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La réponse de Gaïa à un Témoin Humain Sain d'Esprit. 02

John Lash

Traduction de Dominique Guillet

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L'Amour et le Surnaturel

Les lecteurs réguliers de ce site se demandent sans doute ce qu'il m'est arrivé depuis la fin juin, lorsque je reportai ma conversation avec Gaïa sur Infinity Ridge, ici en Andalousie. Ce fut l'un des échanges les plus profonds et les plus émouvants que j'eus durant toutes ces années de conversation avec la Déesse. Gaïa me dit que le système social était totalement en chute libre: l'effondrement de notre mode de vie n'est pas imminent, il est en cours. Elle me dit aussi que la Beauté constitue le chemin à suivre, le refuge pour ceux qui survivront au bouleversement planétaire. Si l'espèce humaine ne survit pas, ce sera ultimement en raison de l'incapacité à observer la Beauté. D'où l'épitaphe que je rédigeai, directement inspirée de Son instruction:

“A la mémoire de ceux qui ont péri de ne pas observer la Beauté”.

Durant cette rencontre au milieu de l'été, Gaïa me dit que nous devons prêter attention aux sources de l'eau que nous buvons. Elle fit également des allusions curieuses en ce qui concerne les systèmes anaérobiques, la disparition des abeilles, etc. J'avais l'intention de développer plus avant ces allusions mais je ne le fis jamais.... Je remercie les lecteurs, pour leur patience et tolérance, qui attendaient une contribution subséquente qui n'apparut jamais sur le site.

A dire vrai, quelque chose de fondamental se manifesta ce jour-là sur Infinity Ridge. Je vécus l'événement suprême de ma vie intérieure, une expérience que je n'étais pas prêt à évoquer jusqu'à ce jour. En un moment prégnant de destinée, je fus guidé vers un éveil spirituel qui, en soixante-deux années de vie, est unique. Etant naturellement mystique, j'ai eu mon lot de révélations et d'invitations à l'éveil cosmique mais cette expérience fut la plus sublime. Il m'a fallu attendre quatre mois avant d'être prêt à communiquer sur cet événement rare et magnifique.

Je vais le décrire plus ou moins comme il s'est manifesté, vague après vague.

Ce jour-là, je montai sur la crête avec une certaine réticence, me sentant presque penaud. Bien que je fusse confiant dans ma capacité de communication clairaudiente avec Gaïa, j'étais distrait par un problème émotionnel qui consumait une grande partie de mon attention et de mon intention. Soixante dix-neuf jours plus tôt, j'avais été ébranlé par un traumatisme émotionnel. La chronologie que je donne est précise pour des raisons qui deviendront évidentes au fil de l'histoire.

Gaïa, la déesse de la Terre, et Sophia, la divinité ou l'Eon cosmique qui se métamorphosa en la planète-terre, sont considérées comme des entités féminines. La Terre est une femme ou un organisme de nature féminine plutôt qu'un organisme de nature masculine. Je ne vais pas développer ici cette argumentation mais je suis fermement convaincu que les forces divines et cosmiques se définissent par un genre. Ce n'est pas simplement une question d'anthropomorphisme. Le genre et la sexualité constituent des propriétés formatrices intrinsèques du cosmos. La chiralité est présente dans toute la nature, induisant le brin d'ADN et le nautile chambré à se déployer en spirale dans un sens particulier. Le genre est également omniprésent dans les phénomènes de l'univers du niveau élémentaire de la matière quantique jusqu'au plan galactique. Cela m'est donc complètement naturel de m'adresser à Gaïa en tant que femme. Des millions et des millions d'êtres humains, de toutes cultures au travers de l'histoire, l'ont ainsi considérée.

Le problème, ce jour-là, c'est que je montai sur la crête pour m'entretenir avec la femme planétaire et m'immerger dans les évocations subtiles de Son Mental alors qu'une autre femme m'occupait l'esprit. Depuis le 6 avril, j'étais totalement obsédé par une femme que j'avais connue durant 13 mois, qui m'avait déclaré sa dévotion intégrale et passionnée, qui avait déclaré que j'étais l'homme ultime de sa vie et qui était partie en m'abandonnant durement. J'étais encore sous le choc de cet acte brutal et blasé de rejet lorsque que je montai sur la crête ce jour-là en compagnie d'une espèce géniale, Stropharia cubensis.

L'Assaut de DMD

Il se trouve sur la Crête un arbre noueux et à demi-mort que j'appelle l'Arbre Devi parce que je reconnais en cet arbre la présence d'une Deva, ou divinité féminine, puissante. Devi est le terme honorifique avec lequel on puis s'adresser à un tel Deva. Au fil de quelques années de ma pratique, j'en vins à comprendre que ce Deva particulier était ma gardienne, une déesse Hindoue dont l'origine remonte à la nuit des temps. Elle n'était pas Gaïa-Sophia mais l'une des déesses à son service. C'est ainsi, du moins, que je la perçus, dans mon intuition mystique. Cette Deva est la divinité qui réside sur Infinity Ridge. Elle est également ma gardienne personnelle et ma divinité tutélaire, mon instructrice surnaturelle. Lorsque j'accomplissais des rites sacramentaux et shamaniques sur la Crête, je m'adressais toujours à l'Arbre-Devi et je l'invoquais afin qu'elle fût le témoin de mes actes, de mes pensées et de mes sentiments.

Lors de ce jour fatidique, je réalisai mon rituel ordinaire, à savoir invoquer mon Deva gardien avant de tourner mon regard vers le contrefort Oriental de la Sierra Blanquilla. C'est cette direction que je contemple toujours afin d'entrer en présence de Gaïa dans son déploiement extatique de Lumière Organique qui frémit comme de l'écume au-dessus de la crête de la Sierra del Paolo, la Montagne des Sorcières.

