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Lorsque les Mystères Moururent

John Lamb Lash

Télécharger l'essai avec les illustrations.

Traduction par Dominique Guillet de l'essai "When the Mysteries died".

Extase et Intolérance dans le Monde Classique

“Les dieux païens, même les dieux des Mystères, ne sont pas jaloux les uns des autres. Ils forment une communauté ouverte.” Walter Burket. Ancient Mystery Cults.

Les treize Codex découverts au nord de l’Egypte en Décembre 1945 sont connus sous le nom de Codex de Nag Hammadi, du nom d’un village sur la rive ouest du Nil. Sur la même rive de ce fleuve, à environ 30 km au sud, se situe le Temple de Hatshepsut, scène du massacre terroriste de touristes en novembre 1997. Les auteurs semblent être arrivés de la région des collines désertiques dans laquelle les codex furent découverts. Lorsque je visitai la région en février 1999 avec la Fondation Marion, d’intenses mesures de sécurité avaient été mises en place. Je fis le trajet de Luxor à Dendera dans un convoi armé, accompagné par deux douzaines de soldats armés de mitraillettes.

Il est étrange que les érudits ne fassent pas mention du temple Ptolémaïque d’Hathor à Dendera qui est situé à un jet de pierre de Nag Hammadi. Du toit du temple, on peut observer, au-delà du méandre prononcé du Nil, les falaises de Jabal al-Tarif, où les codex furent cachés. Le bourg le plus proche de la grotte, Hamra Dun, est trop peu développé pour attirer l’attention sinon ces traités perdus depuis longtemps auraient été appelés les Codex de Hamra Dun. Hamra Dun est le nom géographique Arabe pour le nom plus ancien Copte “Chenoboskian”, “refuge des oies sauvages” et derrière ce nom, il y en a un autre, le nom géographique Egyptien “Sheniset”, “les acacias de Seth”, indiquant une association avec le mouvement Gnostique qui s’était donné le nom de Séthiens.



Coucher de Soleil Egyptien

La proximité entre Dendera et Hamra Dun est remarquable mais, pour autant que je le sache, aucun érudit ne l’a soulignée. Selon le consensus courant, la “bibliothèque” de Nag Hammadi est supposée être venue du monastère de Pachomius, une retraite de moines Chrétiens Coptes qui était localisée à Tabinnisi, sur la rive est. “Son pionnier fondateur, Pachomius, avait adopté le principe de réunir des personnes isolées et disparates au sein d’une communauté dont la pratique de dur labeur impliquait une discipline stricte, quasi militaire”. (Tobias Churton. The Gnostics). On présume que quelqu’un de ce groupe hétéroclite aurait rassemblé les treize ouvrages reliés de cuir, les aurait enfermés dans une jarre d’argile rouge qu’il aurait cachée dans une grotte à flanc de colline. En se fondant sur leur couverture ainsi que sur des lettres et des comptes datés insérés dans la reliure des codex, les experts ont déterminé que les manuscrits devaient avoir été cachés dans la grotte entre 345 et 348 de l’ère commune. La date est très précise et, peut-être par coïncidence, correspond à une année près avec la date de la mort de Pachomius, le moine fondateur.

Caché en 345 EC. Par qui? Pourquoi? Dans quel objectif futur? Personne ne sait.

Les érudits qui proposent l’hypothèse du monastère Copte pour expliquer l’origine des textes omettent de mentionner que le monastère de Pachomius, établi aux environs de 300 EC, n’était qu’une mince affaire en comparaison du complexe de Dendera construit 500 ans plus tôt sur des fondations remontant à 5200 av. EC. Le Temple d’Hathor était une construction de la fin de l’ère Ptolémaïque sur un ancien site sacré, Tentyrs, rapporté comme le lieu de naissance d’Isis. Si Isis peut être considérée comme l’équivalent de la Vierge Marie du Christianisme, Hathor était l’Eve Egyptienne. Ses rites étaient préhistoriques et indigènes aux cultures Soudanaises perdues qui prédatèrent de très longtemps le culte de style Hollywoodien d’Osiris. Hathor était une déesse de sagesse, tout comme la Sophia des Gostiques. Son culte célébrait l’extase, la guérison et la communion mystique avec le cosmos.

Il y avait peut-être parmi les “personnes isolées et disparates” qui trouvèrent refuge dans le Monastère de Pachomius quelques Gnostiques fuyant la persécution ou encore pire. Je pense, cependant, qu’il est tout aussi probable que les Codex Coptes venaient de Dendera ou qu’ils arrivèrent chez les moines au travers de quelque association avec des irréductibles du culte de Hathor et de Horus célébré là-bas.

Chaque temple en Egypte possède sa propre bibliothèque et Dendera ne faisait pas exception. Les textes sacrés étaient conservés dans des pièces spéciales à l'intérieur afin que les prêtres puissent sélectionner un texte et se diriger ensuite vers la partie appropriée du temple pour le lire ou (plus vraisemblablement) pour le réciter. Il est vrai qu'il n'existe pas d'indications explicites de matériau corrélé à Hathor dans les codex mais il existe, néanmoins, de claires allusions astronomiques. Dendera était réputé pour son Zodiaque sacré, un des artefacts les plus remarquables de l’ancienne sagesse qui ait survécu intact. La science des étoiles était essentielle au culte d’Hathor et les Gnostiques étaient réputés, depuis l’origine du mouvement, pour avoir été des maîtres-astronomes. L’historien Joseph, du premier siècle (Antiquités Juives I, 2,3) rapporte la tradition de longue date selon laquelle
“les enfants de Seth étaient considérés comme les premiers enseignants de la science astronomique”. (Plunkers. Calendars and Constellations of the Ancient World. Page 20). Jacques Lacarrière (Les Gnostiques) considère l'observation du ciel comme la matrice originelle de leur système de connaissances.

