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Dans la Connaissance Libératrice

Réflexions sur les Enseignements de la Métahistoire

John Lash

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Traduction de Dominique Guillet

“Tu connaîtras la Vérité et la Vérité te libérera”

Dans son essai sur l'autonomie, Emerson écrivit que “le monde appartient à ceux qui peuvent voir au-travers de ses prétentions”. Pour moi, cette assertion magnifique fait écho aux paroles de Marie Madeleine dans le Dialogue du Sauveur: “C’est dans cette vérité que nous nous situons et nous sommes transparents au monde”. Etre transparent ne signifie pas être dépourvu de prétentions, car personne ne l'est, mais de les reconnaître avec intégrité et de voir au travers d'elles. La plupart des gens cachent leurs prétentions de peur qu'elles ne soient confrontées. Mais je préfère les garder en pleine lumière.

Une de mes prétentions est d'être un instructeur.

Aimes la Vérité

La phrase citée en début de cet essai (Jean 8:32) est l'une des trois ou quatre lignes, dans les Evangiles, qui pourrait avoir été prononcée par un initié Gnostique authentique. Personnellement, je ne crois pas que Jésus de Palestine ait été un Gnostique, ou un mystique, ou un guérisseur hippie et je mettrais fortement en garde contre de telles présomptions. N'est-il pas étrange que Jésus, supposé sauver le monde, doit être sans cesse sauvé, continuellement rescapé des incompréhensions, continuellement justifié, rectifié, reconstruit, ré-interpété, re-légitimé? La raison n'en serait-elle pas que ce personnage, sur lequel est fondé une foi mondiale, n'est pas légitime et ne l'a jamais été?

Une des prétentions les plus totalitaires et les plus aveuglantes de ce monde est la divinité humaine, que cela soit dans la personne de Jésus Christ ou de Meher Baba. Sur ce site, j'ai argumenté contre “l'arnaque de la divinité”, tout comme le firent les Gnostiques, à l'aube de l'ère Chrétienne, qui s'insurgèrent contre la divinité attribuée à l'hybride humain/divin, Jésus/Christ. Mais ce n'est pas assez dire que la divinité est une erreur, un stratagème Archontique qui nous détourne de notre connexion à la Terre. Je ne suis pas simplement en train de le dire à quiconque prend quelque intérêt à lire ce site, je suis en train de tenter d'enseigner cela sur le site, au travers du site. La Gnose est la connaissance de ce qui doit être enseigné pour que nous atteignons le telos, l'expression ultime de notre humanité, et pour que nous accomplissions “l'ultrahumain” (si je puis retourner vers une expression que j'utilisais il y a des années à Santa Fé).

“Je suis le chemin, la vérité et la lumière. Nul homme n'atteint le Père si ce n'est par moi” (Jean 14:6).

Comparez cela avec la première ligne ci-dessus et la contradiction saute aux yeux. La première ligne est un morceau sensé de conseil psychologique tandis que la seconde est un précepte autoritaire déguisé. Cela ne peut pas fonctionner dans les deux sens: ou bien la vérité nous libère, indépendamment des personnes, ou bien il n'est qu'une personne unique, de nature supposément divine, qui possède l'exclusivité de la vérité et qui présente le chemin vers le “Père” - c'est à dire vers la source et l'origine de notre existence. Le dogme Catholique Romain déclare que “hors de l'Eglise, point de salut”. Madame Blavatsky proposa comme devise de la Société Théosophique “il n'y a pas de religion supérieure à la vérité”. Cette devise est authentiquement Gnostique. Lorsque Pilate demanda à Jésus “qu'est ce que la vérité”, il parla comme un Païen aurait vraiment parlé à cette époque. Nous pouvons tous répondre à cette question, selon nos voies propres. Ma réponse (pour aujourd'hui et dans ces conditions climatiques) serait: La Vérité est ce que nous apprenons directement d'une connaissance du corps enraciné dans Gaïa. La métahistoire est un outil pour enseigner cette sorte de vérité. Mais cela est-il possible? La Gnose peut-elle être réellement enseignée sur Internet? Ce vecteur peut-il être utilisé pour enseigner plutôt que pour simplement informer. C'est peut-être trop demander, beaucoup trop. Il suffit sans doute de demander: les enseignements recouvrés des Gnostiques peuvent-ils être disséminés sur Internet? Et bien, je pense que cela dépend de la synergie de deux facteurs: un instructeur qui peut effectivement présenter la connaissance recouvrée et ceux qui éprouvent un intérêt pour son enseignement.

