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Une Histoire Alternative du Graal

Pour défier et vaincre le Mensonge Paternel

5. La Plus Enigmatique de Toutes les Enigmes

John Lash

Télécharger l'essai avec les illustrations.

Traduction par Dominique Guillet de l'essai " The Most Enigmatic of All Enigmas"

Où l'auteur explique son étrange (et peut-être irritante) inclination à savourer

les histoires Arthuriennes du Moyen Age

Comme tous ceux dotés d'une forte imagination, je suis enclin, lorsque je suis laissé à moi-même, à m'envoler vers des sphères lointaines et mystérieuses. Cette inclination à la schizophrénie et à la mythomanie est le propre des artistes modernes dans la vie desquels elle se manifeste de façon pléthorique, d'Antonin Artaud (le représentant Européen par excellence; mais si l'on prend en compte l'équipe Russe, Velimir Khlebnikov mène la danse) à Philip K. Dick; ou si vous préférez Woody Allen. Sur le sol Etats-Unien, Melville et Poe constituent les sujets d'études de cas de premier choix. Un minimum de réflexion nous amène à conclure que presque tous les Romantiques, qui héritèrent du karma non achevé de l'Europe, à savoir, les conséquences à long terme de la destruction des Mystères, souffrirent du syndrome d'extrapolation imaginative schizoïde, sous une forme ou sous une autre.

“Mon coeur est ce qui n'est pas mon ego... Aimer l'ego, c'est aimer la mort mais la loi de la Vierge est infinie”. Artaud, Révolte contre la Poésie.

Je me classe avec ces personnages en raison seule de la similarité de l'affliction, non pas par ce qui peut en être fait. Il y a grand nombre de mythophrènes, dans leurs rangs, dont la plupart, triste à dire, sont considérés comme une menace pour la société.

Arrivant à la leçon 5 de Mythbusting 101, le lecteur patient peut se demander vers quoi je m'oriente avec cet exercice métahistorique exigeant. Et bien, il y a une finale, et cela vaut peut-être le déplacement même si ce n'est que pour sa valeur de choc... Nous allons en arriver finalement à l'horreur sanglante de tout cela.

En attendant, cela allégerait peut-être le fardeau de ces leçons difficiles si j'expliquais pourquoi je m'attarde si lourdement sur des histoires du Moyen Age. Je date historiquement la Quête du Graal à un moment nodal, 968 , et à la suite de cela, je met l'accent sur la rédaction de l'histoire autour de 1210 par Wolfram von Eschenbach, un chevalier Bavarois. Ce sont des dates éloignées dans le temps et corrélées à des événements obscurs. Il est difficile de percevoir comment ce qui est arrivé alors pourrait avoir une quelconque pertinence avec le monde de maintenant, en 2008.

Et si alors était maintenant?

Voyons si je peux élucider comment ces excursions dans la romance Arthurienne peuvent être d'une quelconque valeur pour la vie du monde d'aujourd'hui.

Un Hareng Saur

“Les légendes du Graal sont sans doute les plus inspirantes de toute la romance Arthurienne. Cette 'coupe la plus sacrée' est de toutes les énigmes, la plus énigmatique”. R. S. Loomis, Celtic Myth and Arthurian Romance.

La Romance est un genre de littérature médiévale comprenant des oeuvres de prose et de poésie écrites dans des langages anciens tels que le Gaélique, le Breton, l'Occitan et le moyen-haut-Allemand. La romance Arthurienne est le corpus d'histoires et de légendes concernant les chevaliers, les nobles et les dames associés au roi quasi-historique Arthur. La pièce maîtresse de la romance Arthurienne est la légende du Graal ou la Quête du Saint Graal. Au cours de ces leçons de Mythbusting 101, je tente de montrer comment cette légende contient un pouvoir qui se révèle à ceux qui participent imaginativement à l'histoire, le pouvoir de défier et de vaincre le Mensonge Paternel - c'est à dire, la fourberie qui légitime tout ce qui est faux, et négateur de vie, dans les affaires humaines. S'impliquer dans la Quête est une manière très efficace de renverser la culture dominatrice dans laquelle nous vivons car le pouvoir qui est gagné, de par la participation à cette histoire unique, éveille en tout individu une faculté innée et invincible. Nous nous préparons à vaincre la tyrannie extérieure en recouvrant et en maîtrisant ce qui vit à l'intérieur de nous tous: le don de l'imagination créative.

J'entends par là une imagination créative authentique, qui est aussi une imagination morale. Je ne veux pas parler de ce qui passe, de nos jours, pour être de l'imagination - par exemple, la camelote Star Wars ou les jeux vidéos à multiples niveaux et multiples joueurs ou les défilés de fringues à la mode ou encore la rédaction de type marteau-piqueur des vidéos MTV. Pour ne citer que quelques exemples parmi des centaines qui viennent à l'esprit.

En insistant sur l'importance de la Quête du Graal et en plongeant le lecteur dans le royaume nébuleux de la romance Arthurienne, il semblerait que j'emprunte un long détour au travers du passé; ou peut-être y suis je à jamais perdu et cherchai-je à m'adjoindre un peu de compagnie. Après tout, n'est-il pas ridicule de tenter de faire revivre un tel sujet défunt? N'est-il pas futile d'espérer que quiconque puisse se laisser inspirer aujourd'hui par ces intrigues fantastiques et obscures et ces personnages médiévaux? Et après tout, qui, en ces temps modernes, témoignerait de l'intérêt pour un sujet aussi abscons que le Saint Graal?

Et bien, si nous en jugeons par les débats au sujet du Da Vinci Code, je dirais que, de nos jours, un bon quart de la population de la planète est potentiellement intéressé par un sujet aussi abscons. Un milliard et demi de Chrétiens sur terre voient leur foi remise en question parce que le DVC (Da Vinci Code) associe le Graal avec leur idole salvatrice, Jésus Christ. Et de nombreux non-Chrétiens sont également impliqués dans le débat. Le livre est, de loin, le plus grand best-seller de tous les temps. Il a été traduit en 40 langues. Un film en a été produit en 2006.