Je ne peux pas lire le Copte mais avec l'aide d'érudits du Gnosticisme, de renommée mondiale, de l'Université de Louvain en Belgique, je suis arrivé au point où je puis y trouver mon chemin. Le Copte est un langage composé, peu élégant, avec peu de latitude pour des expressions complexes ou métaphysiques. Après avoir enfoui mon nez dans les codex durant quelques années, un peu comme un cochon cherchant des truffes, j'eus la forte impression que c'était en fait une sorte de langage de sténographie. Le Copte fut originellement inventé par les prêtres Egyptiens (Païens) afin de conserver la prononciation de charmes qui étaient inscrits sur les amulettes qu'ils vendaient. Il utilise une version modifiée des lettres Grecques et des caractères empruntés au Démotique pour transcrire des sons qui existent en ancien Egyptien mais pas en Grec. Le résultat est un idiome emprunté qui ne se prête pas à l'expression philosophique. Il ressemble quelque peu au langage sténographique utilisé par les tribunaux pour enregistrer les procès-verbaux.

Ce n'était pas le meilleur vecteur pour conserver les enseignements nobles des initiés Gnostiques au crépuscule de la civilisation Egyptienne.

L'impression que j'ai des Codex de Nag Hammadi est qu'ils sont des traductions de notes prises à la hâte, et dans une large mesure, des notes incorrectes, écrites en Grec par des étudiants des Mystères - et peut-être des étudiants attachés au complexe de l'Ecole des Mystères de Dendera. Les Grecs venaient en Egypte pour apprendre la science et la philosophie depuis le temps de Pythagore, à avoir vers 600 av. EC. De par le déclin et la dispersion de la civilisation Egyptienne durant l'époque Hellénistique, les capacités du corps étudiant peuvent avoir laissé à désirer. Néanmoins, la dissémination, remontant de longue date, de la sagesse Egyptienne dans la culture Grecque pourrait avoir également atteint un point culminant durant les premiers siècles de l'ère commune.

Etant une oeuvre de l'ère Ptolémaïque (323 - 30 av. EC), Dendera est souvent écarté comme étant trop tardif pour enchâsser la sagesse ancienne et pure des Egyptiens, mais qui peut dire que la fin d'un processus peut être moins profonde que son début? Dendera, ainsi que d'autres temples Ptolémaïques, tel que celui d'Edfu, sont recouverts de hiéroglyphes d'une manière étonnamment dense comme si les derniers prêtres, qui pouvaient lire et écrire les textes ésotériques, étaient soucieux de léguer tout ce qu'ils pouvaient à la postérité. Au milieu de cette atmosphère, les étudiants Grecs pourraient bien s'être précipités sur chaque ultime bouchée de connaissance qu'ils pouvaient attraper, en prenant des notes à la va vite sur ce que les professeurs-prêtres leur enseignaient.

Si les supposés “originaux Grecs” étaient des notes de classe, pas excessivement claires en premier lieu et s'ils furent, par la suite, traduits en Copte par des scribes qui comprenaient à peine ce qu'ils lisaient, cela pourrait expliquer la nature terriblement chaotique et contradictoire de ces textes. La Bibliothèque de Nag Hammadi constitue un trésor spirituel de l'humanité mais c'est aussi un fouillis confus et méconnaissable.

Lieu de Naissance d’Isis

A Luxor, l’ancienne capitale de la haute Egypte (méridionale), des piliers massifs recouverts de hiéroglyphes inscrits avec précision délimitent les sanctuaires abandonnés des dieux Egyptiens, bondés de touristes durant quasiment toute l’année. Les enceintes sacrées de l’antique capitale irradient une gloire et un mysticisme qui rivalisent avec Giza. Les pyramides à l’ouest du Caire se tiennent lançant un défi muet à la compréhension humaine mais ici, dans le sud, une autre splendeur est source d'envoûtement.

C’est ici qu’une révélation différente des défunts Dynastiques émerge de la terre.

Dans un périmètre de trente kilomètres, se trouve la Vallée des Rois, le site de la tombe de Toutânkhamon et d’autres, environ quarante en nombre selon Strabo, un historien Grec de l’ère d’Auguste (25 av. EC). Une demi-douzaine sont, de nos jours, accessibles aux visiteurs mais il y a encore plus pour enchanter les yeux et ravir l’esprit: le magnifique temple de Hatshepsut à Deir al-Bahari, le Ramasseum avec son colosse brisé tel un Titan tombé à terre, les longues stèles mortuaires de Seti I et des Ramses III, IV et IX, les tombes de nombreux nobles, le temple tardif de Ptolémée V à Deir el-Medina, les colosses jumeaux de Memnon. Tout cela se trouve sur la rive ouest, tandis que sur la rive est s’étendent les édifices majestueux de Karnak et le temple de Luxor appelé le “Livre de la Genèse gravé dans la pierre” par l’égyptologue dissident, Schwaller de Lubicz.