Le Stoïcisme présenta le profil éthique séculaire du Gnosticisme. Dans ses Méditations, Marcus Aurelius, qui était un initié d'Eleusis et un philosophe Stoïque, écrivit simplement: “Aimes la Vérité”. Cette assertion n'est pas un enseignement, néanmoins. Il en est de même pour “aimes ton prochain comme toi-même”. Ces deux citations ne sont que des bribes de conseils, et pas plus. Jésus n'enseigna pas l'amour de son prochain mais il est prétendu l'avoir enseigné. Ce conseil est attribué à quelqu'un supposé avoir été Jésus mais les archives textuelles des Evangiles ne présentent aucun enseignement cohérent à ce sujet; elles n'expliquent pas non plus comment nous en venons à nous aimer nous-mêmes en premier lieu; elles explicitent encore moins ce que je dois faire lorsque je m'aperçois que je suis amoureux de la femme de mon voisin. Cependant, un nombre incalculable d'individus, de par les âges, ont insisté sur le fait que Jésus enseigna cette dynamique et ne se contenta pas de prononcer un conseil, et qui plus est, un conseil qui manque quelque peu de clarté. C'est de la prétention pure et simple que d'affirmer que Jésus enseigna quoi que ce soit et cette prétention a causé un tort gigantesque au monde.

Marcus Aurelius n'enseigna pas non plus. Ses “Méditations” (ainsi qualifiées) étaient en fait un journal quotidien écrit pour lui-même lors d'un long campement sur les rives du Danube alors qu'il défendait les frontières de l'Empire - car Marcus Aurelius était, en vérité, un empereur Romain. Il n'enseigna pas, mais pour sa propre santé et paix mentales, il prenait des notes sur ce dont il était enseigné: d'aimer la vérité, par exemple. Cherchez autant que vous le puissiez, jamais vous ne trouverez une ligne identique dans la Bible, la Torah ou le Coran pas plus d'ailleurs que dans le Bouddhisme ou dans la Bhagavad Gita. Pas non plus ans le Dzogchen ou le Vedanta. Même les métapsychologies Asiatiques (ainsi que j'appellerais ces systèmes sophistiqués) ne déclarent pas, point à la ligne, aimez la vérité, même si elles nous encouragent à chercher la vérité et même si elles offrent des enseignements authentiques pour ce propos.

Les personnes qui souffrent encore de nos jours de l'illusion que Jésus enseigna quoi que ce soit pourraient profiter de prendre un petit moment pour lire un peu de philosophie Asiatique, par exemple, l'ouvrage du Dalaï-lama, Dzogchen: L’essence du coeur de la Grande Perfection, une transcription de ses conférences publiques. Là, on peut parler d'enseignement. Mamma Mia!

“Aimez la vérité”. Quelle belle chose à proclamer. Marcus Aurelius n'écrivit pas ses notes pour enseigner quiconque mais pour se consoler lui-même. Cependant, il est clair qu'on lui enseigna comment aimer la vérité et qu'on ne se contenta pas de le lui dire. Les paroles sincères de quelqu'un qui fut enseigné peuvent également être considérées comme une sorte d'enseignement. Il y a plus d'édification morale et de vision humaine dans deux pages des Méditations que dans tout le Nouveau Testament. Mais montrez-moi un adolescent de cette planète auquel on aurait présenté ces Méditations. Je pense qu'il vous faudra chercher longtemps et loin, et ce sans résultats.

Le Message Sophianique

Metahistory.org est un site d'enseignement. Pour transmettre ce message, et atteindre ceux que cela pourrait intéresser d'apprendre, qui pourraient même en être passionnés, qui pourraient même adorer apprendre, il peut être bénéfique de résumer ce que je me propose d'enseigner. En d'autres mot, de décliner dans un langage clair et précis ce que sont mes prétentions. Allons-y donc:

Au travers de la Métahistoire, j'enseigne la connaissance, que je considère perdue, des Ecoles de Mystères de l'antiquité pré-Chrétienne.

Ceux que les premiers Chrétiens appelaient, péjorativement, des gnostikoi, (à savoir “des je sais-tout”) se nommaient eux-même des telestai “ceux qui sont tendus vers une finalité, vers le dessein ultime de l'expérience humaine”. Les Gnostiques étaient des mystiques expérientiels, des voyants et des shamans des deux sexes, qui enseignaient ce qu'ils apprenaient de l'exploration de la psyché et du cosmos. C'étaient des “adeptes”, des maîtres en facultés occultes, telles que la clairaudience et le rêve éveillé, et c'étaient également les éducateurs de l'ancien monde avant que le Christianisme n'imposât sa peur irrationnelle d'apprendre, une peur qui plongea l'Europe dans l'Age des Ténèbres. Ils constituaient le corps enseignant de nombreux et divers centres de culte locaux, de l'Egypte à l'Irlande, de l'extrémité de l'Ibérie au coeur de l'Asie. Comme je l'ai souvent dit, en cherchant en vain à faire rire les foules, les telestai étaient une faculté (dans le sens d'un corps d'instructeurs et de conseillers, tels des doyens) qui avait des facultés.