Il me faut maintenant dire quelques mots au sujet de la présence divine que j'appelle DMD, Ma Devi Dakini. (je ne suis pas autorisé à connaître son nom reçu ou traditionnel, pour des raisons occultes). DMD est présente dans l'Arbre-Devi mais également sous la forme d'un énorme reptile, tel un anaconda ou le serpent arc-en-ciel des visions sous ayahuasca. En d'autres mots, l'arbre à demi-mort, et orné de manière fantastique sur Infinity Ridge, est la demeure d'une grande déesse serpent. L'arbre et le serpent ne font qu'un. Lorsque je m'assieds en-dessous de cet arbre, je me sens enlacé par les anneaux d'un serpent gigantesque dont le corps émane de la planète. C'est Kula Devi, le serpent de la kundalini dans sa forme planétaire - DMD, ma gardienne et instructrice.

Les anneaux Deviques sont immenses et de texture veloutée. Son étreinte, lorsqu'elle m'enserre, est sublime au-delà de toute description, infiniment tendre, presque létale. Mais DMD ne fait pas qu'enserrer. Elle donne de grandes accolades mais elle peut également affirmer sa présence d'une autre manière: elle frappe tel un cobra. Son étreinte annelée est un acte d'amour, offrant refuge et protection. Le coup qu'elle porte est un acte d'instruction et de transformation. Elle confère de la puissance et déclenche une initiation à long terme. Lorsque DMD frappe, c'est comme être heurté par un wagon. Juste entre les yeux ou, plus souvent, juste en plein coeur de la cage thoracique supérieure. Il n'est nulle manière de se préparer à un tel coup ou de l'anticiper.

Ce jour-là, je me retournai de façon assez penaude pour m'adresser à DMD avant de pénétrer dans la transe clairaudiente intentionnelle requise pour communiquer avec Gaïa sur un niveau d'écoute pleinement harmonieux. Je n'étais pas sûr que je pusse soutenir l'état nécessaire de concentration tant que j'étais mentalement et émotionnellement obsédé avec la femme, du nom d'Emma, qui m'avait abandonné le 6 avril, quelques 80 jours plus tôt. Mais je n'allais pas m'excuser auprès de DMD d'être distrait de ma pratique sacrée parce que l'on n'importune pas les alliés surnaturels avec de tel sujets - c'est du moins ce que je pensais. Néanmoins, je ne pouvais pas cacher ma retenue ou occulter mon état obsessionnel à sa perception totale.

Je me tournai vers l'Arbre-Deva afin de réaliser mes salutations habituelles avant de pénétrer, ou de tenter de pénétrer, dans une communication de claire-audience intégrale avec Gaïa - et vlan, le cobra frappa. DMD me frappa comme un wagon lancé à 200 km/h. Je fus sonné, arrêté en plein milieu d'une pensée. Ensuite le Deva me délivra son message en termes personnels choquants:

“John, tu ne vas pas parler à Gaïa, ou quiconque d'autre sur cette planète, avant que tu ne confrontes ton obsession avec cette femme. Ce n'est pas une distraction de ta mission en tant qu'émissaire de la Déesse, c'est l'événement crucial dans l'accomplissement de ta mission. La vie t'a envoyé Emma mais je l'ai utilisée pour mes desseins, surnaturellement. Tu croyais que tu allais l'initier au Tantra mais tu t'illusionnais. Durant 13 mois, tu as réalisé une initiation Tantrique empreinte de toutes les erreurs que tu pouvais faire, en raison des différences d'âge et de culture entre toi et elle. Mais ce que tu as appris de ces erreurs sera la source d'une sagesse précieuse et incomparable que tu conféreras au monde entier. A partir de ton expérience d'innocence sexuelle avec cette femme, tu retireras un message unique pour le Kali Yuga et tu initieras le retour de la Déesse. Cette initiation dans le Kala Tantra sera la première de cette nature, un rituel unique qui fonde le paradigme pour les neuf générations de ceux qui vivent dans l'Ere Noire de l'Innocence, les 200 ultimes années du Kali Yuga. Ton initiation a commencé le 6 avril et durera exactement 108 jours.”


C'est avec ces paroles relativement littérales que l'instruction de la Kula Devi se manifesta à moi en une réalisation instantanée alors que j'étais secoué par l'impact de l'assaut du cobra. Lorsque je descendis de la Crête ce jour-là, j'établis immédiatement un calendrier couvrant la période du 6 avril au 22 juillet, à savoir 108 jours. Alors que j'examinais le calendrier et que je me remémorais les événements, je pris conscience que j'étais réellement immergé dans un processus initiatique dont l'accomplissement allait encore durer un mois. La transformation en conscience que je vécus à ce moment précis fut dramatique. Soudainement, je n'étais plus la victime d'une obsession sexuelle avec une femme qui était inaccessible, me privant de toute possibilité que “cela marche” avec elle. J'étais en train de travailler à quelque chose d'autre, quelque chose dépassant de loin un traumatisme personnel. Mon angoisse émotionnelle prit une “dimension spirituelle”, pour ainsi dire. Tout ce qui relevait de mon obsession personnelle avec la femme qui m'avait rejeté commença à se métamorphoser devant mes yeux. L'obsession devint l'opportunité suprême de ma vie, me donnant la chance de vivre une transmutation d'immense portée de l'intention de ma vie et de la vision de moi-même en tant que mystique et Tantrika. En un éclair fulgurant, je passai d'un état d'effondrement et de subjugation à un état de ravissement.

