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La Fable de Jésus

John Lash

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Traduction par Dominique Guillet

Pourquoi les “Codes” Gnostiques ne Nomment-ils pas le Jésus Historique

Sur ce site et dans mon ouvrage “Pas en Son Image”, j'ai argumenté sur le fait que “Jésus”, considéré comme le nom adéquat d'une supposée personne historique, n'apparaît pas dans les écrits Gnostiques Coptes. Il en est de même pour le terme “Christ” compris comme l'Incarnation ou le Fils de Dieu célébré dans la théologie de Paul et de Jean. Dans “Pas en Son Image”, j'ai écrit:

Dans les textes Gnostiques Coptes, les noms de Jésus et de Christ ne sont jamais écrits en plein mais ils sont indiqués par des codes tels que les lettres IS avec un trait au-dessus. Les érudits remplissent systématiquement les espaces, rendant IS par I(eseo)S, la forme en Grec du nom Hébraïque Yeshua. Ils prennent, en fait, de très grandes libertés littéraires car il n’existe aucune preuve textuelle permettant d’inférer que, dans l’usage qu’en faisaient les Gnostiques, le terme IS indiquait une personne historique portant le nom de Ieseos, Jésus. IS pourrait tout aussi bien être traduit d’une autre façon: I(asiu)S, qui donne le nom Iasius, le “guérisseur”, un titre plutôt qu’un nom commun. Néanmoins, les traducteurs supposent qu’IS indique le Jésus du Nouveau Testament. Les érudits, en bref, ne nous donnent pas la chance de supposer qu’IS puisse indiquer quelque chose d’autre qu’une personne réelle dont l’identité est prédéterminée.

Il en est de même pour Christ. Le code pour Christ est XS ou parfois XRS, ce qui pourrait tout aussi bien indiquer Christos ou encore Chrestos. En Copte, cela s’écrit XC, avec un trait au dessus. X est la lettre Grecque Chi et C est la lettre Copte S. Les érudits remplissent XC afin que cela puisse rendre “Christ”, jamais “Christos” malgré que “Christos” soit beaucoup plus cohérent de par la lettre finale S. Lorsque XC apparaît, par exemple, dans l’Apocryphe de Jean, les érudits mettent le Christos Grec entre parenthèses mais traduisent le terme codé par Christ. Ce faisant, ils identifient automatiquement XC avec l’entité bien connue de la théologie Johannine et Pauline. C’est encore une fois une liberté littéraire. Si l’on considère tous les écrits Gnostiques qui argumentent contre le rédempteur de Jean et de Paul, cette équivalence est extrêmement douteuse.


Codex de Nag Hammadi

Contestation de Forum

Je ne suis pas membre du forum “palmtree”, un site de discussions Gnostiques parce que je ne veux pas respecter leur règle de ne pas critiquer la religion. Parmi les aspects de “Gnosticisme Lashien” débattus sur ce forum, il y en a un concernant la problématique des nomina sacra, les termes codés supposés faire référence au Jésus Christ du Nouveau Testament. Puisque je ne peux pas répondre directement sur le forum, je vais clarifier, dans cet essai, ma vision des nomina sacra.

Un contributeur de ce forum écrivit:

“J'ai étudié le Copte depuis deux maintenant deux années. Dans ce laps de temps, j'ai lu une très large diversité de documents en Copte: proto-orthodoxes, orthodoxes, Gnostiques, Manichéens, des documents légaux et des factures de lessives. Une des choses que l'on retrouve communément dans ces divers genres, ce sont les nomina sacra, l'utilisation des abréviations telles que celles que Lash évoque sur ce forum (oui, même sur des factures de lessive). Dans tout le spectre de ces documents, les abréviations XS, XRS et IS font toutes référence au personnage connu par les auteurs comme une personne historique appelée Jésus le Christ.