Plus au nord sur la rive ouest se trouve Dendera, le site du Temple de Hathor, l’Eve Egyptienne. La structure massive en grès se niche dans le méandre du Nil où le fleuve glisse vers l'est avant de se retourner à Qena et puis ensuite flotte vers l'ouest après l'extrémité sud d'un immense affleurement rocheux appelé Gebel-al-Tarif. Sur ses pentes orientales, les falaises blanches sont ponctuées de 150 grottes utilisées comme refuges par les mystiques du désert durant des siècles avant l'Avènement. Certaines grottes donnent accès à des galeries dans lesquelles les princes pharaoniques de la Sixième Dynastie ( 2500 av. EC), étaient enterrés, mais la plupart sont des grottes rustiques jonchées peut-être de quelques débris de poteries. Escarpées et menaçantes, les pentes désertiques n'offrent ni indices, ni charmes. Nag Hammadi est en dehors des chemins battus du tourisme global.

Le site se trouve dans une région contrôlée par les extrémistes Islamistes responsables du massacre de 54 touristes au temple de Hatshepsut en 1997. Aucun touriste ne s'aventure dans ce hameau désolé lors d'une excursion normale ou sans une forte présomption pour un guide. Il n'y a plus rien à voir maintenant de cette antique merveille qui a du couronner cet endroit et seul le murmure sinueux du vent du désert évoque son mystère. Ici, les souterrains secrets à découvrir sont cachés dans le chercheur, pas dans le site. Ici gît le vortex troublé de ruines invisibles.



Un Antique Réseau

Un manuel médiéval par un guide de la littérature, Ladâmes le Grand, décrit le paysage dans lequel la bibliothèque Gnostique fut découverte:

“Vous verrez, au nord-ouest, sept tombes sises sur le flanc de la vallée - quatre ensemble, et puis deux ensemble et puis la dernière par elle-même. Creusez dans celle-là, à la profondeur d’un qamah: vous trouverez le corps du défunt et à ses côtés, toutes ses possessions. Vous verrez aussi de hautes tours de garde autour de ce même cimetière sur le côté est. Parmi ces tours de garde, il y a cinq grandes tombes, chacune avec une pierre à sa tête et une autre pierre à ses pieds, toutes deux fichées dans le sable. Soulevez la pierre frontale et creusez...”

Ladâmes, assurément, souhaitait ouvrir l’appétit des chercheurs de trésors tangibles, un butin qui pouvait être emmené et vendu. Lorsqu’il écrivit, aux environs de 1200 EC, le trésor intangible de Nag Hammadi avait été perdu depuis 800 années. Il ne pouvait pas se douter de son existence, et cela ne l’aurait pas tenté. Ce trésor n’était pas constitué de princes embaumés ni de bijoux rutilants. Il ne comprenait aucun sanctuaire grandiose aligné sur les étoiles et bâti selon des proportions sacrées. Ce ne fut jamais l’objectif des pilleurs de tombes à la recherche de fortunes rapides. Il fut finalement découvert 800 années plus tard par un couple de paysans Bédouins cherchant un fertilisant naturel appelé sebakh. La découverte eut lieu durant la première semaine de décembre 1945 mais les 13 codex de papyrus écaillés n’éveillèrent pas l’attention des érudits capables d’apprécier leur signification, avant l’été de 1947.

Le site précis n’est pas marqué et n’est pas remarquable par l’oeil humain qui se fatigue vite des falaises blanchies et inhospitalières. Ils sont la maigre preuve visible de vastes ruines invisibles. Ces ouvrages retrouvés là sont signifiants non seulement de par leur contenu mais aussi de par leur valeur symbolique. Les treize paquets représentent plus que la sagesse Gnostique qu’ils contiennent. Ce sont comme les fragments des décombres d’un gigantesque dôme en vitrail qui dépeignait les origines de l’humanité, sa place dans le cosmos et la raison de son exil étrange et désespéré sur terre. La couleur des débris est fumée et lumineuse, comme de la lumière caramélisée. Ils confèrent, à la vision de l’esprit, une lucidité troublante, un aperçu des enseignements bizarres qui décrivent notre captivité dans un monde détourné, un cosmos qui naquit par erreur.


Les ruines, mêmes si elles sont invisibles, doivent être les ruines de quelque chose. Ce qui était enfoui à Nag Hammadi, c’était les derniers vestiges de tout un monde visionnaire, une énorme prouesse de l’imagination qui vivait autrefois dans le coeur et l’esprit d’innombrables êtres humains. La valeur de la vision consistait dans son pouvoir d’illuminer la vie et de guider l’humanité. La vision et le processus de guidance étaient tous deux au coeur d'une vaste organisation, le réseau des Ecoles des Mystères dans lesquelles les Gnostiques participaient en tant qu’instructeurs avec des responsabilités spéciales. Tout fragmentaire et embrouillée qu’elle soit, la Bibliothèque de Nag Hammadi est la preuve fondamentale encore existante d’un système éducatif perdu qui était consacré à la guidance spirituelle de l’humanité.

A Nag Hammadi, les ruines sont accessibles seulement à l’oeil de l’imagination, la faculté qui a élaboré la vision. Il se peut que leur présence serre le coeur avec un sentiment de perte inexplicable car une grande expérimentation visionnaire, menée par l’humanité pendant des millénaires, fut anéantie lorsque les Mystères moururent. La sagesse protégée dans des enceintes sacrées comme ce hameau désolé guida d’innombrables êtres humains durant des siècles incalculables. Finalement, les enseignants et les administrateurs des Ecoles de Mystères furent dénoncés comme hérétiques, poursuivis et exterminés.

