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Le Mythos de Gaïa

"Sources"

John Lamb Lash

Télécharger l'essai.

Traduction par Dominique Guillet de l'essai "Sources for the Gaia Mythos "

Le Mythe de Gaïa est une histoire à propos de nous, l’espèce humaine, et à propos de nos origines resituées dans la perspective d’une histoire plus globale qui concerne le drame cosmique de Gaïa, la Déesse Terre. On ne pouvait pas auparavant évoquer ainsi le récit de l’évolution humaine car une partie essentielle de l’histoire manquait. Le scénario Gnostique de la “déesse déchue”, appelée Sophia, pourvoit les éléments manquants. L’histoire que nous présentons s’inspire de notions spécifiques à la cosmologie Gnostique, qui expliquent qui était Gaïa avant qu’elle ne fût connue comme la divinité demeurant en la Terre; elle s'inspire également d'un éventail d’autres connaissances, qu’elles soient poétiques ou scientifiques, anciennes ou modernes. Cet essai préliminaire expose le contexte et les sources du Mythe de Gaïa.

Une Nouvelle Histoire Cosmique

Le Mythe de Gaïa est une improvisation imaginaire sur des thèmes que l’on trouve dans les anciens mythes et dans les traditions indigènes du monde entier. Il s'appuie plus sur des visions poétiques que des théories scientifiques bien qu'il s'inspire parfois de phénomènes scientifiques pour autant qu'ils soient dissociés des spéculations et des intrigues qui leur sont corrélées. (Par exemple, une photographie de collision de galaxies prise par le télescope d'Hubble est un phénomène qui est distinct des théories élaborées et des formules mathématiques occultes qui tentent d'expliciter ce que la photographie révèle.) Lorsque le mythe, occasionnellement, emprunte une notion telle que celle de “singularité” à l'astrophysique, il ne tente pas de restructurer tout le corps de la théorie astrophysique en termes mythologiques. Au contraire de l'ouvrage “The Universe Story” (1992) de Brain Swimme et de Thomas Berry, le Mythe de Gaïa n’est pas une version mythologique du scénario cosmologique moderne. Ainsi que Theodor Roszack le souligne (dans “Nature and Nature‘s God”, pages 103-136 in Alexandria 5, édité par David Fideler):

“L’approche adoptée par Swimme et Berry est probablement trop empreinte de téléologie non déguisée pour être présentable dans les cercles académiques conventionnels - elle présente des forces naturelles hautement personnifiées qui programment, cherchent et réalisent - mais l’esquisse générale de ce qu’ils veulent exprimer n’est pas vraiment différente de travaux similaires réalisés par des scientifiques reconnus”.
Le Mythe de Gaïa diverge considérablement de la cosmologie proposée par les scientifiques conventionnels et même s’il propose “des forces naturelles hautement personnifiées”, il ne les développe pas dans le même esprit que Swimme et Berry. “The Universe Story” est un tour de force inspiré qui explore en profondeur les dimensions empathiques et imaginatives de l’élaboration du mythe mais (comme Roszak le souligne) il reste confiné dans les limites du paradigme cosmologique actuel.

La finalité du Mythe de Gaïa n’est ni de promouvoir la science conventionnelle contemporaine ni de s’auto-justifier par voie d’association avec cette science. Son objectif est, plutôt, d’introduire un cadre narratif pour une science sacramentale des sens, un chemin visionnaire que l’on pourrait appeler biomysticisme. Le Mythe est une histoire de consécration dont le propos est de recouvrer la relation de communion de notre espèce avec la nature. Afin de nous reconnecter à Gaïa en tant qu’alliés bienveillants en harmonie avec Ses desseins, il nous faut un récit de vision qui possède le pouvoir de nous transformer en visionnaires, et non point seulement une histoire qui nous permette de visualiser en termes quasi-mythologiques ce que nous raconte la science contemporaine à Son sujet.


Le Scénario Conventionnel

Le canevas du scénario qui est commun à la science moderne et à la narration Biblique présente “l’histoire de l’univers” en trois chapitres ou phases épiques:

Chapitre 1: Création du Cosmos

Bible: Dieu proclame “que la Lumière soit” et puis il façonne les cieux et la terre à partir du chaos (les eaux primordiales).

Science: Le Big Bang arrive, suivi d’un éclair de lumière, puis des nuages massifs de particules élémentaires se propagent dans toutes les directions au fil de la création de l’espace. Les galaxies émergent finalement à partir des nuages de particules élémentaires.

Chapitre 2: Evolution de la Vie sur Terre

Bible: Dieu façonne les royaumes de la nature et produit les océans, l’air, etc, et remplit le monde avec des créatures de toutes sortes.

