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2012: Kali Yuga et Fin de Cycle Maya

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Kali Yuga et Fin de Cycle Maya: essai 07

La Tablette de la Destinée

Présages dans l’Ecriture Céleste pour 2012

John Lash

Télécharger l'essai avec les illustrations.

Traduction par Dominique Guillet de l'essai "The Tablet of Destiny"

Nous avons commencé cette série d'essais en considérant comment le cycle du Kali Yuga, calculé par la chronologie sacrée des Hindous, pourrait correspondre au calendrier Aztèque-Maya, et plus particulièrement à la fin de cycle de 2012. J'ai souligné que le “petit” Kali Yuga qui commença en 3102 av. EC est concomitant avec le début du “Compte Long Maya”. La longueur du petit Kali Yuga est d'un cinquième de tout le cycle précessionnel ou “Kalpa”: 72 degrés de précession avec 72 années par degré = 5184 années. Ce calcul correspond précisément à la durée moyenne des cinq Soleils Aztèques et de la période Maya de 13 “Baktuns” de 144 000 jours chacun. A la corrélation Hindoue-Maya-Aztèque, j'ai rajouté le facteur Egyptien, encodé dans le Zodiaque de Denderah par l'axe D, au travers d'Antarès, dont la date est également proche de 3102 av. EC.

La longitude actuelle d'Antarès, la géante rouge d'or au coeur du Scorpion est 249.76 ECL ou 69.76 degrés de l'équinoxe d'automne. Si l'on utilise la mesure moyenne de 72 années par degré de précession, 69.76 degrés équivalent à 5023 années, moins 2000, ce qui nous donne 3023 av. EC, très proche de 3102. Nous avons vu comment le calcul du temps cosmique peut être indiqué, non seulement par l'équinoxe de printemps , mais également par d'autres bras de la croix axiale. Lorsque l'équinoxe d'automne coïncida avec Antarès aux environs de 3023 av. EC, le Kali Yuga commença. Au même moment, l'équinoxe de printemps coïncidait avec Aldebaran dans l'oeil du Taureau, à l'opposé exact d'Antarès. J'ai suggéré que l'axe Aldebaran-Antarès définit la structure formelle du zodiaque. L'alignement du cycle précessionnel avec cet axe est un signal fort qui éclaire le moment d'entrée dans le petit Kali Yuga.

“L'Etoile Spirituelle” dans la constellation brillante de la mère Scorpion signale notre entrée dans une période de 5000 ans qui, alors qu'elle est maintenant en train de s'achever, nous conduit tout droit vers un phénomène d'extinction.


Sommes nous Aztèques?

Mais les nouvelles émanant du Scorpion ne sont pas que de mauvaises nouvelles. Ce soir, et récemment durant plusieurs soirs, j'ai observé le Scorpion et le Centaure à partir d'une région au sud de l'Europe qui est idéale pour l'observation des étoiles. De minuit jusqu'à l'aube, je perçois la constellation du Scorpion dans son entièreté jusqu'à l'extension de son dard qui fait la roue, de gauche à droite, au-dessus des montagnes découpées de l'Afrique. De par cette vue, je peux confirmer une observation que j'ai réalisée il y a des années en arrière dans l'air cristallin des montagnes de Sangre de Christos au Nouveau Mexique: à savoir que le Centaure ne pointe pas sa flèche vers Alpha Scorpionis, l'étoile-coeur du Scorpion, mais vers Epsilon, plus bas dans l'abdomen.

L'observation des constellations afin d'apprendre l'astronomie est une chose mais, en même temps et de façon très spontanée, les constellations déclenchent un acte d'imagination par lequel les images graphiques (Zodiaque: “cercle d'animations”) jaillissent à la vie. J'ai découvert que les actions gestuelles et graphiques suggérées par ces dessins gigantesques d'étoiles parlent d'elles-mêmes, et semblent communiquer des choses qui ne peuvent pas toujours s'exprimer en mots.

Vous découvrez, par exemple, que le Centaure pointe sa flèche au-dessus de l'étoile à l'extrémité du dard, Upsilon, vers Epsilon dans l'abdomen. Les faibles rayons gamma marquent la pointe de sa flèche et on ne peut pas manquer ainsi la ligne de visée. Le Centaure armé d'un arc et d'une flèche ne vise pas le coeur du Scorpion, ni même sa queue où le poison est le plus concentré et en attente d'être délivré. Il vise vers la partie inférieure de l'abdomen du Scorpion. Que cela signifie-t-il?

Le Codex Maya Tro-Cortesianus présente l'archétype stellaire du Scorpion “la vieille déesse avec la queue du scorpion”. (Hamlet's Mill, page 290). Bien qu'il existe quelques références à un zodiaque Aztèque à treize constellations dans la tradition Méso Américaine, j'ai été dans l'incapacité de faire des correspondances avec les constellations Gréco-Latines, mais celle-là du moins est certaine.

Selkit, la déesse bienveillante Egyptienne du scorpion était également associée à cette constellation. R. H. Allen (voir ci-dessous) souligne l'alignement des temples Grecs et Egyptiens sur le Scorpion “à l'équinoxe d'automne vers 3700-3500 av. EC. (Ces dates sont calculées pour le moment où l'équinoxe entre dans la constellation, pour une période de 400-500 années, à savoir à peu près 7 degrés de précession, avant l'alignement avec Antarès). Il est tentant d'associer l'obsession macabre des Aztèques pour les sacrifices avec le Scorpion mais je pense que l'on fait fausse route. Rien dans la mythologie existante sur la coutume Aztèque de sacrifice, et ses raisons supposées, n'indique cette association.

Il apparaîtrait que les rites de sacrifices humains parmi les Aztèques appartiennent à l'âge du Kali Yuga, mais à sa phase finale et à une décadence pathologique prononcée. De telles pratiques ne peuvent absolument pas être associées à la mythologie du Scorpion. Il est possible que cette constellation, cependant, encode quelque information sur les raisons occultes de ces pratiques, une sombre histoire d'intoxication et de magie noire. Le mythe Scorpionique peut caractériser la pathologie morbide à l'origine du sacrifice humain mais pas la pratique elle-même.

