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Requiem pour nos Abeilles

Dominique Guillet

Voir Page 4

Le miel: nectar des Dieux...

ou cocktail d’antibiotiques, d’acaricides et de pollen transgénique

Ce n’est pas le syndrome d’effondrement des colonies qui va faciliter la vie des apiculteurs quant à la possibilité d’alimenter en miel les marchés intérieurs.

En France, la production est de 16 000 tonnes alors qu’il en faudrait 40 000 tonnes pour honorer la demande du marché national.

Aux USA, en 2006, la production a été de 70 000 tonnes, seulement, à savoir 11 % inférieure à l’année d’avant.

Au Québec. Les apiculteurs se plaignent amèrement car le prix du miel a chuté à 0,50 euro la livre sur le marché de gros alors que leur coût de production est à 1,50 euro la livre! Tout le monde s’en moque et les consommateurs ne sont pas conscients que 80 % du miel acheté au Québec est importé d’Argentine.

En Europe, le miel est importé d’Argentine. Il est parfois importé de Chine, mais au vu du désastre écologique qu’est ce pays, tout est à craindre. Car l’appellation “miel” cache parfois bien des surprises!

L’Argentine était récemment au coeur d’une vaste crise apicole car les importateurs refusaient d’importer du miel argentin farci d’antibiotiques et d’acaricides. L’Argentine est, après la Chine, le second producteur de miel au monde avec environ 100 000 tonnes en 2006, provenant de 2,5 millions de ruches, gérées par 33 000 apiculteurs. L’Argentine est le premier exportateur mondial: 90 % de sa production est exportée.

La crise apicole va peut-être même s’intensifier au fur et à mesure que l’on découvre, ou plutôt, que l’on analyse la quantité de pollen transgénique présent dans les miels.

L’an passé, dans le sud-ouest de la France, des études ont été réalisées, sous contrôle d’huissier, pour mettre en évidence la présence de pollen transgénique dans des ruches. Les ruches installées entre 500 et 1200 mètres des champs de maïs transgéniques étaient contaminées à hauteur de 50%.

En mai 2000, du miel fut découvert par l’Association les Amis de la Terre en Angleterre contenant du pollen transgénique de colza. Des composants génétiquement modifiés de chez Aventis furent découverts dans deux échantillons analysés par un laboratoire en Autriche. Certaines des ruches contaminées se trouvaient à 4/5 km des champs de colza chimérique.

En 2004, le gouvernement Australien fit des recherches pour déterminer la quantité de pollen, provenant de colza transgénique, dans des échantillons de 34 miels provenant d’Australie et du Canada. Tout se passe bien dans le meilleur des mondes: tous les miels contenaient du pollen transgénique mais à moins de 1%, donc sans obligation d’étiquetage. Contaminé légalement, donc pas étiqueté.

En 1999, la BBC rapporta les recherches de scientifiques Hollandais utilisant le nectar de plantes génétiquement modifiées pour produire du miel contenant des remèdes ou des vaccins. En effet, les scientifiques du “Centre for Plant Breeding and Reproduction Research” de Wageningen s’étaient aperçus que des protéines fongicides de la bruyère commune se retrouvaient dans le miel. Ils alimentèrent alors les abeilles avec une solution contenant une albumine sérique bovine: non seulement retrouvèrent-ils cette albumine intacte dans le miel mais, en plus, doublement concentrée.

Ils créèrent ensuite des pétunias transgéniques contenant un vaccin pour immuniser les chiens contre une maladie appelée parvovirus. Ils commencèrent également des recherches pour voir si les sucres protégeaient les protéines dans le miel, sans réfrigération, afin de créer des vaccins pour les zones tropicales.

Du miel au vaccin transgénique: il fallait y penser.

Ne peut-on pas dire, d’ailleurs, que tout miel contaminé par du pollen transgénique, devient, de ce fait, un miel pharmaceutique? Et il n’y a pas que dans le sud-ouest de la France que le miel commence a être contaminé par du pollen transgénique.

Miel de soja bientôt garanti au pollen transgénique?

Les apiculteurs argentins ont une peur bleue que les importateurs commencent à analyser la teneur en pollen transgénique de leurs miels.

Car l’Argentine est couverte de soja et bien sûr de soja transgénique, 100 % marque déposée Monsanto. Mais, direz-vous, Dieu le Père, dans son immense sagesse, n’a t-il pas créé le soja autogame, sans besoin de pollinisateurs, pour que Monsanto puisse semer ses semences chimériques sans contaminer les paysans bios et passéistes qui n’utiliseraient que des variétés non améliorées par le “génie génétique”?