Ils moururent, non pour leur péché, mais à cause de ce qu’ils savaient.

De nos jours, nous parlons communément de réseaux qui unissent des endroits physiques dédiés à une activité ou à un objectif commun. Tous les stades de football du monde entier forment un réseau dédié au même sport. Tous les laboratoires de biotechnologie qui travaillent sur le décodage du génome humain forment un seul réseau intégré. En Angleterre, les structures impressionnantes et très anciennes qui se trouvent à Oxford et à Cambridge témoignent de la présence d’un réseau d’universités Britanniques, englobant tous les campus du pays. L’ensemble total des campus est plus grand qu’une seule unité. Un réseau comprenant des éléments visibles reste lui-même invisible.

Dans un cercle d'un rayon de cinquante kilomètres dont le centre est Luxor, il existe une concentration de ruines telle qu'elles surpassent en nombre la totalité des autres ruines du monde entier. Nag Hammadi se trouve sur le bord de cette étonnante périphérie. Les complexes de temples Egyptiens des Royaumes du nord et du sud n'étaient pas les seules Ecoles de Mystères de l'Antiquité mais il est vraisemblable qu'ils furent les plus durables, les plus organisés, les plus subventionnés, en bref l'université-mère de toutes les Religions des Mystères. Comme les preuves historiques des Mystères viennent presqu'exclusivement de l'époque durant laquelle ils furent éliminés, les érudits ont répandu le sentiment que les Mystères n'étaient constitués que de quelques centres de culte éparpillés plutôt que d'une vaste organisation s'étendant sur tout l'ancien monde.

Cependant, les vestiges archéologiques qui subsistent en Egypte et ailleurs attestent du rayonnement immense des Religions de Mystères. Même les polémiques des Pères de l'Eglise qui s'acharnèrent contre la sagesse Païenne témoignent, involontairement, de l’organisation multi-culturelle et extrêmement répandue des cultes des Mystères. L’ouvrage Philosophumena (environ 230 CE), attribué à Hippolyte, est une encyclopédie qui décrit à la suite les Gnostiques, les Druides, les Brahmanes et une diversité d’autres religions exotiques. Les historiens savent aujourd’hui que les Druides étaient endémiques à la culture Celte qui s’étendait des îles occidentales de l’Ecosse et de l’Irlande jusqu’au coeur de l’Asie Mineure. Des Brahmanes d’Inde étaient connus à Alexandrie ainsi que des moines Bouddhistes dont les pérégrinations en Egypte et en Palestine sont rapportées par les annales du roi Asoka, fondateur de la Dynastie Maurya (il gouverna de 255 à 237 av. EC). Une stèle à Girnur dans le Gujarat proclame le désir d’Asoka de répandre le Bouddhisme à travers toute la vallée du Nil. L’auteur C. W. King (Gnostics and Their Remains) souligne la ressemblance étroite entre les disciplines Bouddhistes et Esséniennes et il cite le témoignage de l’historien Juif Josephus selon lequel les centres de culte des Esséniens sur la Mer Morte avaient existé pendant “des milliers d’âges” avant son époque. Les universités Gnostiques appartenaient à cette immense organisation millénaire de sagesse d’origine Asiatique; néanmoins, “la règle observée par tous les historiens subséquents du Gnosticisme est de le représenter comme une simple ramification apocryphe et une corruption du Christianisme.

Intolérance Chrétienne

Les Ecoles des Mystères constituaient un réseau décentralisé de collèges éclectiques et multi-disciplinaires qui partageaient un langage universel de sagesse ésotérique. Les Brahmanes, les Druides, Les Bouddhistes, les Gnostiques et de nombreux autres auraient été capables de communiquer intimement les uns avec les autres en dépit des différences raciales, linguistiques et culturelles. La base commune de ces Mystères était connue pour avoir été le culte Asiatique de la Grande Déesse, la Terre Mère, Magna Mater. L'identité entre la Prajnaparamita des Bouddhistes, “Suprême Mère Sagesse” et la Sophia Gnostique a été mise en valeur par Evens-Wentz, un pionnier de l'étude du Bouddhisme Tibétain. L'érudit du Gnosticisme, G. R. S. Mead et les spécialistes de la mythologie comparée, Mircea Eliade, Joseph Campbell et Alain Daniélou, et l'érudit Bouddhiste John Myrdhin Reynolds ont tous développé des parallèles entre le Bouddhisme et le Gnosticisme. On ne peut pratiquement pas différencier les enseignements du Gnostique Basilides des traités de philosophie Mahayaniste. Le grand sage et érudit Bouddhiste Nagarjuna était contemporain des Gnostiques du second siècle qui subirent le tir d'artillerie des hérésiarques Chrétiens. Dans le Second Traité du Grand Seth, (CNH VII, 2), un enseignant Gnostique parle franchement de leur situation désespérée et du type de comportements auxquels ils devaient faire face:

“Nous fument haïs et persécutés, non seulement par ceux qui sont tout simplement incapables de nous comprendre mais aussi par ceux qui pensent qu'ils avancent le nom du Christ, alors qu'ils sont, sans le savoir, vides et ignorants de qui ils sont, comme des animaux dans la torpeur... Ils persécutèrent ceux que j'ai libérés parce qu'ils les haïssent - ceux-là même qui, devraient fermer leur bouche, pleureraient avec des grognements futiles parce qu'ils ne me connaissent pas. A la place, ils servirent deux maîtres et même une multitude. Mais ils vaincront en tout, dans les guerres et les batailles, dans les divisions jalouses et le courroux... ayant imposé la doctrine d'un homme mort et des mensonges qui ressemblent à la liberté et à la pureté de la communauté parfaite.

