RechercAccueil - Contact
Chercher sur Liberterre
GaiaSophia Agriculture
Métahistoire Enthéogènes

Métahistoire

Pas en Son Image

•> 09. Ecoles de Co-Evolution

•> 10. La Déesse déchue

•> 11. Physique du Temps de Rêve

•> 13. La passion de Sophia

•> 21. Dévoilement du Mal

•> 23. La Connexion Espèces-Soi

•> 24. La mystique de la Déesse

•> 25. L'Ecologie Sacrée

ActualiTerres ReporTerres
LiberTerres Gaïagnostic
LivreTerres Boutique


24. La Mystique de la Déesse

John Lamb Lash

Télécharger le document.

Traduction de Dominique Guillet.

Nous sommes les enfants du Judéo-Christiannisme, de l’Islam, du Néo-Darwinisme ou de toute autre religion. Ces religions sont des absurdités non seulement parce qu’elles sont confuses mais parce qu’elles mettent en péril notre relation à la Terre et à nos compagnons planétaires non-humains. Les fondements culturels de notre éducation nous empêchent de percevoir la Terre comme un organisme planétaire.

James Lovelock introduisit formellement l’hypothèse Gaïa en 1972 dans la revue Atmospheric Environment. Il développa cette hypothèse en collaboration avec la biologiste évolutionniste, Lynn Margulis, connue par ailleurs pour sa théorie endosymbiotique, qui est actuellement l’alternative la plus fertile au modèle Darwinien de l’évolution. La théorie endosymbiotique propose que les organismes de la biosphère vivent les uns contenus dans les autres (endo) plutôt que les uns aux dépens des autres. La symbiose est un processus sériel car elle se manifeste au travers d’une chaîne excessivement longue d’interactions par lesquelles des organismes plus complexes évoluent en incorporant des éléments plus petits et plus élémentaires.

En 1979, Lovelock publiait “La terre est un être vivant, l’hypothèse Gaïa” mais le débat concernant cette nouvelle théorie ne prit de l’ampleur qu’en 1981 lorsque la revue Coevolution Quaterly publia une réponse critique de W. F. Dollittle intitulée “La Nature est-elle réellement Maternelle?”. Depuis lors, tout ce qui relève du concept Gaïa a littéralement explosé en de multiples avatars à connotation principalement mystique ou mythique. “Gaïa est pour ainsi dire le mythe de Dieu, un mystère qui répond à un mystère” écrivit Claudio Guillen, professeur de littérature comparée à Harvard et à l’Université de Barcelone. “C’est une métaphore romantique qui satisfait notre besoin d’unité”.

Cependant, “cette métaphore romantique” de l’hypothèse Gaïa, pour splendide qu’elle soit, satisfait-elle réellement ce besoin? L’hypothèse Gaïa et la mystique de la Déesse - à savoir l’ensemble des conceptions animistes, mystiques et quasi-religieuses qui ont été élaborées autour de la théorie scientifique - ne nous confrontent-elles pas avec des questions à explorer plutôt que des réponses dans lesquelles se conforter?


Gaïa et la Gnose

Quels que soient les arguments présentés pour la fonder, une théorie scientifique est avant tout une narration, une histoire avec un début, un milieu et une fin, façonnée par une intrigue et conviant une vision morale ou un message. “Les scientifiques ont tout à gagner à prendre conscience qu’ils sont des conteurs” commentait la paléoanthropologue Misia Landau. Dans son ouvrage “Narratives of Human Evolution”, Landau affirme que les théories scientifiques “sont déterminées tout autant par des cadres narratifs conventionnels que par des preuves matérielles”. Elle voit, par exemple, dans la théorie Darwinienne, une variation de la thématique du héros mondialement répandue. Le héros, dans l’histoire de Darwin, c’est l’espèce humaine (et pour dire vrai, Darwin avait très peu à dire concernant l’espèce humaine alors qu’elle est au coeur des théories dérivées de son oeuvre.) La théorie de l’évolution consiste en “une séquence de motifs - fronts proéminents et mâchoires rétractées, accroissement de l’intellect et diminution des instincts - qui font avancer l’intrigue et qui sont, en eux-mêmes, porteurs de signification (par exemple, la domination croissante du mental sur la matière)”. La forme narrative, que Landau appelle à juste titre “un autel abritant une diversité de croyances”, est omniprésente dans toute description d’une expérience humaine. Le mythe de Sophia est une histoire cosmologique, tout autant qu’une histoire mystique et métaphorique. De tous les éléments qui pourraient contribuer à la mystique de la Déesse, la vision Sophianique des Mystères est la plus compatible avec les concepts au coeur de l’hypothèse Gaïa. La vision Sophianique, par contre, contraste totalement avec les présupposés dogmatiques de la théorie Darwinienne de l’évolution.