Science: Des milliards d’étoiles naissent à partir du chaos cosmique et dans une galaxie, un système planétaire se forme dans lequel les conditions pour la vie organique émergent des sphères inorganiques grâce à des réactions dues au hasard qui se déroulent sur des milliards d’années. La planète que nous habitons commence à se former il y a 11 milliards d’années après le Big Bang, environ 4,5 milliards d’années avant le présent. La Terre acquiert éventuellement une atmosphère qui lui permet d’accueillir des millions d’espèces.

Chapitre 3: Emergence de l’Humanité

Bible: Dieu crée Adam et Eve par un acte de création séparé du reste de Ses activités créatrices et leur donne l’autorité sur la terre et toutes ses créatures. Mais aussitôt qu’il a conféré aux parents de notre espèce un statut privilégié, Il les maudit pour avoir goûté d’une plante magique qui induit un état quasi-divin d’illumination. Pour punir nos parents originels du péché de goûter le fruit défendu, le Dieu Paternel les chasse de l’Eden, l’état paradisiaque de communion avec la nature.

Tout cela se passe vers 6000 av. EC, selon les calculs de l’Evêque Ussher, un fondamentaliste du 19 ème siècle qui s’opposait aux théories de l’évolution. Aux environs de 3500 av. EC, à mi-chemin entre le début et le présent, les êtres humains commencent à écrire des histoires (par exemple, les cosmologies cunéiformes Babyloniennes) pour expliquer comme le monde vint à être et comment l’humanité se situe vis à vis du Créateur. Le récit Biblique du Déluge et autres éléments de l’intrigue de l’Ancien Testament dérivent tous d’antiques récits que l’on retrouve dans les écrits de la Mésopotamie.

Science: A partir de la formation de la Terre, il y a 4,5 milliards d’années, il faut attendre 55 millions d’années avant l’ère présente pour que les premiers primates émergent; les premiers hominidés apparaissent il y a 7,5 millions d’années. L’espèce humaine émerge donc très tard dans l’évolution de la planète. (Si nous comparions toute la durée d’évolution de la Terre à une journée de 24 heures, la présence humaine sur la planète correspondrait à moins que la dernière seconde de cette journée).

Dans “The Universe Story”, Swimme et Berry consacrent les chapitres 1 à 4 au cosmos pré-terrestre, les chapitres 5 à 8 à l’évolution de la Terre avant que l’espèce humaine n’apparaisse et les chapitres 9 à 13 à l’évolution de l’humanité jusqu’à l’ère présente. Au moins neuf disciplines scientifiques sont nécessaires pour développer la structure de cette conjecture: cosmologie générale (incluant la relativité et les quanta), astrophysique, chimie inorganique, physiques planétaires, géologie, chimie organique, biologie, paléoanthropologie et anthropologie historique.

La structure du Mythe de Gaïa ne suit pas le déroulement du scénario qui est tracé ici. Le Mythe de Gaïa ne raconte pas l’émergence du cosmos à partir d’un vide indéterminé. Il commence avec un cosmos pré-existant et se focalise sur un événement qui se passe dans une galaxie particulière, juste une galaxie dans un univers empli de milliards de galaxies. Le Mythe de Gaïa est narré en épisodes qui évoquent l’expérience de Gaïa en tant que divinité cosmique, un Eon en termes Gnostiques. C’est donc réellement l’histoire de Gaïa, pas une narration cosmique dans laquelle Gaïa ne joue qu’un rôle limité.

Empathie avec Son Histoire

La théorie scientifique et la narration Biblique s’accordent sur la structure du scénario mais divergent, assurément, sur les processus dynamiques de mise en oeuvre. La divergence la plus frappante concerne la problématique de l’évolution humaine. Depuis les fameux débats du 19 ème siècle, l’évolutionnisme Biblique et le Darwinisme ont été en conflit violent. Comme tous les préhistoriens conventionnels qui adhèrent à l’orthodoxie scientifique, Swimme et Berry suivent la théorie Darwinienne de l’évolution humaine. Ici encore, le Mythe de Gaïa diverge radicalement des théories reconnues. Il n’adopte pas les notions Darwiniennes quant à “l’ascension de l’homme”, une théorie “impossible à valider par l’expérimentation parce que les événements cruciaux soit se manifestèrent dans un passé reculé soit demanderaient des milliers d’années avant qu’une conclusion puisse en être tirée”. (Norman Macbeth, Darwin Retried).

La validité du Mythe de Gaïa repose non pas dans la validation de ce qu’on ne peut pas prouver mais plutôt dans un acte d’imagination qui nous implique avec Gaïa au niveau de nos sens. Le défi consiste à imaginer non seulement comment les choses dans le cosmos pourraient être, mais comment elles sont réellement. Le biomysticisme Gaïen fut anticipé par les alchimistes dont nous pourrions mettre à profit les principes de nos jours:

“La nature réalise ses oeuvres progressivement et je te demanderai assurément de faire de même: que ton imagination soit totalement guidée par la nature. Et observes selon la nature au travers de laquelle les substances se régénèrent dans les entrailles de la terre. Et imagines cela avec l’imagination vraie et non pas l’imagination fantastique.” (Artis Auriferae, “The Art of Goldmaking” 1610).