Qu'en est-il d'autres indices quant au complexe Aztèque et à sa résonnance possible avec la société à la fin du Kali Yuga? R. A. Williamson (Living the Sky - The Cosmos of the American Indian) souligne que la chambre du soleil à Hovenheep, des ruines Anasazi sur la frontière Colorado-Utah, était alignée pour observer la position d'Antarès au moment du solstice d'hiver en 1250 CE. C'est précisément la date de l'arrivée des Aztèques dans le centre du Mexique bien que certains chercheurs fassent remonter cette arrivée à 950 CE, trois siècles plus tôt, une datation que je privilégie. La date historique attachée à Quetzatcoatl, le héros de la culture Toltèque, est aux alentours de 950 CE. Si les Aztèques (ou Chichimèques, le “peuple chien”, connus plus tard sous le nom de Mexica, le “peuple de la lune”) arrivèrent vraiment dans la Vallée de Mexico aussi tôt que 950 CE, ce que je crois, ils n'arrivèrent pas au pouvoir avant trois siècles plus tard, vers 1250, la date indiquée par Williamson.

L'indice d'Hovenheep est intriguant. De nombreux érudits estiment que les Chichimèques étaient des réfugiés arrivant des cultures Pueblo du sud-ouest (des USA) lorsque des villages entiers furent abandonnés au 10 ème siècle. Il se peut qu'ils aient été les Anasazi, “les disparus” du sud-ouest de l'Amérique du nord, qui tentèrent de se relocaliser dans un climat plus méridional après une catastrophe naturelle, sécheresse ou quoi que ce soit...

Voyez donc cela: la date de 1250 indique l'émergence globale de la classe guerrière. Les lecteurs de ma séquence Alternative History of the Grail se rappelleront que l'apogée de la chevalerie Arthurienne et de la Quête du Graal fut précisément aux environs de 1250, lorsque Tristan et Perceval furent écrits. C'est aussi la consolidation de la classe guerrière des samouraï dans le lointain Japon. En 1200, les ordres militaires Japonais régnaient sur tout le Japon féodal, une contrepartie des sociétés du Jaguar et de l'Aigle parmi les Aztèques durant exactement la même période. Le mélange étrange de violence létale et d'esthétisme très développé chez les Aztèques (“guerres fleuries”) avait sa contrepartie exacte dans le Japon féodal. Miguel Leon-Portilla, l'érudit qui capture le plus intimement l'esprit de la société Aztèque, a traduit de la poésie Aztèque sur la beauté et le caractère éphémère de la vie qui aurait très bien pu être écrite par un samouraï sur le point de commettre “seppuku”, le suicide rituel.

Au Mexique et au Japon, au même moment historique, émergèrent deux sociétés dominées par une classe guerrière dont les membres célébraient le suicide et la mort violente - une glorification Scorpionique du désir de mort, pour ainsi dire - mais on ne peut pas en dire autant de la chevalerie de l'Europe Occidentale. C'est peut-être parce que les héros Arthuriens étaient inspirés par le pouvoir régénérateur du Graal plutôt que par la mystique de la lance qui saigne.

Une société fondée sur la guerre et inspirée par une conception supraterrestre de la guerre n'est pas si éloignée des économies de guerre du monde moderne. Les visions apocalyptiques des bellicistes fondamentalistes sont à l'image de la folie Aztèque transposée dans un habit Islamiste, Chrétien ou Judaïste. La grande ironie de la conquête de Mexico est que Cortez amena aux indigènes une religion de la salvation comparable point par point au code sacrificiel du guerrier et au cannibalisme rituel qu'elle supplanta. En fait, la religion de Cortez avait une victime sacrificielle glorifiée comme figure centrale, dont le corps était consommé par ses dévots. Ce parallèle peut aisément expliquer pourquoi le Christianisme exerça un tel effet de fascination mortelle sur une culture empoisonnée par les sacrifices humains.

“Le sacrifice était un mécanisme, une logique interne de l'univers, presque une divinité en soi-même. Ce concept imprégnait la totalité de la mythologie Aztèque, dans ses aspects cosmologiques ou autres aspects. C'était également la préoccupation centrale de l'état Aztèque.” Burr Cartwright. The Fifth Sun.

Double Destinée

A l’approche de 2012, je me demande qui pourra un jour élucider l’énigme historique de la conquête de Mexico. Je me demande aussi si le destin bizarre des Aztèques peut être reflété dans le désir de mort de la culture Occidentale dans les années restantes du Kalpa. Selon ma théorie personnelle, et elle vaut ce qu’elle vaut, les Mexica vivaient sous le poids d’une double condamnation: premièrement, parce que les nobles et les guerriers qui contrôlaient rigidement cette société étaient intoxiqués par le chocolat et secondement parce que toute la culture était sous l’envoûtement du “mythe du retour” de Quetzatcoatl proclamé par les Toltèques. J’aurais plus à dire sur cette histoire étonnante vers la fin de cet essai.

Continuons avec nos réflexions sur Antarès en tant que signal de la fin de cycle. Cela peut sembler ridicule que le Scorpion possède un coeur. C'est, bien sûr, une expression figurée. Je pense que la dissection anatomique de cet arachnide ne va pas révéler un organe chaud et palpitant. Mais à Denderah, les chambres étroites faisant face au lac sur le côté nord servaient de
mammasi, de chambres de maternité. Certaines des initiées de Hathor étaient également des sage-femmes qui se spécialisaient dans la naissance et la contraception. Une petite frise dans la cour montre un scorpion assistant une femme qui subit une opération avec ses jambes étendues. Imaginez ceci: le venin du scorpion pourrait être concocté en un gel antiseptique et analgésique pour soulager les douleurs de l'accouchement et protéger à la fois la mère et l'enfant de la fièvre puerpérale , une forme de septicémie qui peut être contractée après la naissance. (Des mesures hygiéniques contre cette septicémie ne furent mises en pratique en Europe que vers 1847 grâce aux travaux de Ignaz Semmelweis.)

Rien de tel qu'un peu d'histoire Egyptienne pour éveiller l'imagination. Il nous faut dépasser les histoires anecdotiques pour comprendre le type d'amour maternel qui réside dans le coeur du scorpion, mais cette perception peut nous aider à nous orienter avec sagesse sur le chemin vers l'extinction.

