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Requiem pour nos Abeilles

Dominique Guillet

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Mutinerie dans les ruches

Les abeilles transhument vers le néant. Les abeilles désertent par dizaines de milliards. Les ruches se vident en moins d'une semaine. C'est une nouvelle catastrophe pour le monde apicole (et sans doute pour le monde entier) car celle-ci s'annonce d'amplitude planétaire. Elle se nomme “syndrome d'effondrement des colonies”.

Aux USA, les experts apicoles sont en plein désarroi. Ils évoquent même un “mystère”. En effet, les abeilles disparaissent “proprement” sans laisser de cadavres. Les ruches pleines de miel et de pollen ne sont pas pillées par d’autres abeilles ou d’autres insectes. C’est une malédiction qui plane sur les ruchers.

Les expert apicoles ne désespèrent pas, cependant, de trouver le remède miracle, de sauver, encore une fois, leur “industrie”, puisque c’est ainsi qu’ils la qualifient. Ils ont mis sur la trace des abeilles portées disparues les meilleurs détectives-virologues. L'enjeu est de taille: pas d'abeilles, pas de pollinisation, pas de récoltes, pas de dollars. Le bipède, qui s'est autoproclamé maître de la sphère planétaire, en est tout courroucé. Les abeilles font la grève de la pollinisation, les mutines refusent la butine.

Les abeilles n'éprouveraient-elles donc aucune reconnaissance pour cette “industrie apicole” qui les a choyées depuis des dizaines d'années en leur prodiguant:

- le logis: avec de belles ruches toute carrées.
- les meilleurs remèdes: les antibiotiques les plus puissants (comme la terramycine ) et les acaricides les plus performants ( Apistan et le tout nouveau Hivastan).
- de la nourriture à satiété: du bon sucre blanc de betterave, du sirop de maïs confectionné à partir des meilleurs crûs transgéniques et bien sûr, des compléments nutritionnels (élaborés, par exemple aux USA, à partir d’huile de coton transgénique, de farine de soja transgénique, d’huile de soja transgénique, d’huile de colza transgénique...).
- des voyages tous frais payés sur des milliers de kilomètres à la découverte des déserts agricoles occidentaux.
- un butin assuré grâce à des monocultures géantes à la porte de la ruche.
- du pollen et du nectar enrichi d'un cocktail de molécules apéritives: fongicides, insecticides, herbicides.
- de la procréation assistée avec une sélection des meilleures reines inséminées artificiellement.

Une catastrophe bientôt planétaire

Au mois de décembre 2006, l’Université de Pensylvannie mena une enquête auprès de divers apiculteurs de la région est des USA . Ces apiculteurs (possédant entre 200 et 3000 ruches) avaient enregistré des pertes de 30 à 90 % de leur rucher. Chez un apiculteur, seules 9 colonies avaient survécu sur 1200.

Sur l’ensemble des USA, depuis la fin de l’automne 2006, les pertes enregistrées sont de l’ordre de 60 % sur la côte ouest et jusqu’à 90 % dans certains états de l’est et du sud du pays. Selon les dernières estimations, ce sont près de 1,5 million de colonies qui seraient mortes aux États-Unis et 27 États sont touchés. Rappelons que le nombre de ruches était de 6 millions en 1947 et de seulement 2,4 millions en 2005.

En France, la perte des colonies est estimée entre 300 000 et 400 000 chaque année, et ce depuis 1995. L’hiver 2005/2006 fut particulièrement dramatique qui vit la disparition de 15 à 95 % des colonies, en fonction des apiculteurs. En Martinique, en avril 2007, un apiculteur a perdu 200 colonies en l’espace de quelques jours.

Au Québec, l’hiver passé, en moyenne, 40 % des ruches sont portées vides. Certains apiculteurs, cependant, ont perdu jusqu’à 75 % et même 100 % de leurs colonies.