A ceux qui seraient tentés de se méfier du Mythe de Gaïa ou même de le rejeter, à priori, parce qu’il ne suit pas la ligne du parti Darwinien quant à l’évolution de l’espèce, je dirais qu’un récit de vision authentique ne peut être ni validé ni invalidé par comparaison avec des intrigues ou des dogmes en habits religieux ou scientifiques. La problématique est ici de déterminer comment nous, les plus talentueux et les plus déviants parmi la progéniture de Gaïa, entrons en communion avec Son Histoire (NDT: John Lash, tout au long de cet essai, utilise un néologisme anglais qu'il a créé “Herstory” pour souligner la contrepartie féminine du mot History, His/story). Se quereller sur la manière dont les éléments de l’histoire s’empilent contre les théories scientifiques est une perte de temps. Il est de loin préférable d’admettre, d’avance, que le Mythe de Gaïa est non-falsifiable, dans l’acception de ce terme appliqué par Karl Popper, le critique éminent de la méthode scientifique de la fin du 20 ème siècle. Popper affirma qu’une théorie n’est par définition scientifique que lorsqu’on peut prouver qu’elle est fausse. Si elle est non-falsifiable, ce n’est pas une théorie scientifique. L’affirmation selon laquelle Adam et Eve furent créés par le Dieu Paternel de la Genèse est non-falsifiable. Personne ne peut prouver que cela ne soit pas vrai et personne ne peut prouver, non plus, que cela soit vrai.

Le Mythe de Gaïa est non-falsifiable et il ne prétend pas constituer un théorème scientifique. C’est un récit de vision mais le caractère visionnaire du Mythe ne l’empêche pas d’induire, en nos esprits, une connaissance profondément intuitive des processus de la nature tels qu’ils se sont réellement déroulés sur de très longues périodes de temps. Bien que cela ne soit pas une narration scientifique, il peut encourager le type de compréhension que la science tente de nous offrir (peut-être, d'ailleurs, sans vraiment accomplir sa promesse). C’est pour cela que le Mythe de Gaïa n’ignore pas, n’écarte pas les faits de la nature et les phénomènes mis en évidence par les sciences, dont l’astrophysique et la biologie évolutive. Il incorpore, par moments, des faits scientifiques au cours du processus de son élaboration. Au fil des épisodes, cela deviendra évident (je l’espère) qu’un scénario mythique peut inclure des faits confirmés par la science et peut même résonner avec certains aspects de la théorie scientifique prévalente, sans pour cela considérer la science comme l’autorité suprême. La véracité de cette vision repose sur la manière dont elle favorise l’empathie humaine avec le monde naturel et accroît les pouvoirs latents de l’imagination qui sont essentiels aux facultés d’auto-détermination de notre espèce. Le propos ultime du Mythe est d’être le catalyseur d’un rappel et d’un rapport profonds enracinés dans le pouvoir inhérent à la Muse, la voix mélodieuse de la mémoire ancestrale.

Les principales sources pour le contexte du Mythe de Gaïa sont au nombre de quatre: la psychologie du Temps de Rêve (DreamTime), les métaphysiques de l’Asie, la biologie sacrée et la connexion Gnostique.

Physiques du Temps de Rêve

Le mythe Hindou de Vishnu, le dieu qui rêve l'univers, rappelle l'axiome des Kalahari Bushmen d'Afrique du sud: “Il y a un rêve qui nous rêve”. Les Aborigènes d'Australie, proches cousins des Bushmen, sont les héritiers d'une tradition orale qui s'étend sur 40 000 années, sinon plus. Ils fondent leur vision du monde sur une dimension appelée “Alcheringa”, le Temps de Rêve. Pour eux, le Temps de Rêve ne se situe pas dans le passé comme les étrangers ont tendance à l'assumer. Ce serait plutôt le Présent Eternel avec le passé et le futur qui s'y nichent. Les mondes visibles et invisibles, les événements sensoriels et spirituels, les dieux et les humains, le soi et l'autre, sont accouplés dynamiquement dans le Temps de Rêve. Robert Lawlor écrit:

“La cosmologie Aborigène nous permet de concevoir une création sans le besoin de faire l'hypothèse d'une évolution physique ou d'une transcendance spirituelle. Une création pleinement présente, incarnée, et magique dans l'union de ses dimensions physiques et métaphysiques.” (Voices of the Earth. Page 389).