En affirmant qu'il n'y pas de fondement certain pour assumer que ces codes font assurément référence à Jésus, Lash ignore tout le contexte de la littérature Gnostique. Il y a encore moins de fondements qui permettent d'assumer que c'étaient des codes pour les Païens (c'est à dire aucune preuve nulle part que cela pourrait être le cas) et il invente donc une conspiration pour soutenir sa vision:

“J'affirme que les nomina sacra furent utilisés délibérément pour indiquer qu'ils ne faisaient pas référence à Jésus et lau Christ, tels qu'ils sont compris en termes conventionnels. Les codes étaient destinées à nous mettre en garde contre des associations littérales. Les scribes qui traduisirent la matière Gnostique en Copte, étaient, je le pense, instruits d'utiliser ces codes, probablement sans savoir pourquoi”.

La parade classique des hommes en noir. Les codes étaient largement utilisés et donc les conspirateurs Païens doivent avoir utilisé communément des abréviations Chrétiennes pour cacher leurs conceptions Païennes. Où sont ses preuves? Il n'en fournit aucune à part de stipuler que c'est ce qu'auraient fait les Païens pour cacher leurs conceptions de l'établissement Chrétien Orthodoxe oppresseur - qui n'existait pas encore à l'époque où ces textes ont été rédigés!”

Premier "Lasher"

En premier lieu, je n'affirme pas que des “conspirateurs Païens”, cachés dans les buissons, aient inséré les codes. Je propose que les scribes furent requis d'utiliser ces codes par quiconque les dirigea et supervisa les transcriptions qui nous parviennent aujourd'hui dans la matière des Codex de Nag Hammadi. Qui a commissionné ces transcriptions de textes originels Grecs (présumés) perdus en Copte? Personne ne le sait. Pourquoi des écrits en langue Grecque furent-ils, en fait, traduits en Copte? Personne ne le sait. Ceux qui commissionnèrent les traductions le firent pour préserver les conceptions Gnostiques ou pour les réfuter? Personne ne le sait.

Nous savons, par contre, que le Copte fut un langage inventé (autour de l'an 100 EC) pour transcrire les hiéroglyphes, à une époque durant laquelle il ne restait que peu de gens en Egypte qui fussent capables de les lire, et que subséquemment le Copte devint la langue officielle du mouvement monastique Chrétien Egyptien. Vraisemblablement, vers le milieu du 4 ème siècle lorsque les Codex de Nag Hammadi furent cachés, le Copte était utilisé principalement par des moines Egyptiens qui avaient été convertis à une forme primitive de Christianisme - le mouvement monastique du désert. Il est connu que les leaders de ces camps d'entraînement cénobites, tels que Shenoute d'Athribis, étaient des idéologues enragés qui promouvaient ouvertement des moyens violents pour anéantir et éradiquer tout ce qu'il restait de la culture non-Chrétienne. Voici un extrait de Pas en Son Image:

Juste en face de Dendera, de l’autre côté du fleuve, se trouvent les ruines d’un antique monastère Copte, Tabennisi. A l’époque où les Codex furent cachés dans une grotte, aux environs de 345 EC, le fondateur du monastère, le moine cénobite Pachomius, venait juste de mourir. Une génération plus tard, le monastère tomba sous le contrôle de Shenoute d’Athribis (348-466), le chef de file de l’église Chrétienne Copte et un proche allié de Cyrille d’Alexandrie, l’homme qui orchestra probablement le meurtre d’Hypatia. A son grand désarroi, Shenoute s’aperçut qu’un petit groupe de Gnostiques persécutés avaient trouvé refuge dans le Temple d’Hathor. Il écrivit à Cyrille que les hérétiques possédaient des “livres remplis d’abominations” qui devaient être assurément détruits. Shenoute ordonna aux Gnostiques de renoncer à leurs croyances perverties et d’accepter Cyrille comme leur maître spirituel. Lorsque les Gnostiques résistèrent, Shenoute les avertit dans un langage très clair: “Je vous ferai reconnaître l’archevêque Cyrille sinon la plupart d’entre vous périront par l’épée et ceux qui survivront seront envoyés en exil”.