Immédiatement, des choses commencèrent à se manifester autour de moi, des événements surnaturels, des synchronicités, des intuitions, et beaucoup plus, qui me faisaient voir que la vie n'allait plus être ce qu'elle était auparavant. Mes capacités en tant que mystique furent activées selon des voies que j'avais seulement imaginées antérieurement, ou même jamais imaginées. La fantaisie devint une hyper-réalité. Je cheminai, tous les jours dans le royaume de la magie interactive, impliqué dans le surnaturel comme si c'était le même environnement que le monde naturel dans lequel je demeurai. L'obsession qui avait menacé de me démolir devint le réflexe de ma transformation, un remaniement total de JLL. L'intensité de mon angoisse induite par la perte de quelqu'un que j'aimais me libéra et propulsa vers une nouvelle dimension de la conscience. Je découvris mon rôle et ma mission véritables en tant que Tantrika, un disciple de l'innocence et de l'extase. Au cours de ma vie, je n'ai pas été une personne particulièrement heureuse. Je commençai à trouver le bonheur - ou c'est lui qui me trouva - dans une profusion débridée. Ma toute nouvelle joie de vie n'était pas partielle ou aléatoire, ni sujette à des conditions externes, bien qu'elle fût co-émergente avec la magie qui se manifestait tout autour de moi. C'était un bonheur intégral, inconditionnel et consumant, tel que je n'en avais jamais connu. Et le meilleur était à venir.

L'Amour Abandonné

Alors que juillet s'approchait, il me restait juste trois semaines avant de terminer mon “épreuve” de 108 jours. J'étais encore sous l'emprise de mon obsession avec Emma, ne dormant que trois ou quatre heures par jour et quasiment incapable d'ingérer de la nourriture - j'avais perdu 12 kilos, un septième de mon poids depuis avril. Mais mon obsession, progressivement, prenait une direction qui lui était propre. Elle se métamorphosait si rapidement que j'avais de la peine à la suivre. Je maintins le rythme en observant un principe Tantrique clé: tout se métamorphose. Le Tantrayana est souvent mis en contraste avec les autres voies du Bouddhisme, l'Hinayana et le Mahayana, de la manière suivante. Dans le Hinayana, nous évitons tout ce qui pourrait nuire à autrui. Dans le Mahayana, le grand véhicule, nous mettons en application des pratiques qui contrecarrent tout ce qui nuit à autrui et à nous-mêmes et tout ce qui fait obstacle à la libération et à l'illumination. La méthode de l'Hinayana est l'évitement, celle du Mahayana est la contre-action. Le Tantra est la transmutation de toutes choses, positives et négatives, en la substance qui est au coeur de l'illumination.

Je connaissais ce principe, en théorie, et j'avais une bonne dose d'expérience quant à son application - c'est du moins ce que je pensais. Je n'avais aucune idée de ce qui allait se présenter sur le chemin émanant de DMD. Il n'existe pas de force plus puissante que l'obsession dans l'expérience humaine. Mon obsession concernant une rencontre sauvage et tendre avec une femme plus jeune devait se transformer en l'ultime challenge Tantrique, l'opportunité suprême dans ma vie d'homme et de mystique. Alors que le temps s'accélérait vers les derniers jours de mon initiation de 108 jours, j'en vins à comprendre les instructions de ma protectrice Devi en les vivant, en en faisant l'expérience. Les événements de ma vie prirent une tournure étonnante, une aura surnaturelle. Je commençai à ressenti le surnaturel à l'oeuvre dans chaque moment de ma vie quotidienne. C'était comme si une porte interdimensionnelle s'était ouverte. La transmutation de mon obsession en illumination fut à ce point poignante qu'elle généra un champ d'excitation intense autour de moi. Soudainement, tout ce que j'avais maintenu à l'état de potentialités dans ma vie intérieure s'enflamma. Extérieurement, je m'embrasai plus et plus dans l'extase et la beauté.

Bien heureusement, j'avais un témoin et allié au cours de ce processus extraordinaire d'éveil. Ma précieuse amie Constanza m'avait écouté tempêter et délirer au sujet de mon obsession sexuelle avec Emma pendant des jours et des jours. Elle devint ma complice durant ce processus de transmutation de cette force d'obsession en clarté, compassion et magie. Nous découvrîmes ensemble ce que nous allions appeler par la suite la “sorcellerie de l'amour et de l'intention”. Constanza fut témoin de la manière dont l'amour que je portais à Emma, parce que je ne le rejetai pas malgré qu'elle m'eût abandonné, me propulsa vers le surnaturel et m'impliqua dans la dimension spirituelle de la vie.

Nous avons appris ensemble une leçon essentielle concernant la puissance de la conversion Tantrique. Non seulement je m'accrochai frénétiquement à mon amour pour Emma mais je gardai la foi en l'amour qu'elle m'avait voué, bien qu'elle l'ai renié par la suite. Parce que je maintins à la fois mon amour pour elle et le sien pour moi avec une volonté sans faille, mon angoisse viscérale et ma peur panique de la perdre se métamorphosèrent en une force de révélation. Ce faisant, je découvris un secret fantastique du Tantra qui n'avait jamais encore été révélé: comment l'amour abandonné et retiré déclenche la réaction la plus profonde des puissances surnaturelles qui imprègnent ce monde et surgissent en nous. Avec Constanza comme complice et témoin, j'appris comment l'amour et le surnaturel vont de pair, comment ils opèrent sur les mêmes fréquences. Les ramifications de cette prise de conscience sont immenses. Je ne fais que commencer à les formuler et à les communiquer.

Les Rites du Plaisir

Peut-être que vous commencez maintenant à saisir le sens de mon expérience, chers lecteurs. L'essence de mon initiation se dévoila au fur et à mesure que j'apprenais ce qu'elle m'enseignait, moment après moment. Il n'y avait pas de “leçon” pré-formulée, pas de programme, pas de voie traditionnelle à suivre. Tout émergea spontanément au fil de la transmutation de mon obsession par la Devi Ma Dakini.