Le réseau des Ecoles de Mystères constituait une mosaïque très largement répandue dont les groupes de membres étaient unis par leur dévotion à la Magna Mater, la Déesse de la Terre. Au travers de la Métahistoire, je tente d'enseigner au sujet de la Déesse, de présenter son Histoire comme une histoire alternative. Aujourd'hui, nous appelons la Magna Mater “Gaïa” mais dans ce nom que nous appliquons à la Terre, les Gnostiques percevaient une divinité qui pré-exista à la planète physique: la Sophia Divine, un Eon dans le Plérome, la compagnie cosmique des Dieux. L'enseignement que je présente dans la Métahistoire est un message Sophianique cohérent avec la tradition sacrée des Ecoles des Mystères. D'où l'importance de Marie-Madeleine, la Madeleine, sur ce site, car elle était reconnue par les Gnostiques comme un reflet humain assez fidèle de la Sophia. La Madeleine ne fut pas une personne historique unique, cependant. Elle représente, plutôt, une présence numineuse éternelle dans la psyché humaine, la Muse qui guide l'humanité. Le contenu Sophianique de la Métahistoire peut être développé dans de nombreuses directions mais cet enseignement est constitué essentiellement de quatre éléments-clés:

1. La dotation Sophianique, le noos, la portion d'intelligence divine.

2. La pré-existence cosmique de l'espèce humaine. Cela concerne “la singularité” du Mythos de Gaïa: mythologiquement, Atu Kadmon.

3. L'origine et l'activité des Archontes, des entités inorganiques qui font intrusion dans la vie sur Terre.

4. La nature de la libération: la Gnose est la culture de la vérité qui libère.

J'ai intentionnellement décliné ces facteurs de telle sorte que les deux éléments mythologiques soient encadrés, l'un dessus et l'autre dessous, par ce que j'appellerai les éléments éducatifs. Les deux facteurs mythologiques procèdent de mon imagination ou, si vous préférez, de mon expertise en expression mythopoétique, et ils sont validés par mes recherches dans le Gnosticisme, le mysticisme Asiatique et la mythologie comparée, tout autant que par une vie entière d'expérimentations personnelles dans des états mystiques et paranormaux, à la fois avec et sans l'utilisation de plantes psychoactives. Les facteurs mythiques de l'enseignement doivent être présentés sous forme de narration, sous forme d'histoire. C'est ce que je fais dans le Mythos de Gaïa avec une pléthore de commentaires corrélés à l'astrophysique moderne, aux métaphysiques Asiatiques, etc, ainsi que je l'ai expliqué dans le Mythos de Gaïa: le partage et dans le Mythos de Gaïa: les Sources. Voilà pour les facteurs mythologiques, 2 et 3.

Eduquer signifie systématiquement tirer de, “ex-ducere”. Le premier facteur est le facteur de fondation de la Métahistoire dans son aspect éducatif. L'enseignement commence avec l'introduction du noos, la portion d'intelligence divine et procède ensuite à en expliquer le fonctionnement. Le Noos est le fondement de l'enseignement parce que c'est la faculté à laquelle l'enseignement en appelle. La dotation Sophianique, ou l'héritage de sagesse de l'espèce humaine, est ce qui doit être ex-tiré, éduqué. A cet effet, j'introduis le noos, la faculté noétique, afin qu'il puisse être revendiqué et cultivé au travers du processus d'instruction que nous proposons ici.

Le quatrième facteur est le facteur final ou l'élément de floraison, d'épanouissement, du processus d'éducation distante - distante dans le sens que ce processus n'est pas enseigné personnellement, face à face, mais au travers du médium vide de l'internet, au travers de l'espace cybernétique. La libération de l'erreur mentale (principalement enchâssée dans les prétentions scientifiques et cybernétiques), de l'idéologie religieuse, et du conditionnement culturel, est la triple finalité de ce processus intégral. La Gnose est ce que l'on acquiert en développant le noos. C'est la floraison ultime du potentiel humain tel que les Gnostiques l'envisageaient. Tout ce qu'ils réalisaient dans les Mystères était dirigé vers cette finalité. Le noos, c'est l'expertise humaine, la sapience, la manière de percevoir la vie sur cette planète qui est en harmonie avec le mode de fonctionnement de la vie.

L'Enseignement de l'Humanité

Si j'avais l'opportunité d'enseigner la Métahistoire en chair et en os, je m'adresserais aux membres de la classe, durant la première session, de cette façon: “quelle sorte d'excuse pathétique pour un être humain êtes-vous?” Toute personne acceptant de faire face à cette question a probablement en elle ce qu'il faut pour apprendre cette matière.