Je suis peut-être quand même sur la bonne piste. Mais ma démarche est-elle la bonne? Il ne semble pas. Il semblerait que je danse le jitterbug lorsque tout le monde danse le lambada. Ma démarche inhabituelle est due au fait que j'aborde le sujet avec un angle assez particulier, ce qui situe mes contributions à l'écart du débat.

“Etudier les légendes du Graal, c'est fouiller dans les ruines de cités ensevelies, dégager couche après couche de civilisations éteintes et de religions oubliées”. Loomis, Celtic Myth and Arthurian Romance.

Et voilà. Si l'érudit Arthurien le plus éminent était avec nous aujourd'hui, nous danserions sans doute ensemble le jitterbug. Pour ce qui est d'associer le Graal aux Mystères, il avait de bonnes longueurs d'avance sur moi. (Ce travail de connexion mis en exergue par Loomis sera explicité dans les leçons ultérieures). Dans ces leçons, j'explique que la Quête du Graal est un prolongement des Mystères. Vous aurez beau chercher dans tout le débat qui entoure le DVC, je ne pense pas que vous trouverez mention de cette connexion. Je parierai que vous ne trouverez pas même une mention des Mystères. Je propose, pourtant, que ce que les chevaliers Arthuriens cherchaient dans le Graal avait déjà été connu et vécu par les initiés des Mystères Hellénistes. Cette vision est cohérente avec les études Arthuriennes approfondies sur le Graal, telles qu'elles ont été réalisées par l'honorable Roger Sherman Loomis. Cet aspect a, cependant, été totalement négligé au cours du débat courant tant sur l'ouvrage que sur le film. Pourquoi?

La raison en est simple: la fascination actuelle et généralisée en ce qui concerne le Saint Graal, et déclenchée par le Da Vinci Code, n'est pas ce qu'elle paraît être. Le débat concernant cet ouvrage semble attirer l'attention sur le Graal, mais en réalité il la détourne de l'expérience directe et vérifiable de la présence mystérieuse du Graal. Le débat ne fait même que dissuader de toute discussion se rapportant à cette expérience. L'attention est focalisée sur le Graal et, en même temps, détournée du processus de questionnement qui pourrait mener à “l'accomplissement du Graal”. Le débat sur le DVC est un jeu sans règles de fantasmes stériles. C'est une conspiration volontaire dont les participants créent l'intrigue, en l'embellissant et en la développant continuellement, de sorte que la conspiration ne fasse rien d'autre que de se nourrir d'elle-même. Ce truc rouge dans le calice, ce n'est pas le sang du Christ. Regardez bien. Ce n'est que la chair visqueuse d'un hareng crevé. (l'auteur fait un jeu de mots intraduisible en Français: “red herring” signifie “hareng saur” et “dissimulation”).

L'attention massive accordée aujourd'hui au Graal n'est qu'une diversion grossière de ce qu'il est quant à sa nature mystique. Cela nous distrait de l'expérience que le Graal peut offrir à ceux qui le recherchent sincèrement. Loomis avait raison: de toutes les énigmes, c'est la plus énigmatique. On pourrait argumenter que le Graal signifie de nombreuses choses pour de nombreuses personnes et ce n'est pas John Lash, ou quelqu'un d'autre, qui aura le dernier mot sur la question. Cela est assez vrai. Mais il est tout aussi vrai que le Graal puisse être une seule chose. Il peut être beaucoup de choses et, en même temps, il doit être une chose et une chose seulement. Cette unique chose qu'est le Graal, c'est la partie la plus énigmatique de l'énigme.

“La Pierre est Une; il n'y rien à y ajouter; les Sages réalisent notre remède à partir d'une seule substance. Ce Magistère croît d'une unique racine originelle qui se ramifie en plusieurs parties et à partir de laquelle jaillit une seule chose”.

C'est le conseil que les anciens alchimistes donnent, de façon constante, dans de nombreuses versions du même message. (Extrait du Golden Tract dans The Hermetic Museum, édité par A. E. Waite). J'écris pour élucider et dévoiler cette chose unique, qui, de par le passé, a été considérée comme la matière la plus secrète et la plus sacrée au monde.

Une Conspiration Virtuelle

Le Prieuré de Sion est supposé être une société secrète fondée en 1099 qui conserve des informations secrètes sur la vie de Jésus: à savoir, sur le fait qu'il était marié avec Marie Madeleine et qu'elle porta son ou ses enfants. Les documents qui déclenchèrent cette histoire furent déposés dans les années 1950 à la Bibliothèque Nationale de France. Par un grand saut de l'imagination, ils sont intitulés “dossiers secrets”. Quiconque les a consultés est au fait de l'immense plaisanterie. C'est un travail d'amateur qui a été probablement tapé sur un vieux clou de machine à écrire dans une mansarde délabrée au coeur de Paris. Ces documents, et l'existence du Prieuré de Sion qu'ils évoquent, sont très largement considérés comme un canular mais pas un canular ordinaire. Je le désignerais comme un canular sous la forme d'une conspiration virtuelle. Je ne veux pas dire que le Prieuré de Sion, la supposée société secrète, soit une conspiration réelle, mais que l'histoire concernant le Prieuré est une fiction conspirationnelle.

Une conspiration virtuelle est un acte de collusion, non pas dans le but de faire quelque chose (tel que l'assassinat d'un leader politique, la destruction de tours, ou la préservation d'un secret) mais dans le propos d'introduire une histoire fausse concernant quelque chose qui a prétendument été réalisée. Le Prieuré de Sion est une invention fictionnelle destinée à servir une finalité bien précise, et elle la sert extrêmement bien alors même que le Prieuré n'existe pas. L'astuce est que la conspiration virtuelle (une société secrète appelée le Prieuré de Sion) est la courroie de transmission d'une information particulière (la lignée de sang sacré descendue de Jésus). Les deux composantes, la courroie de transmission et la fausse information, constituent un système illusoire d'auto-propagation. La société n'a pas besoin d'exister pour être la source de l'information qu'elle introduit. Une fois introduite, l'information se propage d'elle-même.