C’est ce que les menteurs racontent. La réalité est tout autre et cela fait très longtemps que l’on sait que dans certaines régions des USA, par exemple, les apiculteurs récoltent du miel de soja.

En 2004, André Pouvreau, chercheur de l'INRA, a publié un excellent livre «Les Insectes Pollinisateurs» dont nous citons un très court passage relatif au soja: «Dans certaines conditions de culture du soja, la mise en place de ruches peut contribuer à l'augmentation du rendement en graines, en réduisant le nombre de gousses vides» (page 20).

Entre 1930 et 1970, de nombreux scientifiques et agronomes étudièrent très attentivement la possibilité d’utiliser les abeilles en tant que vecteurs de pollinisation pour la production en masse et bon marché d’hybrides de soja. Weber et al. (1970), Veatch (1930), Bradner (1969), Brim et Young (1971).

Un article, sur les relations entre les abeilles et la production agricole, fut distribué lors de la conférence EAS en 1997, aux USA, évoquant le fait que dans le Delaware des ruches d’abeilles sont amenées pour “favoriser la pollinisation des cultures de soja”.

En 1960, Gordienko mit des abeilles dans une cage voilée contenant deux variétés de soja. Il les nourrit avec du sirop parfumé afin de stimuler les visites florales : il obtint 29 % d’hybridations sur une variété et 44 % d’hybridations sur l’autre variété.

Pour plus d’informations et de références, nous convions le lecteur à se reporter aux page 399 et 400 de l’ouvrage de Dominique Guillet “Les Semences de Kokopelli”.

En conclusion. Le soja est abondamment allogame et les abeilles sont largement mises à contribution pour en favoriser la pollinisation. Devinette: des ruchers au milieu de champs de soja, vont-ils produire du miel de soja ou du miel d’acacia?

Les apiculteurs argentins ne sont pas au bout de leurs peines. En effet, 50 % du miel produit en Argentine l’est dans des régions couvertes de cultures transgéniques! Et Julio César Díaz, apiculteur et président de l’Association Argentine d’Apithérapie, se lamente à juste titre que ce sont les apiculteurs argentins qui vont payer les pots cassés. Julio César Díaz attaque violemment les “pirates hypocrites” qui ont profité de la crise des miels argentins contaminés d’antibiotiques et d’acaricides pour casser les prix et augmenter d’autant leur plus-value. Tout en précisant que ce sont les mêmes qui ont formé les apiculteurs à utiliser la chimie la plus violente pour gérer les parasites de la ruche sans se soucier de développer des techniques douces et durables qui bien sûr, ne ramenaient pas de devises aux vendeurs de produits toxiques.

Nous espérons que la commission d’enquête sur les abeilles sollicitée par des députés français ne manquera pas de se pencher très sérieusement sur le problème des miels transgéniques contaminés soit par du pollen de soja chimérique argentin soit par du pollen de maïs chimérique du sud-ouest français. En 2006, ce sont 5469 tonnes de miel argentin qui ont été importées par la France.

L’Allemagne, quant à elle, importe tous les ans de 30 000 à 40 000 tonnes de miel en provenance d’Argentine.

Comme le dit fort justement Pierre Rabhi, agro-écologiste et poète: “Une agriculture qui ne peut produire sans détruire porte en elle les germes de sa propre destruction. Le temps est déjà venu où, au moment des repas, plutôt que de se souhaiter bon appétit, mieux vaut se souhaiter bonne chance.”


Tant va la ruche aux maux qu’elle se lasse

Ce qui ressort de ce très long exposé, c’est une profonde lassitude des abeilles.

L’apiculture moderne occidentale est à l’image de l’agriculture moderne du même nom.

C’est une apiculture militarisée pour ne pas dire une apiculture de guerre:

- des casernes surpeuplées, que d’aucuns qualifieraient même de camps de concentration, aseptisées d’antibiotiques et d’acaricides.

- des opérations coups de poing (qualifiées poétiquement de transhumance) sur des monocultures ciblées.

- des champs de la mort, réminiscents de l’épisode de la guerre des tranchées, bombardés de fongicices, d’insecticides, d’herbicides: les héritiers des gaz-moutardes.

- des fumigènes (sans la ration tabac) pour anesthésier les abeilles récalcitrantes.

- de la nourriture-poison: sucre blanc, sirop de maïs, farine de soja, huile de colza, le tout à la sauce GM.