La Puissance du Poison

Dans sa trilogie fantastique sur “les plantes, les potions et les herbes”, Pharmako/Poesis, Pharmako Dynamis, Pharmako Gnosis (Mercury House, San Francisco, 1995-2005), l'enthéobotaniste et le psychonaute Dale Pendell affirme que le “chemin du poison” est au coeur de notre aventure évolutive: “que les poisons végétaux ressemblent aux substances chimiques de notre système nerveux n'est pas une coïncidence. Nous nous sommes sélectionnés réciproquement - nous avons combattu de grandes batailles sur les champs microbiens gluants - partenaires en affaires et parasites dans une orgie primordiale”.

“Nous devenons des traqueurs, nous faufilant au travers d'un labyrinthe de roches, de plasma, de sucs toxiques. Les acides nucléiques, comme une différenciation sexuelle: le fer versus le magnésium, la chitine versus la cellulose, en revenant sur nos pas...” (Pharmako/Poesis, page 11).

Pendell observe - comme je le fis dans le chapitre 18 de mon ouvrage Not in His Image, en évoquant le rôle du bouc émissaire divin dans la relation victime-perpétrateur - que le “pharmakon est à la fois poison et remède... Nous sommes en quête du poison primordial, la maladie première”. Il apparaît que le Scorpion, un insecte vénéneux, n'est pas l'image ou l'origine de “la maladie première”, mais l'image de notre connexion psychosomatique aux poisons mortels et aux poisons de guérison. Est-ce pour cela que le Centaure ne vise pas au coeur du scorpion? Dans un certain sens, l'archétype stellaire du Scorpion, considéré comme un indicateur essentiel du Kali Yuga, nous montre l'énorme potentiel de guérison pour l'humanité en cet âge. Mais comme tout un chacun qui s'est remis d'une maladie vous le dira, il nous faudra, en tant qu'espèce, plonger au fond du gouffre, avant de pouvoir découvrir et recouvrer ce potentiel.

Pendell propose un travail alchimique de transmutation, en utilisant des poisons pour l'illumination et la guérison (Pharmako-Dynamis, page 3). Il est vrai que certaines plantes psychoactives sont vénéneuses. Le Datura et la Belladone, par exemple. Mais les effets dépendent de la dose et une plante potentiellement toxique, telle que
Daturia inoxium, peut être utilisée pour guérir et induire des visions lorsqu'elle est administrée de la manière correcte. Pour autant que je sache, de nombreuses plantes psychoactives ne sont pas toxiques du tout, même à forte dose. Les champignons du genre Psilocybe par exemple. Mais l'insistance de Pendell quant aux poisons est empreinte de sagesse et correspond à la situation présente, à savoir la fin de l'ère de pollution et d'intoxication se déroulant sous le signe du Scorpion. En accord avec l'oeuvre magnifique de Pendell, je suggérerais que le Scorpion adombre notre expérience de fin de cycle parce que, de par le fait que nous sommes empoisonnés de tellement de façons, il nous faut comprendre comment inverser le processus d'empoisonnement, nous débarrasser des addictions, guérir les vieilles blessures, etc. Le Centaure ne tue pas le Scorpion par une flèche au coeur. Il laisse le dard délivrer la dose fatale ou la dose thérapeutique qu'il a mesurée.

L'ouvrage Poisons that Heal d'Eileen Nauman est un complément intéressant à la trilogie de Pendell. L'auteur décrit en détail les antidotes concoctés à partir de divers poisons d'origines animale et végétale.

Le thème du poison et de l'antidote est purement Scorpionique. A l'approche de 2012, nous sommes en train d'expérimenter ce thème à une échelle globale. Un exemple: l'addiction à l'alcool, à l'héroïne, au tabac et à un énorme arsenal de médicaments est universelle sur la planète, et l'a été depuis un bon moment, mais nous avons commencé à comprendre récemment comment les plantes psychoactives telles que les lianes de l'Ayahuasca et de l'Iboga peuvent soigner ces addictions globales. Des cliniques de désintoxication utilisant ces plantes sacrées émergent dans de nombreux pays, et plus particulièrement en Europe. La Mère Scorpion amène la guérison et la régénération dans le panier des plantes sacrées offertes par les 13 Grand-Mères Indigènes que Joanna interviewe sur le site futureprimitive.org.

Transpéciation

Nous sommes l’unique espèce animale capable de polluer et d’empoisonner son propre habitat. Nous faisons cela, tout aussi étrange que cela puisse paraître, en raison de nos systèmes de croyances. Ce que nous croyons peut être une menace à notre propre survie. J’ai longuement analysé cette pathologie dans Not in His Image. Ce que je voudrais ajouter maintenant est un autre tour Scorpionique. La Mère Scorpion garde le chemin de la renaissance: “au bout de la Voie Lactée, où elle reçoit les âmes des défunts, et d'elle, représentée comme une mère aux nombreux seins, où tètent les enfants, viennent les âmes des nouveaux nés.” Ceci étant, nous ferions bien d'examiner nos croyances quant à la vie après la mort pour vérifier qu'elles soient compatibles avec la voie de la Mère Scorpion ou s'ils nous incitent à d'autres concepts de survie post-mortem - l'immortalité de l'âme garantie par le dieu paternel au travers de la mort et de la résurrection de son fils, par exemple.

Comment la Mère Scorpion accomplit-elle “la renaissance des âmes” et comment sa voie correspond-elle à la continuation de l'existence après la mort promise par le dieu paternel Abrahamique? Je suggérerais que sa voie est un processus de régénération, biopsychique et biomystique, un processus occulte par lequel elle retravaille les capacités évolutives de toute l'espèce humaine et reconfigure le potentiel le plus élevé de l'héritage génétique individuel. En d'autres mots, elle met en oeuvre la renaissance pour le potentiel génomique de l'espèce, mais pas pour les êtres humains individuels dotés d'une identité propre. “Les âmes des nouveaux nés” sont du potentiel humain recyclé, des facultés immortelles pour régénérer et développer l'expérimentation évolutive du processus de vie de Gaïa sur le long terme.

Dans les Mystères d'Eleusis, cet acte de renaissance transpersonnelle était célébré avec le personnage de l'enfant divin, Iakkos. Le Christianisme s'écarta du Paganisme en co-optant l'enfant divin et en en faisant un sauveur envoyé des cieux, venant de l'au-delà pour s'incarner, plutôt qu'un symbole du potentiel transpersonnel de l'humanité enraciné dans son habitat. Cette erreur est caractéristique de la démence messianique de l'Age des Poissons et constitue la pire extrapolation (pour l'instant) de cette folie. Nous ne pourrons absolument pas passer au travers d'un processus d'extinction si nous recherchons la divinité dans un royaume extra-humain, et si nous occultons les facultés évolutives de notre propre espèce. Les Gnostiques enseignèrent non pas que nous sommes divins en nous-mêmes mais dans nos facultés. Nous sommes chacun le porteur du potentiel surhumain du noos, l'intelligence divine.