Trois événements remarquables dans le mythe de Sophia suggèrent des corrélations avec des éléments spécifiques de l’hypothèse Gaïa: l’autopoesis, les anomalies de la biosphère et l’abiogenèse. Les textes Gnostiques font référence à l’autopoesis au travers du concept “autogenes”, ou auto-génération. Comme nous l’avons vu, la paraphrase d’Irénée indique clairement que l’histoire mythique des Gnostiques décrivait les pouvoirs d’auto-organisation de Sophia. C’est sans doute la corrélation la plus remarquable entre l’hypothèse Gaïa et la Gnose. Même si l’intercession Christique va beaucoup trop loin pour de nombreuses personnes, l’intégrité de la narration doit être respectée. Elle raconte que cela est arrivé. Si le mythe n’est pas un mensonge délibéré, ou l’expression d’une simple ignorance superstitieuse, nous ferions bien de prêter attention au message que cet épisode pourrait nous offrir. Le sujet requière de la réflexion, de la recherche et de la discussion. Je voudrai simplement faire remarquer que l’intercession Christique présente une première approche permettant de considérer où l’humanité se situe dans la symbiose Gaïenne. Il est possible que la rencontre du Mesotes soit une expérience empreinte d’illusion. Mais s’il en est ainsi, c’est certainement une expérience universelle. Même si un témoignage subjectif ne peut pas être considéré comme un fait scientifique, l’existence d’un tel témoignage (et ils sont nombreux) constitue un fait irréfutable.

Le Mesotes constitue une facette de l’écosystème vivant au travers de laquelle la conscience humaine est fondamentalement accordée avec tous les aspects de la biosphère.

La mystique de la Déesse donne lieu à beaucoup de débats sur le thème de la “noösphère”- à savoir, la biosphère considérée comme un medium de conscience, une notion introduite par Teilhard de Chardin - mais en rien d’aussi précis et délibéré que cela. Nous savons que la biosphère est un medium composé de processus qui apparaissent d’autant plus complexes et conscients que nous les observons plus intensément. L’expérience du Mesotes est une rencontre directe avec un intermédiaire entre la biosphère et le mental humain. L’éventualité qu’au sein de la biosphère un point focal omniprésent (si je puis me permettre une terminologie paradoxale) réponde à l’attention humaine n’est peut-être qu’une notion purement mystique, et non scientifique, mais il serait non scientifique de l’exclure pour cette raison. Dans le futur, il se peut que cela soit la certitude de l’expérience mystique qui amène l’hypothèse Gaïa à sa pleine maturité, tout en en conservant l’intégrité scientifique. Une telle certitude n’entrerait pas forcément en contradiction avec les découvertes scientifiques et pourrait même, en fait, les compléter et les valider.

La seconde corrélation marquante concerne les anomalies de la biosphère que nous avons mentionnées dans le chapitre 13 et qui nécessitent maintenant un approfondissement. L’hypothèse Gaïa en met en valeur trois: la constance de la température de l’atmosphère malgré un accroissement de 30 % des radiations solaires, la stabilité de la salinité des océans, et le ratio d’oxygène au seuil critique de 20 %. Dans le mythe de Sophia, la conversion de l’étoile-mère Sabaoth fait référence à la première anomalie. Selon la tradition, le soleil, malgré qu’il soit originaire du même domaine de matière élémentaire que les Archons, renonce ( se repent) à sa connexion aux forces inorganiques dans le cosmos afin d’irradier de la vitalité vers le monde organique de Sophia. Bien que la chaleur émanant du soleil s’intensifie considérablement avec le temps, l’étoile-mère est tellement accordée à la Terre que la température de l’atmosphère se maintient à un niveau permettant la vie.