Il en est de même pour l'histoire de création élaborée dans le Mythe de Gaïa. Le Temps de Rêve est un événement qui persiste éternellement, sans commencement et sans fin, et qui soutient le jeu constant des conditions changeantes, les phénomènes du monde. Lorsque le Temps de Rêve s’exprime dans une connaissance et un comportement particuliers, les Aborigènes font référence au Rêve de la créature qui incarne cette connaissance et qui exhibe ce comportement. Le Rêve du Kangourou, par exemple, est un résumé de la connaissance innée et du comportement instinctif de tous les kangourous, en remontant au Temps de Rêve des ancêtres. On pourrait dire, en termes biologiques, que c’est la représentation du génome de l’espèce kangourou.

Toutes les créatures, organiques et inorganiques, humaines et non-humaines, vivent et meurent par le Rêve qui joue au travers d'elles. Selon la vision du monde Aborigène, le don unique des humains de créer de la culture procède de notre capacité de nous souvenir du Rêve et de le redire, pas seulement celui de notre espèce mais celui des autres espèces également. La croyance indigène selon laquelle le rôle de l'humanité est de se souvenir des événements du Rêve pour toutes les créatures est en phase avec la suggestion présentée dans l'essai Sharing the Gaïa Mythos: à savoir, que l'espèce humaine active un circuit de mémoire pour Gaïa.

Métaphysiques et Sciences Physiques

Les métaphysiques Asiatiques sont un terme générique pour désigner un éventail de traditions spirituelles très anciennes du Japon, de Chine, du Tibet, d'Inde et de Mongolie. Le Bon Po au Tibet, le Taoïsme en Chine et le Shinto au Japon, par exemple, sont des phases tardives de religions shamaniques dont les origines remontent à l'Age Paléolithique. Le complexe Indo-Tibétain, comprenant le Tantra Hindou, le Vedanta, le Shivaïsme du Cachemire et le Vajrayana incluant le Dzogchen, le Mahayana et l'Hinayana, qui sont des variantes du Bouddhisme, est un vaste trésor de pratiques et de philosophies riches et complexes. Dans tous les cas, la pensée cosmologique et métaphysique Asiatique se développe à partir d'une expérience directe et une application directe de ce qu'on pourrait appeler les sciences mystiques.

Le yoga en est la pratique suprême et il fut développé par les sages Himalayens, diversement connus sous les noms de yogis, lamas, rishis, siddhas, mahatmas et vidyadharas.

En termes de Temps de Rêve, le propos du yoga est d'introduire ceux qui sont rêvés au Rêveur.

Les métaphysiques Asiatiques résonnent intimement avec les intuitions indigènes du Temps de Rêve. En fait, elles restituent ces intuitions sous une forme intellectuelle claire et cohérente. Les métaphysiques Asiatiques ne constituent pas une philosophie spéculative assumant l’existence d’une sphère supra-matérielle, comparable au domaine des idées Platoniques, à partir de laquelle le monde matériel s’est développé. Elles constituent, plutôt, un exposé cohérent de la structure et des dynamiques du Temps de Rêve. On pourrait dire qu’elles exposent les “physiques du temps de Rêve” en théorie et dans la pratique. Les métaphysiques Asiatiques présentent une explication holistique de la manière dont laquelle la myriade de mondes émerge, dans les différentes dimensions, et se répandent dans le temps passé et dans le temps futur tout en restant enracinés à jamais dans l’Eternel Présent.

Dans le Tantra Hindou, la notion d'évolution, telle qu'on la conçoit en termes Occidentaux, n'existe pas. On peut traduire le terme Sanscrit
parinama par évolution mais il est mieux rendu par “émanation”. La cosmologie d'un Univers stationnaire telle que proposée par Fred Hoyle rappelle la théorie de l'émanation Asiatique qui postule une infinité de mondes en mouvement perpétuel, émergeant et se dissolvant sans commencement et sans fin. Au-delà de ce que propose Fred Hoyle, le Mythe de Gaïa partage plus d'affinités avec la cosmologie des plasmas dont les partisans postulent que “l'univers est infiniment ancien et qu'il continue d'évoluer sans commencement et sans fin” (Roszak, ibidem, page 105, citant l'oeuvre d'Anthony L. Peratt et d'Eric J. Lerner). La cosmologie des plasmas rappelle la cosmologie Hindoue de Maya, de l'Eternel Commencement et des enseignant Brahmaniques sur les cycles infinis de manifestation et de dissolution, “les Jours et les Nuits de Brahmâ”.

Les métaphysiques Asiatiques affirment la primauté de la conscience pure à l’arrière plan de tous les phénomènes. Cette conscience ne peut pas même être appelée conscience - “connaissance avec” - parce qu’elle existe avant et sans l’objet, sans rien qu’elle ait à connaître. Comment l’attention pure peut engendrer les mondes manifestés constitue une énigme qui implique profondément ceux qui l’explorent.