Dans l’Ontario, au Canada, l’hiver passé, ce sont jusqu’à 60 % des ruches qui sont portées désertées chez certains apiculteurs et près de 40 % du rucher national.

Les chiffres avancés sont de 400 000 ruches vides pour la Pologne, 600 000 ruches vides pour l’Espagne.

En Allemagne, selon Manfred Hederer, le président de l’Association Allemande des Apiculteurs, 25 % des colonies auraient été décimées mais certains apiculteurs rapportent jusqu’à 80 % de pertes dans leur rucher.

A Taiwan, en avril 2007, les premières informations ont été publiées d’une disparition mystérieuse des abeilles: un apiculteur a rapporté la perte de 80 de ses 200 ruches.

En Suisse, certaines régions déplorent la perte de 80 % des colonies. Les pertes nationales seraient de l’ordre de 30 % mais certains apiculteurs ont perdu la totalité de leurs colonies. Il y avait 45 000 apiculteurs en Suisse en 1900. Il en reste actuellement 19 000 mais ce chiffre est à la baisse. Durant l’entre-deux-guerres, il y avait 350 000 ruches. Il en reste aujourd’hui 190 000.

Le syndrome d’effondrement des ruches sévit également au Portugal, en Grèce, en Autriche, en Angleterre.

Le syndrome d’effondrement des ruches est-il un ultimatum? Est-ce un appel désespéré des abeilles afin de réveiller l’humanité?

Syndrome d’effondrement de la ruche

Aux USA, ce syndrome a récemment été qualifié de “Colony Collapse Disorder” et a remplacé différentes dénominations tels que “ Effondrement de l’automne”, “Maladie de mai”, “Maladie de disparition”, etc.

En Angleterre, le syndrome est qualifié de “phénomène Marie Céleste” ( du nom du navire dont l’équipage se volatilisa en 1872).

Quels sont les symptômes de ce syndrome?

Dans les ruches déjà effondrées:

- Absence complète d’insectes adultes dans la ruche avec peu, ou pas du tout, d’abeilles mortes dans la ruche ou devant la ruche.
- Infestation considérable des quelques abeilles que l’on trouve encore dans la ruche. Tous les virus néfastes à l’abeille connus sont présents ainsi que des champignons. Certaines abeilles sont affectées par une demi-douzaine de virus.
- Présence de couvain operculé.
- Présence de stocks de nourriture dans la ruche, miel et pollen qui, premièrement, ne sont pas immédiatement pillés par d’autres abeilles et, secondement, lorsqu’ils sont attaqués par des parasites tels que la Fausse Teigne (Galleria mellonella ) ou le Petit Coléoptère des ruches (Aethina tumida), ne le sont que tardivement.

Dans les ruches en cours d’effondrement:

- le nombre trop restreint de travailleuses ne permet pas de prendre soin du couvain.
- les travailleuses sont principalement de jeunes adultes.
- la reine est présente.
- l’essaim refuse de consommer de la nourriture apportée, tel que du sirop de maïs ou des suppléments protéiniques.


Automnes sans fruits

Aux USA, ce sont 90 plantes alimentaires qui sont pollinisées par les abeilles. La valeur des cultures pollinisées par les abeilles y est estimée à 14 milliards de dollars. En Floride, la récolte de pommes est compromise. Rien que pour les pommes (pollinisées à 90 % par les abeilles), la valeur pollinisée aux USA est de 2,1 milliards de dollars.

Sur toute la planète, les abeilles sont les porteurs de pollen, ce sont les pollinisateurs par excellence. Selon Bernard Vaissière, spécialiste des pollinisateurs à l’INRA, “Aujourd’hui nous trouvons que plus de 75% des cultures qui nourrissent l’humanité et 35% de la production de nourriture dépendent encore des pollinisateurs, c’est-à-dire des abeilles pour la plupart. Mais les pratiques de production et les paysages agricoles qui en résultent ont évolué considérablement ces dernières années de sorte que maintenant les pollinisateurs sont souvent trop rares pour pouvoir polliniser les cultures de façon fiable et efficace.