Un bon exemple de conspiration virtuelle est la Fraternité Himalayenne de Madame Blavatsky. La “loge secrète” des Mahatmas ( les “grands frères” de l'humanité) est une pure invention mais elle agit comme une courroie de transmission pour une information concernant “l'ancienne religion de sagesse” émanant de Blavatsky. L'objet de la conspiration est de faire circuler une information (des “enseignements”), dont certains peuvent s'avérer vrais et bénéfiques, comme nous le voyons avec Blavatsky. Plus souvent, néanmoins, la conspiration virtuelle est utilisée pour répandre des mensonges et de la désinformation. C'est le véhicule idéal du Mensonge Paternel.

Voyons l'exemple de l'assassinat de JFK. Nombreux sont ceux qui croient qu'Oswald n'a pas agi seul. On prétend qu'il y eut une conspiration impliquant un certain nombre de personnes qui collaborèrent pour assassiner Kennedy et pour faire passer Oswald comme le bouc émissaire. Mais se pourrait-il qu'il n'y ait pas eu de conspiration pour assassiner Kennedy, c'est à dire pour l'acte, mais bien plutôt une conspiration pour faire en sorte que l'assassinat semble avoir été orchestré par une conspiration. Cet effet de doublement signale la conspiration virtuelle comme une réalité virtuelle qui duplique un événement ou une scène réelle. C'est une technique extrêmement efficace de tromperie parce que la conspiration virtuelle ou inventée va former une carapace autour de ce qui s'est réellement passé et le cloisonner de toute compréhension ou de toute investigation. Quiconque peut lancer une conspiration virtuelle autour de quelque chose, que ce soit un assassinat ou une relique religieuse, sera capable d'en cacher la vérité.

La conspiration virtuelle est un outil puissant de contrôle mental. Qui plus est, un des plus puissants jamais conçus par l'intelligence humaine. Elle génère un très grand retour pour un investissement minimal. Pour réussir avec une conspiration virtuelle, il n'est pas nécessaire de contrôler ce que les gens font et il n'est pas même nécessaire de mettre en place un scénario élaboré pour que quelque chose se passe dans le monde: il suffit simplement de suggérer comment percevoir les événements à arriver, ou qui sont arrivés. L'induction d'une situation par laquelle l'assassinat de JFK est perçu comme un acte de conspiration possède des effets de grande portée et ces effets sont extrêmement plus faciles à réaliser qu'une conspiration réelle impliquant un plan complexe avec de multiples acteurs et des événements chronologiquement orchestrés dans des lieux spécifiques. Il n'est nul besoin de dire qu'il est compliqué et risqué de mettre en place une conspiration réelle. L'opération est toujours vulnérable à son maillon le plus faible. De plus, une conspiration réelle peut être découverte, les instigateurs peuvent être identifiés et punis. Tandis qu'une conspiration virtuelle, qui peut être instiguée par une personne seule de la manière la plus banale, ne requiert pas une organisation aussi complexe. Même lorsque la source de la conspiration virtuelle a été identifiée, comme c'est le cas pour le Prieuré de Sion, elle continue de prospérer sans être affectée par le dévoilement. Elle est le produit de tout un chacun qui daigne lui accorder de l'intérêt, qu'il y croie ou non.

Comme elle mise sur le pouvoir de suggestion et d'affirmations non vérifiables, une conspiration virtuelle est forte, même à son maillon le plus faible. Il a été argumenté, par exemple, que la qualité amateur des dossiers secrets était intentionnelle pour que l'examen même de ces documents discrédite l'information et écarte ceux qui seraient incapables de les comprendre en profondeur. En d'autres mots, les documents furent présentés de cette façon comme une stratégie de filtrage, une tactique de diversion. Celui qui inventa cette notion élabora la conspiration virtuelle en faisant paraître ses concepteurs intelligents. Les concepteurs n'ont plus qu'à s'asseoir pour observer leur projet s'étendre mentalement chez ceux qui lui prêtent attention et qui en débattent.

Le Prieuré de Sion est une conspiration virtuelle extrêmement intelligente qui agit comme le catalyseur d'une expérimentation de contrôle mental à laquelle participent maintenant avidement des millions de personnes. Les concepteurs déploient un effort minimal, en fabriquant de faux documents, et la conspiration décolle d'elle-même. Le Prieuré fictionnel est la source d'une certaine information, la courroie de transmission pour des fabulations qui se transmuent frénétiquement dans l'esprit de quiconque se laisse captiver. La société secrète en elle-même n'existe pas, et n'a jamais existé, mais tel est le génie du système: elle n'a pas besoin d'exister afin de délivrer l'information.

L'histoire fausse, au sujet du Prieuré, déposée à la Bibliothèque Nationale de Paris, et subséquemment embellie par Henry Lincoln (qui s'inspirait d'un roman à sensation concernant des trésors cachés dans le sud de la France) et élaborée ensuite par Lincoln, Baigent et Leigh (Le sang sacré et le Saint-Graal) et finalement romancée par Dan Brown, est devenue le véhicule pour répandre un écran de fumée dense autour du Saint Graal. Toute la discussion et les débats occultent le Graal des Mystères - et non pas pour le protéger ou pour des raisons bienveillantes. Loin s'en faut. La stratégie de contrôle mental, qui est ici à l'oeuvre, enterre le Graal sous une tonne de bla-bla afin de le rendre inaccessible à l'humanité.

Maintenant, on pourrait argumenter que je suis moi-même en train de concocter une conspiration. J'affirme que quelqu'un a fabriqué de faux documents, qui sont la source de la conspiration virtuelle au sujet du Prieuré de Sion, afin d'empêcher l'humanité d'accéder au Graal. Qui est ce quelqu'un et quelles sont ses motivations? Je vais aborder la seconde partie de cette question maintenant. La première partie sera abordée au cours des leçons subséquentes.