Et donc ainsi, s'unissant dans leur doctrine de peur et d'esclavage et dans leurs besoins mondains et abandonnant le respect et étant mesquins et stupides, ils ne peuvent embrasser la noblesse de la vérité car ils détestent qui ils sont et aiment ce qu'ils ne sont pas”
.

Ce passage révèle comment les premiers Chrétiens furent vus au travers des yeux des Gnostiques. Il contient plusieurs indications importantes quant à la perception du groupe persécuté, une perception rarement prise en compte dans l'histoire officielle. L'auteur condamne les Chrétiens pour leur ignorance et leur incapacité
“d'embrasser la noblesse de la vérité”. Etre libéré de toute ignorance et se consacrer à la quête de la vérité étaient les objectifs suprêmes des Gnostiques. Les Chrétiens sont critiqués parce qu'ils servent deux maîtres et flattent la multitude. En d'autres mots, ce sont des hypocrites qui cherchent à gouverner les masses. Cela contraste profondément avec l'élitisme Gnostique. L'allusion à “ceux-là même qui, devraient fermer leur bouche” implique le besoin d'être initié. Le mot mystère (mysterion en Grec) dérive du verbe Grec myein, signifiant “fermer”, faisant référence au fait de fermer les lèvres et les yeux. “Ceux-là même qui, devraient fermer leur bouche” sont des profanes qui ne peuvent connaître ce qu'ils attaquent.

Les persécuteurs, cependant, vont prendre le dessus, prédit l'enseignant, car ils ont recours à la guerre et à la violence pour atteindre leurs buts. Il est significatif qu'ils fomentent “les divisions jalouses et le courroux”. Dans l'idiome Gnostique, ces mots font référence à l'attitude de Jéhovah, la déité pleine de courroux, identifiée par les Gnostiques au Souverain des Archontes, l'espèce ET ou extra-terrestre qui tente de détourner l'humanité de son chemin propre d'évolution. Les Gnostiques percevaient le pouvoir des Archontes, derrière la politique et l'idéologie Chrétiennes. Bien que “leur doctrine de peur et d'esclavage” soit ridicule, elle fonctionne cependant, parce que les Archontes peuvent s'insinuer dans notre mental - par une sorte de télépathie maléfique et inter-spécifique, si l'on peut dire. Les premiers idéologues Chrétiens, sous l'influence de processus de pensées pervertis par les Archontes, imitèrent les Mystères des enfants de la lumière et firent passer des mensonges pour la vérité. Le complexe du rédempteur Chrétien impose “la doctrine d'un homme mort” à la place de la Gnose vivante et éternelle.

Selon la vision de la dernière génération de Gnostiques, les convertis au Christianisme étaient des êtres humains fonctionnant à l'envers,
“car ils détestent qui ils sont et aiment ce qu'ils ne sont pas”. Pour les Gnostiques, l’hypocrisie ultime est la trahison de l’intelligence divine à l’oeuvre dans l’humanité qui est alors remplacée par une idéologie fondée sur l’erreur.

Une attitude Païenne de tolérance imprégnait les Ecoles de Mystères, même si les Ecoles maintenaient des critères stricts d’admission et imposaient un voeu de confidentialité qui semble n’avoir presque jamais été violé. Le contraste avec l’évangélisme Chrétien ne pouvait pas être plus remarquable. Dans l’ouvrage “The Mystery-Religions”, S. Angus observe: “Sur le sujet de l’intolérance, le Christianisme différait de toutes les religions païennes et surpassait le Judaïsme; à cet égard, il était en opposition directe avec l’esprit du temps”.

De nombreuses explications ont été données quant à la raison pour laquelle le Christianisme l’emporta sur les Mystères mais ce serait une négligence de ne pas faire preuve de bon sens commun: l’intolérance, généralement, prévaut sur la tolérance parce que la tolérance, par définition, permet à la première de prévaloir; de toutes façons, l’intolérance l’emportera , par la force pure, si nécessaire. Les Mystères ne moururent pas de mort naturelle. Ils furent activement supprimés et, lorsque cela était possible, éradiqués avec branches et racines.

“Les dieux païens ne sont pas jaloux les uns des autres”, dit Burkert. Aucun système social n’est parfait mais la philosophie païenne encourageait une société ouverte dans laquelle les enseignements spirituels universels pouvaient assumer une grande diversité d’expressions. Quelle position fut prise par le Gnosticisme dans le forum ouvert des Ecoles de Mystères? Cela devait être crucial et essentiel pour tout le réseau, d’une certaine manière, parce que les enseignements Gnostiques était la première cible dans le programme d’éradication des idéologues et des missionnaires Chrétiens. Le mot gnosis est d’origine Grecque et les preuves les plus convaincantes de l’existence des Mystères viennent assurément de la culture Gréco-Latine. Cela a donné l’impression que le Gnosticisme était confiné à un milieu géographique et culturel restreint au Moyen Orient et en Egypte.