Le Vedanta et le Tantra présentent des descriptions extrêmement subtiles des processus du monde, des descriptions qui peuvent être validées par la méditation et l'exploration lors d'états altérés tels que le rêve éveillé. Tous les systèmes Tantriques expliquent les physiques de la conscience en termes de théorie de l'émanation. Le rêve est une métaphore poétique du processus par lequel la conscience pure sans contenu se voile en facettes innombrables de conscience chargée et codée de contenu, émanant ainsi la myriade de mondes et la capacité d'en faire l'expérience, dont fait partie la faculté de conscience de soi que possèdent les êtres humains. Le mental et la matière sont co-éternels dans le Temps de Rêve. L'univers entier est une apparition mais l'apparition est réelle, vivante, sensitive et consciente d'elle-même: c'est un rêve vivant.

Les sciences mystiques sont la boîte d'outils qui accompagne les métaphysiques Asiatiques. Ce sont des techniques pour explorer le Temps de Rêve. Le Mythe de Gaïa, plutôt que de s’auto-valider en termes de science matérialiste, s’appuie sur les souvenirs de telles explorations, des rencontres humaines avec l’Autre, l'Inconnu, le Nagual. L’évidence procédant de telles explorations est vaste et chaque élément en est tout aussi convaincant que les preuves supposées du matérialisme réducteur. Un témoignage sobre sur de telles explorations est plus engageant et plus fertile qu'une théorie scientifique et philosophique.

Dans son commentaire sur les Yogas Sutras de Patanjali, I. K. Taimni écrit qu'au contraire de la science moderne, avec son arsenal d'instruments technologiques pour explorer la nature, “la méthode yogique est totalement différente. Elle rejette entièrement toute aide extérieure et compte sur le développement des facultés intérieures de perception” ( La Science du Yoga. Page 325). Le potentiel infini du Rêve s'exprime au travers de nous, au travers de notre corps et de notre mental, et nous sommes donc capables de connaître, de voir et de ressentir à un degré infini. Les métaphysiques Asiatiques ne sont pas un processus de fantaisie ou une envolée sauvage d’abstraction: elles sont la fleur intellectuelle des sciences mystiques. Le Mythe de Gaïa s’inspire parfois de la théorie et parfois de la pratique de ces techniques anciennes et révérées.

Biologie Sacrée

Les pyramides Egyptiennes, et autres monuments mégalithiques autour du monde, prouvent à l’évidence que les anciens possédaient une connaissance avancée en astronomie, géométrie, et en physiques, pour ne pas mentionner des facultés de conception et d’ingénierie que nous ne pouvons ni comprendre ni dupliquer. De par le fait évident qu’une connaissance ancienne et pré-technologique surpassait la nôtre sous certains aspects, il vaut la peine de poser la question suivante: “Dans quels autres domaines nos ancêtres auraient pu nous surpasser?” Il est évident qu’ils étaient avancés dans les domaines de l’astronomie et des mathématiques; ne se pourrait-il pas qu’ils eussent également excellé dans les sciences de la vie? En biologie, en anatomie et en neurochimie? J'affirme qu'il existe une forte probabilité que les sciences sacrées des Egyptiens, entre autres, incluaient une connaissance profonde de la biologie moléculaire.

Je propose d'utiliser l'expression “biologie sacrée” pour toute connaissance ancienne des processus naturels acquise sans l'usage d'outils technologiques. Une telle connaissance comprenait la reproduction sexuée et asexuée, la structure moléculaire, l'induction de mutations, l'immunologie, les activités de l'ADN, le véhicule du code génétique. Les serpents entrelacés sur les insignes des pharaons, par exemple, sont une représentation parfaite des deux brins entrelacés d'ADN, la double hélice. D'autres images et termes Egyptiens suggèrent une familiarité intime avec les processus au niveau moléculaire. Il n'est absolument pas ridicule que l'ADN puisse figurer sur les insignes royaux des pharaons. Les Egyptologistes savent depuis longtemps que les lignées de la famille royale étaient systématiquement consanguines afin de préserver certains attributs considérés comme ayant une certaine valeur par les prêtres qui contrôlaient la vaste expérimentation eugénique que fut la théocracie Egyptienne. Le disque solaire ailé avec les serpents enlacés était le logo officiel des dynasties pharaoniques dont les membres étaient engendrés par union consanguine sélective.

Dans le Serpent Cosmique, Jeremy Narby discute des “serpents d'ADN” et autres motifs biomoléculaires dans l'art sacré Egyptien. Ses expériences avec les shamans ayahuasqueros au Pérou l'amenèrent à conclure que les peuples indigènes “qui pratiquent le shamanisme connaissent l'unité cachée de la nature que la biologie moléculaire a validée”, précisément parce qu'ils ont accès à la réalité de la biologie moléculaire (page 80). Ce fut une révélation étonnante pour Narby, un anthropologiste de l'Université de Stanford, mais pas une grande surprise pour ses informateurs de la jungle qui savent “comment combiner des hormones cérébrales avec des inhibiteurs de la monoamine oxydase” et qui savent distinguer “quarante sources différentes de paralyseurs musculaires... Lorsqu'ils disent que la recette du curare leur fut donnée par les êtres qui créèrent la vie, ils le disent littéralement. Lorsqu'ils disent que leurs connaissances procèdent de ce qu'ils perçoivent durant leurs hallucinations, leurs mots signifient exactement ce qu'ils disent” (page 68). Quelle sorte d'hallucinations est-ce qui puisse conférer une connaissance authentique et vérifiable de lois naturelles? Narby affirme que “ce que les scientifiques appellent ADN correspond aux entités animées qui, selon les shamans, comuniquent avec eux et animent toutes les formes de vie” (page 132). Résumant sa thèse, Jeremy Narby pose la quintessence de la question:
“comment la nature pourrait-elle ne pas être consciente si notre conscience est un produit de la nature”? (page 138).