Nos résultats apportent un vibrant rappel sur le rôle essentiel que jouent les pollinisateurs dans notre vie quotidienne, en particulier au niveau de notre alimentation puisque leur activité pollinisatrice nous permet d’avoir de nombreuses denrées essentielles mais aussi agréables comme le café et le chocolat, les huiles végétales et les fruits à coques, et la plupart des fruits et légumes”
.

Aux USA, sur les 2,4 millions de ruches, ce sont 1,5 million qui sont habituellement louées pour service de pollinisation. La situation est tellement catastrophique qu’en 3 années, le coût d’une location de ruche a presque triplé pour arriver à 135 dollars.

En 2007, dans l’urgence, les USA ont fait appel à l’Australie pour des importations massives de colonies d’abeilles. La compétition faisait rage en avril aux USA entre les vergers de pomme 4 des états de New York et de Pennsylvanie et les producteurs de myrtilles dans l’état du Maine.

Pesticides et champs de la mort

Les abeilles disparaissent tout aussi bien dans les régions agricoles envahies de chimères génétiques que dans les régions agricoles dans lesquelles les chimères génétiques ne sont pas cultivées, ou alors seulement dans des parcelles expérimentales. Existe-t-il alors un dénominateur commun?

Selon le Professeur Emmeritus Joe Cummins, de l’Université d’Ontario, le dénominateur commun est “l’utilisation généralisée de semences enrobées de pesticides systémiques tout aussi bien pour les cultures conventionnelles que pour les cultures génétiquement modifiées; en particulier, l’application largement répandue d’une classe, relativement nouvelle, d’insecticides systémiques, les néonicotinoïdes, qui sont hautement toxiques pour les insectes, dont les abeilles, à de faibles concentrations. Les enrobages avec des insecticides systémiques protègent les jeunes plantules durant la première phase, plus vulnérable, de leur développement. Ces enrobages sont constitués d’insecticides et de fongicides systémiques, qui agissent souvent en synergie.

Les insecticides de la classe des néonicotinoïdes incluent l’imidaclopride, le thiamethoxam, le clothianidine et d’autres encore. L’imidaclopride est très répandu pour l’enrobage des semences de légumes et de cultures de plein champ, particulièrement le maïs, le colza et le tournesol. L’imidaclopride se décèle dans les sols, dans les tissus végétaux et dans les pollens en utilisant la spectrométrie de masse et la “chromatographie liquide haute performance”.

Les taux de concentration d’insecticide dans le pollen ont laissé penser que les abeilles pouvaient souffrir de lésions cérébrales. Depuis 2000, les apiculteurs de France et d’Italie ont découvert que l’imidaclopride était mortel pour les abeilles et suspectent que cet insecticide puisse provoquer le déclin des colonies en affectant le sens d’orientation de l’abeille et sa capacité à retourner à la ruche.”


De nombreuses études réalisées en Europe ont mis en évidence les méfaits de l’imidaclopride:

- Une équipe de scientifiques a découvert que le pollen produit par des plantes issues de semences enrobées avec de l’imidaclopride contenait des concentrations significatives de l’insecticide et a suggéré que le pollen contaminé était une des principales causes du syndrome d’effondrement des colonies.

- Des analyses de tournesol et de maïs issus de semences enrobées avec de l’imidaclopride ont indiqué que de larges quantités de l’insecticide étaient emportées par les abeilles dans les ruches.

- Des abeilles nourries avec des solutions sucrées qui contenaient 500 ou 1 000 ppb (parties par milliards) de l’insecticide ne pouvaient pas retourner à la ruche et disparaissaient. Celles nourries avec des solutions sucrées contenant 100 ppb (parties par milliards) de l’insecticide ne revenaient à la ruche qu’après 24 heures.