Un Immense Déni

Pourquoi quelqu'un voudrait-il dénier à l'humanité l'accès au Graal - par lequel, j'entends l'expérience authentique et vécue de la Lumière Sophianique? On pourrait également poser les questions suivantes: pourquoi les Mystères furent-ils détruits? Pourquoi les cultes Gnostiques visionnaires dédiés à Sophia furent-ils éradiqués? On peut prouver, grâce à des évidences historiques fiables, que les Mystères furent délibérément éradiqués et il n'est que naturel de s'enquérir du motif de cet acte sans précédent de destruction. Etait-ce parce que quelque groupe d'intérêt spécial voulait interdire aux gens l'expérience mystique unique de l'initiation Sophianique? S'il en est ainsi, est ce que le motif opérationnel alors pourrait-être le même maintenant, l'intention derrière l'arnaque du Da Vinci Code? Et si alors était aussi maintenant?

Dans les Mystères Païens, de nombreuses générations d'individus vivaient une rencontre directe avec le Graal, avec la Lumière Organique de la Sophia Gnostique, la Pierre de Sagesse rayonnante des alchimistes. L'accès vécu à cette expérience était largement disponible sur une très longue période de temps en Europe, au Levant et en Egypte. Lorsque le Christianisme vint au pouvoir comme religion d'état de l'Empire Romain, l'accès à cette expérience mystique sublime fut strictement interdit, sous peine de mort. Et de nouveau aujourd'hui, l'accès en est interdit bien que cela semble le contraire: tout un chacun, et même son voisin, est sur le point de découvrir le secret du Saint Graal.

En réalité, le dévoilement présumé du secret occulte le secret. C'est pourquoi il est plus que temps de s'exprimer publiquement, de décrire le secret, ouvertement et explicitement. C'est la meilleure façon de réfuter le dévoilement spécieux du secret.

Il n'y pas de mystère concernant ce qui est arrivé aux Mystères. L'histoire nous raconte que le “triomphe du Christianisme” fut achevé en renversant la religion Païenne et en anéantissant ses rites et ses institutions. Si les Mystères avaient survécu, le Christianisme n'aurait pas été capable de gagner l'influence et le pouvoir qui sont les siens maintenant. L'histoire elle-même indique la raison pour éloigner les gens du Graal, c'est à dire pour interdire l'initiation: cela fut fait de façon délibérée afin qu'un système de croyances rigides pût être imposé à la place d'une connaissance qui s'écoulait spontanément à partir d'une expérience initiatrice. Si l'opportunité de rencontrer la Lumière Organique s'était maintenue, de nombreux individus du monde classique n'auraient pas adopté le système de croyance de la rédemption; ils lui auraient même résisté et ils auraient argumenté de façon convaincante contre lui - exactement ce que firent les Gnostiques jusqu'à ce qu'ils fussent réduits au silence par la criminalisation de l'initiation (sous le Code Théodosien), la destruction des ouvrages par le feu, la profanation des sanctuaires, la persécution et le meurtre.

Ce n'est pas une théorie de conspiration. C'est l'histoire - l'histoire d'un acte gigantesque de déni. Je n'invente pas un scénario quant à la destruction des Mystères. Je suis en train de brosser un tableau précis et objectif à partir d'évidences historiques connues. Et j'affirme que le renouveau d'intérêt dans le Saint Graal, du à la conspiration du Prieuré de Sion, est une continuation de cet immense déni, le prolongement d'un plan insidieux pour dominer l'humanité par la tromperie.

Imaginez cela: le triomphe de la foi Chrétienne dans la rédemption par une divinité extra-terrestre (la fausse promesse du Mensonge Paternel) est le résultat d'une immense dénégation. Le “plan” à long terme (j'utilise ce terme à dessein - et ce sera clarifié un peu plus loin) pour leurrer et dominer le mental humain ne peut être couronné de succès que s'il fonctionne comme une conspiration virtuelle qui requiert un effort minimal de la part des concepteurs parce qu'elle s'en remet à un système volontaire. Ceux qui n'ont pas la moindre idée du plan se portent volontaires, avec enthousiasme, pour le mettre en application. Comment cela peut-il arriver? Cela arrive lorsque les individus s'interdisent en eux-mêmes ce que le plan leur interdirait d'avoir. En d'autres mots, il existe une soumission intérieure au pouvoir des dominateurs et des tricheurs. Ils comptent sur cette soumission pour achever leur plan. Si ce n'était pas le cas, ceux qui mettent en oeuvre le programme de dénégation aurait tout le mal du monde pour le maintenir à flot.

Le déni de soi dans l'humanité favorise et promeut le plan consistant à dénier l'accès au Graal des Mystères, l'héritage le plus précieux de notre espèce. Le problème n'est, cependant, pas que subjectif. Le déni de soi intérieur va de pair avec le programme extérieur de dénégation et ils se renforcent mutuellement. La plan extérieur pour interdire l'accès à la Lumière Organique existe réellement. La finalité de Mythbusting 101 est, tout d'abord, de comprendre ce plan et sa motivation; et ensuite d'examiner attentivement qui le contrôle.

Une Etincelle Divine

Nous allons maintenant procéder avec soin et prendre un moment pour examiner cette problématique d'abnégation. On pourrait dire - et en fait, cela a été dit dans les interprétations qui cautionnent le Gnosticisme, ou un modèle donné du Gnosticisme, mais qui diffèrent radicalement du recouvrement des enseignements Gnostiques que l'on trouve sur ce site - que nous avons tous en nous la lumière intérieure de la divinité. La lumière intérieure peut être comprise comme “Dieu à l'intérieur” ou “Christ en nous” ou le potentiel de bouddhéité ou la capacité de réaliser “Vous Etes Cela”, “Atma est Brahma”, “Dieu demeure à l'intérieur de votre soi” et ainsi de suite. Mais si nous refusons cette lumière, nous allons à l'encontre de notre essence divine et nous devenons assujettis à la tromperie et à la domination de l'extérieur. Selon ce modèle accepté par la plupart des érudits, les Gnostiques enseignaient que les humains possèdent une étincelle divine qui a été piégée dans le monde matériel, perdue et oubliée dans la prison de la chair. Le rôle de la gnose est de reconnaître “la semence divine” que nous possédons et de la libérer de l'emprisonnement. Ainsi va l'histoire, répétée ad nauseam, tant dans les interprétations populaires que dans les interprétations érudites du Gnosticisme.