Cependant, ce sont des hommes tels que Shenoute qui supervisèrent la transcription des écrits Gnostiques de langue Grecque en Copte. Est-ce vriament le cas? Se pourrait-il que les scribes qui étaient les copistes, et NON pas les auteurs de ces documents perdus, aient été secrètement des hérétiques, des amis ou des étudiants de Gnostiques qui tenaient bon, tels ceux qui trouvèrent refuge à Dendérah, ou des natifs Egyptiens restés fidèles, d'une certaine mesure, aux traditions pré-Chrétiennes de leur terre? Nous ne savons tout simplement pas si les scribes des Codex de Nag Hammadi étaient des moines Chrétiens qui exécutaient les ordres comme des robots ou s'ils constituaient un reliquat d'arrière-garde d'étudiants des Mystères Egyptiens qui, pour quelque raison étrange, choisirent de préserver des notes confuses de leur instruction dans le langage des conquérants Christianisés.

S'ils étaient des moines de l'Eglise Chrétienne Copte, leur mission assignée, en transcrivant cette matière, eut été de les Christianiser ou de les réfuter. C'est, je pense, une hypothèse naturelle et raisonnable.

S'ils étaient des purs et durs du Gnosticisme, ou des sympathisants à la cause, ils auraient tenté de préserver autant de contenu authentique Gnostique que possible tout en étant entravés par la tâche effrayante de cacher leurs intentions; d'où l'effarant méli-mélo qui en résulte. Cela est également, je suppose, une hypothèse raisonnable.

L'incohérence de ces textes, et le mélange affolant d'éléments Chrétiens et non-Chrétiens, me laissent penser que des moines parlant Copte transcrivirent un salmigondis de textes reçus qu'ils ne pouvaient qu'à peine comprendre. Cette supposition est validée par la quantité considérable d'erreurs d'écriture et d'incohérences.

Second "Lasher"

Le contributeur du forum affirme catégoriquement : “Dans tout le spectre de ces documents, les abréviations XS, XRS et IS font toutes référence au personnage connu par les auteurs comme une personne historique appelée Jésus le Christ.”

Très bien, revenons d'un ou deux pas en arrière pour analyser cette affirmation. Ce que cette affirmation signifie, c'est que les érudits d'aujourd'hui sont tous d'accord sur la signification des codes mais nous n'avons aucune certitude quant à ce que les codes signifiaient pour les gens qui en furent les auteurs. Ma question est la suivante: Dans quelle partie de ces écrits, issus d'une époque et d'un contexte spécifiques, trouvons nous quoi que ce soit qui nous explique qui établit les nomina sacra et pourquoi? J'aimerais bien voir cette information dans les sources textuelles du 4 ème siècle ou d'avant.

Je ne sais pas qui a établi les conventions d'écriture que l'on trouve dans les Codex de Nag Hammadi. Je présume que ce n'était pas les scribes eux-mêmes mais quiconque les supervisa. Aurait-ce pu être les grosses têtes de la hiérarchie de l'Eglise Copte Chrétienne, des hommes tels que Shenoute? Probablement. Dans ce cas, devons-nous assumer que les superviseurs insistèrent pour que les codes spécifient une allusion au Jésus Christ du Nouveau Testament? Mais s'ils étaient si déterminés quant à cette identification, pourquoi alors utiliser des codes? Pourquoi ne pas être littéral et totalement direct en nommant la personne visée? Une telle franchise ne serait-elle pas cohérente avec l'attitude des premiers Pères de l'Eglise concernant la valeur historique de leur narration sacrée? Si nous assumons que les superviseurss imposèrent le code, nous sommes confrontés à cette question de savoir pourquoi, ceux qui prônaient le Jésus littéral et qui élevaient cette figure humaine à un statut divin, auraient-ils encodés Son Nom?