- Des abeilles nourries en laboratoires avec des solutions contenant de l’imidaclopride perdaient leurs capacités de communications durant plusieurs heures.

- Une étude a été réalisée en Grèce sur l’impact de l’imidaclopride sur les abeilles.

- Une étude a été publiée dans le bulletin d’entomologie en Angleterre sur l’impact de l’imidachlopride sur les abeilles.

Une étude réalisée en 2006, en laboratoire, en Caroline du nord aux USA, met en valeur que la synergie des néonicotinoïdes avec des fongicides très répandus (tels que Terraguard et Procure) accroît la toxicité de ces néonicotinoïdes de l’ordre de 1000 fois.

Lorsque l’imidaclopride est utilisé pour lutter contre les termites, cette substance les désoriente complètement (les insectes ne peuvent pas retrouver la termitière) et détruit complètement leur système immunitaire.

Selon Jerry Hayes, responsable de la section apicole des services agricoles de l’état de Floride, l’imidachlopride est utilisé maintenant non seulement pour l’enrobage des semences, mais aussi en pulvérisation foliaire, en systémique et en synergie avec des fongicides. Ce pesticide se retrouve systématiquement dans le nectar des fleurs.

Selon l’Université de Caroline du nord, l’imidachlopride utilisé pour enrober les semences se retrouve dans le pollen du maïs, du tournesol et du colza et à des concentrations dangereuses pour les abeilles. L’imidachlopride détruit la mémoire et les processus cérébraux de l’abeille, plus particulièrement les zones du cerveau liées aux souvenirs récents. L’ingestion, donc, de pollen frais ou stocké n’est peut-être pas synonyme de mortalité mais bien plus de perturbations des processus de mémoire des abeilles qui, désorientées, ne retrouvent plus le chemin de la ruche.

Aux USA, toutes les semences transgéniques de coton, soja, maïs et colza sont enrobées de néonicotinoïdes. De plus, la zone refuge est traitée avec des néonicotinoïdes. Cette zone refuge, qui est une sorte de camp de la mort pour les insectes, a été mis en place depuis 2000 par l’Agence de Protection de l’Environnement qui n’a aucun moyen de vérifier son application et qui donc s’en remet, pour cela, aux entreprises de biotechnologie.

Ainsi, par exemple, Monsanto demande aux agriculteurs transgéniques de planter 20 % de leur surface cultivée en variétés conventionnelles afin de créer des “refuges” pour décourager l’évolution des insectes résistants aux transgéniques. Ils sont priés de n’utiliser des insecticides que lorsque le niveau d’infestation met en danger la viabilité économique de leur culture!! Ainsi la variété OGM de Monsanto, le “YieldGard Corn Borer” (avec un gène de Bt) doit-elle être semée à raison de 80 % de la surface: les 20 % restant constituent un “refuge” à semer avec n’importe quelle variété qui ne soit pas “Bt”. Les agriculteurs qui ne respectent pas ce cahier de charges peuvent être punis par Monsanto et peuvent se voir refuser un accès ultérieur à cette technologie de pointe!

En conclusion: l’agriculteur sera privé d’OGMs “Bt” s’il n’accepte pas de faire un “refuge” avec des variétés conventionnelles traitées à mort par les insecticides les plus toxiques!

En fait, le première faiblesse de l’abeille, c’est d’être un insecte et donc d’être hautement susceptible aux “insecticides”. Sa seconde faiblesse est son peu de capacité à résister et à muter. Les autres insectes “sauvages”, quant à eux, ont gardé cette capacité de muter très rapidement. Et ils ne s’en privent pas.

Il en est de même pour les “mauvaises herbes”. Aux USA, les adventices sont devenues strictement résistantes au RoundUp (le glyphosate de Monsanto). Les agriculteurs n’ont pas d’autres choix que d’utiliser des mélanges d’herbicides pour nettoyer leurs champs. Les champs de soja transgénique sont en particulier envahis d’ amaranthes sauvages.

Voir la suite page 2

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