Considérant ce que nous savons quant à ce que les Gnostiques enseignaient, il est raisonnable d'assumer qu'ils oeuvraient dans les Ecoles de Mystères dans lesquelles ils offraient une connaissance spéciale sur les phénomènes non-ordinaires et les phénomènes d'apparitions. En bref, c'étaient des maîtres en parapsychologie et en sciences noétiques. En ce sens, on peut les comparer à des shamans sophistiqués de l'Ancienne Europe ou d'autres régions d'Asie. Les Bouddhistes de Nalanda en Inde et les Druides du Pays de Galles étaient certainement séparés d'un point de vue culturel et géographique, mais ils étaient spirituellement impliqués dans les mêmes dynamiques. Merlin qui vécut, peut-être, durant le septième siècle a des contreparties exactes dans les personnes des Tibétains Naropa et Milarepa. Il n'y a aucune raison d'exclure les Gnostiques de ce tableau et, en fait, les preuves abondent quant au fait qu'ils jouèrent un rôle de cette sorte dans l'environnement culturel et religieux de leur temps.

Les Gnostiques dont le souci était de détecter les Archontes pourraient avoir conversé ouvertement d'envoûtements ou de zones planétaires avec des sages en visite arrivant du bout du continent ou d’Inde. Les distance géographiques ne constituaient pas un facteur limitant car les voyages, dans les temps antiques, étaient beaucoup plus communs et répandus que cela a été assumé. Jusqu’à très récemment, il était impossible de déduire à partir des récits historiques la manière dont le réseau des Ecoles de Mystères aurait pu fournir le contexte pour une dissémination interculturelle. Le Gnosticisme ne peut plus être exclusivement identifié avec quelques cultes éparpillés en Egypte et en Asie Mineure. La fin des Mystères fut orchestrée bien au-delà des pentes désertiques de Nag Hammadi. Elle se caractérisa par l’effondrement d’une énorme organisation décentralisée dédiée à la guidance spirituelle de l’humanité.


Religion Diabolique

A l’époque environ durant laquelle les manuscrits de Nag Hammadi furent enterrés, St Augustin de Hippo, l’un des pères fondateurs de la foi Chrétienne, lança la politique de l’Eglise visant à s’approprier systématiquement des sites et des monuments antérieurement occupés par les universités des Mystères:

“Lorsque les temples, les idoles, les bois sacrés, etc... sont détruits avec la permission des autorités, bien que notre participation dans ce travail soit une preuve claire que nous n’adorons pas mais plutôt que nous abhorrons ces choses, nous devons, cependant, nous abstenir de nous les approprier pour notre profit personnel et privé; afin qu’il soit manifeste que cela n’est pas l’avarice qui nous pousse à les détruire mais la piété. Lorsque, néanmoins, les décombres de ces endroits sont récupérées au profit de la communauté, et consacrées au service de Dieu, elle sont considérées de la même façon que les hommes qui sont convertis de l’impiété et du sacrilège à la vraie religion.”

Ce passage met en valeur l’autre côté de la situation décrite dans le Second Traité du Grand Seth, décrite ci-dessus. Ici, l’histoire est vue au travers des yeux du parti gagnant. Par une pirouette astucieuse, Augustin approuve l’acte de vandalisme et absous ceux qui le perpétuent sans motivation égoïste, tels que l’envie, la jalousie ou le désir de pouvoir. Il affirme que “les décombres de ces endroits” sont destinées à servir Dieu tout comme ceux qui les créèrent le feraient lorsqu’ils sont convertis à “la vraie religion”. Pour sécuriser le monopole sur Dieu, il était nécessaire de légitimer le renversement et l’appropriation de la sagesse païenne.

Il fallait diaboliser la vérité pour la vaincre. Ce qui est “autre” doit être vaincu par la cooptation. En ce sens, le Christianisme peut être caractérisé comme une religion de confrontation ou une religion diabolique - de dia-bolos, jeté (bolos) contre (dia) quelque chose d'autre. Elle ne prévaut pas par ce qu'elle propose mais bien plutôt par ce qu'elle renverse. Le Christianisme est unique à cet égard bien que ce ne soit certainement pas la manière dont il souhaiterait que le monde apprécie son caractère unique. Depuis ses origines, le Christianisme a fait preuve d'une capacité spécifique pour triompher de tout ce qui n'est pas lui-même. Il se définit par ce à quoi il s'oppose. Incapable de tolérer la co-existence, il doit consumer. L'histoire de l'Eglise incarne ce schéma d'usurpation totalitaire. Dans la vision Gnostique caractérisée par l'auteur du Second Traité de Seth, le courroux, la division, l'imitation (cooptation) et l'esclavage de l'esprit humain - les traits évidents de l'impérialisme Chrétien - sont les symptômes de l'influence maléfique des Archontes. Bien sûr, les êtres humains peuvent d'eux-mêmes exhiber ce type de comportement. Mais ils sont aussi capables de prendre conscience de ce qu'ils font, de le corriger et donc de s'affranchir du tort. Lorsque l'action dépasse les limites, et se développe au-delà de toute correction possible, l'influence Archontique est alors manifeste. C'est ce que pensaient les Gnostiques.

La co-optation - c'est à dire le fait de prendre quelque chose de son contexte originel et de l'adapter ou de le détourner à des fins auxquelles elle n'était pas supposée servir - est une stratégie efficace de confrontation souvent utilisée dans les conflits légaux. Typiquement, l'accusation va prendre un fait ou un incident présenté par la défense et le retourner comme “preuve évidente” contre le défendant. Dans le cas d'un viol, par exemple, le comportement ou le style de vie de la femme victime, qui en aucune manière incite au viol, peut être coopté pour la défense du violeur afin qu'il paraisse “qu'elle le cherchait bien” et que seulement plus tard, après l'acte, elle décida de le considérer comme un viol. Ce type de problématique est tellement répandu dans le monde moderne que cela en devient écoeurant. C'est, cependant, cette stratégie d'opposition par le détournement qui caractérise les Guerres d'Hérésie menées par les premiers Chrétiens contre les Gnostiques, en particulier, et contre les Ecoles des Mystères, en général.