Il pourrait être dit que la matière sur ce site est extrêmement pédante, prolixe et intellectuelle. Pire pourrait être dit et cela a été dit. Une partie du contenu est - avouons-le - terriblement MENTALE. Prenons la Métacritique, par exemple. Qu'est que cette horreur a à voir avec le message sublime, orienté vers la Déesse, de la Gnose?

Et bien, la Métacritique est l'écorce du message Sophianique. Une écorce qui est grouillante d'Herukas enragés, de Dakinis buveuses de sang, et de divinités tutélaires qui vont vous dépecer de vos croyances comme si elles vous arrachaient des masques qui se seraient incrustés dans votre visage et des béquilles qui vous auraient poussé du torse. Il se peut que vous préfériez passer totalement outre l'épreuve de la métacritique. Tout bon, mais c'est à vos risques et périls. Il se peut que vous découvriez que vous ne pouvez pas vous libérer de vos croyances aussi facilement et volontiers que vous le penseriez. C'est un processus épuisant de se dépouiller de ses croyances, croyez-moi. L'évaluation de la croyance (de par l'analyse des comportement qu'elle produit), le désamorçage de la croyance (en désassemblant la logique qui la sous-tend) et le déraisonnement de la croyance (en extirpant les raisons pour lesquelles elle fut acquise en premier lieu) sont les trois méthodes essentielles de la Métacritique. Je met au défi tous les lecteurs de faire passer une seule des croyances qu'ils soutiennent au travers de ce triple test et de voir ce qui reste lorsque les Herukas en ont fini de dépecer vos os.

La Métahistoire enseigne le changement des croyances et l'alignement. Il est magnifique et courageux de passer d'une croyance démente et inhumaine à une croyance saine et empreinte de compassion mais ce défi exige plus que cela. De passer d'une croyance à une autre c'est comme de s'exercer à un autre processus par lequel nous métamorphosons notre manière de penser au sujet de toutes les croyances. Dans ce site, nous entreprenons de débattre de la nature fondamentale de la croyance. Le processus de se dépouiller des croyances, pour en arriver au minimum le plus strict, est tel un striptease menant à ce que les Bouddhistes appellent “la perception de la conscience nue”. C'est vers cela que tend l'enseignement.

Moins vous croyez et moins vous avez besoin de croire. Mais ce striptease n'est pas destiné à mener vers l'impasse cynique de ne plus croire en rien. Vous seriez étonné de voir combien de croyances vous pouvez abandonner tout en continuant à vivre normalement, harmonieusement, productivement et avec compassion. Sur ce site, je parie beaucoup sur l'hypothèse selon laquelle tout ce que nous croyons, concernant le potentiel humain, fonde et valide toutes les autres croyances. Un exemple: c'est une chose de croire en la vie après la mort et d'accepter tout ce que l'on vous dit quant à la manière dont cela est opérationnel; mais c'en est une tout autre que de croire non seulement en la survie du potentiel humain après la mort mais en la capacité de connaître cette expérience de façon directe, ou en faisant confiance à des témoins directs, plutôt que de s'en remettre à des croyances non vérifiables.

L'humanité peut être instruite. Je le crois sincèrement. Et si l'humanité (l'espèce) peut être enseignée les humanitas (comprenant les dons empathique, éthique et imaginatif de l'espèce), alors nous-mêmes, chacun à son tour, pouvons prouver ô combien peu il nous faut croire et ô combien beaucoup nous pouvons apprendre, si nous osons éveiller notre conscience.

Il est un petit truc, cependant, pour apprendre les humanitas. Cela requiert de l'imagination pour recouvrer et actualiser nos capacités éthiques. Pour être authentiquement humain, il nous faut imaginer l'humanité, l'espèce que nous sommes, d'une manière différente. Ma prétention est d'enseigner les choses connues dans les Mystères, des choses sublimes et fantastiques qui font vaciller l'imagination. Pour ce faire, j'ai recours à la mythologie parce que j'en suis venu à réaliser que le mythe contient les archives de l'expérience à long-terme de l'espèce. L'information est encodée dans un format de haute compression. Elle se décompresse dans le mental sous certaines conditions de concentration à condition que vous ayez la clé pour accéder au code. Cela ne demande pas beaucoup d'entraînement. Après plus de 40 années consacrées à l'étude des mythes, j'en écris maintenant un. C'est à dire, je décode des passages narratifs dans les mémoires de l'espèce et je les traduis, avec quelques extrapolations, plus quelques plaisanteries et quelques pointes cachées de séduction lorsque je peux me permettre. Une de mes prétentions majeures est d'être l'auteur d'un mythe.

