un tel effort concerté, au fil de nombreux siècles, pour la supprimer, non seulement pour éliminer tous les écrits originels qui contenaient le message Gnostique mais aussi pour répandre un rideau de fumée de désinformation autour de ce message? Je dirais que la puissance de la menace fut en proportion de l'effort que cela demanda pour l'éradiquer.

Aujourd'hui, cependant, l'Eglise Catholique n'a rien à craindre du message Gnostique et de la vision Sophianique. Le patriarcat Catholique Romain est en train d'agoniser de ses pathologies internes. Ce n'est pas un joli tableau. Il n'y aura pas de répétition de la contestation Gnostique parce que ceux qui sont dédiés à la Gnose de nos jours ont leur attention tournée vers une autre direction. De plus, ils ont assez de bon sens pour ne pas se frotter à des gens vicieux et déviants.


Quelle est ton impression sur le renouveau Gnostique moderne, particulièrement sur des groupes tels que l'Ecclesia Gnostica de Stephen Hoeller?

Je suis relativement anarchiste quant à mes vues spirituelles. Je suis opposé aux formulations cultiques de la Gnose et des Mystères bien que je puisse voir comment la Gnose pourrait être intégrée dans le cadre de petites communautés partageant des objectifs communs. J'ai rencontré Hoeller à Los Angeles dans les années 70. Nous fûmes introduits par un renégat de l'anthroposophie appelé Rick Mansell. Je suis allé, quelques fois, à l'église Gnostique de Hoeller à Los Feliz, au bout de Hollywood Boulevard, mais l'ambiance ne me convenait pas. Pour moi, la pratique de la Gnose ne possède aucune tonalité religieuse. C'est une quête shamanique, hautement individualiste, un chemin de singularité sans hiérarchie, sans pompes et sans piété. Je ne trouve que peu, ou même rien du tout, qui m'attire dans le renouveau Gnostique mais, par contre, je perçois des éléments Gnostiques dans les disciplines enthéogéniques et néo-shamaniques telles qu'elles se manifestent dans le travail de Ralph Metzner, de Terence McKenna, de Dan Russell, de Dale Pendell et de l'ethnobotaniste Jonathan Ott.


Tu as mentionné l'importance du “Mythos de Gaïa” pour ta propre souche de Gnosticisme. Qu'y a t-il de si important dans ce mythe pour la conversation Gnostique moderne? Comment complémente-t-il le Gnosticisme “traditionnel”? Ou s'en distingue-t-il?

Ce que j'appelle le Mythos de Gaïa est le coeur de l'enseignement Gnostique traditionnel et de l'initiation des Ecoles de Mystères. Le Mythos de Gaïa est ma tentative la plus fertile d'une reconstruction moderne et mythopoétique de l'histoire Gnostique de la déesse déchue Sophia que j'identifie avec Gaïa. Ce mythe fut la vision essentielle enseignée dans les Mystères en tant que système-histoire pour guider l'espèce humaine. Je tente de recouvrer cette histoire et de la rendre disponible.

Je crois que la matière que je développe sur le site de Metahistory.org est un rendu clair et fidèle des enseignements des Mystères non-Chrétiens et Païens et une reconstruction viable de la vision Sophianique des Gnostiques. Metahistory.org est un site d'enseignement. Mon intention est de présenter une version moderne et adaptée de la vision Gnostique, intimement corrélée à la théorie Gaïa et à l'écologie profonde. Je ne m'éloigne pas du coeur de l'expérience Gnostique mais je m'y focalise.


Peux-tu recommander quelques ouvrages ou d'autres ressources aux personnes qui souhaitent en savoir plus au sujet du Gnosticisme?

Le meilleur ouvrage d'introduction sur le Gnosticisme est l'ouvrage Les Gnostiques, de l'auteur Français Jacques Lacarrière. Il contient des intuitions profondes et merveilleusement poétiques. Ensuite, il y a l'ouvrage The Gnostics de Tobias Churton qui ne traite du Gnosticisme que dans les trois premiers chapitres, le reste étant réservé à l'Hermétisme, au Catharisme et à d'autres traditions Européennes occultes qui préservent des éléments Gnostiques. Je recommanderais également Ancient Mystery Cults de Walter Burkert. La principale ressource que je recommanderais pour les études Gnostiques est bien sûr Metahistory.org. Ce site présente une vision Gnostique Païenne, anti-rédemptionniste, fondée carrément sur les sources Coptes et sur ma recherche de toute une vie en mythologie comparée et en phénoménologie des religions. Je suis en train de mettre en place un plan de lecture pour les Codex de Nag Hammadi.


Tu as publié un nouvel ouvrage intitulé Pas en Son Image. Quel en est le contenu?

Cet ouvrage décrit la campagne massive de génocide religieux, culturel et racial, perpétrée par les dévots de la religion Protestante et Catholique Romaine, qui détruisirent la sagesse des peuples Indigènes de l'Europe. Il montre comment les Européens, avant qu'ils ne s'en aillent commettre un génocide dans le Nouveau Monde, avaient été déjà dévastés sur leur territoire d'origine par l'infection du complexe Palestinien du rédempteur. Il décrit l'expérience directe des Mystères, incluant le secret initiatique de l'instruction par la Lumière. L'ouvrage propose la manière dont la vision Sophianique des Gnostiques pourrait pourvoir la dimension religieuse de l'écologie profonde, en nous harmonisant avec un chemin sain pour un futur durable.

Les lecteurs peuvent s'attendre à une démonstration de la façon dont la Terre et tout le monde non-humain possèdent une valeur magique et sacrée indépendamment des finalités humaines; mais la participation humaine peut influer sur la magie. Elle peut accéder au sacré qui est là présent, toujours présent.

Traduction de Dominique Guillet.