Le Scorpion, dépeint comme une “mère avec de nombreux seins”, ressemble à la Diane d'Ephèse et à d'autres images de la Lumière Organique à la substance laiteuse. Le potentiel humain est régénéré par l'immersion dans la Lumière. Cela se passe à la mort physique, mais aussi au cours de l'expérience initiatique de la mort de l'ego.

Je suggère que si nous voulons comprendre le processus de la régénération transpersonnelle du potentiel génomique humain, il nous faut découvrir comment Gaïa accompagne des espèces sélectionnées au travers d'un processus d'extinction. C'est peut-être la connaissance la plus essentielle que l'on puisse acquérir au moment de l'opportunité offerte par la fin de cycle de 2012. La clé de la transpéciation Gaïenne, comme je vais l'appeler, est inscrite dans le code des étoiles, même si cela peut paraître un sujet terriblement obscur ou occulte et extrêmement difficile à conceptualiser.


Le Grand Carré de Pégase

Nous avons noté que la tête du personnage du Manitou dans le Zodiaque n’est pas définie par des étoiles distinctes. La constellation du Verseau est peu lumineuse et elle est chaotique. En scrutant la partie supérieure, il est difficile de visualiser une tête quelconque. Incapables de se focaliser sur l'esquisse d'une forme, les yeux vagabondent vers des étoiles plus distinctes. En observant la constellation du Verseau, vos yeux vont immanquablement s'orienter vers le haut et vers la gauche où des étoiles plus brillantes attirent le regard. Cela arrive naturellement car le mental cherche automatiquement des dessins formés par des étoiles dans une région du ciel qui peut être embrassée d'un seul regard, sans le besoin de bouger les yeux.

Le Grand Carré de Pégase constitue une telle région, au-dessus de la constellation des Poissons, à la gauche du Verseau. Une extension en forme de “L” étendu définit la tête de Pégase, dépeint dans la mythologie céleste Gréco-Latine comme un énorme cheval volant à l'envers. (Pegasus: Skywatching de David Levy, 1996).

Les concepteurs du Zodiaque de Denderah choisirent de mettre très en valeur le Grand Carré de Pégase entre les Poissons avec l'axe D qui en traverse le coin. Les érudits identifièrent ce détail comme une représentation de la “tablette de destinée” Sumérienne, l-Iku, qui est également la mesure standard pour l'arpentage en agriculture. La tablette contient trois lignes griffonnées pour suggérer une écriture cunéiforme.

Ainsi, si le script de la destinée humaine est encodé dans le Zodiaque de Denderah (comme je le pense), il est aussi spécifiquement dépeint par une image au sein du dessin. Lire l'écriture du ciel, c'est retracer les schémas d'évolution humaine sur le long terme. Je soutiens que la représentation de la tablette à Denderah indique qu'une méthode, communicable socialement, de décodage du Zodiaque devient indispensable et possible dans les derniers siècles du Kali Yuga. La tablette de la destinée est à la fois lue et rédigée au moment décisif qui voit notre espèce faire face à la sixième extinction.

Nous avons, de nos jours, compris que le script évolutif de notre espèce est le génome humain inscrit dans le code génétique, le complexe ADN-ARN. Est-cela que la tablette représente et dans ce cas, comment considérons-nous le code en termes de mythe astronomique?

Rappelons que, d'un point de vue visuel, la tête du cheval inversé Pégase se mélange avec la tête non définie du Verseau, le Manitou ou le Mésotes, le médiateur qui préserve la relation interspécifique et confère la sagesse visionnaire. J'ai proposé, dans un autre essai, que le Mesotes est un guide évolutif, de la sorte que l'on rencontre, parfois comme un animal de pouvoir, dans les quêtes de vision des Amérindiens. Comment ce thème indigène est-il corrélé à la connaissance traditionnelle à propos de Pégase?

Dans la mythologie céleste Gréco-Latine, Pégase était un cheval ailé qui jaillit d'une source magique - il faut se rappeler que le Manitou-Mesotes est souvent connecté à l'eau et à ses pouvoirs de guérison - et s'envola pour Andromède. En fait, l'étoile la plus brillante du Grand Carré, située dans le coin gauche, appartient à la constellation d'Andromède et marque l'étoile de tête de la “femme déchue” de ce mythe. Une femme déchue dans cette histoire! Ce personnage n'est-il pas réminiscent de la déesse déchue, Sophia? Un rebondissement dans l'histoire des étoiles.

L'étoile est appelée Alpharetz. Bien qu'elle ne se situe pas sur le cercle de l'écliptique à la base du calcul de la précession, Alpharetz, comme toutes les étoiles, possède un alignement écliptique et sa position peut être mesurée en degrés écliptiques. Sa longitude écliptique en 2000 est de 14.31 degrés. Cela signifie que dans un passé très peu distant, l’équinoxe de printemps était aligné avec Alpharetz. En utilisant la mesure de 71.632 degrés par année, nous multiplions cette figure par la distance courante de l'équinoxe de printemps, 14.31 degrés, et nous obtenons 1025 années. Soustrayons cela de 2000 (époque de la latitude courante) et nous obtenons 975. C'est à 7 années près de la date de 968 que j'ai suggéré comme étant la date la plus probable que l'on puisse associer avec l'accomplissement de la quête du Graal de Perceval, à savoir l'instruction par la Lumière Organique, le corps de substance primordiale de la Déesse Déchue, Sophia. En langage mythographique, l'accès au Graal dans la légende médiévale fut en phase avec l'alignement de l'équinoxe de printemps avec l'étoile de la tête d'Andromède, que l'on peut associer à la divine Sophia.