Voici un passage narratif: l'espèce humaine, avant d'émerger sur Terre, fut semée dans une matrice nucléique dans la Nébuleuse d'Orion. Il se peut que l'on me demande comment je le sais. Je pourrais l'expliquer jusqu'à la fin du Kalpa sans que cela soit beaucoup plus clair pour quiconque n'aspire pas à vivre l'expérience par laquelle j'ai accès à une telle matière: le rappel shamanique. Il vous faut être en amour avec la Muse... mais permettez-moi d'ajouter la chose suivante: les initiés aventureux peuvent danser dans des lieux vraiment effroyables mais nul n'est plus effroyable que la proximité de la nébuleuse galactique. Le vacarme émis par le brassage des métaux élémentaires est brut et rude, plus horrible que tout ce que vous puissiez imaginer et, néanmoins, il est obsessivement séduisant, à l'image du bourdon des cordes sympathiques du sarod. Le bourdon pilonne dans votre sang et fait détoner des pulsations extatiques. Les pulsations se métamorphosent en veines d'écoute clairaudiente, des amas de tonalités denses et sensuelles qui coulent en langage comme des raisins pressés coulent en vin.

Il est difficile de faire l'expérience de telles choses et de vivre (comme Rilke le poète clairaudient le savait fort bien) mais il est de loin plus malheureux de vivre sans en faire l'expérience.

Les initiés des Mystères avaient le privilège de vivre de telles expériences et ils pouvaient en ressentir de l'arrogance mais leur arrogance était équilibrée par de l'humilité. Ils conservaient l'équilibre en conférant ce qu'ils avaient appris au travers du privilège d'avoir acquis des facultés surnaturelles. Tout ce qui est enseigné dans les Mystères peut être réduit à trois permutations du noos:

la Dianoia, la Metanoia et l'Epinoia

La Dianoia est un raisonnement clair, un penser au travers des choses (dia) de façon sobre et systématique. Elle inclue le fait d'être critique mais pas dans un sens rationnel et réducteur, pas en termes Cartésiens. Avec la Dianoia, la pensée critique est simplement le tranchant du sens commun.

La Metanoia est le penser au-delà (meta) de ce que nous connaissons, en obligeant l'enveloppe du conditionnement d'aller au-delà du paradigme, quel qu'il soit, qui contrôle notre conscience. Dans le mode impératif, ce terme Grec devient Metanoite! “Penses au-delà de ce que tu connais”. “Réformes ton mental”. Dans les fables populaires connues sous le nom de Nouveau Testament, un guru très sexy nommé Jean le Baptiste proclama ce message au monde Païen mais les traducteurs, noyés dans l'idéologie rédemptionniste, crurent bon de transcrire Metanoite par “Repens-toi”. Ainsi que Leonard Cohen le déclara dans sa chanson “Le Futur”: “Quand ils disaient 'repens-toi, repens-toi', je ne sais pas ce qu'ils voulaient dire”. La Metanoia n'a rien à voir avec le concept de péché qui requiert une repentance. C'est une fausse direction. La Metanoia, c'est devenir plus ouvert et plus conscient, c'est vaincre l'ignorance et le conditionnement mental. “L'Ignorance est la mère de tous les maux” dit l'Evangile de Philippe. Vous ne pouvez pas vous repentir de l'ignorance.

Metahistory.org aurait tout aussi bien pu s'appeler Metanoia.org mais cela nous ramène vers le dilemme de passer pour “académique”; c'est à dire intellectuellement pédant. Le problème avec Metahistory.org n'est pas que cela soit académique mais qu'il présente le challenge d'apprendre avec amour, d'apprendre à évoluer et à co-évoluer, et la réalité de notre temps est que cette capacité a été assassinée chez beaucoup, beaucoup d'êtres humains.

L'Epinoia est la puissance pure et directrice de l'imagination, la faculté authentique de rédemption dans la Gnose. L'Apocryphe de Jean raconte comment l'Eon Sophia , lorsqu'Elle prit conscience du problème auquel l'humanité serait confrontée avec les Archontes, investit “l'Epinoia lumineuse” dans Zoe, la force de vie, afin que nous puissions porter, dans notre configuration biologique, un composant imaginal. Si cela ne constitue pas une des choses les plus magnifiques à apprendre sur Terre, je ne sais pas ce qui l'est. C'est un privilège d'enseigner ce que l'on apprend.