La preuve est dans la participation, en vivant réellement l'expérience shamanique qui transporte le corps et le mental humains dans une communion intime avec la nature. La communication va dans les deux sens, car ce que nous apprenons de la nature s'exprime dans l'intelligence et le respect que nous Lui portons. On peut difficilement nier que les peuples indigènes possèdent une connaissance avancée des processus pharmacologiques et neurologiques, même sans le bénéfice de cette expérience. Il est difficile d'estimer l'étendue d'un tel savoir-faire indigène. Dan Russel décrit une rencontre avec un shaman Brésilien qui pouvait décrire les propriétés thérapeutiques et psychoactives de 2000 plantes. (Shamanism, Patriarchy and the Drug War. page 29). La transe shamanique induite par l'ingestion de plantes sacrées est une technique de base des sciences mystiques. Narby suggère que le savoir-faire biomoléculaire des shamans Péruviens peut très bien avoir été développé par les anciens Païens tels que les prêtres-shamans qui dirigeaient la théocratie Egyptienne. Il est probable que les initiés Egyptiens étaient les adeptes de ces arts, tout comme les yogis Hindous, les shamans Mayas et Aztèques, les voyants Gnostiques, les moines Taoïstes et bien d'autres “techniciens du sacré”. Les témoignages qu'ont laissés ces explorateurs mystiques informent et étayent le Mythe de Gaïa, dans tous ses aspects.

Les théories courantes dans les sciences de la vie nous permettent de reconstruire l'héritage de la biologie sacrée. A cet égard, la théorie de l'endosymbiose de Lynn Margulis, co-créatrice avec James Lovelock de l'Hypothèse Gaïa, est très révélatrice. Dans l'ouvrage “The Mystery Dance” co-rédigé avec Dorian Sagan, Lynn Margullis considère l'évolution de la vie sur des milliards d'années non pas selon la métaphore du Big Bang mais par analogie à un striptease. Les auteurs introduisent “un génie génétique dont le déshabillage nous emmène très loin dans le passé de l'évolution. L'acte du stripper expose les apparences physiques et les vies sexuelles présumées de nos ancêtres, humains et pré-humains. Le danseur, ainsi, se débarrasse d'une couche externe de monogamie civilisée afin de révéler la promiscuité dévergondée d'Homo erectus, les chasseurs utilisateurs de feu qui furent les ancêtres de Homo sapiens. Grâce à leur orgasme, les femelles d'Homo erectus participèrent à la sélection de la composition génétique des humains modernes” (page 10).

La survie des plus sexy n'est peut-être pas l'alternative au Darwinisme qui soit la favorite de tout un chacun mais la théorie de l'endosymbiose représente potentiellement le défi le plus sérieux à la théorie de Darwin. L'idée maîtresse de Margullis complémente la théorie Gaïa dont elle fut la pionnière avec James Lovelock. Selon la théorie de l'endosymbiose, tous les êtres vivent au travers des autres tout comme nous, l’espèce humaine, vivons-nous au travers de la biosphère et elle (dans une certaine mesure) au travers de nous.

Tout comme l'ouvrage “The Mystery Dance”, le Mythe de Gaïa est un récit saturé de sexe. Il raconte “les vies sexuelles présumées”, non pas seulement de “nos ancêtres, humains et pré-humains” mais des Dieux eux-mêmes. Dans le scénario Gnostique qui informe le Mythe de Gaïa (voir ci-dessous), les divinités qui émergent comme de vastes flux au travers du Rêve s'accouplent souvent comme des cygnes ou convergent dans un enlacement érotique comme les célébrants d'une orgie Dionysiaque. L'alchimie sexuelle Taoïste, le Tantra Hindou et Tibétain et les cosmogonies indigènes de l'Australie à l'Alaska présentent des divinités sexuées. Les enlacements débridés des divinités Païennes étaient diffamées par les moralistes Chrétiens mais ce thème s'exprime dans toute sa splendeur dans l'érotisme spectaculaire de la vie intime de Gaïa.
Dans les niveaux les plus profonds des sciences mystiques coule une veine de connaissance biologique. Cela peut, assurément, avoir été le coeur et l'essence même de ces sciences. Le Mythe de Gaïa nous encourage à guérir des siècles de honte d'origine religieuse, de recouvrer les miracles de la connaissance du corps et de célébrer les rites intenses de la sexualité, en révérence à la Terre.

