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La mystique de la Déesse

John Lash

Voir Page 2

Libération du Soi

De nombreux éléments contribuent à la mystique de la Déesse mais pour l’instant la vision Sophianique des Mystères n’y participe pas. La religion laissée pour compte a encore une très mauvaise réputation. Elle n’est mentionnée que pour être ridiculisée. L’écothéologie faillit misérablement à proposer une vision Gaïenne de la co-évolution qui puisse intégrer une finalité humaine à la symbiose planétaire. Des figures proéminentes telle que Rosemary Radford Reuther affirment catégoriquement “qu’il n’existe aucune éthique et spiritualité écologiques dans les traditions antiques” (cité ci-dessus au chapitre 7), faisant ainsi complètement abstraction des Mystères de la Grande Mère. Et malgré cela, Reuther se situe à des années-lumières des ouvrages apologétiques tel que “The Travail of Nature” du pasteur Luthérien H. Paul Santmire. Alors que ce dernier admet que la promesse écologique du christianisme est au mieux “ambiguë”, il tente, cependant, de déceler le germe de la vision écocentrique dans les motifs dominants du discours Chrétien. Dans le renouvellement de la création et dans la domination cosmique du Christ - des variantes du complexe du rédempteur - il perçoit une vision écologique de la nature spiritualisée mais il n’arrive pas à voir que la nature est spirituelle en premier lieu, indépendamment de ce que les humains imaginent. Santmire trace une ligne dans le sable: “Aucune théologie biblique et légitime de la création et aucune Christologie cosmique ne poussera ses adhérents à abandonner la mission du peuple de Dieu sous la croix”. Une adhésion stricte au plan divin par des croyants tel que Santmire force les personnes de sensibilité écologique à adopter une attitude offensive, qu’ils le veuillent ou non. Ce n’est que par un rejet affirmé et sans compromission de la théologie de la rédemption qu’un futur Gaïen pour l’humanité peut se manifester. La critique Gnostique de la doctrine de la rédemption est encore le principal outil qu’il faille utiliser afin de libérer l’écothéologie de la tyrannie du père divin.

Les gardiens des Mystères se nommaient les telestai, “ceux qui sont tendus vers une finalité”. Mais l’arc ne se tend pas vers lui-même. Qui impulsait les Gnostiques? Je présume que c’est leur vision de Sophia. Et à leur tour, ils étaient les maîtres d’oeuvre du système de guidance spirituelle du Paganisme classique en s’aidant de pratiques shamaniques (techniques archaïques d’extase) héritées des cultes préhistoriques de la Grande Mère. A l’aube de l’Age des Poissons, aux alentours de 120 avant notre ère, l’engagement millénaire des initiés fut défié par le narcissisme déchaîné de l’époque. La fièvre messianique de la Palestine fut capable d’infecter tout l’Empire parce que la figure du messie, une fois élevée au statut de divinité, apaisait l’angoisse existentielle humaine par des voies que les Mystères n’auraient jamais suivies. De nombreux facteurs ont contribué à ce changement de l'ère des Poissons mais le plus décisif fut le fait que la rédemption par procuration supplanta la quête de l’illumination et de l’extase. Comme je l’ai évoqué, la grande tromperie de la religion rédemptrice consiste à faire apparaître la force de la souffrance plus puissante que la force de vie elle-même. Elle glorifie la douleur et condamne le plaisir.

La dissociation du corps et des sens peut expliquer le fait que l’aube de l’ère des Poissons a été le témoin d’une vague massive d’apparitions d’OVNI tout aussi bien que de catastrophes naturelles, dont la destruction totale de Pompée dans le sud de l’Italie. L’éruption du Vésuve, en 79 après notre ère, a enseveli la cité antique d’Herculaneum et avec elle, les fresques spectaculaires qui dépeignaient les rites Dionysiens. Grâce à la couverture de cendres déposée par l’éruption, les fresques furent préservées. Elles dépeignent l’enfant dieu Dionysos se regardant dans le miroir au moment où il est saisi et démembré par les Titans. Cette illustration graphique rare d’une expérience initiatique convie un message quant à la façon de se libérer du soi, à savoir par une distanciation et non par une éviction. Dionysos doit être démembré afin de pouvoir se régénérer et de revivre mais son supplice est extatique: il “part en pièces” en pleine extase et en plein abandon aux forces dévorantes de la vie terrestre. Dionysos va revenir sous les traits de Iacchus, l’enfant divin qui est une personnification de la jeunesse éternelle de l’esprit humain, mais tout d’abord, il meurt en se contemplant dans le miroir. Le problème de “l’identification”, ou de l’expansion de la conscience de soi, plonge l’écologie profonde dans une impasse parce que la communion intime avec Gaia-Sophia se manifeste au-delà de l’identité:

“Bien que l’Illumination demeure réellement en nous-mêmes, elle doit apparaître comme nous arrivant de l’extérieur, à cause de notre attachement à l'ego. L’Ego ne peut pas appréhender sa propre illusion, il ne peut pas se dissoudre lui-même.”