L'imagination, lorsque vous la mettez réellement en pratique, implique de faire des voeux, de contracter des accords avec des puissances transhumaines, de s'aventurer dans le Nagual, de culbuter des Archontes dans les ténèbres noires sur le chemin, de faire des affaires louches avec les Défunts, de jouer au dé avec Hermès, d'apaiser d'un seul mot 90 millions de dakinis Shri Yantrika hurlantes, de danser au rugissement du Silence, d'errer sensuellement dans les dessous de Gaïa. Une partie de la connaissance la plus précieuse que l'on puisse acquérir dans le cosmos doit être rituellement négociée. Imaginez les hurlements de 90 millions de dakinis Shri Yantrika qui exigent que vous prononciez le nom sublime et sacré de la divinité solaire cachée qui secrète l'amrita sous votre aisselle, un nom que je ne peux pas dévoiler si ce n'est pour dire qu'il ressemble au mot Espagnol pour amande. C'est ce à quoi vous serez confronté avant de pouvoir découvrir ce que Sophia vit lorsqu'Elle contempla l'Anthropos qui pendait comme un souffle d'air coloré dans l'armature en moulinet du bras galactique.

Trois Transmissions

J'ai commencé par parler de prétentions et je n'ai pas encore fini. J'en ai une belle panoplie mais peut-être moins qu'il n'y paraît. Je préfère les mettre en lumière plutôt que de vous laisser l'opportunité de les découvrir lorsque vous me connaîtrez un peu mieux, si tant est que cela arrive (ce qui est peu probable). Pour garder la trace des prétentions, c'est un bon exercice de les inscrire sur des bouts de papier et de les déposer dans une boite de biscuits “Petit Lu” derrière le divan. L'exercice ne fonctionne pas si ce n'est pas une vraie boite de “Petit Lu”.

Un avertissement avant d'aller plus avant. Les nouveaux venus qui tombent sur cet essai peuvent être rebutés par mon style, qui est plutôt grognon et excentrique, pas du tout typique des autres essais sur ce site. Hélas, je me laisse aller à être personnel, ici. Quel monde ce serait, une fois dans une vie, si tout un chacun se laissait aller à être personnel.

Faire face aux prétentions est la clause incontournable, je suppose. Du moins, socialement parlant. On m'a dit que je terrifiais certaines personnes qui ont peur que je les assomme de leurs prétentions. Tout comme Socrate, j'ai une tendance innée à faire éclater en mille morceaux les prétentions d'autrui et je peux être assez pervers, également, quant à la manière dont je le fais. Cependant, je ne le fais que rarement sans compassion. Mais je dois avouer que cela procure une sensation saine et particulière de démolir des prétentions sans ménagement, de paraître désobligeant, comme si je faisais sauter les béquilles de quelqu'un qui croit à tort être handicapé mais qui meurt d'envie de danser.

Ne faites pas erreur: ce n'est pas ma prétention d'être une sorte de maître Zen qui file une raclée à ses étudiants, pour cause de prétentions, dans le souci de les libérer, etc... Je le fais juste pour m'amuser. Ou bien souvent par pur désespoir.

Lorca dit que le Duende fait éclater tous les styles, toutes les postures, afin que la spontanéité pure puisse s'exprimer. Cette sensation d'éclatement me manque parfois. L'opportunité d'agir avec rudesse dans des situations sociales ne se manifeste que rarement parce que les gens sont tellement doués à cacher leurs prétentions.

Je pense que la pire des prétentions est de prétendre être humain. Cette assertion peut sembler quelque peu extravagante mais je me fonde sur l'expérience. A ma connaissance, trois transmissions directes d'Illumination furent réalisées par le Bouddha historique, Siddharta - trois et seulement trois. A la suite de son Illumination sous l'Arbre Bodhi, Siddharta discourut à une multitude de personnes mais ce ne furent que dans trois cas directs et instantanés qu'une illumination sans égale se produisit entre lui-même, le Bouddha vivant, et un auditeur. Dans un cas, il tint une marguerite devant l'assistance et un disciple, appelé Mayakasyapa, attint une libération immédiate. Cet incident est appelé parfois le “Sutra de la Fleur” parce que Siddharta délivra tout son discours au travers d'une seule fleur.

Dans un autre cas, après avoir écouté le Bouddha prononcer le plus court de tous les sutras, Shariputra fut immédiatement illuminé. Siddharta dit “La Forme est vide et le Vide est forme”. C'est l'entièreté du sutra, appelé le Sutra du Coeur. Hydraya est le mot Sanskrit pour coeur, ou connaissance du coeur. Cette transmission peut être expliquée - voyez cela, encore une prétention Lashienne qui se déploie de façon patente - en visualisant un échange de regards qui accompagna l'affirmation succincte de l'identité de la Forme et du Vide. En déplaçant ses yeux, alors qu'il parlait, et en accordant son regard à ce qu'il disait, Siddharta convia à Shariputra une nuance particulière allant avec les mots: “Ta forme, mon vide et ma forme, ton vide”. Shariputra fut illuminé au travers de l'interaction des paroles et du regard.