Nous sommes sur une piste sérieuse car l'année 975 correspond à l'époque de l'avatar historique de Quetzatcoatl, le prince Toltèque Ce Acatl, supposé être né en 947 et avoir vécu, comme le Christ, une mort sacrificielle volontaire quelque 50 années plus tard. La légende de Quetzatcoatl est un récit messianique de l'Age des Poissons qui mélange des éléments historiques et mythologiques, tout comme la légende de Jésus Christ qui est souvent comparé à Quetzatcoatl. Tout cela est bien gentil pour ceux qui veulent réconcilier toutes les grandes religions du monde en un seul système sympathique mais la question urgente est la suivant: comment vivons-nous, dans la réalité, de telles légendes? Où nous emmènent-elles lorsque nous adoptons les croyances qui y sont encodées? Est ce que nous gobons les yeux fermés de tels mythes en nous laissant envahir par le sens d'expectative qu'ils engendrent ou est ce que nous les examinons de façon critique, en demandant comment, ou SI, ils peuvent éclairer notre chemin évolutif de quelque façon, et nous orienter vers une trajectoire à long terme qui soit harmonieuse et soutenable pour l'humanité?

Le dessin ci-dessus de Pégase (Julius D. W. Staal, The New Patterns in the Sky) montre clairement comment Alpharetz, l'étoile de la tête d'Andromède, forme le coin gauche du Carré. La composition des dessins stellaires, le produit d'une visualisation délibérée, relie la mémoire de l'évolution humaine à la figure de la déesse déchue. Il est particulièrement révélateur d'appliquer la méthode de synchronisation céleste à cette configuration. Nous pouvons lire le Carré d'un point de vue mythologique mais aussi en termes d'événements historiques synchronisés avec les étoiles de la constellation. Des quatre étoiles du Carré, Alpharetz et Algenib (qui se situe en-dessous) donnent des dates dans le passé tandis que Scheat et Markab donnent des dates dans un très lointain futur. La date de 965 pour Alpharetz attire notre attention sur le parallèle de Perceval-Quetzatcoatl au 10 ème siècle, comme nous l'avons juste évoqué. C'est un “signe auspicieux” dans les cieux qui nous rappelle comment l'humanité est soit guidée par ceux qui rencontrent la Lumière Organique, soit désorientée par des prétentions messianiques et des pratiques de magie noire.

Et il y a un autre présage très puissant dans la synchronisation historique du Carré. Algénib, l'étoile gamma de Pégase, possède une longitude de 9.16 degrés pour l'année 2000. En temps historique, cela se convertit en 1344. De tous les événements qui se déroulent à cette époque, un saute manifestement aux yeux: la Peste Noire de 1347 qui ravage déjà une partie de l'Asie, atteint Messina en Italie et se répand rapidement vers le nord en Europe et vers le sud en Afrique. La peste bubonique des années 1340 fut un des événements les plus dévastateurs de mémoire humaine. Elle décima un tiers de la population de l'Europe, ce qui peut être considéré comme une mini-extinction.

Quoi que l'on puisse penser de la synchronisation céleste, ou de ma lecture mythologique des constellations, il est indéniable que la tablette de la destinée génère ces deux dates et donc juxtapose deux motifs illustrés par des événements historiques: la Quête du Graal (notre connexion permanente avec Sophia au travers de la Lumière Organique) et l'extinction de masse (La Peste Noire). Je n'invente pas ces deux événements et je ne jongle pas avec des calculs. Je place juste les moments historiques signalés par la synchronisation céleste dans un cadre narratif, avec l'intention d'apprendre ce qui peut être appris d'un tel exercice en “mythologie créative” (à la Joseph Campbell).

L’Arnaque Suprême

Les figures messianiques, appelées également avatars ou hommes divinisés, apparaissent continuellement au cours de l’Age des Poisson. Ce sont inévitablement des mâles et souvent des blancs barbus. Un article sur le net “The Critical Mass of Enlightenment” de John Hogue ( deoxy.org/gaia/index.htm) dresse une liste des messies de diverses cultures: Chrétienne (JC, bien sûr, mais aussi Moïses et Paul qui sont des figures messianiques; pour de nombreux croyants, Jimmy Swaggart en est une également), Islamique (Muntazar, le successeur Sunni de Mohamet), Aztèque-Maya (Quetzatcoatl), Sioux, Indonésienne, Hopi (Pahana, le vrai frère blanc de l'Est), Bouddhiste (Maitreya, le futur Bouddha), Mahayaniste (Amida, une alternative du Maitreya), Juive (Melchizedeck, le messie Extra-Terrestre), Hindoue (l'avatar de Kali associé par Manley Palmer Hall avec la constellation de Pégase), Shiite (le 12 ème Imam), Suffi (Khidr, un guide mystérieux), Zoroastrienne, Esquimau. D'autres exemples pourraient aisément être rajoutés en incluant les époques très récentes. Par exemple, il y a Bahullalh, le prophète des Bahai, un système de croyance syncrétique affirmant l'unité de toutes les religions (voir ci-dessous). Des gurus du Nouvel Age incluant Sai Baba, Muktananda, Rajneesh, et même Ramtha (canalisé médiumniquement par J. Z. Knight) et Louis Farrakan, le leader de Nation of Islam, sont quelques exemples qui viennent de suite à l'esprit.

Dans l'article extrait de son ouvrage “The Millenium Book of Prophecies”, Hogue affirme que de tels messies-avatars sont des êtres illuminés qui émanent d'un “Maître Champ” ou “Plan Suprême” pour le bénéfice de l'humanité dans son ensemble. Ils constituent le “plus petit nombre d'êtres humains éveillés dont l'influence collective peut initier une transformation importante dans la conscience globale”. Tout cela semble magnifique tant que l'on n'examine pas de quelle façon fonctionne réellement le complexe messianique et comment il a fonctionné durant de nombreux siècles. Le complexe fait toujours des promesses qui sont diamétralement opposées à ce qu'il offre. L'illumination et une transformation globale de la conscience sont exactement ce que ces messies mâles n'offrent pas. Bien plutôt, ils vont et viennent, et laissent l'humanité empêtrée encore plus profondément dans des croyances illusoires concernant la divinité, la guidance, la rédemption, l'égalité, la justice et la compassion.

Il serait difficile de trouver une formulation plus explicite du thème du messie Piscéen que cette affirmation de Hogue. Dans l'ambiance surchauffée des années 1970 à Santa Fé, je qualifiais habituellement ce thème de “Suprême Arnaque”, avec une gentille pointe vis à vis de la notion de “Plan Suprême”. L'émergence de messies-avatars est largement reconnue comme l'événement spirituel majeur de l'Age des Poissons. Je la caractérise comme l'escroquerie prévalente de cet Age, la marque d'une pathologie profondément insidieuse qui nous détourne de notre potentiel réel en tant que participants dans la co-évolution Gaïenne. La croyance en des messies est précisément ce qu'il nous faut évacuer afin de découvrir et de maîtriser les défis évolutifs qui confrontent l'humanité en termes Piscéens.