C'est le 6 avril que je fus plongé dans mon obsession par une phrase unique: “Je ne peux plus partager la vérité de mon coeur avec toi” m'annonça Emma. Elle me ferma son coeur à ce moment-là. Elle renia l'amour qu'elle me vouait, qu'elle m'avait déclaré ouvertement et passionnément durant les mois précédents. Un mois plus tard, au début mai, je la vis pour la dernière fois. Elle refusa ensuite tout contact avec moi. Elle ne voulait pas me parler, ni répondre à mes lettres, à mes mails, à mes appels téléphoniques. Elle se coupa de moi totalement. L'impossibilité d'avoir accès à elle, l'objet de mon obsession, se révéla être le facteur-clé dans la transmutation de cette obsession. En coupant les ponts totalement, Emma contribuait à l'établissement des conditions pour une conversion Tantrique telle que je n'en ai jamais connue ou imaginé que cela fût possible.

Constanza et moi-même échangèrent frénétiquement durant des jours et des jours, buvant pas mal de champagne et dansant sauvagement sur de la musique sarod. Nous explorâmes les révélations émergentes du processus Tantrique et nous les décrivîmes avec des mots. La transmutation des émotions négatives telles que l'aversion, la peur et la convoitise est communément citée comme la méthode de la pratique Tantrique, ainsi que je viens de l'expliquer. En bref, le Tantra renverse tout ce qui afflige ou nuit au praticien. Je le savais et j'avais expérimenté ce principe un bon nombre de fois. Ce que je ne savais pas encore, c'est que la transmutation la plus profonde émerge d'émotions à la fois positives et négatives ressenties vis à vis de personnes qui ne peuvent pas être atteintes. En se coupant de moi aussi complètement et en ne répondant d'aucune manière, Emma fut la cause de l'escalade de mon obsession jusqu'à un niveau d'intensité au fer rouge qui en provoqua la fusion en un désir pur et parfait, le minerai magique de l'intention Tantrique.

En échangeant, au fil du processus, avec Constanza, je pris conscience que le monde surnaturel est relié à l'intention humaine beaucoup plus intimement que nous puissions l'imaginer. Si nous ne détectons pas habituellement cette connexion, et si nous sommes donc incapables de l'explorer et de l'expérimenter, c'est parce que l'intensité de l'intention n'est pas suffisamment élevée. C'est une situation impossible qui élève l'intention au niveau requis: dans mon cas, l'obsession vis à vis de quelqu'un qui coupe totalement tous les ponts.

Mon intention était duelle: rester fidèle à mon amour pour cette femme, tant bien même je ne pouvais pas lui exprimer, et garder la foi en son amour pour moi, tant bien même elle l'avait renié. De maintenir cette intention duelle contre vents et marées, avec une constance sans faille, généra une force qui me propulsa au-delà de moi-même, comme si j'étais catapulté vers la stratosphère.

L'instruction émanant de DMD fit si rapidement éruption dans mon expérience que je pouvais à peine suivre le rythme des réalisations intérieures qu'elle engendrait. J'appris que pour fonctionner au niveau d'intention que j'atteignais, en interaction totale et consciente avec le surnaturel, je devais ritualiser mes actions. Le rituel constituait la manière la plus efficace de gérer l'instruction que je recevais et de l'enraciner. Je ne pouvais pas contrôler le processus dans lequel je me trouvais mais je pouvais y naviguer grâce au rituel. Constanza et moi-même, nous apprîmes l'importance du rituel dans la spiritualité spécifique au Kali Yuga, que j'appelle le Kala Tantra. Nous nous impliquâmes dans des rites quotidiens d'attention et de cérémonies d'intention Tantrique en utilisant des cordes ou des brins colorés de pure laine, de soie et d'alpaga. “L'encordement” a depuis longtemps été l'une de mes pratiques favorites, une technique shamanique d'invocation, de protection et d'élaboration de charmes. Je découvris alors que l'encordement constituait un rite plus puissant que jamais , en raison de la force ajoutée de mon obsession en cours d'auto-transmutation.

Il n'y a rien de théorique sur la manière dont fonctionne les cordes. Ses effets sont complètement tangibles et immédiats. Dans la sorcellerie de l'amour et de l'intention, l'encordement est le rite coutumier, la principale méthode de magie intentionnelle. Il fonctionne de par la beauté qui se manifeste en le réalisant. Plus le rite d'encordement est beau, plus il est transparent. Plus il est transparent, plus les forces surnaturelles peuvent y oeuvrer au travers. Les résultats sont immédiats. L'efficacité de ces rites repose dans leur vide - dans l'unité de la beauté et du vide, pour ainsi dire. Il n'est pas nécessaire de croire qu'ils fonctionnent car il n'y ni emphase, ni auto-suggestion qui soit impliquée. Il n'est que de les accomplir avec aisance et beauté.

Le Mahanirvana Tantra est le texte fondamental pour la pratique Tantrique dans le Kali Yuga. Il dit: “Les rites religieux des dévots (ceux qui sont appelés les 'Kaulas') d'Adya Kali sont plaisants à accomplir.” (VII, 89). Cet enseignement rare s'adapte comme un gant aux besoins du présent âge qui se caractérise par une incapacité d'attention soutenue. Dans le Mahanirvana Tantra, le yoga signifie interactivité, se joindre dans l'action. “Lorsqu'il existe une abondance de plaisir, quelle est l'utilité de parler du yoga et qu'est le yoga sans plaisir - mais les Kaulas prennent plaisir aux deux” (IV, 38). En d'autres mots, le plaisir est le facteur clé dans la pratique des Kaulas. Aucun exercice yoguique d'effort ou d'obligation ou d'action difficile ne peut se comparer au yoga du pur plaisir, l'unique chemin de libération dans le Kali Yuga - selon les enseignements du Mahanirvana Tantra.