La Connexion Gnostique

Dans la cosmologie des Gnostiques, toutes les divinités sont sexuées et même Jésus Christ et Marie Magdeleine ont une relation érotique. (voir ma recension de l'ouvrage d'Elaine Pagels “The Gnostic Gospels”). L'érotisme flagrant dans la spiritualité Gnostique résonne profondément avec la sexualité cosmique dans le Mythe de Gaïa mais il existe, cependant, une connexion encore plus intime entre la Gnose et Gaïa. En fait, sans un paramètre clé qui est fourni par les enseignements Gnostiques, il serait impossible de recouvrer l'histoire complète de la Déesse Terre.

Quel est ce paramètre fondamental conféré par les enseignements Gnostiques au Mythe de Gaïa? Il se manifeste dans ce que les érudits appellent le Mythe de Sophia. C’est un drame cosmologique dans lequel une divinité au niveau cosmique s'emmêle avec un système planétaire dans des conditions qui sont quelque peu anormales. Selon la cosmologie Gnostique, la déesse Sophia appartenait à la communauté de divinités dans le Plérome, un espace cosmique équivalent, d’un point de vue astronomique, au coeur de notre galaxie. Les dieux Pléromiques restent, normalement, dans l’enceinte d’une membrane cosmique, la frontière qui définit le coeur galactique mais Sophia plongea au-delà de la limite normale d’activité divine et s’incarna en tournoyant en un système planétaire. Sophia est ainsi la “déesse déchue” considérée par les Gnostiques comme l’incarnation de la planète sur laquelle nous demeurons. Leur cosmologie décrit en langage coloré comment la déesse qui plongea des hauteurs célestes s’incarna dans les éléments de la biosphère.

Les sources Gnostiques pourvoient donc un scénario expliquant l’origine de Gaïa dans le cosmos et comment Elle devint la “Terre Mère” en premier lieu. Ce scénario et la connaissance ésotérique étonnante qui s’y rattache sont uniques aux enseignements Gnostiques des Ecoles de Mystères.

La Gnose était un chemin d’illumination, une sorte de yoga cognitif qui permettait à ses adeptes de développer une connaissance intime des Eons, des divinités immensément puissantes et conscientes qui jaillissent au travers du Rêve. Parmi tous les Eons, Sophia possède une relation unique avec la Terre et l’humanité. Elle était considérée par les Gnostiques comme étant la puissance rédemptrice suprême et unique dans l’expérience humaine. Sophia est la rédemptrice de l’humanité mais la rédemption comprise dans le sens Gnostique ne doit pas être confondue avec les doctrines Judéo-Chrétienne-Islamique qui empruntent cette appellation.

Selon la vision Gnostique, le processus rédempteur de Sophia implique une réintégration de Son pouvoir avec le Plérome, la plénitude infinie du coeur cosmique. La voie de cette réintégration dépend de la participation humaine à Son épreuve. En bref, les Gnostiques enseignaient que nous sommes des partenaires dans la mission de Sophia consistant à aligner Son monde spécial, la Terre, avec les desseins plus vastes du cosmos. Cette perspective étonnante n'était pas le fait d'une simple spéculation de leur part. Elle procédait de générations de discipline pratique dans les sciences mystiques. Le Gnosticisme est une science noétique. Le Mythe de Sophia était une connaissance privilégiée dans les Ecoles Païennes des Mystères dans lesquelles les néophytes étaient enseignés et formés aux techniques d'illumination par des Gnostiques experts en l'usage des siddhis, les pouvoirs occultes de perception. Dans cet antique réseau de facultés, les enseignants possédaient de réelles facultés.

L’Esprit de Gaïa

La cosmologie Gnostique pourvoit, de façon unique, les éléments-clés du Mythe de Gaïa. L’association entre l’Eon Sophia et Celle que nous appelons maintenant Gaïa est une vraie félicité qui offre l’opportunité d’une percée visionnaire à notre époque. Sophia en Grec signifie “sagesse” et ainsi cette association donne le nom composé “Gaïa-Sophia”, “la sagesse de la Terre Mère”. Dès que les noms sont associés, il apparaît évident qu’ils vont ensemble. Lorsque nous prenons conscience que Gaïa est la divinité qui demeure au sein de la terre - définie théologiquement, en lettres capitales, la Déesse de la Nature - nous pouvons alors comprendre comment Sa sagesse informe la biosphère et toutes les créatures qui y vivent, grandes et petites. Sophia représente l’élément opérationnel de l’intelligence divine dans Gaïa, la planète vivante. En d'autres mots, Sophia est l'aspect cognitif et Gaïa est l'aspect biologique du même organisme.