Les discussions courantes sur l'Evangile de Judas cite le modèle “étincelle divine” du Gnosticisme. Dans ce document, Jésus demande à Judas de le trahir aux Romains afin que lui, le sauveur illuminé, “puisse être libéré de l'homme qui l'habille”. Au premier contact avec ce passage, il est assez décevant d'entendre que le maître sage et au bon coeur ressente une telle répulsion vis à vis de son tailleur mais on finit par prendre conscience que Jésus parle de son propre corps. Il nous est maintenant demandé de considérer que sa requête auprès de Judas, pour que ce dernier l'aide à être publiquement exécuté, n'est qu'une tactique Gnostique qui permettra au maître de libérer son étincelle divine de la prison du corps physique. Dans un documentaire TV sur l'Evangile de Judas, les écrivains soulignent que ce texte, qui semble être cohérent avec les Codex de Nag Hammadi du 3 ème siècle, se termine par le baiser de trahison de Judas et ne dit rien sur la résurrection de Jésus. Il en est ainsi, disent-ils, parce que les Gnostiques souhaitaient la libération de la prison de la chair et non pas la résurrection physique. Certes, ce serait une belle absurdité que ceux qui croyaient à l'étincelle divine emprisonnée dans la matière pussent aspirer à une vie dans un corps de matière, même un corps parfait et ressuscité.

Lecteurs patients, gardez en mémoire que les premiers Chrétiens considéraient la résurrection dans un sens littéral. Jésus fut capable de se lever d'entre les morts avec un nouveau corps physique. Au travers du pouvoir de Jésus, et en collaboration avec Dieu le Père, le même exploit miraculeux est possible pour tout un chacun. Irénée (140-220) fut l'idéologue de l'Eglise qui insista sur la validité exclusive des quatre Evangiles attribués à Jean, Luc, Marc et Matthieu et qui appela à la destruction de tous les autres écrits se rapportant à Jésus et plus particulièrement les écrits des Gnostiques. A la fin du Livre I de Contre les Hérésies, Irénée fait référence à l'Evangile de Judas en disant de Judas “qu'il révéla le mystère de la trahison”. Il est certain que les érudits furent extrêmement satisfaits d'avoir accès à un texte dont l'existence était ainsi signalée, 1800 ans avant qu'une copie n'en soit découverte.

Des écrits perdus attribués à Irénée et paraphrasés par des écrivains ultérieurs contiennent un récit d'esclaves, récemment convertis au Christianisme, qui furent arrêtés et torturés:

“... afin d'apprendre d'eux quelques secrètes choses pratiquées parmi les Chrétiens. Ces esclaves n'avaient rien à dire qui puisse satisfaire les désirs de leurs tourmenteurs si ce n'est qu'ils aient entendu de leurs maîtres que la communion divine était le corps et le sang du Christ et imaginant que c'était réellement de la chair et du sang, répondirent de la sorte à leurs inquisiteurs” (Ireneaus et Hippolytus: Ante-Nicene Christian Library down to 325, Part Nine. T and T Clark, Edinburgh, 1869; italiques ajoutées).

Les esclaves avaient entendu de leurs maîtres que la résurrection était littéralement possible et ils y croyaient sans nul doute. Pourquoi? Parce que cette croyance les soulageait, non pas juste de la peur de la mort, mais de la mort elle-même - ce qui explique l'attitude courageuse et rebelle de certains martyrs Chrétiens. La croyance de ces esclaves est partagée aujourd'hui par de nombreux Chrétiens dont le principal attachement à la foi (ce qu'ils m'en disent) est l'assurance qu'après la mort, ils pourront de nouveau vivre physiquement et être unis dans une réalité physique avec les défunts qu'ils aimaient.

Les rédacteurs du documentaire concernant l'Evangile de Judas affirment que le refus Gnostique de la résurrection du corps en faveur de la libération de l'étincelle divine en un vide immatériel (le Plérome) ne pouvait être accepté par l'Eglise primitive et provoqua la persécution et l'éradication des Gnostiques au fil de la montée de l'Eglise au pouvoir. Même s'il est correct que les Gnostiques des écoles Païennes refusaient le miracle de la résurrection physique, que ce soit pour Jésus ou tout autre, il est incorrect, cependant, de prétendre que cette position procédait d'une préférence pour la libération de “l'étincelle divine”. Mes études mettent en valeur que le modèle de “l'étincelle divine” dérive de la désinformation répandue par les idéologues comme Irénée qui haïssait personnellement les Gnostiques. (Le documentaire ne mentionne pas qu'Irénée perdit sa femme après qu'elle eût rejoint un groupe Gnostique alors qu'elle aurait été motivée par l'attrait de leurs orgies sexuelles). Dans la version Sophianique orientée vers Gaïa de la spiritualité Gnostique développée sur ce site, j'avance que les Gnostiques (alias les telestai, les gardiens et les instructeurs des Mystères) ne prétendaient pas que nous possédons tous une étincelle divine qui doit être libérée des ténèbres et de la prison de l'incarnation physique.

Comme je le comprend, les Gnostiques Païens enseignaient que nous possédons une faculté divine appelée “noos”, une faculté de connaissance qu'il nous faut développer afin que nous puissions réaliser à la fois la nature véritable du monde sensoriel et matériel et notre connexion aux sphères surnaturelles. Noos est l'étincelle divine, si l'on veut, mais ce n'est pas une essence spirituelle, c'est une faculté. Ce n'est pas un lieu égoique d'identité immortelle, c'est une faculté divine d'apprendre, d'aimer, d'évoluer. Noos est notre part de l'intelligence Sophianique, le circuit interactif qui nous connecte à l'esprit planétaire Gaïen.