Ceci est l’interprétation, par Francesca Fremantle, des enseignements du Dzogchen, mais son propos s’applique très précisément à la technique d’illumination de la Gnose. Son observation du fait que l’illumination nous apparaisse de l’extérieur résonne intimement avec le secret ultime des Mystères, la gerbe de blé coupé. Les Célébrants des Mystères maîtrisaient l’art du mourir conscient en se détachant de l’image de soi. Au moment précis de la mort volontaire de l’ego, ils faisaient l’expérience du jaillissement Dionysien de l’abandon et communiaient, de tous leurs sens, avec la nature.

Une oeuvre non-achevée

En raison de l’imprécision quant à la composition des étoiles de la constellation des Poissons, la fin de l’Age des Poissons n’est pas déterminée. La précession des équinoxes ne peut pas fournir un cadre de temps précis pour cette ère qui pourrait se terminer de nos jours ou bien dans 800 ans! Quoi qu’il en soit, c’est un problème sérieux en suspens auquel il faille nous confronter.

Pour les aspects négatifs, la suppression de l’extase et la condamnation du plaisir par la religion patriarcale nous a plongés dans un bourbier profond et nauséabond. Les plaisirs que l’humanité moderne recherche sont superficiels, vénaux et dépravés. Cela est profondément regrettable car cela justifie la condamnation patriarcale du plaisir qui a saccagé nos capacités hédoniques en premier lieu! Le narcissisme est effréné et il s’est répandu sur toute la planète. Il paraît avoir atteint la phase terminale, celle de la mise en cocon, qui est l’état ultime d’isolement. La dissociation d’avec le monde naturel frise la désincarnation totale telle qu’elle se manifeste dans le complot Archontique avec, par exemple, le “transhumanisme”, le clonage, la réalité virtuelle et la projection de la conscience humaine dans l’espace cybernétique. L’ordinateur semble paré à remplacer la croix en tant que symbole primordial de la rédemption. Il est déjà l’autel sur lequel des millions se prosternent quotidiennement. Si les technocrates l’emportent, IA (l’intelligence artificielle) et VA (la vie artificielle) vont bientôt supplanter l’ordre naturel de la planète.

Pour les aspects positifs, nous avons peut-être une chance de recouvrer ce qui a été détruit il y a deux mille ans en Europe. Une résurgence des Mystères est-elle réellement possible? Au jour d’aujourd’hui, nous n’en sommes pas là avec la mystique de la Déesse, principalement parce que les éléments de l’extase et de la mort de l’ego n’ont pas été intégrés à la vision naissante de Gaïa. Quoi qu’il en soit, c’est le moment ou jamais d’une remise en question radicale de notre histoire dans le but de la dépasser. Une remise en perspective des vingt derniers siècles va peut-être nous permettre de réaliser que la sacralisation de l’ego nous a fait perdre le sens de ce que tout autre chose puisse être. Une communion intime avec la nature n’est pas accessible à l’ego sanctifié ou au mental hypertrophié, elle ne l’est que pour la conscience sans ego du corps et du mental.

Lynn Margulis affirme que “les fondements culturels de notre éducation nous empêchent de percevoir la Terre comme un organisme planétaire.” (cité en tête de chapitre). Elle ajoute que cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les conditionnements religieux. J’approuve totalement en précisant, cependant, que le renouveau des Mystères peut être entrepris sans la religion ( c’est à dire sans dogme, sans rituel, sans institution, sans hiérarchie et sans idéologie) tant que l’expérience religieuse sincère puisse être expérimentée dans le vécu.

“La science moderne, tout comme la technologie moderne, sont tellement imprégnées d’arrogance Chrétienne envers la nature qu’on ne peut espérer d’elles seules aucune solution à notre crise écologique. Comme les racines de notre malaise sont avant tout religieuses, le remède doit également être profondément religieux, que nous l'appelions ou non ainsi.” Cette observation fut faite par Lynn White, Jr., dans son essai très connu “Les racines historiques de notre crise écologique”. White fut la première à attribuer la crise écologique à la religion Judeo-Chrétienne. Fort heureusement, la Gnose n’est pas une religion alternative mais elle est une alternative à la religion, un chemin et une praxis qui doivent être vécus et exprimés de façon totalement individualisée. La Gnose est une illumination psychosomatique, le jaillissement corporel d’extase cognitive et de perception sensorielle directe de l’intelligence vitale de la terre.