Au début de cette série, j'ai souligné que le motif phylogénétique des Poissons est la guidance intérieure. C'est exactement ce que les Messies n'amènent jamais, ni n'enseignent, bien qu'ils aient généralement une cargaison de conseils toxiques à offrir qui sont d'autant plus précieux qu'ils sont banals. Les platitudes et les commandements prétentieux abondent sans qu'il n'y ait aucune instruction authentique quant à la sagesse du vivant. Ils ne nous enseignent pas, par exemple, ce que signifie pour la survie humaine l'effondrement des colonies d'abeilles ou l'échouement des baleines. Ils n'expliquent pas comment les nuages fonctionnent au-dessus des océans (c'est un des aspects les plus importants de la théorie de Gaïa qui ne sont pas résolus). Ils n'affirment pas que la contraception est essentielle à la survie d'une espèce dont l'activité sexuelle a été largement affranchie du cycle de l'oestrus de la femme. Ce qu'ils proposent comme vertus éthiques valides, et vaguement rationnelles, pourraient être proposées tout aussi bien par n'importe qui avec trois sous de bon sens et une dose modérée de compassion. Ce que nous obtenons des messies, ces radoteurs hippies de la vertu cosmique, c'est du réchauffé tièdasse de valeurs sociales bienveillantes, relevé par une sauce “promesse” quant à ce que Dieu fera pour nous si nous sommes bien gentils.


Avons-nous réellement besoin d'avatars divins pour nous conseiller quant à la façon de nous comporter harmonieusement avec nos semblables? ( Ainsi que Sam Harris l'a souligné dans The End of Faith, les croyants de la religion fondamentaliste agissent comme s'ils ne savaient pas, par exemple, qu'un meurtre injustifié n'est pas éthique, sans avoir besoin qu'un livre saint le leur confirme). Cependant, la prétention de conférer des valeurs sociales bienveillantes est toujours associée aux figures messianiques. Nous attendons d'eux des conseils pour nous guider en nos vies alors que le défi essentiel de l'Age des Poissons est de trouver la guidance dont nous avons besoin au-dedans de nous-mêmes, à savoir de compter sur nous-mêmes et de nous guider tout seuls dans le sens de ce que Ralph Waldo Emerson tentait de mettre en valeur. C'est le défi proclamé par Joseph Campbell dans Creative Mythology lorsqu'il invoqua “ceux qui trouvèrent dans le passé, et qui trouvent encore dans le présent, toute la guidance nécessaire en eux-mêmes”.

La Quête du Graal est aussi une narration de l'Age des Poissons mais elle est porteuse d'un message tellement différent de la rengaine habituelle des fables messianiques. Cette légende pleine de verve d'initiation à mains nues est d'une telle fraîcheur en comparaison de l'Arnaque Suprême. Comparez-la également avec le récit Aztèque: l'histoire de Perceval a pour dessein de recouvrer l'expérience suprême des Mystères, un accès direct à la Lumière Organique et à l'instruction par la déesse de la sagesse, Sophia, alors que la légende Quetzatcoatl concerne un démagogue messianique qui se sacrifie pour une mission à compléter dans un futur indéfini.

Examinez le contenu de ces histoires, et réfléchissez sur la direction dans laquelle chacune d’elles pourrait vous emmener si vous l’adoptiez comme référent narratif d’un système de croyance spirituelle.

Le Mythe du Retour

Il existe en fait deux conclusions à l'histoire de Quetzatcoatl. Dans l'une, Ce Acatl s'immole sur un bûcher et son coeur monte au ciel, et se transforme en l'étoile du matin, Vénus. Ici, le Serpent à Plumes triomphe en un acte transcendant, comme l'ascension du Christ dans les nuées. Mais tout comme le Christ, Quetzatcoatl est un messie qui a échoué. Il doit mourir pour accomplir sa mission et puis, pour parler franchement, nous ne sommes pas certains qu'il l'ait complétée. Il ne nous reste plus que la foi pour croire en une solution miraculeuse, une conclusion mystérieuse. L'histoire de Perceval, d'un autre côté, a pour sujet l'expérience directe d'un mystère qui enracine et guide l'humanité durant tout le cours de son évolution.

Dans la seconde version, après une défaite humiliante dans une joute magique contre le sorcier Tezcatlipoca, Ce Acatl, le personnage qui est à l'image du Christ, quitte les Toltèques et va vivre parmi les Mayas, en leur enseignant le message usuel des gentils garçons, avant de prendre la mer vers l'Est sur un radeau de serpents. Et c'est ici que le mythe du retour entre en jeu.

La prédiction du retour de Quetzatcoatl peut avoir été associée à un événement historique par les voyants Toltèques, peut-être une guerre entre deux groupes de shamans, et transmise aux Aztèques lorsqu'ils envahirent et subjuguèrent la civilisation Toltèque entre 950 et 1250. Je classifie ce mythe du retour comme un exemple de l'Arnaque Suprême utilisée par les sages Toltèques pour s'assurer de l'effondrement du peuple qui les vainquit. Toutes les histoires messianiques sont des exemples de l'Arnaque Suprême, mais dans ce cas, le scénario semble avoir été délibérément implanté dans la culture ennemie alors que généralement une culture ou une race entière va être convertie à un tel système de croyance messianique par une autre culture ou race tentant de l'absorber. La conversion à un programme messianique profite généralement à la race ou culture conquérante parce que le messianisme s'aligne toujours avec un programme de perpétration et de domination; dans le cas des Aztèques, au contraire, cela provoqua leur perte.

Il est vrai que cela demande toujours beaucoup d'intimidation et de coercition physique pour obliger un peuple à adopter de tels mythes - il n'est que de considérer l'histoire du Christianisme en Europe. Mais je supposerais que les Aztèques furent totalement dupés lorsqu'ils adoptèrent le mythe du retour transmis par le peuple qu'ils subjuguèrent. On ne peut pas dire qu'ils y aient été poussés par un autre peuple cherchant à les conquérir. En fin de compte, c'est le mythe lui-même qui a conquis le peuple qui l'a adopté. Cela a fonctionné comme une suggestion post-hypnotique, provoquant l'effondrement psychique de toute la culture Aztèque, et plus particulièrement de la classe dirigeante, lorsqu'ils furent confrontés au retour de Quetzatcoatl dans l'habit de Cortez. C'est assez unique et étrange mais il en est de même pour tout ce que nous apprenons quant à l'émergence des Aztèques et à la conquête de Mexico par Cortez.