Jeunesse Eternelle

Le passage ci-dessus peut sembler être une digression mais le problème de la croyance en la résurrection physique nous ramène directement à la problématique au coeur de cette leçon: comment l'abnégation fonctionne en nous programmant pour la tromperie et la domination, particulièrement en ce qui concerne la sphère spirituelle. L'outil le plus commun de l'abnégation est la croyance. Par exemple: “j'aimerais être un champion de nage, mais je ne suis pas assez discipliné”. Comme je l'ai souligné sur ce site, la croyance n'a pas le pouvoir de créer quoi que ce soit mais elle agit comme un filtre sur tout ce que nous pouvons authentiquement créer, imaginer et réaliser. Elle conditionne la manière dont nous en venons à percevoir notre potentiel réel. Il est possible que vous n'ayez pas la discipline requise pour devenir un champion de natation mais vous ne pouvez le savoir qu'en essayant et non pas en présumant de la chose sur la base d'une affirmation de croyance négative. La croyance négative non seulement vous empêche de devenir un champion de natation mais elle vous empêche même de découvrir si vous pouvez en devenir un. En bref, elle fait obstacle au processus spontané grâce auquel vous reconnaissez, possédez et actualisez votre potentiel inné.

Les croyances négatives frustrent notre capacité même à vivre car vivre notre potentiel optimum implique de découvrir les choses par les essais et les erreurs, l'expérimentation, l'audace d'essayer et non pas de présumer de ce que nous puissions ou ne puissions pas faire. Mais les croyance positives peuvent avoir la même influence. En fait, cela peut même être pire. Les esclaves, dans l'anecdote d'Irénée, adhéraient à la croyance positive de la résurrection de la chair; ils n'avaient donc pas peur de mourir. Les Gnostiques prodiguaient un tout autre enseignement:

“Ceux qui disent qu'ils mourront d'abord et se lèveront ensuite sont dans l'erreur. S'ils ne bénéficient pas de la résurrection durant leur vie, lorsqu'ils mourront, ils ne recevront rien”. (Evangile de Philippe. 73:1-5).

Ceux qui étaient initiés dans la présence de la Lumière des Mystères peuvent être considérés comme ayant atteint la résurrection durant leur vie même. C'est exactement la façon dont les récits Arthuriens décrivent l'effet de la contemplation du Graal:

“Nul être humain n'avait éprouvé une telle douleur mais à partir du jour où il contemple la Pierre, il ne peut pas mourir dans la semaine qui suit. Son teint ne pourra jamais se ternir. Il sera destiné à conserver la couleur qu'il possédait lorsqu'il vit la Pierre - qu'il soit un homme ou une jeune fille - tout comme lorsque sa meilleure saison de vie commença. Si la personne contemplait la Pierre durant deux cents ans, ses cheveux ne passeraient jamais au gris. Cette Pierre confère un tel pouvoir que la chair et les os acquièrent de suite de la jeunesse”. (Wolfram von Eschenbach. Parzival, chapitre 9).

Il semble que la croyance en la résurrection de la chair fasse l'affaire jusqu'à ce que l'on découvre qu'il existe quelque chose de bien mieux, l'option ou le choix magnifique connu des hérétiques (hérésie vient d'un verbe Grec qui signifie “choisir”). Il est évident que les groupes, qui trouvent un intérêt spécial à imposer le croyance en la résurrection au travers du Christ, veuillent s'assurer que personne ne découvre cette option. Nous avons là la motivation pour la mise en oeuvre de cette immense dénégation qui a informé l'histoire de notre espèce depuis deux mille ans.

L'Elixir de Vie

Il est d'une importance cruciale de comprendre que l'expérience de la Pierre de Sagesse rayonnante, le corps de substance primordiale de Sophia, n'a rien à voir avec une étincelle divine. Il n'existe pas de lumière intérieure que l'on puisse contempler: le Graal est à l'extérieur, consubstantiel avec le corps de la planète elle-même. Il est objectif et tangible, aussi réellement physique que la couche d'ozone ou que la proportion de 80 % d'azote dans l'air. Dans le documentaire sur l'Evangile de Thomas, lorsque le narrateur explique que les Gnostiques possédaient une connaissance intérieure et intuitive des choses divines, on nous montre des gens assis tranquillement et pieusement avec les yeux fermés comme s'ils communiaient avec quelque chose à l'intérieur ou comme s'ils contemplaient une lumière intérieure. Cette façon d'évoquer l'illumination Gnostique est totalement trompeuse. Personne ne peut contempler le Graal en fermant les yeux ou en laissant l'imagination partir à la dérive; tout ce qui est perçu ne peut être que des hallucinations, un jeu trompeur de lumières et de couleurs, et non pas la présence douce et constante de la Lumière Organique.

Le Gnose implique une perception accrue avec un engagement direct avec le monde extérieur, et non pas quelque sentiment intérieur vague de l'illumination, non pas une vision de lumière sacrée perçue derrière des paupières tremblotantes. Il est clair que la Lumière Organique se trouve aussi dans la tête mais on ne la voit pas car nous sommes faits de telle sorte à regarder vers l'extérieur. On la voit à l'extérieur qui imprègne tout ce qui est matériel et sensoriellement perceptible. Elle est appelée une Pierre parce qu'elle possède une densité palpable tout en ayant une masse nulle. Le paradoxe de la haute densité et de la masse nulle défie ce que nous connaissons de la nature mais la nature est une femme avisée et elle a ses voies pour contourner les lois de la physique. La porosité de la Lumière Organique lui permet à la fois d'être extrêmement dense et libre de masse comme une écume épaisse et flottante. Les peuples indigènes qui contemplaient la Lumière Organique dans la nature et en percevaient la porosité mystérieuse étaient inspirés pour la décrire de cette manière même: comme de l'écume. Parmi les Indiens Zuni, la Terre Mère (à savoir Sophia) possède un bol en terrasses (à savoir le Graal). Elle fait bouillonner tous les ingrédients du monde naturel dans le bol et les bat en écume. “L'écume s'éleva autour du bord du bol”. La Terre Mère dit à ses enfants:

“Voyez, le bol est le monde, le bord est son horizon distant et les terrasses bordées d'écume qui l'entourent sont mes traits qu'ils appelleront montagnes, d'où des nuages blancs s'élèveront, s'éparpilleront, éclateront et répandront de la pluie afin que mes enfants puissent boire de l'eau de vie et de mes substances, ajouter à la chair de leur être.” (Donald MacKenzie, The Milk Goddess and Her Plot dans Myths of Pre-Columbian America, page 175).