La contreintelligence Gnostique se focalisa sur les pouvoirs de détournement des Archontes. Inspirés par l'envie, ils oeuvrent au travers de l'imitation - sur ce point, les textes Gnostiques sont unanimes. Cela étant, les ondes de choc doivent s'être propagées dans les couloirs des temples des Ecoles de Mystères lorsque les premiers Chrétiens chasseurs d'hérésies accusèrent les Gnostiques d'imiter les sacrements Chrétiens. Justin Martyr, (second siècle), le premier représentant connu des hérésiarques agressifs, accusa platement les Gnostiques de voler dans la Bible. Un siècle plus tard, Hippolyte affirma que tout ce qui se trouvait dans les écrits Gnostiques était du plagiat emprunté à d'anciennes sources. Ce faisant, il attestait, à son insu, des racines pré-Chrétiennes et très anciennes du Gnosticisme mais son commentaire ne fut pas interprété de cette façon. Il était supposé signifier que les doctrines Chrétiennes, données par Dieu, devaient provenir de bien avant le temps de la création et c'était ces enseignements anciens que les Gnostiques imitaient. Tertullien, écrivant aux environs de 200 CE, affirma que:

“Le Diable dont le but est de pervertir la vérité, imite les conditions exactes des Saints Sacrements, dans les Mystères des idoles. Il en baptise lui-même certains, c'est à dire qu'il promet à ses dévots et à ses disciples le pardon de tous leurs péchés au-dessus du Fonts Sacré, et les initie ainsi dans la religion de Mythras: il marque ainsi sur le front ses propres soldats; il célèbre l'oblation du pain; il introduit le symbole de la résurrection et gagne la couronne par l'épée”.

Cette argumentation poursuit deux objectifs en même temps: elle établit la co-optation des sacrements Mythraïques dans les rituels Chrétiens et elle occulte ce fait en affirmant que le Diable (souvent identifié comme l'auteur des enseignements Gnostiques) imitait les sacrements Chrétiens lorsqu'il introduisit la liturgie Mythraïque. Le Christianisme ne pirate pas la religion Mythraïque, comme c'est évidemment le cas, mais il reprend ce qui lui appartenait originellement! L'expropriation, identifiée avec une très grande précision dans le cas du Mythraïsme, était une politique générale appliquée vis à vis des Ecoles de Mystères et même de certains enseignements Gnostiques, dans la mesure ou les Chrétiens y avaient accès. Armé de la logique Tertulienne, le Christianisme vola amplement et sans vergogne aux religions païennes.

Le piratage de la religion païenne était si évident aux personnes de cette époque - et pas seulement les théologiens mais les gens ordinaires de bon sens qui étaient familiers de la religion païenne - que Tertulien dut bâtir son argumentation de façon très tortueuse. Il cite le pouvoir d'imitation comme l'oeuvre du Diable. Par une pirouette astucieuse, il défend sa religion contre l'accusation des Gnostiques selon laquelle les Archontes, qui ne peuvent qu'imiter, sont à l'oeuvre dans les coulisses de l'idéologie de la rédemption. Tertullien met en avant l'incroyable explication selon laquelle Satan fait apparaître les sacrements avant que le Christ n'ait eu l'opportunité de s'incarner et de vivre la Passion, la Crucifixion et la Résurrection, mettant ainsi en place les prémisses fondamentales sur lesquels les sacrements seraient fondés: ainsi, “le Diable imite les conditions exactes des Saints Sacrements”. C’est une preuve Gnostique ou du moins ce serait considéré par les Gnostiques comme un preuve car elle fait allusion à l’influence mimétique des puissances extra-terrestres, “êtres de l’imitation”.

Le fait que les premiers idéologues Chrétiens co-optèrent les rites et les sites Païens et les renommèrent Chrétiens est un cliché maines fois répété dans l'histoire de la religion. De nos jours, dans le monde entier, les églises Catholiques se trouvent sur les sites d'anciens sanctuaires Païens. La cathédrale de Chartres, par exemple, est bâtie sur une grotte pré-Chrétienne dédiée à la Vierge Noire, une version de la Sophia Gnostique. Nous pourrions littéralement présenter des milliers de tels exemples, mais nous nous fatiguons aisément...

La lumière ineffable de la Gnose éclaire chaque chandelle qui fut allumée dans les sanctuaires Chrétiens.

Malédiction sur la Connaissance

L’histoire raconte qui a gagné l’argumentation lancée par Tertulien mais le bon sens commun nous dit que l’imitation est dépendante de quelque chose d’authentique qui pré-existe. (Ainsi que le dit un proverbe Sufi: “il n’y aurait pas de faux or si le vrai or n’existait pas”.) Il est possible que les racines du Mythraïsme remontent au quatrième millénaire avant l’ère commune, une date confirmée par les études archéoastronomiques utilisant la précession des équinoxes. Le dualisme Zoroastrien et le culte solaire, incorporés dans la religion Mythraïque, peuvent être datés par de nombreux vestiges Perses de 2234 av. EC (Laura Elizabeth Poor “Sanskrit and its Kindred Languages”, Page 142), et des notes attachées aux plus vieilles copies des dialogues de Platon indiquent que du temps de Platon, l’antiquité de Zoroastre était estimée à 6000 av. EC. Les enseignements et les rites Zoroastriens pré-existèrent le Christianisme d’une soixantaine de siècles. Qu’est ce qui a donc été imité? Ces antiques traditions ou les notions “parvenues” qui émergèrent parmi les Chrétiens convertis après 75 EC.