En tant que mythologiste, j'affirme que Montezuma et son peuple ne se méprirent pas quant au retour de Quetzatcoatl. La venue de Cortez était le retour prédit, la manifestation d'une malédiction implantée dans la mentalité Aztèque par la clairvoyance supérieure des Toltèques. Je considère que c'est une erreur de relier la venue de Quetzatcoatl avec la fin de cycle de 2012 parce que le retour s'est déjà produit. C'est un passé révolu qui s'est déroulé de telle sorte que c'est sans doute un des drames historiques les plus bizarres de toute l'histoire humaine ou du moins de l'histoire récente. Cependant, la fin de cycle de 2012 peut se révéler être l'occasion de comprendre enfin ce qui se passa lors de la conquête du Mexique.

Certaines personnes continuent d'attendre un retour, post-conquête, du Serpent à Plumes, ou bien déclarent qu'il s'est déjà passé. Un des innombrables sites sur 2012 proclame que les prophéties Maya et Toltèque du retour de Quetzatcoatl “prédisent clairement la venue de Bab et Baha'u'llah, les fondateurs prophètes jumeaux de la foi Bahai”. Selon Olin Karch, auteur de Prophetic Dates Given by Toltecs and Aztecs, le premier des treize cieux commença en 1168, une date alternative attribuée à l'avatar historique de Quetzatcoatl par l’érudit Herbert Spinden, un spécialiste de la culture Maya. La treizième époque de 52 ans, à partir de cette date, fut 1844-1896, lorsque Baha’i émergea. Voilà une autre hystérie messianique à mettre au compte de l’Arnaque Suprême, l’affliction spirituelle de l’Age des Poisson.

Les sages Toltèques étaient de brillants devins et des magiciens accomplis qui, peut-être, appréhendèrent totalement la problématique de l’illusion de l’attente messianique telle que je l’ai suggérée. Le retour prédit impliquait une religion sacrificielle de domination du guerrier mâle qui était un reflet de la société Aztèque jusque dans ses aspects les plus terribles et pervertis. On pourrait dire que Montezuma rencontra son double daimonique dans un autre guerrier dévoué à une religion de domination, Hernando Cortes. L’attente du retour de Quetzatcoatl propulsa le souverain Aztèque dans un jeu d’impuissance, de désespoir et de confusion qui fut facilement remporté par son double étranger. D’une certaine façon, les sages Toltèques virent que les Aztèques seraient défaits par un système de croyance étonnamment similaire au leur (celui des Aztèques) - ou défaits par leurs propres croyances transposées dans un cadre différent, personnifié par divers protagonistes. Quel rebondissement fantastique.

L’Ecrasement

La façon dont je mélange le mythe et l’histoire ne va pas plaire à tout le monde. Nombreux sont ceux qui ne vont pas vouloir adhérer à ces fabulations Lashiennes. Ce n’est pas grave, ils peuvent inventer leurs propres histoires. Ils peuvent avoir recours à la synchronisation céleste pour les élaborer, s'ils le souhaitent ou s'ils en sont capables. Ils peuvent élucider les croyances encodées dans les récits et dans les scénarios qu'ils proposent s'ils osent pratiquer une telle transparence. Mais qu'ils aiment ou non mes histoires, ils doivent garder à l'esprit que ce ne sont pas les miennes: elles émanent d'un répertoire de thèmes déposés dans la psyché humaine durant les milliers d'années d'évolution. Il existe des variations des archives phylogénétiques, les narrations indigènes de l'humanité. La tablette de la destinée est une image explicite d'une mémoire phylogénétique. Sa lecture mythologique est une façon de faire. Sa lecture mythopoétique en est une autre. Il existe même d'autres façons de la lire... Mais il nous faut la lire car sinon, comment pourrions nous découvrir le chemin au travers de l'extinction, le chemin de la transpéciation?

Dans le mythe Hindou, Kali est un avatar de la déesse suprême, la Devi ou Maya Shakti qui engendre, par les pouvoirs de ses rêves, les mondes sensoriels et les formes des entités qui y demeurent. Dans Not in His Image, j'ai mis en valeur le parallélisme Shakti-Gaïa-Sophia parce que je pense qu'il correspond à notre besoin de voir Gaïa en termes de vision Tantrique de la vie.

Les Tantrikas qui se vouent au contact instinctif et extatique avec la déesse Gaïenne de sagesse auront également une relation intime avec la Mère Dévorante, l'aspect destructeur de Sophia. Les Aztèques la connaissaient comme Tzitzimitl, un démon de la nuit à la bouche sanglante dépeint avec un collier de coeurs palpitants (Codex Magliabecchiano).

Il est aisé de découvrir de tels parallèles mais il n'est pas aussi aisé de les évaluer. Les Mexica ne semblent pas avoir établi un équilibre entre Gaïa-Shakti en tant que mère planétaire nourricière et Kali-Shakti en tant que mère dévorante. Les images des divinités féminines abondent relativement dans le panthéon Aztèque mais elles ne constituent pas un portrait cohérent de la déesse de la terre. Je pense que l'imagination des Mexica a été occluse par des pratiques de magie noire impliquant l'imposition d'un culte du mâle guerrier centré sur Nanahuatl, le soleil insatiable dans sa soif de sang. Ce dieu, dépeint avec des suppurations hideuses, représente le soleil marqué de taches solaires.

Ce mythe est anormal et réputé pour avoir été l'invention du sorcier Tlacaelel, proche conseiller sur la guerre et la magie de quatre empereurs. Il obligea son oncle, Izcoatl, à brûler les codex sacrés des Toltèques et à écrire l'histoire des Mexica pour légitimer la mystique du guerrier mâle et le sacrifice solaire du coeur (The Conquest of Mexico, Hugh Thomas, page 25). Avant que leurs ouvrages fussent brûlés par les missionnaires Chrétiens qui les convertirent à un culte différent du sacrifice, les Aztèques avaient brûlés les ouvrages des Toltèques.