L'Hypothèse Gaïa restitue, en termes scientifiques, les enseignements des Mystères Païens tout autant que le bon sens commun des peuples indigènes de tous temps et en tous lieux. Ainsi que Jeremy Narby le suggère, ce qui a produit notre conscience doit également être conscient. L'intelligence de la Terre est Sophianique. La biosphère est un creuset de la Déesse Sagesse, appelé le “supramental Gaïen” par Terence McKenna:

“La planète possède une sorte d'intelligence qui lui permet réellement d'ouvrir un canal de communication avec un être humain individuel. Le message que la nature envoie est une invitation à transformer votre langage au travers d'une synergie entre la culture électronique et l'imagination psychédélique, une synergie entre la danse et le concept, une synergie entre la compréhension et l'intuition et une invitation à dissoudre les frontières que votre culture a créées entre vous, afin de devenir partie intégrante du supramental Gaïen”
(Interview pour Re-Evolution).

L'oeuvre de McKenna appartient à un corpus en augmentation de connaissances contemporaines qui complémentent le Mythe de Gaïa bien qu'il ne commence qu'à peine à englober l'ampleur de la plénitude de la vision Sophianique.

Jusqu'à ce jour, les tentatives de notions, quant à la participation de l'humanité dans les desseins de Gaïa, ont été limitées par un langage conceptuel qui s’appuie sur des modèles de conscience Occidentaux et plus particulièrement sur des théories relatives au mental et au cerveau, plutôt que de s’appuyer sur la théorie de l’émanation et les physiques du Temps de Rêve. Un mythe n’est pas un schéma conceptuel; c’est une histoire enracinée profondément dans la mémoire de l’espèce. Les sources du Mythe de Gaïa - les physiques du Temps de Rêve, le rappel shamanique, les métaphysiques Asiatiques et les sciences mystiques, la biologie sacrée et la cosmologie Gnostique - représentent un héritage de sagesse expérimentale et intuitive qui est, de plusieurs milliers d’années, plus ancien que le paradigme scientifique qui domine notre époque. Les exigences spécialisées de la science, telles qu’elles se présentent dans les neuf disciplines nécessaires à l’élaboration de l’histoire de l’univers de Swimme et de Berry, l’empêchent sans doute de servir de cadre de guidance pour une nouvelle cosmologie visionnaire. Au contraire, les préalables pour le Mythe de Gaïa sont des chemins expérientiels, des pratiques mystiques et sacrées, à la substance millénaire.

Au fil du développement de l'histoire, les chemins pour en faire l'expérience seront également développés. Au-delà de l'érudition et de la validation, le Mythe convie un appel à la connaissance extatique.

Un mythe authentique est vivant et rien de ce qui vit ne peut survivre dans un vide. Le jeu de l'interprétation, de l'exégèse, des commentaires, du débat fertile et de l'élucidation rationnelle doivent également informer l'expression de cette histoire. La dynamique de partage afférente à la mythopoésie est essentielle à son développement. Dans le vortex du discours social, une reconnaissance toujours plus large du principe de Gaïa-Sophia peut être façonnée et définie. Au fil de ce processus, le langage psychologique et noétique appliqué à Gaïa doit passer d’une dépendance vis à vis de constructions théoriques telles que le modèle Darwinien d’évolution et la cosmologie du Big Bang, à une focalisation nouvelle sur la connaissance intuitive par laquelle la mémoire et l’imagination, inspirées par le Mythe, puissent transformer notre perception du monde. Un mythe authentique altère la façon dont nous percevons l’ordre du monde dont il décrit les origines. L’histoire de Gaïa-Sophia nous fait passer de la programmation d’une réalité consensuelle vers la dimension ouverte de la relation visionnaire avec les pouvoirs sacrés qui nous font vivre.

L’histoire à venir est à propos de nous, l’espèce humaine, et aussi à propos de la planète sur laquelle nous demeurons. Dans la quête de Metahistory, Gaïa-Sophia est le principe fondateur de la culture, l’étalon de l’harmonie pour notre espèce. Comme je l’ai expliqué dans l’essai “Insane and Inhumane”, l’intelligence donnée à l’espèce humaine est une parcelle précieuse du noos, “la connaissance divine” et elle vient à nous directement “de l’amour maternel” de la Déesse Terre. Le don de Gaïa-Sophia génère à la fois nos capacités de survie et nos sensibilités éthiques. La reconnaissance de la source de ce don, la semence d’intelligence divine qui germe en nous est l’acte de révérence le plus unique et le plus essentiel dont les humains soient capables. Aimer Gaïa est le summum de la destinée humaine. La reconnaissance de ce qui nous fait humains nous permet d’accéder à un alignement sublime. Le propos et l’essence du Mythe de Gaïa est d’encourager cet alignement.

John Lash. Février 2004.

Traduction de Dominique Guillet.