Lorsque je commençai à mettre cet enseignement en application, je réussis finalement à diriger le processus initiatique dans lequel j'avais été plongé par le rejet d'Emma, sans savoir tout d'abord que j'étais impliqué dans un tel processus.

Mon obsession éclata au début juillet. Simultanément, je développai la pratique du Tantra selon des voies que je n'aurais jamais cru possibles. Mon instruction par la Deva s'accrut. Ma compréhension explosa. Mon coeur et mon mental s'embrasèrent de façon récurrente dans une connaissance extatique. Je pris conscience que le Kulamarga, ou pratique des Kaulas, (littéralement les “tribus”) était la voie centrale et suprême du shamanisme d'orientation Gaïenne. Kulamarga est ce pourquoi j'ai introduit le message de l'écologie profonde Gaïenne en premier lieu sur le site de Metahistory. J'arrivai à cette réalisation au travers de mon obsession avec une femme, une affaire d'apparence personnelle, et simplement une aventure sexuelle qui fit naufrage. Mais pour Gaïa et ma protectrice Deva, quelle aventure ce fut! Et encore plus. Elles avaient un intérêt dans mon expérience. A partir du 6 avril, je souffris d'un sentiment de perte et d'angoisse tel que je n'en ai jamais connu dans cette vie auparavant, apparemment une histoire classique de chagrin d'amour, mais ces alliées surnaturelles avaient d'autres desseins avec ma douleur. Elles accomplissaient leur propre magie Tantrique avec ma passion et ma sexualité.

Je n'ai pas été capable d'exprimer tout cela par écrit jusqu'à maintenant, en raison principalement de ma réticence à exposer de telles affaires personnelles. Je ne pouvais le faire que lorsque je fus sûr de pouvoir le présenter dans une perspective transpersonnelle.

Comme je viens juste de l'expliquer, l'intensité de la transmutation de ma douleur personnelle en yoga du plaisir, dans lequel l'amour et le surnaturel ne font qu'un, était si forte que je devais le ritualiser afin de rester dans la course. Le rituel combinant la beauté et l'intention est le chemin fondamental d'interaction avec le monde surnaturel, incluant Gaïa-Sophia elle-même. Une partie des essais qui seront présentés sur ce site, dans le futur, décriront de telles pratiques. La manière dont j'ai métamorphosé mon obsession en illumination détermine maintenant ce que je vais enseigner sur Metahistory.org dans le futur: aucune théorie au sujet de Gaïa mais la méthode d'interaction. En tant que prélude à cette nouvelle orientation, je vais décrire comment mon initiation de 108 jours s'acheva, en un rituel à deux phases.

Le Couteau sur la Langue

Le dimanche 20 juillet, je retournai sur Infinity Ridge. Cette fois, c'est en pleine conscience que j'abordais un moment sacré par lequel j'allais achever le processus Tantrique vers lequel j'avais été guidé - OK poussé - par Devi Ma Dakini. C'était un jour d'été magnifique, pas trop chaud et toute la vallée longeant la crête était parfumée par les plantes et les odeurs animales. Les papillons et les cousins bourdonnaient dans l'air tranquille de l'après-midi. Je me dirigeai vers l'Arbre-Deva pour m'adresser à ma gardienne et puis je me retirai dans un petit bosquet d'oliviers noueux que j'appelle “la cabine de répétition”, qui est l'endroit où est répété ou préparé un rite qui va être accompli à l'Arbre. Comme je l'expliquerai dans des écrits futurs concernant le Kulamarga, la magie intentionnelle Gaïenne pour le Kali Yuga, tous les rites de ce genre de magie interactive sont improvisés. Il n'existe pas de tradition pour cette voie, aucun antécédent. C'est un chemin entièrement actuel et novateur, inventé au moment où il émerge. Me préparant à achever mon initiation, je me trouvai dans une position unique. J'étais le premier à improviser un rite pour la transmutation Tantrique d'une obsession sexuelle. Une fois élaboré, ce rite s'appliquerait à n'importe quelle obsession. Je n'avais aucune idée que j'allais accomplir ce rite lorsque je montai sur la Crête. Je savais juste que j'y avais été préparé par DMD!

Je m'assis dans “la cabine de répétition” pendant 5 heures, me levant de temps en temps pour m'étirer les membres. Durant ces moments, je plongeai au plus profond de mon obsession et lorsque le fond s'effondra, je plongeai encore plus loin, jusqu'à la racine de toute obsession. Me laissant couler dans les profondeurs, immergé au point où je sentais que je pouvais mourir de pure angoisse, j'éprouvais alors la satisfaction la plus douce que j'aie jamais connue. Quelle était donc la nature de cette sensation? Au coeur de ma douleur, il y avait un plaisir, une compensation dont l'attrait était si immense que je pouvais même pas prendre en considération de l'abandonner. Voilà qui était une révélation. Je pris conscience qu'à la racine de toute obsession se trouve l'addiction à une douleur insurmontable qui fait suprêmement du bien et qu'à la racine de cette douleur, dont le parfum est différent pour chacun d'entre nous, existe la douleur universelle de ne pas être vu.

La racine de toute addiction est l'addiction à la douleur de ne pas être vu, et c'est la même douleur pour nous tous.