Les narrations et les images mythologiques dans la mémoire phylogénétique sont souvent éliminées de cette façon, c'est à dire par suppression brutale et génocide culturel, lorsque ce n'est pas par la manipulation mentale, les mensonges et les menaces. Le traumatisme psychospirituel de tels agissements est dévastateur pour notre espèce. Tout l'éventail des mythes messianiques se traduit par un “écrasement” de la mémoire indigène par un programme dont les auteurs sont humains. Dans mon essai “Sharing the Gaïa Mythos”, j'insiste sur le fait que la mythologie créative authentique - c'est à dire le mythe directeur qui peut éduquer et guider notre espèce vers des chemins en harmonie avec son potentiel réel - n'a pas d'auteurs. Le mythe du retour de Quetzatcoatl fut élaboré par les sages Toltèques qui, je suppose, comprirent la mémoire phylogénétique tout comme les shamans le font dans de nombreuses cultures, à savoir, dans une transe visionnaire induite par l'ingestion de plantes psychoactives. Ils perçurent la mémoire et ils perçurent également comment “l'écraser” et comment acculer les Aztèques à abandonner leur domination d'une façon catastrophique. Cela constitue l'un des exploits les plus accomplis de réalisme magique de tous les temps.

Si les Toltèques pouvaient ressortir ainsi à la création de mythe pour faire s'effondrer une civilisation, quel autre mythe auraient-ils pu forger pour faire émerger une nouvelle civilisation?

Ce que je tente de réaliser dans ces essais sur 2012, et par ailleurs sur ce site, c'est de décoder la mémoire phylogénétique, l'épopée mythologique de l'évolution humaine. Au risque de passer pour arrogant, je dirai que je peux le faire parce que j'en ai les outils et la formation. (Egalement le temps: la mythologie générique de l'humanité est complexe et chère. Même les mythes régionaux et locaux sont extrêmement denses et requièrent des années d'examen approfondi. Brundage identifie huit cycles de mythe Aztèque, dont l'histoire de Quetzatcoatl n'en est qu'un et pas le plus révélateur). Le décodage du mythe n'est pas un travail d'amateur mais la création de mythe planétaire est un processus “open source” dans lequel de nombreuses personnes peuvent participer. J'aimerais beaucoup enseigner comment réaliser cela dans la vie réelle en bénéficiant de l'accueil et de la participation d'une communauté de gens qui interagissent avec moi directement, en chair et en os, mais cela n'est pas le cas et j'enseigne donc, du mieux que je puisse, au travers du médium stérile de l'espace cybernétique...

La méthode de mythologie créative, ou mythologie dynamique, comme je préfère l'appeler, nécessite d'explorer les images primordiales et de les retravailler dans un nouveau langage. Prenons l'image de l'aigle sur le nopal, le motif central dans le mythe de fondation des Mexica. Les peuples ancestraux antiques étaient guidés par êtres surnaturels, les Mixcoatls, les “Serpents de Nuages”, qui vinrent du nord. (Anthropologiquement, cela peut représenter une culture de chasseurs-shamans qui traversèrent le Détroit de Berring durant le Paléolithique Supérieur.). Dans le cycle des Mixcoatl, une longue chaîne d'événements magiques précède l'exode des Chichimèques vers le sud - une narration tellement vaste que la légende de Quetzatcoatl ne semble en être qu'une courte note griffonnée de bas de page. Lorsqu'ils arrivèrent dans la Vallée de Mexico, ils furent témoins d'un présage: un aigle avec un serpent dans son bec perché sur un cactus nopal. A cet endroit exact, ils fondèrent la cité de Tenochtitlan “la place près du cactus nopal” (Codex Borgia, avec un cactus nopal croissant du corps de la Terre Mère. Dessin extrait de l'ouvrage de Brundage The Fifth Sun).

Que vous inspire cette image, mes chers amis?

Je m'aventurerai à dire que vous ne pouvez pas en tirer grand chose dans un état d'attention ordinaire. De telles images mythologiques sont comme des icônes dans la banque de mémoire phylogénétique. Vous pourrez cliquer sur l'icône, ad vitam aeternam, et il ne se passera rien tant que les logiciels adéquats ne seront pas installés. A l'image d'Alice, il vous faudra prendre “la pilule”, la substance altérant le mental qui permet un accès au matériau phylogénétique transpersonnel. Faites cela et puis contemplez cette image et puis voyez ce que la raison non ordinaire vous en dit.

L'écrasement se révèle un problème énorme dans ces recherches. Où que vous regardiez, l'écrasement par le scénario messianique corrompt notre mémoire des archives phylogénétiques. Je m'attends à une forte opposition ici: comment puis-je affirmer que l'imagerie messianique ne procède pas des archives indigènes? Que les thèmes de la rédemption et du sacrifice ne sont pas tout aussi valides que quoi que ce soit d'autre que l'on trouve dans la vaste banque de matériau archétypique produit par la psyché humaine? Et bien, c'est ce que j'affirme. Il sera difficile, pour ne pas dire impossible, pour certaines personnes d'accepter que “quoi que ce soit” ne soit PAS la règle pour le mythe directeur de l'humanité. Il y a le mythe indigène authentique, le produit de notre relation au cosmos, à la nature et à toutes les espèces et il y a l'écrasement, la turpitude de l'invention trompeuse, de la fabrication malveillante, de la déformation imaginelle. Celui qui ne peut pas faire la différence n'est pas compétent pour commenter la création de mythe planétaire. Si mon attitude semble désagréable et bien qu'il en soit ainsi. Je ne me suis pas engagé dans cette mission pour gagner un concours de popularité. Après avoir achevé Not in His Image, je me sentais comme Bob Dylan le dit dans sa chanson “Not Dark Yet”:

“J’ai touché le fond d’un gouffre de mensonges
Je ne cherche rien dans les yeux de quiconque”
.

Avec l'équinoxe de printemps glissant derrière la tablette de la destinée depuis le 10 ème siècle, nous sommes entrés dans une époque où nous pouvons dire la différence. Je ne dirais pas que notre futur en dépend. Notre futur dépend de Gaïa. Mais je dirais que l'histoire à raconter de notre futur et les chances de notre participation dans l'histoire propre de Gaïa, dépendent d'une manière très concrète de ce défi de distinction.

John Lash. Andalousie. 23 Juin 2007

Traduction de Dominique Guillet.