Dans le troisième cas, Siddharta était en train de mendier avec d'autres moines lorsque l'un d'entre eux, Subhuti, observa que la posture et l'attitude du Bouddha étaient étranges de telle sorte que malgré qu'il mendiât comme les autres, assis en tailleur dans la poussière, tenant un bol et le tendant vers les passants, en réalité, il ne faisait rien de la sorte. Plus tard, Subhuti fut assez brave pour évoquer ce qu'il avait vu ou cru voir. Siddharta loua la “perception subtile” du moine. Le commentaire de Subhuti fut l'occasion pour le Bouddha d'offrir un discours resplendissant appelé le Vajracchedika Prajna Paramita Sutra, le “Sutra du Diamant”.

Il existe un commentaire célèbre sur le Sutra du Diamant écrit par le Maître Zen Han Shan de la Dynastie Ming (16 ème siècle). Il est appelé le “Diamant Coupeur de Doutes”. Ce commentaire fut traduit en Anglais en 1959 par Upsala Lu Ku'an Lu. (Ch'an and Zen Teachings, 1961). Ce fut mon privilège de lire le discours et le commentaire pour la première fois en 1968 à San Francisco. Dans ce sutra, Siddharta enseigne cela:

“Tous les êtres vivants qui sont nés d'un oeuf, d'une matrice, de l'humidité ou de la transformation, avec ou sans forme, avec ou sans perception et avec ni perception ni non-perception, sont conduits par moi vers le nirvana final de l'extinction de la réincarnation. Bien que des êtres innombrables aient été menés vers ce nirvana final, il est vrai que nul être vivant n'y a été mené. Pourquoi Subhuti? Parce que si un Bodhisattva s'accroche encore aux notions fausses d'un ego, d'un être humain, d'une personnalité et d'une vie, ce n'est pas un vrai Bodhisattva.”

Cela est appelé l'enseignement du non-atteignement. Le langage-clé du discours tourne autour de l'expression “notion fausse”, lakshana en Sanskrit. Dans ses notes, Upsala Lu Ku'an Lu définit lakshana comme “l'apparence, l'indication, le signe, l'aspect et la caractéristique”. Ce qui ne nous aide pas beaucoup plus, peut-être. Je le traduirais par “prétention”. Dans ce discours, Siddharta explique à Subhuti que lui, le disciple observateur, eut une perception illuminée cohérente avec ce qu'Emerson dit (ma paraphrase): “Le monde, tel qu'il est réellement, appartient à ceux qui perçoivent au travers de ses prétentions.”

Ce que vit Subhuti, sans savoir qu'il le voyait, c'est que Siddharta mendiait sans avoir la prétention de mendier. Qui plus est, sans aucune prétention du tout. Parce que Subhuti possédait le “Bodhi initial”, le germe d'un moment d'illumination, Siddharta put le prendre en charge personnellement et lui montrer qu'une fois que l'on peut voir au travers des prétentions, on peut voir au-delà d'elles complètement. Eventuellement, le monde devient transparent mais on devient aussi transparent à soi-même. Siddharta accompagna personnellement le moine vers cette prise de conscience. Et c'est ainsi que Subhuti atteint l'illumination intégrale.

En lisant le Sutra du Diamant pour la première fois, je fus bouleversé par la suggestion que tout ce que je pensais être mon ego, mon appartenance à l'espèce humaine, ma personnalité et même ma vie, tout cela n'était que des prétentions. Une prétention n'est pas ce que vous supposez pouvoir être ou désirer être mais ce que vous supposez que vous êtes. Quoi que ce soit que vous supposiez être. La première fois que je reçus cet enseignement, j'en eus le souffle coupé et l'effet ne s'est jamais vraiment estompé. Le Sutra du Diamant enseigne que toutes les suppositions concernant qui nous sommes ne sont que des lakshanas, des prétentions, des enveloppes vides. Il est très difficile d'imaginer une perception plus libératrice que celle-là.

Je ne prétendrai pas être capable de développer ce commentaire plus avant, mais je dirai que la reconnaissance des lakshanas est instantanée ou qu'elle n'est pas. Je souhaite une bonne journée à quiconque attend que cette intuition se manifeste.

Connaissance Co-Emergente

Comment allons-nous au-delà des prétentions d'être humain? Et bien, c'est une question pour un Maître Gnostique - ce que je ne prétend pas être, à propos. Cependant, puisqu'il n'existe pas de Maîtres Gnostiques qui aient survécu, je me sens obligé de tenter ma chance.