Gardons à l'esprit que des exemples de nomina sacra, autres que IC et XRS, se trouvent dans les écrits de Nag Hammadi. L'Apocalypse d'Adam (V, 5) donnent ces noms en code ou entièrement épelés avec une barre au-dessus: Seth, Adam, Eve (Euha), Deucalion (un personnage de la mythologie Grecque), Ham, Japeth et Shem (les fils de Noé), Sakla (un nom pour le Démiurge), Abrasax, Sablo, Gamaliel (des divinités magiques Gnostiques), le mot Pneuma (esprit en Grec), Phersalo et Sauel, le mot Eon, Michou, Michar et Mnesinous (des esprits angéliques Gnostiques) et Yesseus Mazareus Yessedekeus (nom d'invocation pour “l'Esprit des Eaux Vivantes”). Le nom Noé, par contre, n'est pas codé et Adam est codé mais sans consistance.

Maintenant, je ne pense pas qu'il y ait un érudit pour argumenter que ces nomina sacra fassent référence à des personnes historiques connues réellement pour avoir vécu au début de l'ère Chrétienne. Donc, pourquoi XC et XRC seraient-ils différents? Si la convention d'écriture était telle, où est la preuve textuelle dans les écrits de ceux qui introduisirent cette convention? En l'absence d'une telle preuve, l'interprétation communément acceptée par les érudits modernes au sujet de XC et de XRC n'est que de la spéculation pure et simple. Et ma spéculation est tout aussi valable que la leur.

Je propose que le Copte IC, le Grec IS, puissent indiquee I(asiu)S plutôt que I(eseo)S, le nom Grec de Jésus.

“Toute la problématique dépend du sacramentalisme, l'ingestion enthéogénique réelle ou symbolique. De nombreux Gnostiques pratiquaient l'ingestion enthéogénique réelle et en vinrent à identifier l'enthéogène avec Iasius, “le Guérisseur”, Jésus. Les fascistes canoniques, rivés à la conquête politique de l'Empire, insistèrent sur l'ingestion enthéogénique symbolique, assassinèrent à la fois les Nazaréens originels et leurs premiers disciples Gnostiques, et ils brûlèrent tous leurs écrits”. Dan Russell: Shamanism, Patriarchy and the Drug War.

Très bien, mes amis de palmtreegarden, prenez-donc une bouchée de celui-là. Quant à moi, je n'accepte pas l'identification directe de Jésus/Iasius avec un sacrement enthéogénique, mais aujourd'hui, nombreux sont ceux qui l'acceptent. Et de plus en plus, semblerait-il. Je propose plutôt que les codes XC et XRC, ainsi que d'autres codes cités ci-dessus, étaient appliqués à des sources mythologiques émanant de la tradition Païenne. Pour les fascistes canoniques qui devaient traiter des écrits hérétiques afin de les réfuter, cette matière était hautement ambiguë et devait être désamorcée. Il fallait subvertir ses allusions originelles. Adam, par exemple, pouvait être compris, dans le sens Gnostique, comme le “premier humain” ou Anthropos et non pas un ancêtre mâle littéral; mais les policiers de la pensée, tels que Shenoute, auraient insisté sur l'interprétation unique et littérale. Cela eut été à leur avantage de jeter le doute sur ces écrits épineux en les encodant, et donc, dans un certain sens, en affirmant leur droit souverain de déterminer la signification du code. Une manière astucieuse de dire: “nous avons fait de ce nom un objet de notre connaissance privilégiée, et il vous faut passer par nous pour en connaître le sens”.

Mais l'insistance sur l'identification littérale de XC et de XRC, de la part des Pères de l'Eglise, n'invalida pas, et ne les invalide toujours pas, les riches allusions alternatives qui sont de loin antérieures à la ruse patristique - si c'en était une. Je mets au défi n'importe lequel des érudits, aujourd'hui, de me dire que Deucalion, le nom mythologique que l'on trouve sous forme encodée dans les Codex de Nag Hammadi, était une personne historique et rien d'autre qu'une personne historique.