Ce passage célèbre la résurrection corporelle par la participation aux bio-physiques du corps planétaire, ici et maintenant. Les initiés Gnostiques, qui savaient comment contempler la Lumière Organique, se ressentaient et se voyaient eux-même métabolisés dans l'atmosphère lorsqu'ils allaient dans la nature en pleine journée.

Au cours de la leçon précédente, j'ai proposé que certains alchimistes étaient des “mystiques atmosphériques” capables du même type de perception accrue du monde naturel. Cette affirmation peut sembler extravagante, comme si c'était une projection des idées de l'auteur relatives à l'expérience des peuples natifs, mais elle est cohérente avec les témoignages du shamanisme indigène. Parmi les tribus Ok des montagnes de Nouvelle Guinée, les shamans sont des “cosmologistes qui construisent un modèle de systèmes complexes et cachés de substances en circulation dans les formes de vie, une sorte de physiologie holistique ou d'alchimie de formes de vie animant le monde autour d'elles.” (Richard Rudgley, The Alchemy of Culture, page 82, citant Fredrik Barth, Cosmologies in the Making). Une telle construction n'est pas un artifice intellectuel, c'est une réponse artistique spontanée à un contact intensif avec la nature.

Les cosmologies des “sociétés primitives” contiennent ces schémas permanents d'animation qui sont également découverts dans les expériences mystiques dirigées vers le monde de la nature plutôt que vers le monde intérieur de la psyché, le soi intérieur. “Vous devez aller de l'avant vers l'accomplissement selon les enseignements véritables en harmonie avec les faits de la Nature” conseille Thomas Norton dans The Ordinal of Alchemy. Les structurations alchimiques des éléments terrestres et célestes peuvent témoigner d'un système de modélisation masculin mais il reste que, dans certains cas, elles révèlent un sens de la métabolisation humaine dans la biosphère. Lorsque tout a été dit et réalisé, la foi qui informe l'art souvent chimérique de l'alchimie se réduit à une notion: nous pouvons réaliser la régénération grâce à une participation profonde aux processus de la biosphère. En bref, l'immortalité au sein de Gaïa-Sophia. La “Pierre Délicieuse” est l'Elixir de Vie.

Ainsi donc, qui a besoin d'attendre la résurrection après la mort lorsque l'on peut bénéficier de l'expérience d'une régénération perpétuelle, directement et extatiquement, au travers de l'union mystique avec les processus de vie de la Terre?

Mais le problème est que vous ne pouvez pas vivre ce type d'expérience si on vous empêche de savoir que cela existe, ou, qui plus est, si on vous interdit de faire ce qu'il faut pour l'induire. Le pouvoir de contrôle du Mensonge Paternel dépend du tabou placé sur la participation mystique au Graal véritable et unique, à l'Elixir Vitae, la lumière vivante de Sophia. Comme substitut contrefait de cette expérience, les religionistes offrent le sacrement Chrétien, une ingestion symbolique du sang et du corps du Christ. L'Hostie est un placebo: il vous faut croire en elle pour que cela fonctionne, pour que cela vous donne quoi que ce soit, même un léger raffermissement de la morale. Le sacrement du Graal n'est pas un placebo: il confère réellement une expérience qui ne nécessite pas la croyance en sa véracité ou en sa possibilité: il suffit de la vivre. Et cela ne requiert que l'observation de quelques conditions, les règles du rite, qui sont ce qu'elles ont toujours été...

J'appellerais la rencontre avec le Graal des Mystères “un acte mystique”. Le problème avec la controverse autour du Da Vinci Code est qu'elle génère beaucoup de débats au sujet du Graal qui est soit considéré comme une relique Chrétienne, soit comme la lignée de sang de Jésus et de Madeleine, soit comme un archétype mystique de l'accomplissement spirituel, et ainsi de suite; mais toutes ces spéculations ne font aucune référence à l'acte mystique de contemplation directe et vécue du Graal. La conspiration virtuelle soutient le Mensonge Paternel et continue de renforcer le tabou sur la participation mystique en Sophia, la présence divine de la Terre.

L'Urne d'Albâtre

Pour défier et vaincre le Mensonge Paternel, il vous faut pour le moins être capable de savoir lorsque le Mensonge vous est jeté au visage. Dans l'arnaque du DVC, le Mensonge fait de Marie-Madeleine une génitrice de souche royale, à peu à l'image d'une jument de pure race. Les complices volontaires de la conspiration virtuelle citent les écrits Gnostiques pour soutenir l'affirmation du Prieuré de Sion selon laquelle Jésus et Madeleine avait des relations charnelles. C'est ici que les stratégies de demi-vérité entrent en jeu. Les écrits Gnostiques affirment réellement que Jésus et Madeleine étaient intimes sur le plan charnel et spirituel mais s'ils étaient des Gnostiques authentiques et qu'ils rejetaient la procréation, comment peuvent-ils être présentés comme un couple qui désirait avoir des enfants?

Le fait que les Gnostiques rejetaient la procréation est un fait attesté par tous les érudits mais il est totalement ignoré dans les débats autour du DVC. Un texte Gnostique fragmentaire, Zostrianos, condamne “la folie et l'enchaînement de la féminité” ce qui signifie non pas les femmes en tant que telles, et non pas le genre féminin, mais la procréation biologique aveugle (NHC VIII, 131:5). Comment un point aussi important de la vision et de la pratique Gnostiques peut-il être ignoré? Si Marie-Madeleine avait été une Gnostique, elle n'aurait sûrement pas été une mère, pas plus que le Gnostique Jésus aurait été un père. Citer des écrits Gnostiques pour valider le scénario de la lignée de sang sacré relève de l'absurdité et de la perversité.