Une des finalités primordiales des Gnostiques qui enseignaient dans les Ecoles de Mystères était de déterminer comment préserver l'intégrité transpersonnelle du Grand Oeuvre, la co-évolution avec Gaïa. L'initiation avec des plantes psycho-actives était, et est encore, une technique merveilleuse parce qu'elle facilite tellement la dissolution temporaire de l'ego personnel. Les telestai découvrirent aussi, cependant, qu'il était nécessaire de focaliser l'imagination humaine sur un reflet transhumain - je souligne que je dis bien “reflet transhumain” et non “modèle surhumain” - afin de garder l'ego dans ses limites propres. A cette fin, ils enseignèrent le sujet difficile de la pré-existence cosmique de l'espèce humaine. Il est clair qu'ils perçurent cela comme un fait avéré du cosmos, en premier lieu, et ils l'observèrent, de façon répétée, dans leurs états altérés de perception. Mais ils prirent également conscience de la nécessité d'enseigner au sujet de la matrice de l'Anthropos, non seulement parce que c'est un composant véridique et réel du cosmos vivant mais parce qu'un tel enseignement est salutaire. Il tempère et régule l'ego social.

Vous pouvez maintenant vous imaginer à quel point les instructeurs des Mystères étaient horrifiés lorsqu'ils virent les idéologues Chrétiens traficoter avec le complexe de Jésus/Christ et le vendre à la criée comme s'il représentait l'exemple unique et suprême de l'humanité divine. Cette prétention a conduit l'humanité dans une impasse maléfique. Je donnerais beaucoup pour faire éclater cette prétention - et cela sans doute ne ferait pas de différence - juste pour la joie d'être témoin de son implosion.

Maintenant, d'aucuns pourraient affirmer que Lash, en raison d'une animosité personnelle contre la personne la plus vertueuse qui ait jamais vécu sur Terre, souhaite lancer une nouvelle secte en faisant croire à sa fiction schizophrénique, Atu Kadmon. C'est une attaque facile, mais inévitable, bien sûr. J'en appelle à la bonne foi de tous ceux qui parcourent ces pages pour accepter le fait que je ne demande à personne de me croire. En fait, je préfère que vous ne me croyiez pas mais, en même temps, ne mettez pas une croix sur cette “fiction”. Donnez-vous la permission de la prendre en considération, de la contempler. Il se peut que vous croyiez que la Terre évolua à partir du cosmos inorganique et que l'humanité émergea sur Terre par la sélection naturelle; mais vous pouvez également croire que l'homme émergea avant la Terre et qu'il évolua avec elle. Ce sont les choix ultimes quant à la croyance religieuse. Soyez juste au clair quant à ce que vous choisissez.

Accompagnant la croyance occulte en la pré-existence de l'espèce humaine, il y a une histoire mais pas la fable religieuse conventionnelle. Cette croyance a été préservée dans des mouvements ésotériques et souterrains tels que l'Hermétisme et la Kabbale, mais pas très bien préservée. Au fil des siècles, elle a été contaminée et pervertie, presque au-delà de toute reconnaissance. Il faut maintenant la ré-extraire et la ré-imaginer dans des perspectives Gaïennes... Il existe quelque chose de magique dans cette croyance occulte, car elle permet à la puissance de l'imagination d'accéder à la perception. Si vous imaginez que l'humanité émergea avant la Terre et qu'elle évolua avec la Terre (à savoir, Gaïa), vous pouvez alors ressentir comment l'humanité continue encore d'évoluer, maintenant, en co-émergence avec Gaïa.

Comprendre ce que c'est que d'être humain en le connaissant au travers de Gaïa, c'est co-émerger dans l'humanité avec la conscience vivante de la Terre elle-même. Seuls, ou croyant que nous sommes seuls dans l'univers, égarés sur cette planète telle une bande de dauphins abasourdis, ne sachant pas que l'atmosphère nous respire, ne sachant pas que le sol même sur lequel nous cheminons est vivant, ne sachant pas que la planète entière nous ressent en déversant sa sagesse en nos corps à tout instant, nous ne pourrons pas découvrir ce que signifie la présence de l'espèce, ici.

La tragédie que nous vivons à l'échelle globale, c'est que l'humanité a perdu sa propre essence, la qualité qui la définit. L'espèce humaine est devenue virtuelle pour elle-même. S'il existe un élément-clé qui puisse corriger cette situation, il se peut qu'il procède de la Gnose, qu'il se trouve dans la connaissance qui libère: le recouvrement de notre identité cosmique authentique.

Humain, maintenant: une prétention seulement. Mais demain, peut-être, ou après-demain... qui sait?

John Lash. Flandres Janvier 2005.

Traduction de Dominique Guillet