Troisième "Lasher"

Le contributeur du forum m'accuse d'utiliser “la parade classique des hommes en noir”. Et bien, je ne connais aucun homme en noir mais, par contre, je connais des femmes qui se vêtissent de telle couleur, et même avec des collants à larges mailles tenus par des porte-jarretelles ornés d'amulettes Gnostiques de Chnuphis, le dieu serpent, gravé d'ambre et de jade. Récemment, je demandai à l'une de ces prostituées mystiques ce qu'elle pensait des notions Païennes cachées dans les codes secrets des Codex de Nag Hammadi. Elle rigola et me dit: “C'est dingue mais il se cache plus de notions Païennes dans mes dessous que dans tout le corpus Gnostique. Mais sérieusement John, ajouta-t-elle, est ce que ce gars te fait dire que des Païens traduisirent les Codex et insérèrent des codes? Tu ferais mieux de clarifier ce sujet, mon cher, même si c'est un peu laborieux”.

Je présume que le contributeur du forum et moi-même sommes d'accord, sur la base des évidences historiques, que ce sont des scribes Chrétiens Coptes, et non pas des Païens, qui transcrivirent les textes de Nag Hammadi - bien que je doive souligner, de nouveau, que les personnes qui rédigèrent les textes n'en furent pas les auteurs et que probablement, très souvent, ils ne comprenaient pas ce qu'ils traduisaient. Le contributeur du forum insiste sur le fait que les nomina sacra font référence “au personnage connu par les auteurs comme une personne historique appelée Jésus le Christ.” Mais, attention, nous ne savons pas qui furent les auteurs des Codex de Nag Hammadi, n'est ce pas? Et qui plus est, ce ne furent pas les auteurs des originaux perdus qui appliquèrent les codes mais ce furent les traducteurs. N'est ce pas?

Si tel fut le cas, soit les moines traducteurs inventèrent eux-mêmes les nomina sacra, soit ils furent requis de les utiliser par leurs superviseurs. Je pencherai pour la seconde option ce qui nous laisse perplexes quant à l'identité de ceux qui les instruisirent et quant à leurs raisons, ainsi que je l'ai déjà souligné. Nous n'en savons rien, point à la ligne. “Houston, nous avons un problème”. (allusion au centre de contrôle de la NASA. NDT).

Mais il serait plus justifié de dire: “Jérusalem, nous avons un problème”. Nous plongeons ici au coeur d'une opération supervisée par le “centre de mission” à Jérusalem, soit symboliquement soit littéralement.

En présumant, à tort, que je déclare que des conspirateurs Païens insérèrent les codes, mon interlocuteur de palmtreegarden dit: “il n'existe aucune preuve nulle part que cela pourrait être le cas”. Totalement vrai. Et il est tout aussi vrai, pour autant que je sache, qu'il n'existe “aucune preuve” pour valider l'opinion des érudits modernes selon laquelle XC et XRC font expressément référence “au personnage connu par les auteurs comme une personne historique appelée Jésus le Christ.” S'il existe une preuve de cela, étudions-la. Et nous saurons ainsi qui a introduit les codes et pourquoi!

Encore Quelques Eléments de Chicanerie

Le contributeur du forum ajoute: “Les Païens constituaient la culture dominante et n'auraient eu aucune raison de cacher leur croyances dans des codes”. Sortez un peu le nez de ces factures Coptes de lessive et ouvrez des livres d'histoire. En 391, environ une cinquantaine d'années après que les Codex eussent été enfouis à Nag Hammadi, Théodosius déclara que le Christianisme était la religion officielle de l'Empire et interdit strictement tous les cultes Païens. Cela faisait des siècles que les vagues déferlaient contre la religion Païenne et les Mystères. Depuis les première attaques contre les Gnostiques par les idéologues Chrétiens aux environs de l'an 150, l'atmosphère de tolérance se désintégrait rapidement dans le monde classique. La police de la pensée, et ses meutes déchaînées et aveugles, avaient, à maintes reprises, prouvé comment ils pouvaient traiter l'opposition. Durant le 4 ème siècle, les Païens avaient de très bonnes raisons d'exercer la prudence quant aux conceptions qu'ils exprimaient.