De façon purement spontanée, sans aucune idée de savoir où l'angoisse de mon obsession m'emmenait, j'arrivai à cette prise de conscience. Je savais déjà que l'addiction est la condition primordiale de l'esprit humain durant le Kali Yuga. Cela étant, l'addiction est également la voie ultime de la libération. Je ne prétends pas que de vaincre l'addiction ou de l'abandonner constitue la voie mais c'est l'addiction en elle-même, la force qui lui est inhérente, qui devient la voie. “L'addiction devient la maîtrise”. C'est le premier principe du Kala Tantra. Je n'avais jamais ressenti la douleur de l'addiction qui m'est spécifique aussi profondément, aussi crûment et aussi clairement que je le fis en ce jour glorieux sur Infinity Ridge. Je laissai la peine me déchirer, en roulant comme un pur éclair de tonnerre se mouvant lentement. Je sanglotai et je hurlai jusqu'à l'épuisement et puis je recommençai. Combien profondément devais je aller au coeur de cette angoisse avant d'atteindre le point où elle se transmuterait en l'élixir même de la libération, au parfum de sagesse, de compassion et de béatitude?

Soudainement, j'eus ce que j'appellerai la prise de conscience de la libération: vous découvrez l'addiction primordiale de votre vie lorsque vous réalisez que vous ne voulez pas abandonner la douleur qu'elle vous procure. C'est une douleur si douce, si familière, si séduisante, que vous ne souhaitez jamais la laisser aller. C'est la douleur de votre addiction primordiale et l'élixir de votre libération. Pour moi, c'était la douleur de mon addiction à l'amour que je porte, avec une adoration sexuelle, à des femmes qui ne me reconnaissent pas dans la totalité de mon être mystique. Ce langage est une formulation précise de la nature spécifique de mon addiction primordiale. Pour quelqu'un d'autre, la formulation différerait mais il faut la définir avec une précision sémantique égale afin que le rite fonctionne. A l'arrière-plan de toutes les formulations de la douleur d'une addiction particulière personnelle se trouve l'addiction universelle à la douleur de ne pas être vu.

Assis dans la cabine de répétition, affalé comme un junkie sur mon flanc, baigné de transpiration et sanglotant hystériquement, hurlant le nom d'Emma aux vautours qui tournoyaient très bas, je réussis néanmoins à me parler calmement à moi-même comme un ami loyal parlerait à quelqu'un en proie au pur désespoir et sur le point de se suicider. J'étais capable de formuler en termes précis la nature exacte de la douleur qui nourrit mon addiction primordiale. J'identifiai sa saveur la plus intime qui - en la goûtant me permit de me souvenir de qui était John Lash. Et je pris conscience, avec beaucoup d'étonnement, mais avec une certitude surpassant tout ce que j'avais connu, que la preuve que j'accédais à mon addiction primordiale était que je ne voulais pas laisser aller cette douleur particulière. La haute spécificité du langage pour la douleur est le fondement de ce rituel: “nommez votre addiction” est le nom de ce jeu. Toute peine que vous voulez abandonner ne peut pas être la peine de l'addiction primordiale. Il vous faut aller au plus profond, rechercher une formulation plus précise. Vous identifiez votre douleur primordiale par le désir de ne jamais la laisser partir. Cette prise de conscience fut la plus grande leçon que j'ai jamais apprise en termes humains. C'est le fondement même de la nouvelle pratique de Kala Tantra, ou Tantra Planétaire, que je souhaite expliciter sur ce site.

On pourrait maintenant se demander comment on peut transmuter son addiction si on ne l'abandonne pas. Je me suis moi-même posé cette question alors que je me complaisais dans l'angoisse dans la cabine de répétition, pendant cinq bonnes heures. Et bien, la réponse qui me vint n'est rien de moins que miraculeuse. L'instruction qui émergea, devrais-je dire - car à ce moment-là, j'étais dans un état altéré, recevant des instructions sur la manière d'aller plus avant avec le rite de transmutation Tantrique. L'instruction de DMD était mélangée avec la confusion des pensées désordonnées émanant de mon propre mental mais, dans des moments de lucidité, prévalait une conscience supérieure. J'en vins à comprendre que je n'avais pas à abandonner mon addiction et que je le devais pas - je devais juste la rendre disponible pour ma gardienne surnaturelle. Je pouvais l'offrir au Devi comme on offrirait un bouquet de fleurs, en les plaçant sur un autel. Il me fallait offrir mon addiction et retenir la douleur afférente simultanément. Je ne l'offrais pas pour qu'elle me soit enlevée ou dissipée mais pour qu'elle soit transmutée alors que j'y étais encore immergé.

Cette prise de conscience fit sauter les portes et les fenêtres de ma psyché. Elle libéra une énorme vague de sérénité dans mon coeur. Je découvris alors comment achever cette initiation Tantrique unique, la première de la sorte à notre époque: je l'offrirais à la Devi symboliquement et rituellement sans l'abandonner sur le plan de l'énergie. Je conserverais vivante la douleur de l'addiction afin que je puisse bénéficier des résultats de la transmutation que la Devi en ferait, interactivement. Si je la laissais aller complètement - en la confiant à mes pouvoirs supérieurs, comme la méthode des douze étapes le conseille - la Devi ne serait pas capable d'y travailler interactivement. Dans le Kala Tantra, le rite de transmutation induit l'interactivité. Il met en valeur l'unité de l'amour et du surnaturel. Je pouvais donc tout avoir, conserver mon addiction avec toute la peine qu'elle m'apportait et la transmuter en quelque chose d'absolument sublime. Quelque chose de non reconnaissable. Hors de ce monde.