Quant aux deux autres anomalies, elles ne sont pas évidentes au premier abord dans l’histoire mythologique telle que je l’ai reconstruite à ce point, mais on pourrait, peut-être, les faire ressortir des écrits Gnostiques en se fondant sur des éléments des traditions indigènes. Ainsi, dans l’ouvrage “Voices of the First Day”, Robert Lawlor montre comment le Serpent Arc-en-Ciel des Aborigènes Australiens est une métaphore du spectre électromagnétique. Des corrélations similaires pourraient être développées pour le mythe de Sophia mais tout cela représente un travail long et méticuleux. N’oublions pas, également, que des parties essentielles de l’histoire ont été complètement détruites - la création de la lune, par exemple. La disparition de ces épisodes compromet la reconstruction du mythos.

La troisième corrélation marquante concerne l’abiogenèse, à savoir l’émergence de la vie organique à partir de la chimie inorganique. C’est un sujet éminemment controversé au sein de la biologie moderne. Une des caractéristiques majeures du mythe Gnostique de Sophia concerne le scénario des Archons, l’espèce inorganique de type cyborg qui demeure dans le système solaire, à l’exception de la terre. Dans la terminologie des parapharases des pères de l’église, les adjectifs “matériel” et “animal” font respectivement référence à des processus inorganiques et organiques. Dans le mythe de Sophia, cette distinction est moins évidente mais une grande attention est apportée à la description de la nature et du comportement des Archons et à la détermination de ce qui les différencie des êtres humains. Ils sont dépourvus d’ennoia, à savoir, d’intentionnalité; ils ne peuvent qu’imiter; ce sont des trompeurs et des prédateurs, etc. L’affirmation selon laquelle le maître des Archons ne respecte pas les limites de son domaine est porteuse d'un message à destination de l'espèce humaine quant à son propre problème de frontières. Lorsque les Archons façonnent leur habitat planétaire, ils copient les structures fractales vivantes du Plérome mais le résultat n'est qu'une parodie sans âme des “mécaniques célestes”. Grâce aux données photographiques fournies par le télescope de Hubble, et autres instruments modernes de collecte de données, les astrophysiciens sont maintenant capables de percevoir qu'une organisation fractale et fluide est à l'oeuvre dans tout l'univers à l'échelle galactique. Selon les Gnostiques, le système planétaire dans lequel nous demeurons témoigne d'un simulacre d'organisation fractale qui est une imitation Archontique. La tradition écrite Gnostique offre une variation du concept d'abiogenèse car elle n'évoque pas l'émergence de la vie organique à partir d'un substrat inorganique mais elle décrit comment notre monde organique s'est niché dans le système planétaire inorganique.

L'affirmation Gnostique selon laquelle la terre n'appartient pas au système planétaire, mais en est simplement captive, représente un énorme défi pour la pensée moderne mais elle n'est pas en contradiction avec les éléments les plus avancés de l'hypothèse Gaïa. J'ai proposé que le concept de trimorphia protennoia constitue “l'intention originelle tripartite” de Sophia, la forme de son Rêve avant qu'elle ne plongeât du Plérome. Que la structure de notre monde ait été conçue, au niveau cosmique, comme un monde tripartite comportant une planète avec un satellite et une étoile centrale, est une conception bien au-delà de ce qu'un scientifique sérieux pourrait considérer. Je ferais remarquer, cependant, que des études de plus en plus approfondies de la physiologie et de la chimie ecosystémiques de Gaïa, telles qu'elles sont présentées dans l'ouvrage de Tyler Volk “Gaïa's Body”, tendent à mettre en valeur que la Terre, le Soleil et la Lune constituent un système fermé et distinct du reste des planètes. J'ai l'intuition que, sous peu, l'hypothèse Gaïa va formellement intégrer les activités lunaires et solaires dans son paradigme et induire, ainsi, une vision de Gaïa en tant que système intégral tripartite.

Voir page 2