Loomis écrit que “l'aspect Chrétien de la légende du Graal n'est strictement qu'un aspect - le moins étonnant, le moins mystérieux.” (Celtic Myth and Arthurian Romance, page 140). C'est cependant cet aspect qui fait la une du débat actuel. Rappelons que la Madeleine était traditionnellement dépeinte avec une urne pleine de baume de nardin (Nardostachys grandiflora) pour en oindre les pieds de Jésus. Cette urne n'est clairement pas le calice dans lequel le sang de Jésus fut collecté.

L'urne est un artefact Païen, corrélé aux fonctions des cultes de la Déesse dans l'onction du candidat pour la royauté sacrée - un sujet que j'ai abordé de façon extensive dans tout ce site. Il n'est en aucune manière possible d'identifier le calice et l'urne:

Pour que l'arnaque du Prieuré de Sion soit fonctionnelle, l'urne doit disparaître mais sa fonction doit être conservée afin qu'une autre valeur lui soit assignée. Voilà l'astuce: le Mensonge Paternel dédouane la théocratie (la royauté sacrée) en nous jetant en pâture le calice de la lignée de sang sacré et en prétendant même que le calice est le corps d'une femme qui porte les semences de Jésus en sa matrice tandis que Madeleine se tient sur le côté avec l'urne d'albâtre pleine de précieux onguent, l'artefact Païen de la consécration théocratique. Un acte caché de substitution est ici opérationnel: calice - lignée de sang sacré - Madeleine, femme de Jésus est substitué pour urne - onction sacrée - Madeleine, prêtresse de la Déesse. Le débat autour du DVC est totalement absorbé dans la première séquence alors que la seconde séquence est quasiment occultée. Même lorsque la seconde image est évoquée, comme dans l'ouvrage de Margaret Starbird The Woman with the Alabaster Jar, elle est offerte sur l'autel de la structure Paternelle de pouvoir: Jésus et Madeleine devraient être considérés comme le modèle de “mariage spirituel”, avec une kyrielle de gamins pour faire bonne mesure (Starbird en a cinq); ledit modèle, s'il était accepté par l'Eglise, ferait évoluer et avancer le Christianisme. Telle est l'argumentation de Starbird.

Loomis cite un passage de Le Morte d'Arthur de Malory dans lequel les nobles de la cour d'Arthur sont témoins de l'apparition d'une fille du Graal sur un cheval blanc et se demandent s'il s'agit de Madeleine. Dans la méthode de mythologie comparée (connue dans sa version moins respectable sous le nom de mythophrénie), Madeleine est une fille du Graal comme Repanse de Schoie dans Parzival. Elle ne porte pas la semence de Jésus en sa matrice. Elle n'est pas le saint calice incarné. Le Graal qu'elle porte est l'urne sacrée de l'onction. Ou peut-être est-ce la coupe avec le breuvage enthéogénique... Quelque soit le cas, ce n'est définitivement pas un réceptacle qui valide le fantasme de la théocratie de sang sacré.

Il est possible que le sujet du Saint Graal soit la matière la plus énigmatique au monde mais en tout cas, il n'est pas incompréhensible. Comme nous l'étudions, nous devrions examiner toutes les options, toutes les variations en jeu qui tentent de le décrire. Le débat du DVC se focalise sur l'angle Chrétien, “le moins étonnant, le moins mystérieux” des aspects du Graal. Le scénario de la lignée de sang sacré semble hérétique mais il ne l'est pas vraiment. L'Eglise Romaine et les autres dénominations de la Foi Unique et Véritable peuvent bien dénoncer le blasphème d'un Christ sexuel, ou plus précisément, d'un Christ procréant mais le fantasme du “Sangraal/Sangreal” sévit carrément encore en territoire Chrétien. Son propos n'est pas de détruire le Christianisme, mais de lui conférer une légitimité temporelle et politique. Il soutient le Mensonge Paternel selon lequel il y a quelque chose de spécial dans le sang du sauveur. Inférant une proposition biologique à partir de la théologie, il ne s'oppose pas au message essentiel du Christianisme - à savoir que nous sommes sauvés par un pouvoir mystérieux qui réside dans le sang de Jésus Christ - il lui donne un nouveau look.

Quant à moi, je ne serai pas surpris que la controverse entourant le DVC finisse par offrir un accroissement de pouvoir et une extension de l'adhésion au bercail Chrétien, plus particulièrement celui du Catholicisme Romain. Pour le moins, elle va renforcer et resserrer les rangs de l'Eglise Catholique Romaine - ce qui est précisément ce que le pape actuel, Bénédicte XVII a affirmé publiquement qu'il souhaitait faire.

Afin de voir comment le Mensonge Paternel est opérationnel au sein du débat sur le DVC et de suivre les futures permutations qu'il pourrait assumer, il n'existe pas de meilleure exercice qu'un trek au travers de la matière de la romance Arthurienne. Par définition stricte, c'est un genre littéraire comprenant des histoires et des légendes au sujet des chevaliers de la Table Ronde (ce sera développé dans la prochaine leçon) mais c'est aussi beaucoup plus que cela. La romance Arthurienne est cet aspect de la culture Occidentale qui présente l'histoire parallèle de la résistance au Mensonge Paternel. La tradition de la chevalerie, qui, selon les affirmations de Loomis, est “une élaboration de romance à partir des anciens récits de la Palestine et de la Grèce” et “moins une série d'aventures qu'une série d'initiations”, est l'environnement narratif dont nous apprenons la manière dont les Mystères survécurent alors dans les Ages Sombres et la manière par laquelle ils pourraient revivre dans les Ages Sombres qui sont en train de poindre maintenant.

John Lash. Avril-Mai 2006. Flandres

Traduction de Dominique Guillet