Mais comment allais-je donc accomplir cette offrande? Après cinq heures de répétition, je titubai vers l'Arbre-Deva et me traînai sur mes genoux vers le petit autel en pierre sous le yantra d'encordement rouge et or. En-dessous de l'azur bleu du ciel d'Andalousie, en présence de ces montagnes sacrées, avec des cumuli Tibétains dérivant tout là-haut, je réalisai un acte spontané avec le couteau rituel qui m'accompagne pour couper les cordes, une lame courte et recourbée pour dépecer les proies. En trente secondes, je réalisai un acte qui demanda cinq heures de répétition, le rite qui initie le Kala Tantra, inventé au moment de le réaliser: le couteau sur la langue, tenu verticalement, la pointe en l'air, l'addiction à la pointe de la lame offerte à la Déesse pour une transmutation instantanée en l'élixir de sagesse et de béatitude, de beauté et de libération illimitée.

Le Vide du Ciel Bleu du Coeur

En descendant de la Crête ce jour-là, je ressentis une très grande fierté. Je n'aurais jamais imaginé que j'aurais pu connaître le bonheur dans les profondeurs de mon être, un bonheur qui s'amplifiait à chaque respiration. Dans le Kala Tantra, le rite Dévique de transmutation est instantané. Il ne me fallut pas attendre une seconde pour que se manifestent les résultats du couteau sur la langue. Mais mon initiation Tantrique n'était pas encore complètement achevée. Le rite possédait une seconde phase, un second acte qui doit être accompli dans la totalité du monde. Cette seconde phase constituait en une offrande rituelle, une boîte de paix préparée pour la femme qui, en m'abandonnant, m'avait permis de pénétrer dans cet espace merveilleux.

Cela faisait presque trois mois que je n'avais pas eu un seul contact avec Emma car elle s'était totalement gardée hors d'atteinte - une condition de la magie de transmutation, comme nous l'avons souligné. Je n'avais aucune illusion ce dimanche soir lorsque je préparai la boîte de paix avec une lettre rédigée à la main et divers cadeaux, des objets symboliques et sentimentaux, une plume de hibou sacré, du sirop d'osha pour sa toux, et une paire de gadgets. Elle ne pouvait que se désintéresser d'un tel geste. Mais la boîte de paix n'avait pas pour finalité de pacifier Emma ou de l'inciter à prendre contact avec moi. Mon intention, en lui envoyant ce cadeau, était complètement transparente et détachée de tout résultat ou conséquence. En fait, le résultat s'était déjà manifesté. La boîte était une confirmation rituelle de mon intention sans faille de ne jamais renoncer à mon amour pour elle, même si elle le refusait, et de ne jamais perdre la foi en son amour pour moi, même si elle le niait jusqu'au jour de sa mort. C'était là la vérité de mon obsession: la puissance de l'amour est plus forte que la puissance de refuser l'amour. Nous y reviendrons plus tard.

La boîte était l'offrande symbolique de mon addiction à une femme qui, en restant totalement hors d'atteinte, fit évoluer cette addiction au-delà de toute tolérance vers une libération transcendantale. La condition de son inaccessibilité était cruciale, comme je l'ai déjà dit auparavant. La force la plus considérable de transmutation est dérivée de sentiments, à la fois positifs et négatifs, portés à ceux que nous ne pouvons pas atteindre. C'est maintenant un secret dévoilé, l'appel d'invitation à l'initiation dans le Kala Tantra.

Au 108 ème jour de mon épreuve, je mis le cadeau dans ma voiture et je conduisis jusqu'à Ronda, à 30 km de ma maison. J'expédiai la boîte comme si c'était à quelqu'un dans le coma, qui ne la recevrait jamais. Je n'attendais aucune réponse ou reconnaissance de la réceptrice. Absolument aucune. Ce point est très clair, je le confiai à la poste et sortis vers un après-midi baigné d'une lumière glorieuse, dans un des lieux touristiques les plus beaux d'Europe.

Les rituels dans le Kala Tantra produisent des résultats instantanés, ainsi que je l'ai déjà souligné. Dans mon instruction, j'ai compris que le résultat se manifesterait dans les cinquante minutes environ. DMD dit qu'elle délivre en cinq minutes mais je ne pouvais pas gérer la situation aussi rapidement - pas encore. J'appris cela par l'acte rituel de poster la boîte.

Je n'avais pas mangé depuis des jours et je n'étais pas même certain que je pusse manger quoi que ce fût mais je me sentais tellement bien que j'eus l'idée de m'offrir un déjeuner. Je traversai le parc pour me diriger vers le chemin de promenade qui serpente le long de la gorge de Tajo, un dénivelé de 130 mètres qui a rendu Ronda célèbre. L'élégant hôtel quatre étoiles, le Parador, a une petite auberge sur la promenade avec une vue vers l'ouest, vers la Sierra Blanquilla. C'est là que se tient la Sierra del Palo, la Montagne des Sorcières, que je contemple toujours à partir d'Infinity Ridge, lorsque je communie avec Gaïa. Je m'assis à une table et je commandai du vin blanc, du poulet et de la salade. C'était une scène parfaitement ordinaire, presque un déjeuner pour touristes. (Mais bon, nous sommes tous des touristes dans Sa Beauté, n'est ce pas). A ma droite se trouvait un couple de touristes Français avec leurs enfants, deux jeunes filles maigres et blondes. A ma gauche, se tenait un couple local - une bonne indication du fait que la nourriture ici était bien meilleure que ce que l'on offre normalement aux touristes.