Dissidence Gnostique

Donc, qu'en est-il de tout cela? Ce ne sont pas juste des chicaneries concernant des conventions d'écriture en Copte, c'est une bataille dont l'enjeu est le contrôle narratif. Insister sur le fait que XC et XRC nomment la personne historique Jésus, c'est insister sur le fait qu'une telle personne exista pour être nommée: c'est réellement le coeur de l'argumentation.

Mais je maintiens qu'une telle personne historique supposée, qu'on lui attribue ou non un statut divin, n'a jamais existé et que donc les codes n'auraient jamais pu la nommer. Les codes pourraient avoir été introduits par les Pères de l'Eglise pour renforcer la fabulation autour de cette personne, et non point pour prouver son existence. Les nomina sacra ne prouvent rien et il vaut mieux les lire comme des allusions mythologiques ambivalentes. Le consensus des érudits, quant au fait que les codes identifient Jésus, est fondé sur la supposition qu'il y avait en premier lieu un Jésus à nommer. Cependant, une pléthore gigantesque de preuves historiques et textuelles et d'opinions désintéressées démontre, premièrement, l'absence totale de récits contemporains fiables sur l'existence de Jésus et, secondement, l'utilisation ambiguë de Christ, Christos, Chrestos et Chrestus dans les écrits canoniques jusqu'au cours du 5 ème siècle. Même Paul, le fondateur incontestable de l'idéologie de la rédemption Chrétienne (qu'il pirata aux Zaddikites et détourna à ses propres fins ou aux fins de ses commanditaires Romains) néglige strictement l'existence historique du Sauveur.

Le contributeur du forum ne fait qu'une chose: c'est de conforter la fable de Jésus. Insister sur le fait que les codes Coptes nomment une personne historique, c'est affirmer l'existence de cette personne. Pour autant que je sache, il se peut même que le contributeur ne croie pas en l'existence du Jésus historique mais il fait sien le consensus des érudits selon lequel les codes furent destinés à nommer le personnage central du Christianisme dont l'image fictionnelle était encore en élaboration durant le 4 ème siècle. Je suppose, cependant, que le contributeur et les érudits dans lesquels il met toute sa confiance, acceptent quand même que Jésus Christ ait vécu en tant que personne historique dont l'existence peut être prouvée. Ils adhérent à la vision littérale et fondamentaliste de Jésus Christ.

Qu'il en soit ainsi. C'est le cas d'un nombre incalculable de lourdauds bornés sur cette planète. Mais il est éminemment clair pour certains d'entre nous que, depuis l'époque de Renan et de Schweitzer, il a été prouvé que le Jésus historique n'est qu'une fiction, qu'une fable patente et, qui plus est, une affabulation qui procède de la collusion aveugle de personnes confuses et souvent haineuses. C'est à chacun d'entre nous de décider où nous nous situons vis à vis de cette collusion et de décider si nous nous y opposons. Il ne peut y avoir de compromis quant à ce qui concerne Jésus. La dissidence Gnostique est une option radicale et pas des ronds de jambes de réconciliation.

En m'opposant aux identifications de XC et XRC, je me fonde sur mes études et je pratique la dissidence Gnostique. En tant qu'érudit, je refuse de cautionner l'affabulation de Jésus et de participer à l'invention du Sauveur. Je refuse d'être impliqué dans la fabrication permanente de l'image illusoire de Jésus. Je rejette tous les messies, mais avant tout celui-là.

Je suis tout à fait disposé à prendre des leçons, à l'occasion, de conventions d'écriture de la part de personnes sérieuses mais l'importance de ce sujet dépasse de loin toutes ces chicaneries. Je conclurai cet essai avec la question suivante:

Quelle est la finalité de s'impliquer dans la matière Gnostique si nous ignorons la puissance du rejet du programme de rédemption, qui est intrinsèque au message Gnostique Païen, et si nous utilisons les études des érudits comme un prétexte à faire perdurer la fable de Jésus, la victime divine dont la destinée exaltée contamine à ce point la monde qu'elle est venue sauver?

John Lash

Traduction de Dominique Guillet.