- une sexualité bridée, de par l’insémination artificielle des reines.

- des pertes considérables dans la population civile, dégâts collatéraux des bombardements pesticideux.

- des razzias: vol des réserves de miel.

- des tenues de guerre de plus en plus blindées pour l’apiculteur, en raison de l’agressivité sans cesse croissante des abeilles.

- le massacre de millions de reines, au 8 ème jour de leur développement embryonnaire, pour “récolter” de la gelée royale.

Et sans parler des vagues d’agresseurs qui assaillent les abeilles sur tous les fronts, depuis la fin de la dernière guerre mondiale, depuis que la technologie de guerre s’est transformée en technologie de l’agriculture:

- La varroase “varroa destructor”. Cet acarien asiatique a envahi l’Amérique latine en 1971 (importé du Japon par des apiculteurs du Paraguay) et a envahi l’Europe au début des années 60 en même temps que l’occident envahissait l’Asie de sa pseudo-révolution verte. Jusqu’alors, le varroa vivait paisiblement en symbiose avec la petite abeille Indienne, Apis ceranae. Il existe même une abeille russe de l’espèce Apis mellifica qui est relativement résistante au varroa de par sa localisation géographique (Russie extrême orientale. Primorsky).

- L’acariose, provoquée par Acarapis woodi. Cet acarien est un parasite interne de l’abeille. La femelle pond à l’entrée ou dans la trachée. Il affecte durement les États-Unis depuis 1984 et semble se répandre en Europe en 2007.

- Une nouvelle nosemose provoquée par le protozoaire Nosema ceranae. Il est déjà en présent en Espagne et serait même présent en France, selon Marie-Pierre Chauzat. Ce protozoaire a été suspecté d’être la cause du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles. Cela semble peu probable car il est présent aux USA depuis une dizaine d’années.

- Le petit coléoptère des ruches, Aethina tumida. Un nouveau venu d’Afrique qui est très présent et redoutable aux USA (depuis 1998 en Floride), Canada et Australie. Il serait présentement au Portugal.

- Une autre acariose provoquée par les acariens Tropilaelaps clarae et Tropilaelaps koenigerum. Ils ne sont pas encore présents en Europe mais seraient en Australie ou proche des côtes australiennes, ce qui représente un danger de contamination pour les USA dont beaucoup d’agriculteurs font appel aux abeilles d’Australie pour la pollinisation. Tropilaelaps clarae et Tropilaelaps koenigerum vivent normalement en symbiose avec les abeilles d’Asie, Apis florea, Apis dorsata et Apis ceranae.

- Un nouveau prédateur des abeilles, un frelon nommé Vespa velutina nigrithorax , endémique en Chine, au Bhoutan, et dans le nord de l’Inde , s’est introduit en France fin 2004. Vespa Velutina construit ses nids en haut des pins et son taux de reproduction est élevé du fait de l’absence de prédateurs naturels. Il attaque les abeilles en plein vol.


Les abeilles sont épuisées par tout cet effort de guerre et par cet univers concentrationnaire. Les abeilles sont à bout de munitions et l’immunitaire craque.

Une minorité s’est rebellée par la violence: on les appelle des abeilles “africanisées”. Elles sont issues des travaux d’hybridation effectués en 1957 au Brésil par un biologiste, Warwick E. Kerr, qui croisa des abeilles d’Europe avec des abeilles d’Afrique du sud (26 reines de Tanzanie de l’espèce Apis mellifica scutellata). En 1958, ces abeilles hybridées ont quitté la ruche et elles sont parties d’Amérique latine vers le nord, ont traversé l’Amérique centrale et arrivèrent au Texas en 1990.

Elles sont maintenant présentes dans tout le sud des USA. Elles sont parfois très violentes, très agressives, d’où leur appellation de “killer bees”. Le nombre d’humains tués par ces abeilles varie selon les sources (de quelques individus à un millier). Elles s’attaquent même au gros bétail.

La grande majorité des abeilles, cependant, semble plus encline à capituler devant l’adversité. Le célèbre biologiste Henri Laborit aurait peut être parlé dans leur cas “d’éloge de la fuite”.

Ce syndrome d’effondrement des colonies est-il véritablement autre chose qu’une désertion collective des troupes?

Les abeilles quittent la ruche sans retour. Et l’agriculture moderne et sécuritaire, qui puce électroniquement tous les animaux domestiques, n’a pas eu le temps de lancer un vaste programme de puçage électronique de l’apiculture: des dizaines de milliards d’abeilles sont donc portées disparues.

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