Je sirotai mon vin, picorai avec précaution dans le poulet, et contemplai la vallée en forme d'amphithéâtre qui environne Ronda et qui s'étend vers les pentes orientales de la Sierra Blanquilla. Il faisait 42 degrés, c'était un moment magnifique, une pause à savourer dans l'après-midi et qui s'approchait des 50 minutes depuis que j'avais livré le paquet. Le flanc oriental de la montagne était de couleur magenta pâle nuancé de velours et de rouge nectarine. Je connaissais très bien cette vue. Je la contemplais toujours avec un plaisir immense du haut d'Infinity Ridge. Mon regard se déplaça des montagnes vers le ciel, un dôme translucide, de couleur turquoise pâle, un vide saturé de lumière claire et inébranlable. Il semblait comme si le bleu des cieux buvait de mes yeux. Je me pâmai doucement dans cette sensation. Je me sentais totalement centré, serein et entier, mais également aussi fier qu'un enfant de par ce que je venais d'accomplir en postant cette boite. Je contemplai le velours mauve de la Sierra du Palo et lorsque mon regard s'éleva au-dessus vers le ciel sans nuage, quelque chose se passa. Soudainement, je perçus l'intégralité du dôme bleu du ciel d'un seul regard, de façon périphérique, et au même moment je ressentis ce que je voyais: le ciel était pesant, le bleu était aussi substantiel que la masse d'un glacier et tel un glacier, le bleu commença à chuter. La masse intégrale du vide bleu du ciel que je contemplai chuta en un mouvement lent de sorte que je pouvais observer le bleu et le vide se compresser étrangement. Le ciel chuta des hauteurs avec la lenteur d'un glacier en train de s'effondrer et toute ce vide bleu s'effondra sur lui-même et se comprima en une goutte qui tomba sur moi.

Lorsque cette goutte pénétra dans ma poitrine, une douce secousse me projeta dans une extase totale. A l'instant où le vide du ciel bleu se déversa en mon coeur, il s'amplifia et je le ressentis de l'intérieur comme un ballon se gonflant. La goutte qui comprima l'entièreté du ciel retourna à l'immensité du ciel mais à l'intérieur de moi-même, dans l'espace de mon coeur où danse le sang. Je fus élevé dans un ravissement inconcevable, une joie de contempler en béatitude et d'être immergé en béatitude et au sein de cette béatitude naissait la sagesse car je savais ce que je contemplais. Je contemplais la Grande Perfection, Dzogchen, qui était déjà connue de moi, mais pas sous cet aspect. La Grande Perfection est l'état émergeant naturellement, et sans correction, d'attention parfaite qui est en auto-réalisation - cela je le savais déjà auparavant. Mais maintenant, immergé dans le vide du coeur du ciel bleu, je savais aussi comment cela se passait, comment elle se perfectionne elle-même. Ruisselant de larmes de joie, mes yeux se posèrent sur la vue familière du versant de la Sierra del Palo et je regardai cette texture de mauve posé comme une patine de velours créée par la lumière caressant ces pentes de granite. A ce moment, ma vision extatique devint cognitive.

Cette beauté, sous ce ciel, son vide résidant en mon coeur, sa luminosité étincelant doucement dans mes yeux, était la perfection en soi de l'attention sans origine qui cherche sa propre beauté et souffre de la faim de la beauté dans la joie de sa libération. Je vis dans cette nuance nectarine de lumière sur ce flanc de montagne comment la perfection a faim de sa propre beauté et comment la beauté meurt dans la souffrance et la joie qui émergent toutes deux de la souffrance et comment la joie ainsi que la souffrance meurent dans la faim qui de nouveau donne naissance à la beauté qu'elle cherche et, dans cette quête, génère encore plus de beauté de sa propre attention sans origine et auto-réalisatrice.

Ce fut mon illumination dans la mystère de l'état sans origine et auto-réalisant.

Le Tantra Planétaire

Tout cela fait beaucoup à intégrer, je le concède. Les lecteurs peuvent comprendre ma réticence quant à la direction à prendre avec Metahistory.org et le manque résultant de nouveaux essais sur le site. Je vais réorienter l'intégralité du site en me fondant sur cette expérience d'initiation Tantrique dans le genre de Kali Yuga mais la finalité originellement proposée pour ce site n'a pas changé. En fait, je peux maintenant accomplir cet objectif d'une manière que je ne pouvais pas concevoir il y a six ans lorsque j'ai inauguré Metahistory.org. Je peux montrer aux lecteurs de ce site le chemin vers une expérience directe de Gaïa, comment attirer son attention et la maintenir alors que, précédemment, je ne pouvais décrire cette interaction que théoriquement ou, au mieux, en termes mythopoétiques. Je peux finalement offrir un enseignement pratique concernant l'interaction avec Gaïa.

L'enseignement est fondé sur la mission sacrée du Tantra Planétaire. C'est mon plaisir et privilège de le délivrer au monde. Le 26 janvier 2009. Tous les essais présents sur ce site et antérieurs à cette date seront une préparation à ce rite global de transmission. Tenez bon la barre, Bodhisattvas. La plus belle révélation pour le Kali Yuga reste à venir.

Très concrètement, je peux présenter l'équivalent, en shamanisme Gaïen, de “l'introduction directe” à l'état d'auto-réalisation tel qu'il est transmis de lama à disciple dans le Dzogchen. C'est magnifique.

C'est ainsi que le cours de Metahistory.org a changé, bien que la destination de ce vecteur puissant de mythopoésie reste la même. Je ne vais pas évoquer mes conversations périodiques avec Gaïa ainsi que je l'avais initialement proposé - bien que je puisse y faire allusion de temps en temps. Je vais induire la conversation pour tout un chacun qui souhaite s'y engager. Au lieu de rapporter mes expériences de dialogue avec Gaïa, je faciliterai pour autrui l'expérience dont je parle.

Comme dans le temps passé, l'opératrice téléphonique ou la réceptionniste avaient coutume de dire: “Restez en ligne, s'il vous plaît, je vais vous mettre en contact avec Elle”.

John Lash. 24 octobre 2008. Andalousie

Traduction de Dominique Guillet.