Durant les cinq premiers siècles, les convertis au Christianisme s’engagèrent dans une campagne de “purification intellectuelle”. Leurs cibles ordinaires étaient les intellectuels Païens de cette époque dont la plupart étaient des Gnostiques prééminents, des enseignants et des instructeurs liés aux Ecoles des Mystères. La connaissance et l’apprentissage étant sacrés dans le Gnosticisme, les ouvrages et les bibliothèques attachées aux Ecoles des Mystères furent les cibles privilégiées de l’holocauste intellectuel.

L’alphabétisation fut un problème durant les Guerres de l’Hérésie. De nombreux convertis Chrétiens étaient des esclaves qui ne pouvaient pas écrire ou lire. Les quelques convertis qui pouvaient lire se consacrèrent à élaborer un canon de textes acceptables, c’est à dire, d’écritures orthodoxes. Aussi étrange maintenant que cela puisse paraître, ils défendirent l’orthodoxie contre l’hérésie même avant que le canon fût établi. Le fondamentalisme Chrétien, du fond de l’Oklahoma jusqu’au Vatican, garde la Sainte Ecriture comme le monopole sur la naissance spirituelle de l’humanité. Pour une quantité incalculable de personnes jusqu’à nos jours, la Bible a été le seul texte sur la spiritualité faisant autorité alors que les Gnostiques avaient des milliers de textes sacrés. Leurs ouvrages étaient leurs richesses ce qui rendaient furieux les premiers Pères de l’Eglise qui luttaient contre eux.

Saint Augustin protesta amèrement contre les “nombreux ouvrages volumineux” que les Gnostiques produisirent qu’il comparait à de la nourriture consommée en rêve. Pire encore, non seulement les Gnostiques étaient des écrivains prolifiques et lucides mais en plus c’étaient aussi «de grands conférenciers dans la bouche desquels se trouve le filet du Diable et de la fiente d’oiseau faite des syllabes de Ton Nom [souverain Jésus]. Les mystiques au discours volubile sont implacables parce qu’ils répètent “Vérité” et “Vérité”» comme si c’était une femme qu’ils connaissent intimement. C’en était une, en fait. Les Gnostiques appelaient la sagesse qu’ils révéraient Sophia, un mot féminin en Grec, «et ainsi, ils me répétaient son nom mais elle était nulle part parmi eux mais ils parlaient faussement, non seulement au sujet de Toi qui est la Vérité dans la Vérité mais aussi au sujet des éléments de ce monde qui est le nôtre, ta création».

Dans la phrase, “mais aussi au sujet des éléments de ce monde qui est le nôtre, ta création”, Augustin fait sûrement allusion aux enseignements Gnostiques concernant le système planétaire détourné. A son époque, la suggestion que le Dieu Créateur pourrait être un extra-terrestre monstrueux avait été ensevelie sous un tabou puissant.

Au fil de la fermeture des Ecoles de Mystères, les Gnostiques ne possédaient plus d’environnement protégé dans lesquels ils pouvaient écrire, enseigner et conférer des initiations. L’apprentissage préparatoire et la transmission (paradosis) qui avaient lieu dans les Mystères tout autant que la connaissance exacte et précise requise pour la continuation d’un enseignement millénaire furent détruits à jamais sans espoir de retour. (l’éradication de l’enseignement monastique initiateur au Tibet lors de l’invasion Chinoise en 1950 constitue une situation comparable). De par la destruction du Gnosticisme, la détection des puissances Archontiques, à l’oeuvre dans la mentalité Chrétienne, devint de plus en plus difficile.

Quelle meilleure stratégie pour assurer le triomphe d’une idéologie de la rédemption influencée par les Archontes que d’exterminer les visionnaires accomplis qui étaient les seuls capables de détecter et de dévoiler cette influence?

Depuis la mort des Mystères, il est devenu extrêmement difficile d’acquérir la connaissance non-ordinaire qui était un sujet spécifique d’expertise Gnostique. Durant le Moyen Age, même la connaissance ordinaire sombra dans les caniveaux. Le forum ouvert des Ecoles de Mystères avait offert une inspiration culturelle et éthique à tout l’environnement de l’antiquité. L’orateur Romain Cicéron attesta que “dans les faits réels, nous avons appris d’eux les fondements de la vie”. Il n’est pas étonnant que leur destruction fut un tel désastre pour l’esprit humain. Lorsque le Christianisme prit le pouvoir, le monde classique devint un désert spirituel. Des milliers d’années d’enseignement s’étiolèrent. L’éradication totale de la littérature Païenne était déjà bien entamée du temps d’Augustin. Un siècle ou deux plus tard, lorsqu’il n’y eut plus de bibliothèques à détruire, l’Europe plongea dans un Age Sombre et fit sombrer dans les oubliettes le monde lumineux des Mystères.

John Lash. Mars 2005.

Traduction de Dominique Guillet.